15/28 août
DORMITION DE LA TRÈS
SAINTE MÈRE DE DIEU
Lectures : Phil. II, 5 -
11 ; Lc. X, 38 - 42 ; XI, 27 - 28
LA DORMITION DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU[1]
orsqu’il
plut au Christ notre Dieu de rappeler à Lui Sa Mère, Il envoya un Ange, trois
jours à l’avance, pour lui annoncer cette nouvelle. En s’approchant, l’Ange dit
à la Pleine de Grâce : « Voici ce que déclare ton Fils : “le
temps est venu de rappeler auprès de moi ma Mère.” Ne te trouble pas à cette
nouvelle, mais réjouis-toi plutôt, car tu vas partir vers la vie
éternelle. » Accueillant ce message avec grande joie, la Mère de Dieu,
emplie du désir ardent de s’élever vers son Fils, se rendit au mont des
Oliviers pour y prier dans la quiétude, ainsi qu’elle en avait coutume. Il se
produisit alors un miracle étonnant : au moment où la Toute-Sainte
atteignait le sommet de la colline, les arbres qui s’y trouvaient plantés
inclinèrent leur ramure, se prosternant et rendant gloire à la Souveraine du
monde, tels des serviteurs doués de raison.
Après
avoir prié, la Toute-Sainte retourna chez elle, sur le mont Sion. Comme elle
entrait dans la maison, tout se mit soudain à trembler. Rendant grâces à Dieu,
elle fit éclairer la demeure, et appeler ses parents et ses voisins. Elle mit
elle-même tout en ordre, arrangea son lit funèbre et ordonna de préparer ce qui
était nécessaire pour les funérailles. Aux femmes qui étaient venues à son
appel, elle révéla la nouvelle de son départ vers le Ciel et, en guise de
preuve, elle leur remit la branche de palmier, symbole de victoire et
d’incorruptibilité, que l’Ange lui avait donnée. Encore attachées par les liens
de ce monde, ses compagnes reçurent cette nouvelle avec force larmes et
gémissements, suppliant la Mère de Dieu de ne pas les laisser orphelines.
Celle-ci les rassura : certes, elle partait vers le Ciel, mais elle n’en
continuerait pas moins à les protéger, elles et le monde entier, par sa prière.
À ces paroles, les femmes cessèrent leurs pleurs et s’empressèrent de faire les
préparatifs. La Toute-Sainte ordonna en outre de donner les deux seules robes
qu’elle possédait aux deux pauvres veuves qui étaient ses compagnes habituelles
et ses amies.
À peine
avait-elle prononcé ces paroles, que la maison fut de nouveau ébranlée par un
bruit semblable à celui du tonnerre, et elle se trouva remplie de nuées qui
amenaient les Apôtres, rassemblés de toutes les extrémités du monde. C’était
donc toute l’Église qui, en leurs personnes, était mystiquement présente pour
célébrer les funérailles de sa Souveraine. Au chœur des Apôtres s’était joint
celui des saints hiérarques, tels que saint Hiérothée, saint Denys l’Aréopagite
et saint Timothée. Les yeux pleins de larmes, ils dirent à la Mère de
Dieu : « Si tu demeurais dans le monde et vivais parmi nous, nous en
aurions, bien sûr, une grande consolation, ô Souveraine : ce serait comme
si nous voyions ton Fils et notre Maître. Mais puisque maintenant, c’est selon Sa
volonté que tu vas être transportée au Ciel, nous nous lamentons et pleurons,
comme tu le vois. Mais nous nous réjouissons cependant de tout ce qui a été
disposé pour toi. » Elle leur répondit : « Ô Disciples et amis
de mon Fils et de mon Dieu, ne transformez pas ma joie en tristesse, mais
ensevelissez mon corps et gardez-le dans la position que je prendrai sur mon
lit de mort. »
À ces
mots, arriva à son tour sur les lieux le Vase
d’Élection, saint Paul. Il se jeta aux pieds de la Toute-Sainte pour la
vénérer et lui adressa cette louange : « Réjouis-Toi, Mère de la Vie
et objet de ma prédication. Car, quoique je n’aie point vu le Christ
corporellement, en te voyant, c’est Lui-même que je crois contempler. »
Après
avoir fait ses derniers adieux à tous les assistants, la Toute-Immaculée
s’allongea elle-même sur son lit de mort, disposant son corps comme elle le
voulait, et elle offrit d’ardentes prières à son Fils pour la conservation et
la paix du monde entier. Puis, ayant donné sa bénédiction aux Apôtres et aux
hiérarques, souriante, elle remit paisiblement son âme, blanche et plus
resplendissante que toute lumière, entre les mains de son Fils et de son Dieu,
qui était apparu en compagnie de l’Archange Michel et d’une troupe angélique.
Sa mort s’accomplit en effet sans souffrances ni angoisse, de même que son
enfantement avait eu lieu sans douleurs.
Pierre,
le Coryphée des Apôtres, entonna alors l’hymne funèbre et ses compagnons
soulevèrent la litière, précédés par d’autres assistants qui portaient des
flambeaux et accompagnaient le cortège de leurs chants, avec à leur tête saint
Jean le Théologien tenant en main la palme de victoire, et suivis en silence
par la foule des disciples. On pouvait aussi entendre les anges, qui joignaient
leurs voix à celles des hommes, de sorte que le ciel et la terre étaient tout
remplis de cette thrène en l’honneur de la Souveraine du monde. L’air se trouva
purifié par l’ascension de son âme, la terre allait être sanctifiée par la
déposition de son corps, et de nombreux malades recouvrèrent alors la santé. Ne
pouvant supporter ce spectacle, les chefs des Juifs excitèrent des gens du
peuple et les envoyèrent renverser la litière sur laquelle reposait le corps
vivifiant. Mais la justice divine devança leur sombre dessein, et ils furent
tous frappés d’aveuglement. L’un d’eux, le prêtre Jéphonias qui, plus audacieux
que les autres, était parvenu à saisir la sainte couche, eut en plus les deux
mains coupées à la hauteur du coude par le glaive de la colère divine, et ses
bras mutilés restèrent accrochés au lit, offrant un spectacle pitoyable. Porté
au repentir par ce châtiment, Jéphonias adhéra de tout son cœur à la foi ;
et à la parole de Pierre, il se trouva guéri et devint pour ses compagnons un
instrument de Salut et de guérison. En effet, comme on lui avait remis un
rameau de la palme de la Mère de Dieu, il l’appliqua sur les yeux de ses
compagnons, et les guérit tous à la fois de leur cécité corporelle et de leur
aveuglement spirituel.
Parvenus
au jardin de Gethsémani, les Apôtres ensevelirent le corps très saint de la
Mère de Dieu et demeurèrent là pendant trois jours, leurs prières étant sans
cesse accompagnées des hymnes angéliques. Conformément à une disposition de la
Providence, l’un des Apôtres (Thomas selon certains) ne se trouvait pas aux
funérailles. Il n’arriva à Gethsémani que le troisième jour et ne pouvait se
consoler de n’avoir pu contempler une dernière fois le corps déifié de la
Toute-Sainte. Aussi, d’un commun accord, les autres Apôtres décidèrent-ils
d’ouvrir le tombeau, afin qu’il puisse vénérer le saint corps. Une fois qu’on
eut enlevé la pierre qui en fermait l’entrée, ils restèrent tous saisis de
stupeur en constatant que le corps avait disparu et que seul le suaire qui
l’enveloppait restait là, vide, mais gardant la forme du corps. C’était une
preuve irréfutable du transfert [2]au Ciel de la Mère de Dieu, c’est-à-dire de sa
résurrection et de l’ascension de son corps, de nouveau réuni à son âme,
au-delà des cieux, dans l’intimité de son Fils, pour être notre représentante
et notre avocate auprès de Dieu.
Marie,
fille d’Adam, mais devenue véritablement Mère de Dieu et Mère de la Vie en
enfantant Celui qui est la Vie
substantielle (Jn 14, 6), est
donc passée par la mort. Mais sa mort n’est en rien déshonorante, car, vaincue
par le Christ, qui s’y est soumis volontairement pour notre Salut, la
condamnation d’Adam est devenue « mort vivifiante » et principe d’une
existence nouvelle. Et le Tombeau de Gethsémani, de même que le Saint Sépulcre,
est apparu comme une « chambre nuptiale », où se sont accomplies les
noces de l’incorruptibilité.
Il
convenait en effet que, conforme en tout au Christ-Sauveur, la très sainte
Vierge passe par toutes les voies que le Christ a empruntées pour répandre la
sanctification en notre nature. Après l’avoir suivi dans sa Passion et avoir
« vu » sa Résurrection, elle a donc fait l’expérience de la mort. Dès
qu’elle se sépara de son corps, son âme très pure se trouva unie à la Lumière Divine,
et son corps, étant resté peu de temps en terre, ressuscita bientôt, par la
grâce du Christ ressuscité. Ce corps spirituel fut reçu au Ciel comme le
tabernacle du Dieu-Homme, comme le trône de Dieu. Il est la partie la plus
éminente du Corps du Christ, et il a souvent été assimilé par les saints Pères
à l’Église elle-même, la demeure de Dieu parmi les hommes, prémices de notre
état futur et source de notre divinisation. Des entrailles très chastes de
Marie, Mère de Dieu, le Royaume des cieux nous a été ouvert, c’est pourquoi son
transfert au Ciel est cause de joie pour tous les croyants qui ont ainsi acquis
la garantie, qu’en sa personne, c’est toute la nature humaine, devenue porteuse
du Christ, qui est appelée à habiter en Dieu.
Tropaire de la Dormition, ton 1
Въ poждествѣ́ дѣ́вство сохрани́ла ecи́, во ycпе́нiи мípa не ocта́вила ecи́ Богоро́дице, преста́вилася ecи́ къ животу́, Máти cýщи животá, и моли́твами Tвои́ми избавля́еши отъ сме́рти дýши на́ша.
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Dans l’enfantement, Tu
as gardé la virginité; dans Ta dormition, Tu n’as pas abandonné le monde, ô
Mère de Dieu. Tu as été transférée à la Vie, étant Mère de la Vie, et par Tes
prières, Tu délivres nos âmes de la mort.
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Kondakion de la Dormition, ton 2
Bъ моли́тваxъ неусыпа́ющую Богоро́дицy, и въ предста́тeльствахъ непрело́жное упова́нie, гро́бъ и умерщвлéнie не удержа́ста ; я́коже бо живота́ Mа́тepь, къ животу́ преста́ви, во yтро́бу всели́выйся приснодѣ́вственную.
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Tombeau et mort n’ont pu retenir la Mère de
Dieu, toujours vigilante dans ses intercessions, espérance inébranlable dans
sa protection, car étant la Mère de la Vie, Il l’a transférée à la Vie, Celui
qui demeura dans Son sein toujours virginal.
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Au lieu de « il est digne en vérité », ton 1
Áнгели успéнie Пречи́стыя ви́дѣвшe удиви́шася, ка́кo Дѣ́ва восxо́дитъ отъ земли́ на нéбо. Побѣжда́ются ecтества́ yста́вы въ Teбѣ́ Дѣ́вo чи́стая; дѣ́вствуетъ бо poждество́, и живо́тъ предобpyча́етъ смépть, по poждествѣ́ дѣ́ва, и по смépти жива́, cпаса́eши при́сно Богоро́дицe наслѣ́діе Твоé.
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Les anges étaient frappés de stupeur à la
vue de la Dormition de la Très-Pure. Comment la Vierge s’élève-t-elle de la
terre aux cieux ? Les lois de la nature ont été vaincues en Toi, Vierge
pure : Ton enfantement est virginal et Ta mort fait pressentir la Vie. Ô
Toi qui, après Ton enfantement, es demeurée vierge, et vivante après Ta mort,
Mère de Dieu, sauve toujours Ton héritage.
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