Moine Constantin [Cavarnos]
Photios Kontoglou
Interview réalisée par Divine Ascent (DA), Vol. 3/4, avec le Dr Constantin Cavarnos, (qui a reposé en Christ le 3 Mars 2011, comme moine mégaloschème au monastère de Saint-Antoine à Florence, (Arizona/USA), sur l’œuvre de sa vie, et en particulier son intérêt pour Photios Kontoglou, l'iconographe grec, peintre, et écrivain du siècle dernier.
*
-Depuis de nombreuses années, les chrétiens orthodoxes d'Amérique du Nord et de Grèce ont appris à vous connaître à travers vos nombreux livres et articles. Quand vous avez commencé à écrire, aviez-vous envisagé de devenir un écrivain prolifique?
-Alors que j'étais encore étudiant à Harvard, j'ai développé une forte aspiration à devenir éducateur et écrivain prolifique. Cette aspiration a été occasionnée par ma prise de conscience croissante de la grande ignorance, des faux enseignements, de la méchanceté, de la violence et de la souffrance dans le monde. J'ai vu la sortie de tout ceci comme une illumination par le mot écrit et parlé.
-Combien de livres avez-vous écrit?
-Environ Soixante, dont 70% sont en anglais, le reste en grec. Après avoir remporté le Prix Bowdoin à Harvard en 1947 pour mon travail un dialogue entre Bergson, Aristote et Philologos, je fus nommé Fellow Voyager en philosophie pour l'année scolaire 1947-1948 pour étudier les tendances philosophiques de la Grèce, de la France et de l'Angleterre. Pendant ce temps, je travaillais sur ma dissertation de doctorat sur La Théorie classique des Relations, bénéficiant à ce sujet de mes conférences avec les plus grands philosophes dans ces pays. En Grèce, j'ai eu des discussions privées avec les plus grands philosophes: Voreas et Theodorakopoulos de l'Université d'Athènes; Bachelard, Schuhl et Souriau de la Sorbonne en France; Bertrand Russell, G. E. Moore, Gilbert Ryle de l'Université de Cambridge et de l'Université d'Oxford. J'ai également assisté à certaines de leurs classes et séminaires. Quand je suis revenu aux États-Unis, ma thèse a été acceptée par le département de philosophie à Harvard. Puis, en 1949, j’ai publié mon Dialogue. Ce fut mon premier livre publié. Huit ans plus tard, je publiais mon deuxième livre, sur lequel j’avais commencé à travailler en 1952, quand j'ai rencontré Photios Kontoglou: L’Art Sacré Byzantin.
-Qui a été édité à plusieurs reprises?
-Trois fois. Il a été publié l’année dernière en grec pour la première fois, trente ans après la mort de Kontoglou, une sorte de mémorial à Kontoglou. La maison d'édition était Astir Publishing Company, d'Alexandre et Evangelos Papademitrou. C’est une société d'édition très prestigieuse. Le livre a une cinquantaine de planches en couleurs de grands chefs-d'œuvre de l'iconographie byzantine et deux douzaines en noir et blanc. C’est un in-folio de 270 pages, magnifiquement imprimé, dans un coffret. C’est mon livre le plus impressionnant. Son titre est [en grec] He Hierà Byzantiné Techne.
-Cette relation avec Kontoglou fut vraiment une source d'inspiration pour une grande partie de votre œuvre plus tard, n’est-ce pas?
-Oui, Diogène, le philosophe athénien, se promenait avec une lanterne, de jour ou à tout moment. Les gens disaient, que fais-tu? Il disait je suis à la recherche d'un homme, d’un véritable être humain. Je suis allé comme Sheldon Traveling Fellow en Grèce, en France et en Angleterre, et je n’ai pas trouvé l'homme que je cherchais avec la lanterne. Je l'ai trouvé en 1952, sur la recommandation d'un de mes amis grecs que j'avais rencontré à Oxford : le philologue Basile Laourdas. À la fin de 1948, j'ai écrit à propos de Kontoglou avec beaucoup d'enthousiasme, en grec, dans le périodique L’Hellénique à l’Etranger. Kontoglou vu cela et a écrit une très belle lettre à l'éditeur. Cet article a aidé Kontoglou être reconnu comme écrivain remarquable et peintre remarquables.
-Pourquoi Kontoglou était-il «l'homme» que vous recherchiez dans vos voyages?
-Eh bien, Ce que je croyais et ce que je ressentais fut trouvé en Kontoglou écrit en grandes lettres, pour ainsi dire.
-Il personnifiait vos idéaux?
-Nos idées, nos idéaux et nos perspectives, tout coïncidait. Avec beaucoup de force. Ce que je trouvais chez Kontoglou, c’était la Grèce, l'ensemble de la tradition grecque: la Paradosis. La tradition nationale, la tradition grecque, l’Orthodoxie. Toutes celles-ci chez Kontoglou, grand maître de l’iconographie, passionné de musique byzantine, toutes les choses que je prisais tant ont été trouvées incarnées dans l'œuvre de Kontoglou et dans ses croyances et sa pensée. Si je devais isoler un être humain : maîtres que j'ai eus à l'école secondaire, au collège, les gens que j'ai rencontrés dans les différents pays que j’ai visités, Kontoglou se détacherait pour moi comme la figure la plus importante.
- Qu’est-ce qui est arrivé après votre première rencontre avec Kontoglou?
-Quand J'ai rencontré Kontoglou en 1952, il vivait dans un garage qu'une certaine famille riche avait donné à lui et à sa femme, car il avait dû vendre sa maison pour gagner sa vie pendant l'occupation allemande.
Ensemble, Kontoglou et moi sommes allés visiter les églises qu'il avait ornées de fresques et d’icônes. Puis nous sommes allés, avec son éditeur Alexandre Papademetriou, au monastère du Père Philotheos [Zervakos|, à Longovarda, sur l'île de Paros.
Kontoglou et Papademitrou avaient l’habitude d’aller vers le Père Zervakos pour se confesser. Un être remarquable m'a conduit aux deux autres. J'avais trouvé mon mentor, Kontoglou, et il m'a présenté à mon futur éditeur, Papademetriou, et à une grande figure spirituelle, le bienheureux staretz Philotheos [Zervakos]. La compagnie d’éditions Papademetriou, Astir, est devenue, et est restée ,mon principal éditeur grec.
-Votre intérêt pour la Sainte Montagne ne s’est-il pas développé par ces relations?
-Je suis allé à la Sainte Montagne pour étudier l'art, la vie, et la pensée. En ce qui concerne l'art, j'enseignais un cours d'esthétique, c'est-à-dire la philosophie de la beauté, et les beaux-arts, à l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill. J’avais besoin de diapositives, et j’en ai empruntées beaucoup à la collection du professeur d'histoire de l'art là-bas. Cependant, il n'en avait pas sur l'art byzantin, pour lequel j’étais très intéressé. Je suis donc allé au Mont Athos équipé de mon appareil photo, d’un photomètre, et d’un trépied et j’ai fait une quantité considérable de photographies.
Quand je suis rentré à Athènes, j’ai passé de nombreuses heures sur l'Acropole, étudiant l'architecture du Parthénon et le photographiant. Ainsi j'ai élaboré une bonne collection de diapositives pour ma classe d'esthétique. Puis je suis allé plus profondément dans la tradition byzantine par Kontoglou et les Pères de la sainte Église. Au cours des années 1957-1959 J'ai eu une bourse Fulbright en tant que chercheur sur la pensée grecque moderne. Ce fut une période très productive. Presque tous les dimanches j'allais voir Kontoglou à son domicile et je parlais avec lui, et il m'amenait voir des églises qu'il avait décorées. Ma relation avec Kontoglou était très intime, très importante.
-Il était comme un père spirituel pour vous?
Un père spirituel, oui. Il était ce que les Russes appellent un staretz, pour moi. Il était très ouvert. Je pouvais aller le voir à tout moment à son domicile, et il me recevait, et nous conversions et mangions parfois ensemble. Sa femme nous rejoignait. Une ambiance très conviviale.
La porte était toujours ouverte. Et parfois, des gens importants venaient le dimanche pour parler avec lui. J'ai rencontré beaucoup de gens intéressants de cette façon: des peintres, des écrivains, des professeurs, des membres du clergé, des moines.
-Pouvez-vous résumer le principe sur lequel cette relation fonctionnait, et ce qu'il vous a principalement transmis?
-Cela a commencé avec mon intérêt pour l'esthétique de l'art byzantin qui était une partie du cours que j'enseignais à l'époque. Je voulais une connaissance de première main, et Kontoglou était le meilleur professeur que j'aie trouvé.
Ensuite, cela s’est étendu à la musique, parce que Kontoglou avait écrit sur la musique byzantine, et il était compétent dans ce chant. Parfois, il amené d'excellents chantres (psaltai) chez lui pour que je puisse enregistrer leur chant, juste pour moi! Plusieurs des principaux chantres de la Grèce sont venus à l'invitation de Kontoglou. Donc, beaucoup de choses se sont développées.
J'ai rencontré beaucoup d'autres personnes par Kontoglou parce qu'il était connu par à peu près tous ceux qui avaient quelque importance. Il a également mis à ma disposition la totalité de ce qu'il avait écrit dans les livres, encyclopédies, journaux et périodiques. Il me disait parfois d'aller à tel ou tel endroit pour trouver d'autres articles. Alors Kontoglou m’a grandement grandement aidé à rassembler des matériaux pour l'art sacré byzantin.
-Où pensez-vous qu'il ait reçu le trésor qu'il avait et qu'il vous donnait? D'où tenait-il ce trésor?
-Je dirais que d'abord il devait beaucoup à Stephanos Kontoglou, son oncle qui était moine. Kontoglou est né en Asie Mineure, dans la ville de Kydoniai, qui est en face de Lesbos, dont je suis originaire. Son oncle était higoumène du monastère de Sainte-Parascève, en dehors de Kydoniai.
-Ce fut l'inspiration initiale de Photios Kontoglou, un oncle moine?
-Oui, voilà comment il a appris à chanter, par son oncle. Et comment il a appris à lire les livres saints de l'Eglise. Il a reçu sa formation monastique avec son oncle. Il a également étudié à l'une des meilleures écoles grecques à ce moment-là, une école d'enseignement supérieur à Kydoniai. Ils avaient un programme très solide d'études et de formation du caractère.
-Comment décririez-vous les premiers principes sur lesquels Kontoglou s'appuyait? Quels sont ses principes de vie ou ses valeurs de base?
- Ses racines sont dans l'Église orthodoxe et la foi, y compris dans ses arts sacrés, en particulier l'iconographie et le chant byzantin. Il a lu beaucoup de livres religieux. Il est aussi allé à Paris pour étudier l'art, est allé dans des galeries d'art, a fait des copies, et ainsi de suite.
Auparavant, il était passé de Kydoniai à Athènes pour étudier à l'École des Beaux-Arts pendant un an ou deux. Son éducation artistique avait plutôt un caractère profane, parce que l'art byzantin à cette époque était méprisé, aussi bien à Athènes à l'École des Beaux-Arts et en Europe. Il a été bien formé dans cette tradition; il connaissait les peintres de la Renaissance et pouvait en parler d'une manière érudite.
Puis il est retourné à Kydoniai, et a enseigné l'histoire de l'art et de la langue française au lycée de jeunes filles. En 1922, les Turcs ont tué ou expulsé tous les Grecs d'Asie Mineure. Il est parti, avant d’être tué par les Turcs, et il est allé à Lesbos en voilier avec les membres survivants de sa famille.
C’était un réfugié sans rien, sauf ce qu'il avait pu emporter. Il insista particulièrement pour emporter ses icônes. Il les garda avec lui à la maison jusqu'à son dernier jour. Celles-ci étaient très anciennes, des icônes traditionnelles qui étaient parvenues à sa famille par le monastère de Sainte Parascève.
-Vous dites, dans votre article écrit peu de temps après sa mort, que dans le prologue de Pedro Cazas, il expose quelques-unes des idées de base sur les arts, qu’il engagé à toujours respecter.
-Sur la base de ce prologue et de quelque chose qu'il a dit dans son deuxième livre, Vasanta, j'ai écrit un article sur ces idées.
-Pouvez-vous décrire l'une de celles-ci pour nous?
-Il a beaucoup insisté sur la clarté et la simplicité du style, la sincérité et la vigueur. Ce sont ses grands principes de la bonne écriture. Il a accepté le dicton français, "Le style c’est l’homme," que le style est l'expression du caractère d'un homme, de ses ressources intérieures. Il y croyait très fortement et a fait remarquer que de nombreux écrits qui ont été publiés par d'autres, manquaient de vigueur. Ses écrits ont une vigueur d'expression parce que c’était un homme de caractère. Il pensait que la scène contemporaine en manquait. Les anciens auteurs l'avaient: la clarté, la simplicité, la sincérité, la vigueur, une bonne organisation, pas de choses mises ensemble à la hâte, vaguement écrites. Il a également estimé que tout écrit doit contenir et transmettre une certaine sagesse de l'auteur au lecteur.
-Disait-il d’où vient principalement cette sagesse? Comment un écrivain pourrait-il acquérir cette sagesse?
Par une bonne éducation et beaucoup de lecture. Il croyait en la connaissance encyclopédique, savoir quelque chose à propos de tout. Savoir quelque chose sur l'histoire, la géographie, ce que les auteurs ont fait en dehors de la Grèce, votre propre tradition culturelle, la tradition byzantine et la culture grecque antique. Tout cela a été englobé dans la connaissance encyclopédique de Kontoglou. Il a pris l'ensemble de la culture et de la tradition de la Grèce, depuis les anciens poètes, les législateurs, les philosophes, jusques aux Byzantins, aux héros de la révolution grecque de 1821, aux contemporains. Il admirait les gens héroïques. Cette admiration était très forte en lui. Ceci a été poursuivi jusques à l'admiration des martyrs et des ascètes chrétiens. Les individus les plus héroïques étaient pour lui les grands martyrs et les grands ascètes. L'esprit héroïque fait partie de la tradition culturelle grecque ininterrompue: il y a les héros d'Homère, ceux de Marathon, et les martyrs anciens et les nouveaux martyrs. L’héroïsme a commencé comme une sorte d'héroïsme moral et a évolué vers un héroïsme spirituel. Ceci est quelque chose qui était très vivant chez Kontoglou, et il et cela transparaît dans ses œuvres.
-Sur la base de ce prologue et de quelque chose qu'il a dit dans son deuxième livre, Vasanta, j'ai écrit un article sur ces idées.
-Pouvez-vous décrire l'une de celles-ci pour nous?
-Il a beaucoup insisté sur la clarté et la simplicité du style, la sincérité et la vigueur. Ce sont ses grands principes de la bonne écriture. Il a accepté le dicton français, "Le style c’est l’homme," que le style est l'expression du caractère d'un homme, de ses ressources intérieures. Il y croyait très fortement et a fait remarquer que de nombreux écrits qui ont été publiés par d'autres, manquaient de vigueur. Ses écrits ont une vigueur d'expression parce que c’était un homme de caractère. Il pensait que la scène contemporaine en manquait. Les anciens auteurs l'avaient: la clarté, la simplicité, la sincérité, la vigueur, une bonne organisation, pas de choses mises ensemble à la hâte, vaguement écrites. Il a également estimé que tout écrit doit contenir et transmettre une certaine sagesse de l'auteur au lecteur.
-Disait-il d’où vient principalement cette sagesse? Comment un écrivain pourrait-il acquérir cette sagesse?
Par une bonne éducation et beaucoup de lecture. Il croyait en la connaissance encyclopédique, savoir quelque chose à propos de tout. Savoir quelque chose sur l'histoire, la géographie, ce que les auteurs ont fait en dehors de la Grèce, votre propre tradition culturelle, la tradition byzantine et la culture grecque antique. Tout cela a été englobé dans la connaissance encyclopédique de Kontoglou. Il a pris l'ensemble de la culture et de la tradition de la Grèce, depuis les anciens poètes, les législateurs, les philosophes, jusques aux Byzantins, aux héros de la révolution grecque de 1821, aux contemporains. Il admirait les gens héroïques. Cette admiration était très forte en lui. Ceci a été poursuivi jusques à l'admiration des martyrs et des ascètes chrétiens. Les individus les plus héroïques étaient pour lui les grands martyrs et les grands ascètes. L'esprit héroïque fait partie de la tradition culturelle grecque ininterrompue: il y a les héros d'Homère, ceux de Marathon, et les martyrs anciens et les nouveaux martyrs. L’héroïsme a commencé comme une sorte d'héroïsme moral et a évolué vers un héroïsme spirituel. Ceci est quelque chose qui était très vivant chez Kontoglou, et il et cela transparaît dans ses œuvres.
Icône de sainte Cassienne
peinte par Photios Kontoglou
-Que pensez-vous que Photios Kontoglou dirait aujourd'hui au sujet de ce qui est arrivé à notre système éducatif? Il a beaucoup étudié et connaissait bien de nombreux sujets.
-Kontoglou aurait dit que notre système éducatif a rompu avec les classiques et le christianisme. Il connaissait la langue grecque sous toutes ses formes historiques: antique, hellénistique, patristique, moderne, à la fois puriste [katharevousa] et démotique. Dans ses écrits, vous trouverez de nombreuses citations d’écrivains grecs anciens, de l'Ecriture Sainte, des hymnes de l'Eglise orthodoxe, des Pères de la sainte Église. Il avait accès à tous ces trésors parce qu'il connaissait la langue dans laquelle ils sont écrits. Il savait aussi bien le français et avait lu Les Pensées de Pascal, qui sont une défense de la religion chrétienne, et les éditions françaises de Dostoïevski Les Frères Karamazov (un autre classique chrétien) et d'autres écrivains chrétiens importants, tels que Léonide Ouspensky et Vladimir Lossky.
-Pourquoi pensez-vous qu'il ait brisé le moule qui semblait s’être formé en Grèce à ce moment-là? Il a suivi son propre chemin et a parlé contre la modernisation, n’est-ce pas?
-Ce qui est arrivé avec les célèbres intellectuels et écrivains grecs récents, tels que Kazantzakis, Sikelianos et Seferis, était qu'il leur manquait la dimension la plus importante de la culture grecque, qui est, l'Orthodoxie. Les Père de l’Eglise byzantins orthodoxes et les saints ne furent pas assimilés par eux. Kontoglou eut un contact étroit avec la dimension spirituelle de l'hellénisme qu'ils avaient perdue. Il avait cette continuité en lui, qui englobe tous les trésors de la tradition culturelle grecque, religieuse et profane.
-Ne pensez-vous pas qu'un écrivain contemporain essayant d'écrire un roman inspiré par la tradition orthodoxe, pourrait ressembler à Kontoglou comme exemple moderne de quelqu'un qui a réussi fidèlement à combiner tous ces éléments avec l'Orthodoxie au centre?
-Oui. Cependant, de nombreux écrivains qui ont essayé de l'imiter dans sa langue et son style n'ont pas réussi parce que c’était seulement une imitation et cela n'a pas surgi de l'intérieur, de la source. Avec Kontoglou, cette vigueur d'expression, cette sincérité, cette appréciation des trésors de la tradition grecque n’était pas une simple imitation, elles étaient réelles, il les vivait. Un autre écrivain peut essayer d'imiter quelque chose stylistiquement dans Kontoglou, mais il n'a pas vraiment le pouvoir qu’a Kontoglou. Le romancier Kazantzakis était un grand admirateur de Kontoglou. Il l'admirait pour son style, non pas pour ce qu'il disait ou ce qu'il croyait, mais pour la seule puissance de son expression. Il a également été admiré pour son style par des auteurs comme le poète Sikélianos et le romancier Prévélakis, qui s’étaient coupés de l'héritage byzantin. C'est une chose importante pour Kontoglou; il a insisté sur ce point avec moi.
Une fois que j'appris qu'il écrivait pour le journal quotidien athénien Eleutheria, je m’y suis immédiatement abonné et j’ai renouvelé mon abonnement jusques à sa mort. À une occasion opportune, je lui ai dit que je pensais qu'il écrivait trop de fois au sujet des pirates et des histoires de mer. Kontoglou a dit: "Je dois le faire parce que sinon le journal n’imprimera pas mes articles religieux. Ils disent que les gens n’aiment pas les articles religieux. Mais ce qui se passe est que, en lisant ces histoires, ils commencent aussi à lire mes écrits religieux. "Ils admiraient donc tellement son style qu'ils commençaient à lire ses articles religieux, aussi, juste pour profiter du style de Kontoglou. Pourtant, ils ont également commencé à absorber le contenu religieux des écrits de Kontoglou.
-Que dirait Kontoglou au sujet de quelques-uns des défis réels auxquels fait face l'Eglise aujourd'hui? Que dirait-il à propos de la modernisation ou de l'œcuménisme? Comment abordait-il cela?
-Nous discutions souvent de cela. J'ai toute une collection de lettres où il discute du modernisme et de l'œcuménisme. Kontoglou était un homme lucide. Il savait ce qu'il croyait et ce qu'il ne croyait pas, très fortement, très clairement. Il n'avait pas l’esprit brouillé.
-Certaines personnes disaient qu'il est trop noir et blanc, qu'il y a plus de gris dans le monde.
-Certains diraient qu'il est fanatique, extrémiste, étroit d'esprit, possédant une mentalité de "Vieux Calendariste", et qu’il lui manque le progrès de l'homme contemporain.
-Qu'est-ce que vous répondez à cela?
-Je mentionne certaines de ces choses dans mon livre Rencontres avec Kontoglou [Meetings with Kontoglou]. Il n'était pas effrayé par ces épithètes. Il poursuivait son chemin. Il croyait en ce qu'il faisait, et si les gens pensaient qu'il avait tort, il ne se fâchait pas.
Kontoglou n'était pas motivé par l'argent, mais il aurait pu être fabuleusement riche, comme Picasso. Picasso est devenu très riche parce que, comme Kontoglou l’a dit, "Picasso nourrissait des troupeaux d'âmes décadentes." Kontoglou ne voulait pas sacrifier sa foi, ses croyances, ses convictions juste pour réussir financièrement. C'est un point très important.
-Parlait-il ouvertement dans le quotidien athénien [auquel il collaborait]?
-Oui. Il critiquait les Grecs pour les nombreux maux qui se sont glissés dans la mentalité grecque. Un des maux envahissants était la xénomanie: l’amour excessif et aveugle des choses d'origine étrangère et leur acceptation sans discernement. Cela est sorti encore et encore dans ses écrits. La xénomanie est encore une maladie très répandue des Grecs. C’est l'une des raisons pour lesquelles ils ont dénigré l'héritage byzantin et la tradition orthodoxe. Cette prise de position de Kontoglou signifiait aussi être très critique de l'Occident moderne et de l'église papale, qu'il considérait comme une forme très déformée du christianisme. Il était catégoriquement opposé à l'œcuménisme commencé en 1963 par Athénagoras, patriarche de Constantinople. Jusques à la fin de sa vie en 1965, Kontoglou fut la voix la plus forte contre l'œcuménisme.
- Y avait-il quelque chose de visionnaire ou de prophétique au sujet de ses idées concernant l'œcuménisme?
-Je ne dirais pas prophétique, sauf que par rapport à ce qui est arrivé dans le passé, on pouvait prévoir ce qui se passerait de notre temps et à l'avenir, si nous ne tenons compte pas l'expérience du passé. Par exemple, la fausse union à Ferrare-Florence au XVe siècle était très vive dans son esprit. Ses conséquences ont été destructrices: après quelques années, Constantinople tomba aux mains des Turcs. Ce ne fut pas une coïncidence; ce fut plutôt la séquence naturelle pour n’avoir pas été fidèle à l'Église. Elle fut abandonnée par Dieu pour apostasie.
- Donc, il vit une relation directe entre l'apostasie et la conquête turque?
-Oui, c’est ce que transparaît dans ses écrits. Et il ressentait que la même chose se produirait à nouveau, si nous avançons avec le type d’œcuménisme d’Athénagoras. Le résultat final serait que les Grecs seraient devenus des marionnettes du Vatican et perdraient leur identité. Il croyait, par exemple, que si les Grecs avaient accepté l'union avec Rome au XVe siècle à la suite du Pseudo Concile, leur identité culturelle et historique et la foi orthodoxe auraient été perdues très rapidement. Ce fut le refus de saint Marc d'Ephèse, que nous admirons beaucoup, disant: "Non! " à cette fausse union, qui sauva la Grèce, [l’empêchant] d'être dé-hellénisé et de perdre son caractère national et ses trésors spirituels. Kontoglou prévoyait tout ce développement, et c’est la raison pour laquelle il est fermement opposé à l'œcuménisme.
-Des contemporains de Photios Kontoglou, de qui était-il le plus proche? Avec qui partageait-il une unité d'esprit?
-Sur La question de l'oecuménisme, il y avait beaucoup, que je mentionne dans mon livre L’œcuménisme Examiné [Ecumenism Examined]: à savoir, son père spirituel l’archimandrite Philotheos Zervakos; son éditeur Alexander Papademetriou; l'archevêque d'Athènes et de toute la Grèce Chrysostomos; le Métropolite de Florina Augoustinos Kantiotis; le Métropolite d’Argolide Chrysostomos; l’higoumène Gabriel du monastère de Dionysiou sur la Sainte Montagne; le Père Theocletos du même monastère; l’archimandrite Haralambos Vasilopoulos, fondateur de l’Union Orthodoxe Panhellénique et de son organe de presse "Orthodoxos Typos"; les professeurs de l'École de théologie de l'Université d'Athènes: Panagiotis Trembelas, Ioannis Karmiris, Konstantinos Mouratidis et Pantelis Paschos; l’éminent prédicateur Nikolaos Soteropoulos; et beaucoup d'autres. Chacun d'entre eux a également partagé l'accent de Kontoglou mis sur l'importance vitale de l'étude des Pères de la sainte Église et l’adhésion à la Tradition de l'Eglise orthodoxe.
-Pourquoi pensez-vous que Philotheos Zervakos et Photios Kontoglou se sont rangés du côté de l’Eglise du soit disant nouveau calendrier?
- J’ai expliqué ceci dans le Volume Onze de ma série sur les Saints Orthodoxes Modernes [Modern Orthodox Saints], qui est consacré au bienheureux Philotheos Zervakos. Dès l'époque même où l'idée d'introduire le nouveau calendrier a été conçue, le Père Philotheos a écrit des lettres de protestation en disant: "Non! Arrêtez ça; ne le faites pas," mais ils ne l'ont pas écouté. Il a écrit des lettres et des brochures pour protester contre cette innovation jusques au moment de sa mort. Ses prédictions se sont réalisées: il a dit que si vous permettez à cette innovation de se faire, vous diviserez le peuple en deux parties hostiles. Cette prophétie de Zervakos a été complètement accomplie. Dans ses dernières années, quand il a vu que le gouvernement grec, l'Eglise de Grèce et le Patriarcat œcuménique ne l’écoutaient pas, il a pensé à tout simplement faire repasser son monastère à l'ancien calendrier. Sur cette question, je suggère une lecture attentive de mon livre sur le Bienheureux Père Philotheos. Son moine le plus âgé, le Père Leontios, que j'ai rencontré quelques années avant sa mort, a déclaré que le Père Philotheos était très déterminé à déclarer que le monastère était revenu à l'ancien calendrier. Mais il eut l’opposition de certains de ses moines les plus âgés, en particulier le père Leontios. Chaque fois que le staretz [Philotheos] quittait le monastère pour voyager en tant que confesseur, parfois pendant des semaines, Leontios était l'higoumène en charge. Donc, il avait une voix forte. Il soulignait que s'ils changeaient le monastère en le mettant à l'ancien calendrier, alors l'évêque local interviendrait immédiatement et les forcerait à renoncer à cette idée, ou bien… Le "ou bien" serait que la police serait envoyée pour expulser les moines et dire que ce monastère appartenait à l'évêque local de Paros et Naxos. Père Philotheos était proche d’atteindre en âge le siècle, et le Père Leontios était environ du même âge, et ils s'imaginait être jeté hors du monastère. Cela aurait été une situation très tragique. Donc, ce que fit le père Philotheos fut de mourir avec "l’ancien calendrier". Il invita un confesseur du Mont Athos, où l’ancien calendrier est suivi, pour servir sa dernière confession et l'enterrer.
-Et Photios Kontoglou est-il mort avec ceux qui suivent le nouveau calendrier?
-Eh bien, Kontoglou lui-même était dans un dilemme. Il avait suivi à peu près les conseils de Philotheos Zervakos d'attendre le retour de l'Eglise de Grèce au calendrier traditionnel. Dans les années 1960, avant que Kontoglou soit mort, l'archevêque d'Athènes était Chrysostomos, qui était très vénérable et traditionnel. Je l'ai interviewé une fois. Il a dit qu'il avait fait une de ses priorités avant sa mort pour faire revenir l'Eglise de Grèce à l'ancien calendrier. Donc, vous voyez, Zervakos et Kontoglou espéraient que ce dilemme serait résolu par lui, et que ce serait fait canoniquement par le Saint-Synode de Grèce. Mais il n'a pas eu lieu parce que la dictature qui a pris le pouvoir, a chassé l’archevêque Chrysostomos de son trône et installé le prêtre du palais, Hieronymos Kotsonis, moderniste et oecuméniste, comme archevêque d'Athènes. Ce fut un dilemme très difficile pour eux. Que fallait-il faire? Un dilemme, vous le savez, a deux cornes [comme le Diable] et quelle que soit celle que vous choisissez, elle est mauvaise. Kontoglou et Père Philotheos espéraient que le changement viendrait d’en haut dans l'Eglise de Grèce. En attendant, Photios se consolait et était en paix avec sa conscience en participant à des offices dans une église de son quartier qui suivait l'ancien calendrier.
- De votre association longue de quatorze ans avec Photios Kontoglou, que pensez-vous qu’il nous ait laissé en héritage? Qu'est-ce que sa vie et son témoignage ont à nous dire aujourd'hui, en particulier pour les chrétiens orthodoxes d’Amérique?
- La fidélité à la Tradition. Dans l'iconographie, dans la musique, dans l'architecture de l'église, dans la liturgie de l'Eglise, dans tous les autres offices de l'Église, dans le respect de la foi dans tous ces domaines, en gardant les saints Canons, en évitant tous les compromis dans les doctrines de l'Eglise. Toute la tradition orthodoxe doit être préservée dans ce pays. Je suis l'une de ces personnes qui ont essayé de le suivre dans la lutte pour préserver la tradition orthodoxe dans ce pays. En cherchant à éviter tous les pièges subtils, des innovations et des fausses unions de toute nature, je continue à agir avec l'approche qu’avait Kontoglou sur ces questions.
J'étudie aussi les Pères de l’Eglise et j’écris sur eux, en particulier sur les auteurs ascétiques tels que saint Jean Climaque, saint Syméon le Nouveau Théologien, et les Pères de la Philocalie.
Nous devons continuer à les étudier, à écrire à leur sujet, et à vivre selon leurs enseignements. Il y a une autre chose qui doit être mentionnée. Kontoglou aimait beaucoup les moines. Il croyait à la vie monastique orthodoxe contemplative (hésychaste) traditionnelle, et non à celle de l'activiste, à la manière catholique romaine. Dans un de ses ouvrages, il dit que nous devons réaliser que là où il n'y avait pas de monastères, la spiritualité s’est tarie, et que partout où il y a de la vie monastique et des monastères authentiques avec une tradition de piété profonde, l'Orthodoxie fleurit.
Nous devons continuer à les étudier, à écrire à leur sujet, et à vivre selon leurs enseignements. Il y a une autre chose qui doit être mentionnée. Kontoglou aimait beaucoup les moines. Il croyait à la vie monastique orthodoxe contemplative (hésychaste) traditionnelle, et non à celle de l'activiste, à la manière catholique romaine. Dans un de ses ouvrages, il dit que nous devons réaliser que là où il n'y avait pas de monastères, la spiritualité s’est tarie, et que partout où il y a de la vie monastique et des monastères authentiques avec une tradition de piété profonde, l'Orthodoxie fleurit.
-Et à ce propos... Aujourd'hui, dans l'Orthodoxie, nous avons beaucoup de discussions, et une controverse qui n’est pas moindre, à propos de l'apparence des prêtres et des moines en Occident. Il y a ceux qui disent que c’est quelque chose pour le vieux continent. En Amérique, nous faisons les choses différemment, parce que l'endroit où nous sommes, et la situation dictent que nous devons nous habiller différemment, et que les choses extérieures ne sont pas si importantes que cela. Que disait Kontoglou à ce sujet?
-Kontoglou a écrit des articles spéciaux sur le rasson [soutane] pour le prêtre. Il serait d'accord pour dire que le rasson seul ne fait pas le prêtre [l’habit ne fait pas le moine !]. Mais il est l'une des choses, avec d'autres, qui font un prêtre ou un moine. Kontoglou disait le rasson est un élément essentiel. Il est un symbole de l'Orthodoxie. La barbe est aussi un élément essentiel de l'apparence d'un ecclésiastique ou d’un moine. Ces choses, il les a beaucoup soulignées, et il a donné des raisons de tradition et de bon sens, pour que cette apparence extérieure du prêtre ou du moine, doive continuer à identifier le prêtre ou le moine comme véritablement orthodoxes.
-Alors, serait-il correct de mentionner que Photios dirait que ces choses font partie intégrante de l'Orthodoxie, sont l'expression de l'Orthodoxie. Elles ne sont pas des traits détachés, mais sont unies avec l'image et les symboles de l'Orthodoxie. Ainsi, abandonner ces choses est en quelque sorte minimiser l'Orthodoxie.
-C’est juste. Il y a quelques années à peine, un prêtre de l'archidiocèse grec dans ce pays avait une barbe. Mais maintenant, ce qui est arrivé est que les jeunes prêtres ont de la barbe, le plus souvent taillée, mais encore de la barbe. A côté d'eux est un vieux prêtre, un prêtre aux cheveux blancs, complètement rasé. Raser la barbe ne peut se justifier en disant que nous vivons en Amérique, et que la barbe est inappropriée. Au contraire, c’est tout à fait acceptable maintenant.
Kontoglou était très résolument pour qu'un prêtre ait la barbe et le rasson de son identité, de la même façon qu’un policier a son uniforme de police spécifique, quand il sort dans les rues. En le voyant, vous savez qu'il est policier.
-Kontoglou faisait-il jamais une distinction entre la Tradition avec un grand « T » et la tradition avec un petit « t » ? Une telle vision précise qu'il y a des traditions dans le domaine du dogme, de la doctrine et de la spiritualité qui sont absolument non négociables, mais qu’il y a des petites traditions comme la barbe et le rasson qui sont négociables. Vous n'êtes pas obligé de les avoir, mais vous pouvez les avoir. A-t-il jamais fait de telles distinctions?
-Il n'a pas fait une telle distinction. Il croyait que des choses innombrables organiquement liées font l'Orthodoxie, et lui donnent son identité. Tout est organiquement lié. A propos des arts de l'Église, par exemple, il disait que l'iconographie s'adresse à notre sens de la vue, tandis que la musique s’adresse elle, à notre sens de l'ouïe, mais toutes deux cherchent à exprimer la même essence, la foi orthodoxe. L'architecture a sa propre tradition, particulièrement reconnaissable dans la coupole, dans l’arc en plein cintre, et par les surfaces qui sont utilisées pour les peintures murales, que d'autres types d'architecture, comme le gothique, ne fournissent pas.
L'architecture de l'Eglise orthodoxe est un élément très important de la totalité; en d'autres termes, tous ces arts sont organiquement liés entre eux, mais en utilisant différents médias. L'iconographie, l’hymnodie, la musique et l'architecture de la tradition byzantine essaient de transmettre la même chose. Elles ont le même point d'origine: elles sourdent toutes de la foi orthodoxe et sont utilisées pour communiquer la foi orthodoxe et la rendre saisissable pour le croyant par les sens. Ainsi, vous pouvez voir l'unité organique des beaux-arts de l'Orthodoxie.
Vous pouvez également la voir dans l'apparition du prêtre, du moine, dans la forme des prières et dans la Liturgie. Toutes ces choses sont organiquement liées les unes aux autres. Si vous dites que l'iconographie traditionnelle n’est pas indispensable, ou que la musique traditionnelle est secondaire et peut être remplacée par des orgues ou des violons, tout en conservant l'Orthodoxie, c’est faux!
Lorsque vous éliminez ces choses, que reste-t-il? Bientôt vous allez commencer à atténuer les dogmes en raison du minimalisme ou du relativisme. Les Grecs ont un mot pour cela: "ξεφτισμα [xephtisma/ « effilochage »], vos pantalons sont déchirés en un seul endroit, vous laissez passer, puis la déchirure se propage. Si vous ne rafistolez pas à temps, elle se propage de plus en plus, et l'ensemble du vêtement tombe alors en morceaux. Donc, vous devez réparer.
Si vous ne prenez pas le temps de réparer tout type de rupture de la Tradition, alors tout commence à se désagréger. Et voilà ce qui est arrivé à une grande partie du monde orthodoxe. Il tombe en morceaux de cette manière, en disant: Ceci n'a pas d'importance, ce n'est pas essentiel, c'est sans importance, c’est une convention, et ainsi de suite…
-Kontoglou nous rappelle de "rester fidèle à la tradition."
-Oui, parce que la Tradition unit tout dans une belle relation organique significative avec tout le reste.
-Elle nous donne la vie.
-Elle nous donne la vie et résout des problèmes inutiles et des soucis inutiles qui sont créés par la "modernisation" et l'œcuménisme.
-Kontoglou prévoyait ces choses il y a trente ans, et même plus tôt, et vous les avez vues en écrivant vos soixante livres au cours des quatre dernières décennies. Sommes-nous à présent dans un endroit où nous avons, peut-être, progressé encore plus bas sur cette pente que du temps de Kontoglou?
-Bien sûr.
Photios et sa famille
-Il semble presque que nous sommes vaincus par ces innovations, qui pleuvent comme un orage terrible sur l'Eglise. Où allons-nous commencer ; où la paroisse et le prêtre vont-ils commencer la tâche de réparer avant que tout le vêtement ne tombe en morceaux? Comment procédons-nous sur la voie de la restoration ?
-Je dirais qu'il y a différentes choses avec les quelles on doit se battre. Une des premières choses à voir est que la plupart de ce qui est endommagé, ces innovations, est le résultat de l'ignorance. C'est à l'origine de toutes ces choses.
Nous avons donc à écrire des livres instructifs, des articles et des lettres, comme Kontoglou l’a fait. Kontoglou a écrit d'innombrables lettres. J'ai quatre de ses lettres. Ceux qui possèdent les connaissances et la compréhension nécessaires doivent écrire et enseigner, afin d'éclairer les gens, pour guérir la maladie de l'ignorance.
Des librairies bien équipées devraient être organisées dans toutes les paroisses et tous les monastères. En outre, il devrait y avoir des conférences édifiantes dans les paroisses, offertes de temps en temps, surtout pendant la saison d'automne, et pendant le Grand Carême.
-C'est un long processus.
-Effectivement. C’est un processus qui prend du temps et doit être fait en continu par autant de personnes que possible. L'autre triste facteur est l’indifférence. Ainsi, le sentiment religieux des personnes doit être réchauffé. La froideur, qui est propice à la mort de la foi, doit être bannie. De bons écrits, de bons sermons, et une conversation personnelle avec les gens sont des moyens pour ce faire.
L’indifférence est enracinée dans l'ignorance. Les gens sont indifférents à quelque chose qu'ils ne connaissent pas, qu’ils ne comprennent pas. L’indifférence vient souvent parce que l'on ne comprend pas les doctrines de l'Eglise, les canons, ou l'importance de pratiques telles que le jeûne et la prière de Jésus.
-L’ignorance, par conséquent, conduit-elle à une perversion de la foi?
-Oui. La foi en vient à être considérée comme semblable à la magie. Le christianisme n’est pas magique. Il est une relation divino-humaine impliquant la prière de notre part, la prière sincère de chrétiens croyants et d'autres pratiques spirituelles également, avant que nous puissions espérer qu’une réponse vienne de Dieu. À tort, les gens pensent qu'ils peuvent obtenir des avantages divins sans en payer le prix spirituel.
-Alors, pour recevoir un bénéfice de la sainte Orthodoxie, on doit travailler dur pour se vider, et permettre à l'Orthodoxie, à la tradition et à l'Esprit de Dieu de venir en nous; il faut avoir la foi?
-C'est la fondation. La foi, dans le sens d'épouser sans réserve de véritables doctrines et de véritables pratiques, c’est la fondation.
En conclusion, permettez-moi de vous demander: il semble encore que cela représente un grand défi pour les orthodoxes zélés d'être connectés à la Tradition des saints Pères qui donne la vie. Ces personnes sont vivantes et éveillées à la sainte Tradition, mais elles pourraient être dans un endroit de l'Orthodoxie américaine où cette tradition n’est pas facilement accessible. Que disons-nous à quelqu'un dans cette situation?
-Une personne doit avoir du zèle et constamment rechercher un lieu-une paroisse dans le « monde» ou un monastère, où il y a un christianisme orthodoxe traditionnel authentique. Notre Seigneur Jésus-Christ a dit: «Demandez, et il vous sera donné; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira. »
Version Française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Pravoslavie.ru
d'après
Pravoslavie.ru