"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 26 décembre 2009

Fols-en-Christ: saint Sérapion le Syndonite


Saint Sérapion le Syndonite (14 mai)

Sérapion était moine depuis sa jeunesse. Il lisait la Sainte Ecriture avec tant d’assiduité qu’il la connaissait par cœur. Egyptien de naissance, il fut nommé le Syndonite car, toute sa vie, il ne porta que la tunique de lin sans manches que les Egyptiens appellent «syndon».
Très zélé dans son ascèse de dépouillement, le saint n’avait ni maison ni abri et il passait sa vie comme un oiseau du ciel en vagabondage constant. Ayant atteint la perfection dans le dépouillement, il s’efforça d’atteindre un but plus élevé. Dieu lui accorda enfin l’absence de passions1. On trouvait souvent le saint qui pleurait amèrement sur la route, à l’extérieur du village. Quand on lui demandait la cause de ses lamentations, le saint répondait : «Mon maître m’a confié sa fortune et je l’ai dilapidée et, à présent, il me tourmente». Les gens ne comprenaient pas ses paroles et pensaient qu’il parlait d’or et d’argent. Ils lui donnaient souvent de l’argent, du pain ou des légumes en lui disant : «Prends ceci, frère, mais ne te lamente pas sur la perte de la richesse. Dieu est capable de te la redonner». Sérapion dédia toute sa vie au salut du prochain. Alors qu’il était encore jeune, il se plaça dans une famille d’acteurs païens pour vingt pièces et il resta avec eux, jeûnant sévèrement et prêchant sans discontinuer la Parole de Dieu jusqu’à ce qu’il convertisse toute la famille au Christ et qu’il les convainque de quitter le théâtre. Le père de famille prit un emploi honorable et libéra Sérapion de ses liens, disant : «A présent, frère, nous te donnons la liberté puisque toi-même tu nous as libérés d’un esclavage honteux».
Sérapion partit alors pour Alexandrie. Sur la route, il rencontra un mendiant en haillons qui tremblait de froid. A la vue du pauvre homme, Sérapion enleva son vêtement et le donna à celui qui souffrait. Puis il s’assit sur le bord de la route, tenant en ses mains le saint Evangile. A ce moment, une connaissance vint à passer et lui demanda : «Père Sérapion, qui t’a dévalisé» ? L’ascète montra du doigt l’Evangile et dit «C’est ceci qui m’a dépouillé» !
Un autre jour, Sérapion vit un débiteur que l’on traînait en prison. Il n’avait rien à donner à ce pauvre homme alors il vendit son Evangile et paya sa dette. Quand il retourna à sa cellule, son disciple lui demanda où était l’Evangile. Le staretz répondit : «Mon fils, il m’a sans cesse admonesté de vendre ce que j’avais et de le donner aux pauvres. J’ai tenu compte de cette injonction et j’ai obéi afin que, par cette obéissance, je puisse recevoir grande hardiesse devant Dieu».
Saint Sérapion voyageait constamment. Un jour, arrivé en Grèce, il alla à Athènes. Pendant trois jours, il vagabonda dans la ville et personne ne lui donna même un morceau de pain. Le quatrième jour arriva et il n’avait pas mangé pendant trois jours pleins. Le saint alla à l’Acropole où se rencontraient les autorités de la cité et il commença à sangloter et à frapper dans ses mains, disant : «Athéniens, au secours» ! Les gens s’assemblèrent autour de lui pour lui demander ce qui n’allait pas. «D’où es-tu ? Qu’as-tu ?», demandèrent-ils avec le désir d’aider l’homme en détresse. «Je suis moine égyptien, répondit-il, et, ayant quitté mon propre pays, je suis tombé aux mains de trois créanciers. Deux d’entre eux m’ont quitté car ils ont reçu leur dû et n’ont plus de raison de me poursuivre. Le troisième ne me quitte pas et je n’ai pas de quoi le satisfaire».
Quelques-uns des Athéniens furent touchés de compassion et voulurent aider Sérapion à payer sa dette. «Où sont ces créanciers qui t’affligent et qui sont-ils ?» demandèrent-ils.
«Depuis ma jeunesse, répondit le fol-en-Christ, j’ai été tourmenté par l’amour de l’argent, le désir charnel et la gloutonnerie. J’ai été délivré de l’amour de l’argent et du désir charnel… ces passions ne me tourmentent plus. Mais je ne puis me libérer de la gloutonnerie. Cela fait quatre jours que j’ai faim et le créancier cruel qu’est l’estomac me tourmente sans cesse, demandant son dû habituel et il ne me laissera pas vivre si je ne le paie pas».
On donna de l’argent à Sérapion qui acheta un pain et quitta immédiatement la ville.
A Lacédemone, Sérapion entendit parler d’un homme pieux qui était manichéen. L’ascète s’attacha à lui et, en deux ans, réussit à le détourner de l’hérésie et à le ramener à la Sainte Eglise. Sérapion enseigna à cet homme et à sa famille la piété véritable puis rendit l’argent qui lui avait été donné et partit. Bien qu’il n’ait rien eu en sa possession, Sérapion s’embarqua sur un navire et s’assit sur le pont, attendant qu’il fasse voile. L’équipage et les passagers prirent le repas du soir et le capitaine du bateau, remarquant que Sérapion ne mangeait pas, supposa qu’il avait le mal de mer. Il en fut de même cependant les deuxième, troisième et quatrième jours. Quand on remarqua qu’au cinquième jour Sérapion ne mangeait rien, le capitaine demanda : «Mon cher ami, pourquoi ne manges-tu pas» ? «Je n’ai rien à manger», répondit-il. Quand il entendit cela, il commença à demander à ses officiers qui d’entre eux avait amené à bord les vivres de Sérapion. Quand il fut certain que personne n’avait embarqué quoi que ce soit pour le voyageur, le maître commença à lui faire des reproches. «Comment as-tu pu embarquer sans nourriture ? Comment mangeras-tu pendant la traversée ? Et comment paieras-tu ton voyage» ? Sérapion répondit calmement : «Je n’ai rien si ce n’est mes haillons. Retourne me jeter là où tu m’as embarqué» !
«Avec le bon vent et la navigation, grâce à Dieu, répliqua-t-il, nous ne retournerons pas au port même si tu nous offrais cent pièces d’or». Ainsi Sérapion resta tranquillement sur le bateau et le capitaine le nourrit jusqu’à ce qu’ils atteignent Rome.
A Rome, saint Sérapion rencontra un vertueux ascète nommé Dominique qui était un grand combattant de l’ascèse et qui avait le don d’accomplir des miracles. Sérapion resta avec lui et fut instruit par lui puis il alla à la recherche d’autres ascètes. Il entendit parler d’une certaine jeune fille qui pratiquait le silence et avait vécu en recluse pendant vingt-cinq ans, ne recevant jamais personne. Sérapion alla au logis de cette ascète et dit à la femme âgée qui la servait : «Dis à la vierge qu’un moine désire la voir de toute urgence» !
La syncelle1 répondit que la recluse ne recevait pas de visiteurs et qu’elle n’avait vu personne depuis des années. Sérapion insista : «Dis-lui que je dois la voir car Dieu m’a envoyé vers elle». Elle ne lui prêta pas plus attention que la première fois. Ce ne fut qu’après trois jours que Sérapion réussit enfin à être mis en présence de l’ascète. «Que fais-tu là à rester assise ?», demanda Sérapion. «Je ne suis pas assise, je suis en chemin» ! «Où vas-tu ?» demanda le fol-en-Christ. «Vers mon Dieu !» fut la réponse. «Es-tu morte ou vivante» ? «Je crois, dit-elle, que pour mon Dieu je suis morte au monde car celui qui vit selon la chair ne montera pas vers Dieu».
«Si tu veux savoir si tu es vraiment morte au monde, répondit à cela saint Sérapion, fais ce que je fais».
«Demande seulement ce qui est possible, dit-elle, et je le ferai».
«Pour quelqu'un qui est mort comme toi, continua Sérapion, tout est possible, sauf l’impiété. Descends et va te promener au dehors».
«Je n’ai pas quitté ce lieu depuis vingt-cinq ans, objecta la vierge. Comment puis-je sortir à présent» ?
«N’as-tu pas dit que tu étais morte pour le monde ? Peut-être est-ce parce que le monde n’existe pas pour toi. S’il en est ainsi, quelqu'un qui est mort ne ressent rien et tout doit t’être égal : sortir ou ne pas sortir» !
La vierge sortit. Quand ils atteignirent une certaine église, Sérapion lui dit : «Si tu veux savoir si tu es vraiment morte, et que tu ne vis plus pour les gens, alors enlève tes vêtements comme moi et, les plaçant sur ton épaule, va par la ville. Je marcherai nu moi aussi devant toi». La recluse protesta : «Mais si je fais cela, je tenterai beaucoup de gens par une telle absence de vergogne et on dira que je suis folle ou possédée».
«Qu’est-ce que cela peut te faire si on dit cela ? demanda le fol-en-Christ. Tu as dit que tu étais morte au monde et quelqu'un qui est mort ne se soucie point qu’on lui fasse des reproches ou qu’on se moque de lui, car un mort est insensible à tout cela».
Se sentant reprise à cause de son orgueil, la vierge répondit : «Je n’ai pas encore atteint un tel degré de perfection, mais je prie seulement de pouvoir y atteindre».
«Ma chère sœur, lui dit gentiment Sérapion, ne te réjouis pas d’être plus sainte que les autres et ne te vante pas d’être morte au monde. Tu viens de découvrir que tu es encore vivante et que tu te soucies de plaire aux gens»… La leçon de Sérapion apprit à la vierge la grande humilité et grâce à cela, l’éleva vers une perfection plus grande.
Un ermite vint rendre visite à Sérapion. Selon la coutume, le staretz offrit de prier avec lui. L’ermite lui répondit que ses propres péchés étaient si grands qu’il était indigne non seulement de prier avec le staretz mais même de respirer le même air que lui. Sérapion voulut lui laver les pieds mais l’ermite ne le permit pas pour les mêmes raisons déjà évoquées. Saint Sérapion parvint à convaincre l’ermite de manger avec lui. Il lui donna ensuite cet enseignement : «Mon fils, si tu souhaites te bonifier, alors reste assis dans ta cellule et sois attentif à ce que tu fais car dans la jeunesse il est plus utile de pécher dans sa cellule que d’en sortir».
L’ermite écouta cet enseignement, devint triste et changea de contenance si bien que son chagrin ne pouvait être caché du staretz. Sérapion lui dit : «Tu viens de dire que tu es pécheur, tu t’es accusé d’être indigne de l’image monastique même ! et maintenant tu te mets en colère quand je t’enseigne avec amour ! Si tu veux être humble, apprends à supporter les offenses des autres avec magnanimité et garde-toi de l’oisiveté».
L’ermite se repentit devant le staretz et le quitta ayant reçu un grand bienfait spirituel.

Telle fut la vie de notre saint père Sérapion le fol-en-Christ, homme sans passions et qui ne possédait rien. Mais nous avons, à partir d’une abondance de faits, relaté peu de choses car innombrables furent les œuvres miraculeuses et salvifiques de cet homme.
Saint Sérapion reposa au désert d’Egypte dans la soixantième année de son âge. La Sainte Eglise célèbre sa mémoire le 14 mai.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Lev Puhalo & Vasili Novakshonoff
God's Holy Fools
Synaxis Press,
Montreal, CANADA
1976

Hésychie (11)






Ne dialogue jamais avec tes pensées
Adresse ta prière à Dieu
Et écoute en ton cœur
Sa réponse silencieuse

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 25 décembre 2009

Fols-en-Christ: saint André de Constantinople



Saint André de Constantinople
sur l'icône du "Pokrov"
(2 octobre)


Saint André était scythe de naissance et, dans son enfance, il fut amené à Constantinople comme esclave. Comme il était doué et bien élevé, son maître décida de lui donner une éducation. André se révéla d’une intelligence exceptionnelle et il maîtrisa très vite la lecture et l’écriture en langue grecque. Il commença très tôt à lire les livres saints et, plus particulièrement, les vies des saints et des martyrs. André devint chrétien orthodoxe et se mit à aller à l’église et à y prier de plus en plus fréquemment. Un jour, alors qu’il priait, saint André se sentit las et il s’allongea pour se reposer. Il s’endormit et fit un rêve dans lequel il vit deux armées : d’un côté, il y avait des régiments de saints et, de l’autre, une multitude de démons qui défiaient les saints, les poussant à se battre avec un des leurs, un géant effrayant. Alors André vit une silhouette rayonnante descendre du ciel, tenant en ses mains trois couronnes de grand prix. L’apparition proclama que ces trois couronnes étaient destinées à celui qui serait vainqueur du géant. André décida de se battre contre cette créature effrayante et demanda à la Personne rayonnante de l’aider. Celui qui apparaissait alors était notre Sauveur Lui-même et, avec sa bénédiction, saint André défit le démon, mais non sans un grand combat. Notre Sauveur examina le jeune vainqueur et lui dit : «A partir de ce jour, tu es notre ami et notre frère ; commence ton combat salvifique ; sois fou par amour pour Moi» !

Saint André comprit cette injonction et il entra dans la voie de la folie pour le Christ.

Le maître d’André fut très affecté du changement soudain du jeune homme et il pensa qu’il était réellement devenu fou. Saint André fut amené dans l’église dédiée à la mémoire de la sainte mégalomartyre Anastasie1 afin que des prières soient dites pour qu’il recouvre la santé. Là, André reçut confirmation du combat qu’il devait mener. Il vit sainte Anastasie conversant avec saint Jean Chrysostome. Quand saint Jean demanda : «Anastasie, ne vas-tu pas guérir cet André ?», la sainte martyre lui répliqua : «Il n’a nul besoin de guérison. Il a été guéri par Celui qui lui a dit “Sois fou par amour pour Moi” !».

A une autre occasion, saint Jean le Théologien2 apparut au fol-en-Christ, l’encourageant et promettant de l’aider. Dans une troisième vision, l’ascète se vit soudain dans les chambres du Roi. Le Roi lui donna quelque chose de très amer à goûter et dit : «Telle est la voie de ceux qui Me servent dans la vie présente» ! Puis Il donna au fol une autre nourriture qui était plus douce que la manne, en disant : «Telle est la nourriture que je donne à ceux qui œuvrent pour Moi et qui supportent tout courageusement jusques à la fin» !

Quand le maître de saint André vit que sa condition mentale ne changeait pas, il le libéra de sa servitude avec grand chagrin. Le saint commença à errer dans les rues de la cité impériale avec l’apparence d’un fou, supportant toutes sortes d’insultes, de moqueries et de privations. Saint André passait ses nuits en vigiles orantes, priant pour lui-même, pour le monde entier et, plus particulièrement, pour ceux qui l’avaient offensé ou blessé.

Saint André était complètement exclu de la société. Les gens s’écartaient de lui à son passage dans les rues et personne jamais ne lui donna un gîte pour s’abriter. Même les chiens le repoussaient, le mordant ou s’enfuyant à son approche.

Par toutes ces souffrances et ces privations pour le Seigneur, par les vigiles nocturnes et les prières, par son ascèse constante, l’ascète acquit une pureté de cœur telle qu’il devint de moins en moins homme et de plus en plus ange. De plus, André reçut beaucoup de grâces de Dieu. Il put contempler l’Invisible, avait la faculté de lire dans l’âme humaine et il lui fut accordé le don de prophétie afin de sauver les pécheurs.

Malheureusement, tout le monde ne prêtait pas attention aux exhortations du fol-en-Christ. Un pilleur de tombes qui déterrait les cadavres, prenant leurs vêtements et les bijoux qui avaient pu être ensevelis avec eux, décida un jour de cambrioler la tombe d’une femme riche qui venait d’être mise en terre. Sur le chemin de son forfait, le voleur rencontra saint André. Connaissant l’intention maligne de l’homme, saint André le regarda fixement dans les yeux et dit : «Ainsi parle l’Esprit jugeant celui qui vole la vêture de ceux qui gisent au tombeau : Tu ne verras pas le soleil, tu ne verras ni le jour, ni face humaine ; les portes de ton logis seront fermées pour toi et ne s’ouvriront jamais plus».

Le voleur entendit ces mots mais il n’y prêta pas attention et continua son chemin. Saint André poursuivit l’homme continuant sa folie feinte, espérant trouver un moyen de le détourner de son péché. Ses paroles furent vaines. Quand vint le soir, le voleur força la tombe. Il prit les vêtements et les ornements onéreux et il allait partir lorsqu’il remarqua la tunique sur le corps. Il décida de la prendre aussi, laissant le cadavre complètement nu. Alors que ce voleur allait quitter le tombeau, se retournant, il sentit comme un coup violent porté à sa tête. Il devint instantanément aveugle. Depuis ce jour, le pilleur de tombes aveugle mendiait dans les rues, demandant l’aumône et relatant la prophétie que lui avait faite saint André le fol-en-Christ.

Un moine menait une vie de prière très stricte. A cause de la sainteté de sa vie, beaucoup venaient le voir pour être conseillés et certains d’entre eux laissaient des offrandes. Saint André vit en vision un esprit de lumière et un esprit de ténèbre qui se disputaient l’âme du moine.

«Il est à moi, disait l’esprit de ténèbre, car il vit possédé par l’amour de l’argent».
«Non, répondait l’esprit de lumière, il est mien car il continue son combat spirituel» !
Une voix céleste intervint, parlant à l’esprit de lumière : «Laisse-le, il s’est livré lui-même à Satan» !
En peine pour l’âme du moine, saint André lui montra — en privé — la condition de son âme et le supplia de changer de vie. Le moine se repentit et donna tout l’argent qu’il avait amassé. On lui apporta de nouveau de l’argent, lui demandant de le distribuer aux pauvres. Mais il ne voulut plus l’accepter et répliqua : «En quoi peut-il m’être utile de distribuer les épines des autres» ?

A cause de la sainteté de sa vie, saint André, comme l’apôtre Paul, fut transporté au ciel. Pendant un hiver particulièrement dur, le saint était sur le point de mourir de froid et il était déjà aux portes de la mort. Il fut ressuscité par un ange qui lui apparut tenant une branche du jardin du Paradis. Saint André fut alors ravi en esprit au troisième ciel et vit notre Sauveur Jésus-Christ face à face. Là, le saint entendit des paroles ineffables qui ne se peuvent exprimer en langage humain.

Saint André servit Dieu comme fol-en-Christ dans les rues de Constantinople, dans un long combat de dures privations pendant soixante-six ans. Pendant ce temps, il fut jugé digne de nombreuses visions. Sa dernière vision servit de base à l’établissement, dans l’Eglise, de la fête de la Protection de la Mère de Dieu Très Sainte (Pokrov). Cette vision intervint ainsi.

Pendant le service de vigile nocturne dans la crypte du Palais des Blachernes, saint André arriva. Son ami, le jeune et noble Epiphane était aussi présent. Le saint avait l’habitude de se tenir debout pendant l’Agrypnie1 — quelquefois jusques à minuit, quelquefois jusques à l’aube — jusques au moment où ses forces l’abandonnaient. Pendant la quatrième heure de l’office, saint André vit une apparition de gloire. La Très Sainte Mère de Dieu apparut, entra par les Portes Royales2 de l’église. Le Prodrome Jean Baptiste et saint Jean le Théologien l’accompagnaient et une longue théorie de saints la précédaient. Tandis qu’Elle s’approchait de l’ambon, saint André se tourna vers Epiphane et lui demanda : «Vois-tu la Maîtresse du Monde» ? Le jeune homme répondit : «Oui, Staretz» !
Tandis qu’ils La regardaient, la Mère de Dieu s’agenouilla à l’ambon et pria avec des larmes. Puis Elle se leva, entra dans le sanctuaire et pria de nouveau. Quand Elle eut fini ses prières, Elle enleva l’homophore de sa tête et, le tenant à deux mains, Elle l’étendit sur les fidèles tandis qu’Elle s’élevait dans les airs.

Saint André et Epiphane La virent là un long moment, rayonnants de gloire céleste. Ce fut la grande révélation de la protection de tous les fidèles par la prière de la Mère de Dieu.
Cette vision fut accordée à saint Epiphane par l’intermédiaire de son staretz André. Peu après cet événement, le saint fol-en-Christ reposa auprès du Seigneur.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Lev Puhalo & Vasili Novakshonoff
God's Holy Fools
Synaxis Press,
Montreal, CANADA
1976

Hésychie 10)



Dieu est présent sans cesse
Au centre de ton cœur
Souvent tu l'ignores
Et tu te désoles de Son absence

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 24 décembre 2009

Fols-en-Christ: sainte Isidora




Sainte Isidora, nommée Varankis en copte, était une grande ascète qui, à cause de sa rare humilité et de son insigne abaissement volontaire, avait choisi pour elle-même le combat spirituel singulier de la folie en Christ.

A cause de son étrange comportement, les autres moniales du couvent de Tavena-Min la dédaignaient au point de ne pas vouloir même s’asseoir en sa compagnie et elles la traitaient comme quelqu'un de complètement insensé. Cependant, Isidora accomplissait ses obédiences monastiques comme si elle était l’esclave personnelle de chaque sœur. Elle était prête à accomplir n’importe quelle tâche. Cette vierge bénie devint comme l’ordure du monastère et, par là, elle accomplit la parole de l’Ecriture : «Que nul ne s’abuse. Si quelqu'un parmi vous pense être sage dans ce siècle, qu’il devienne fou afin de devenir sage» (1 Co 3. 18). Au lieu de porter une coiffe et des souliers ou des sandales, sainte Isidora couvrait sa tête de haillons et marchait pieds nus. Des quatre cents moniales du monastère, pas une seule ne se souvenait l’avoir vue manger un repas véritable. Elle se nourrissait des miettes de la table et des restes dans les assiettes qu’elle lavait.

De nombreuses moniales se mettaient en colère contre la bienheureuse moniale et elle supportait leur mépris avec patience et en silence. Personne ne l’entendit jamais faire une réplique grossière ou grommeler : plus elle était traitée cruellement, rabaissée et vilipendée et plus elle se réjouissait en esprit, s’exerçant dans cette «sage folie de la Croix du Seigneur». Sa vertu cachée n’était connue que de Dieu seul et Il choisit de la glorifier dès cette vie. La sainteté de cette ascète fut révélée à l’ermite Pitirim, célèbre athlète qui était lui-même disciple de saint Pacôme le Grand.

Un jour, alors que saint Pitirim était dans la solitude du désert de Porphyre, le Seigneur permit qu’il fût saisi par des pensées de vaine gloire.
"Qu’est-ce qui te fait penser que tes combats soient si excellents ? demanda un ange qui lui apparut. Aimerais-tu voir une femme plus pieuse que toi ? Va au monastère de Tavena et tu trouveras une moniale qui porte un haillon sur la tête. Elle est supérieure à toi parce qu’elle s’adonne à son combat spirituel au milieu des gens ; elle sert tout le monde et bien que tout le monde se moque d’elle et la vilipende, elle n’a jamais détourné son regard de Dieu en son cœur. Mais toi, assis ici-même dans le désert, tu pèches par tes pensées dans la ville où elles te portent".

Saint Pitirim se hâta d’aller au monastère de Tavena et demanda à voir les moniales. Toutes s’assemblèrent, sauf Isidora. «Nous sommes toutes là, sauf la folle qui est dans la cuisine».
Le staretz demanda qu’elle lui soit amenée. Isidora fut amenée de force, résistant à chaque pas. En la voyant, saint Pitirim tomba à ses pieds et dit «Bénis-moi Amma [Mère]» ! La bienheureuse vierge tomba à ses pieds et demanda en suppliant sa bénédiction à lui. Tout le monde fut étonné et quelqu'un dit : «Abba, ne te couvre pas de honte, c’est une folle» !
«C’est vous qui êtes folles, répliqua le staretz. Elle est spirituellement plus élevée que vous et moi ; elle est notre mère et je prie d’être trouvé égal à elle au Jour du Jugement» !
Quand les moniales entendirent ceci, elles tombèrent en larmes aux pieds d’Isidora, confessant leurs offenses contre elle et se repentant sincèrement. Saint Pitirim pria pour elles et quitta le couvent. Plusieurs jours plus tard, Isidora quitta le monastère, fuyant la gloire et l’honneur qui lui avaient été accordés.

Nul ne sait où elle alla, où et quand elle mourut.

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Saint Ephrem le Syrien († 373) recueillit la vie de sainte Isidora après avoir visité les déserts d’Egypte en 371. Le monastère de Tavena-Min fut fondé par la sœur de saint Pacôme le Grand.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Lev Puhalo & Vasili Novakshonoff
God's Holy Fools
Synaxis Press,
Montreal, CANADA
1976

Hésychie (9)



Tu ne connais pas
Le plan de Dieu pour toi
Alors signe-toi
Et accepte Sa Providence

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 23 décembre 2009

Livre des Jours de Valaam (53 & fin)



" La pauvreté est un bon maître pour la connaissance de soi, et la connaissance de soi conduit à la noblesse d'esprit. Frères, pardonnez-moi pour tout."

Higoumène Agathange
(1841-1909)
27 décembre

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Disciple proche de l'higoumène Damascène depuis sa jeunesse, et novice en même temps que Père Agapit, le futur grand hésychaste de Valaam, Agathange le zélé fut aussi destiné à faire revivre la Grande Laure de saint Alexandre de Svir dans le voisinage de Valaam.

Sa correspondance avec Père Agapit, montre que ce puissant reconstructeur de Svir, qui avait un excellent esprit d'administrateur, était aussi un sérieux combattant patristique du royaume de l'ascèse.

Comme pasteur de son troupeau monastique, Agathange était aussi remarquable, quelquefois très chaleureux et très humain, qualités rares aujourd'hui, alors que les grands obstacles pourraient être évités par ceux qui gouvernent spirituellement, avec un peu de la sagesse de l'humilité.

La correspondance de Père Agapit avec saint Théophane le Reclus, était aussi partagée avec son ami Agathange. Tandis qu'il était à Valaam, plein de zèle ascétique, le jeune Agathange passa quelque temps seul dans une des skites où jadis de grands startsy avaient combattu le Malin. Il fut tourmenté d'angoisse toute la nuit, jusques au moment où il comprit la nature maligne du phénomène. Et il utilisa cette expérience plus tard quand il devint un "Abba", donnant des conseils à des ascètes inexpérimentés afin de les amener à la noblesse de l'esprit.

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Valaam en 1901

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Valaam en 1992

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Epilogue


Le soir est venu, la lumière va s'estomper.
Le royaume terrestre pour eux est fini.
En haut, le dais de la mort est étendu;
Ils viennent à Toi assoiffés de paix.
Donne le repos, ô Seigneur dans le havre des Cieux
Aux âmes de ceux qui sont dans l'au-delà du tombeau

Staretz Pambo
Prière pour le repos du staretz Michel I

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Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
VALAAM PATERICON
Book of Days
Valaam Society of America
New Valaam Monastery
Alaska
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Fin du Livre des Jours de Valaam & Gloire à Dieu!

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Hésychie (8)



Le tumulte extérieur
N'existe pas
Si tu as en ton cœur la paix
Que donne le Nom Ineffable

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 22 décembre 2009

Livre des Jours de Valaam (52)


"Celui qui est capable de connaître la dignité de son âme, est capable de connaître la puissance et les mystères de Dieu."

Saint Macaire le Grand

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Staretz Ephrem
(1871-1946)
13 mars

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Père Ephrem s'enfuit de chez lui à l'âge de douze ans et s'installa dans l'école pour les orphelins du monastère. Après son noviciat, il fut envoyé dans une mission nouvellement organisée en Abyssinie. Il revint bientôt à Valaam, seulement pour être envoyé après ordination, comme chapelain militaire au service d'un Grand-Duc. mais tandis que la Révolution faisait rage, il put s'échapper de saint Petersbourg et de retourner à Valaam.

En 1919, il devint moine du grand habit et vécut au désert, dans la skite de l'Icône de la Mère de Dieu de Smolensk. Il faisait le cycle quotidien complet des offices dans une église construite pour lui par le Grand-Duc. Il dormait dans un cercueil.

Quand la controverse du calendrier surgit à Valaam, il accepta avec réticence d'être le conseiller spirituel principal de l'administration de l'higoumène Chariton. Il était père spirituel de l'ancienne dame de compagnie de l'impératrice Alexandra, Anna Vyroubova, qui était alors moniale.

Dans sa jeunesse, il était un ami proche du staretz-confesseur Michel I, et était renommé comme adepte du cycle perpétuel des offices divins.

Il quitta Valaam pendant l'hiver 1939-1940 avec les autres moines, et mourut peu après la guerre, lorsque Valaam retourna au calendrier de l'Église.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
VALAAM PATERICON
Book of Days
Valaam Society of America
New Valaam Monastery
Alaska
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Hésychie (7)


Les chemins du monde sont larges
La Voie de l'Evangile étroite
Mais elle mène sûrement
Aux sources d'eaux vives de l'Eternité

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Psaume premier/ Chœur des moines d'Optina

lundi 21 décembre 2009

Livre des Jours de Valaam (51)


"Ceux qui sont obéissants ont tous été sauvés, mais ceux qui ont gardé une volonté propre ont souffert, et beaucoup ont péri."

Staretz Hilaire de Sarov

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Joël le Jardinier
(1939)
13 décembre

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Ayant l'obédience de jardinier, le hiéromoine Joël était d'une disposition très amicale, c'était un moine très aimable qui cultivait son verger comme s'il s'agissait du Jardin d'Eden, y travaillant dans la prière et l'enthousiasme.

Son staretz était l'higoumène du grand habit Théodore qui vivait au désert. Après sa mort, Père Joël s'installa dans sa cellule et y vécut pendant plusieurs années.

Une nuit, son staretz lui apparut et lui dit avec amour: " Pars d'ici et va au monastère!" Et deux jours plus tard, il partit, mais pour l'autre monde. Son staretz l'appelait au céleste "Jardin d'Eden", et Père Joël fut trouvé mort. Il marchait dans sa cellule, une boîte d'allumettes à la main, et soudain, il mourut.

Peu de gens ont un repos en Christ aussi juste, fin pour laquelle Père Joël était prêt. Ceci est aussi caractéristique de l'amour que les moines de Valaam avaient les uns pour les autres, amour qui s'étendait même à l'autre monde. On considère que c'est une marque de la faveur de Dieu si un moine meurt dans l'accomplissement de son obédience... Un exemple de ceci est celui du boulanger mort avec de la pâte sur les mains, comme ce fut le cas de saint Nicodème, le boulanger de prosphores des Cavernes de Kiev. Il fut étendu dans son cercueil sans être lavé, preuve de son obédience totale, pour laquelle il fut récompensé par Dieu.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
VALAAM PATERICON
Book of Days
Valaam Society of America
New Valaam Monastery
Alaska
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Saints Spyridon & Nicodème
Faiseurs de Prosphores
des Cavernes de Kiev
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Saint Nicodème de Kiev
autre icône

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Hésychie (6)



La rancune et l'envie
Bâtissent un mur
Qui te sépare des autres
Et du Christ miséricordieux

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Icône thaumaturges de Grèce

dimanche 20 décembre 2009

Livre des Jours de Valaam (50)


"Lorsque je vivais à la skite du Prodrome [saint Jean-Baptiste], je me laissais aller à penser quelquefois que si jamais je devais quitter ce saint lieu, je me mettrais à genoux sur le rivage et que je pleurerais, comme Adam banni du Paradis."

Higoumène Gabriel
(1848-1910)
7 décembre

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Quand il eut dix-huit ans, le futur higoumène de Valaam vint vers l'higoumène Damascène, qui lui dit d'un ton sévère: "Si quelqu'un vient au monastère et dit qu'il veut devenir moine, c'est quelque chose de sérieux, il ne devrait pas changer cette résolution jusques à la mort!"

Et le jeune homme fit alors un vœu qu'il garda pour le reste de sa vie. A un âge relativement jeune, il vécut dans la skite très austère de saint Jean-Baptiste avec le grand ascète et ermite Jean l'Aveugle.

Cette expérience lui permit plus tard d'encourager l'ascétisme. Il devint enfin higoumène de Valaam. Après trente-sept années en ce lieu, il fut transféré au beau monastère d'Alatyr près de la Volga, monastère qui avait besoin de rénovation.

Ayant fait beaucoup pour son embellissement, il mourut d'une mort soudaine mais paisible, sept ans après avoir quitté Valaam.

Sur la photographie, on le voit (de gauche à droite), avec les moines du grand habit Alexandre, Alexis, Serge et Jean l'aveugle sur la tombe du grand staretz Nicolas premier du nom. Ce dernier reçut le Tzar Alexandre Ier qui vint à Valaam en 1819, recherchant une consolation spirituelle pour son âme affligée. car il avait consenti au meurtre de son père, l'empereur Paul Ier. Le staretz clairvoyant consola le Tzar qui reposa en Christ en 1824.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
VALAAM PATERICON
Book of Days
Valaam Society of America
New Valaam Monastery
Alaska
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Hésychie (5)




Tu ne connais ni le jour
Ni l'heure de ton départ
C'est pourquoi le temps qui est tien
Doit être louange constante

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Saint Séraphim de Sarov et Diviyévo