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4/17 avril
5ème dimanche de Carême – de sainte Marie l’Égyptienne
Saint
Georges du Mont Maléon dans le Péloponnèse (Vème-VIème s.) ; sainte
martyre Pherboutha, vierge, sa sœur et sa servante (341-343) ; saint
Zosime (vers 560) ; saint Joseph le grand souffrant des Grottes de Kiev
(XIVème s.) ; saint Zosime de Vorbozom (vers 1550) saint néomartyrs
Benjamin Kononov et Nicéphore Koutchine (1928) ; saint hiéromartyr
Nicolas, évêque de Velsk, sainte vénérable martyre Marie Lelianov (1932) ;
saint hiéromartyr Jean Vetchorko, prêtre (1933) ; saint martyr Jean
Kolesnikov (1943).
Liturgie de saint Basile le Grand
Liturgie : Hébr. IX, 11-14; Gal. III,
23-29 / Мc. X, 32-45 ; Lc. VII, 36-50
SAINTE MARIE L'ÉGYPTIENNE[1]
arie l’Égyptienne passa
quarante-sept ans au désert dans une austère pénitence. Elle y entra vers l’an
du Seigneur 475. Or, un abba, nommé Zosime, ayant passé le Jourdain et parcouru
un grand désert pour trouver quelque saint père, vit un personnage qui se
promenait et dont le corps nu était noir et brûlé par l’ardeur du soleil.
C'était Marie l’Égyptienne. Aussitôt, elle prit la fuite et Zosime se mit à
courir plus vite après elle. Alors Marie dit à Zosime : « Abba Zosime, pourquoi
cours-tu après moi ? Excuse-moi, je ne puis tourner mon visage vers toi, parce
que je suis une femme ; et comme je suis nue, donne-moi ton manteau, pour que
je puisse te voir sans rougir. » En s'entendant appeler par son nom, il fut
saisi : ayant donné son manteau, il se prosterna par terre et la pria de lui
accorder sa bénédiction. «C'est bien plutôt à toi, mon père, lui dit-elle, de
me bénir, toi qui es orné de la dignité sacerdotale. » Il n'eut pas plutôt
entendu qu'elle savait son nom et son ministère, que son admiration s'accrut,
et il insistait pour être béni. Mais Marie lui dit : « Béni soit le Dieu
rédempteur de nos âmes. » Comme elle priait les mains étendues, Zosime vit
qu'elle était élevée de terre d'une coudée. Alors le vieillard se prit à douter
si ce n'était pas un esprit qui faisait semblant de prier. Marie lui dit: « Que
Dieu te pardonne d'avoir pris une femme pécheresse pour un esprit immonde !
»Alors Zosime la conjura au nom du Seigneur de se faire un devoir de lui
raconter sa vie. Elle reprit: « Pardonne-moi, mon père, car si je te raconte ma
situation, tu t’enfuiras de moi tout effrayé à la vue d'un serpent. Tes
oreilles seront souillées de mes paroles et l’air sali par des ordures. » Comme
le vieillard insistait avec force, elle dit: « Mon frère, je suis née en
Égypte; à l’âge de douze ans, je vins à Alexandrie, où, pendant dix-sept ans,
je me suis livrée publiquement au libertinage. Or, comme les gens de ce pays
s'embarquaient pour Jérusalem afin d'y aller adorer la Sainte Croix, je priai
les matelots de me laisser partir avec eux. Arrivée à Jérusalem, j'allai avec
les autres jusqu'aux portes de l’église pour adorer la Croix; mais tout à coup,
je me sentis repoussée par une main invisible qui m’empêchait d'entrer.
J'avançai plusieurs fois jusqu'au seuil de la porte, et à l’instant j'éprouvais
la honte d'être repoussée; et cependant tout le monde entrait sans difficulté,
et sans rencontrer aucun obstacle. Rentrant alors en moi-même, je pensai que ce
que j'endurais avait pour cause l’énormité de mes transgressions. Je commençai
à me frapper la poitrine avec les mains, à répandre des larmes très amères, à
pousser de profonds soupirs du fond du cœur, et comme je levais la tête,
j'aperçus une image de la bienheureuse Vierge Marie. Alors je la priai avec
larmes de m’obtenir le pardon de
mes péchés, et de me laisser entrer pour adorer la sainte Croix, promettant de
renoncer au monde et de mener à l’avenir une vie pure. Après cette prière,
éprouvant une certaine confiance au nom de la bienheureuse Vierge, j'allai
encore une fois à la porte de l’église, où je suis entrée sans le moindre
obstacle. Quand j'eus adoré la Sainte Croix avec une grande dévotion, quelqu'un
me donna trois pièces d'argent avec lesquelles j'achetai trois pains; et
j'entendis une voix qui me disait: « Si tu passes le Jourdain, tu seras sauvée.
» Je passai donc le Jourdain, et vins en ce désert où je suis restée
quarante-sept ans sans avoir vu aucun homme. Or, les trois pains que j'emportai
avec moi devinrent à la longueur du temps durs comme les pierres et suffirent à
ma nourriture pendant quarante-sept ans ; mais depuis bien du temps mes
vêtements se sont disloqués. Pendant dix-sept ans que je passai dans ce désert,
je fus tourmentée par les tentations de la chair, mais à présent je les ai
toutes vaincues par la grâce de Dieu. Maintenant que je t’ai raconté toutes mes
actions, je te prie d'offrir pour moi des prières à Dieu. » Alors le vieillard
se prosterna par terre, et bénit le Seigneur dans sa servante. Elle lui dit : «
Je te conjure de revenir aux bords du Jourdain le jour de la cène du Seigneur
[le jeudi saint], et d'apporter avec toi le Corps de Jésus-Christ: quant à moi
je viendrai à ta rencontre et je recevrai de ta main ce Corps sacré; car à
partir du jour où je suis venue ici, je n'ai pas reçu la communion du Seigneur».
Le vieillard revint donc à son monastère, et, l’année suivante, à l’approche du
jour de la cène, il prit le Corps du Seigneur, et vint jusqu'à la rive du
Jourdain. Il vit à l’autre bord une femme debout qui fit le signe de la Croix
sur les eaux, et vint joindre le vieillard. A sa vue celui-ci fut frappé de
surprise et se prosterna humblement à ses pieds : « Garde-toi, lui dit-elle,
d'agir ainsi, puisque tu as sur toi les Sacrements du Seigneur, et que tu es
orné de la dignité sacerdotale; mais, mon père, je te supplie de daigner
revenir vers moi l’an prochain. » Alors après avoir fait le signe de la Croix,
elle repassa sur les eaux du Jourdain pour gagner la solitude de son désert.
Quant au vieillard, il retourna à son monastère et l’année suivante, il vint à
l’endroit où Marie lui avait parlé la première fois, mais il la trouva morte.
Il se mit à verser des larmes, et n'osa la toucher, mais il se dit en lui-même
: « J'ensevelirais volontiers le corps de cette sainte, je crains cependant que
cela ne lui déplaise. » Pendant qu'il y réfléchissait, il vit ces mots gravés
sur la terre, auprès de sa tête : «Zosime, enterre le corps de Marie ; rends à
la terre sa poussière, et prie pour moi le Seigneur par l’ordre duquel j'ai
quitté ce monde le deuxième jour d'avril. » Alors le vieillard acquit la
certitude, qu'aussitôt après avoir reçu le sacrement du Seigneur et être
rentrée au désert, elle termina sa vie. Ce désert que Zosime eut de la peine à
parcourir dans l’espace de trente jours, Marie le parcourut en une heure, après
quoi elle alla à Dieu. Comme le vieillard faisait une fosse, mais qu'il n'en
pouvait plus, il vit un lion venir à lui avec douceur, et il lui dit : « La
sainte femme a commandé d'ensevelir là son corps, mais je ne puis creuser la
terre, car je suis vieux et n'ai pas d'instruments : creuse-la donc, toi, afin
que nous puissions ensevelir son très saint corps. » Alors le lion commença à
creuser la terre et à disposer une fosse convenable: Après l’avoir terminée, le
lion s'en retourna doux comme un agneau et le vieillard revint à son désert en
glorifiant Dieu.
Tropaire du dimanche du 5ème ton
Собезнача́льное Сло́во
Oтцу́ и Ду́xoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасéнie на́ше, воспои́мъ вѣ́рніи и
поклони́мся, я́ко благоволи́ пло́тію взы́ти на крéстъ, и cмéрть претерпѣ́ти,
и воскреси́ти умéршыя сла́внымъ воскресéніемъ Cвои́мъ.
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Fidèles, chantons et adorons le
Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre
salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la Croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa
glorieuse Résurrection !
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Tropaire
de sainte Marie l’Égyptienne, ton 8
Въ тебѣ́ Ма́ти извѣ́стно спасе́ся е́же по о́бpaзу : пріи́мши бо Kpécтъ, послѣ́довала ecи́ Xpисту́, и дѣ́ющи yчила́ é́cи презира́ти у́бо пло́ть,
прехо́дитъ бо, прилѣ́жати же o души́ ве́щи безсме́ртней, тѣ́мже и co а́нгелы cpáдуется, преподо́бная Mapíe, дýxъ тво́й.
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En toi, sainte Marie, la création à l’image de Dieu a été vraiment
sauvegardée, car ayant pris ta Croix, tu as suivi le Christ et tu as enseigné
par tes actes à dédaigner la chair, car elle passe, et à prendre soin de
l’âme qui est immortelle; c’est pourquoi, ô Marie, avec les anges se réjouit
ton esprit.
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Kondakion de sainte Marie l’Égyptienne, ton 3
Блуда́ми пе́рвѣe преиспо́лнена
вся́ческими, Xристо́ва невѣ́ста дне́сь покая́ніемъ яви́ся,
а́нгельское жи́тельство подpaжа́ющи, де́моны Kpecтá opýжieмъ погубля́етъ ;
ceго́ páди ца́рствія невѣ́ста яви́лася ecи́ Mapі́е пресла́вная.
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Autrefois, tu t’adonnais à toutes sortes de débauches, aujourd’hui
par le repentir, tu es devenue épouse du Christ. Imitant la vie des anges,
par l’arme de la Croix, tu as écrasé les démons ; c’est pourquoi tu es
devenue épouse du Royaume, ô glorieuse Marie.
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Kondakion
du dimanche du 5ème ton
Ko
а́ду Спа́сe мо́й, coшéлъ ecи́, и врата́ сокруши́вый я́ко всеси́ленъ, умéршиxъ
я́ко Созда́тель coвоскреcи́лъ ecи́, и cме́рти жáло сокруши́лъ ecи́, и Aда́мъ
отъ кля́твы изба́вленъ бы́сть, Человѣколю́бче. Тѣ́мже вси́ зове́мъ :
спаси́ на́съ, Го́споди.
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Ô mon Sauveur, Tu es descendu aux enfers, brisant ses portes comme
Tout-Puissant; et avec Toi, Créateur, Tu ressuscitas les morts, brisant
l’aiguillon de la mort et libérant Adam de la malédiction, ô Ami des
hommes ! Aussi, tous nous Te clamons : Seigneur, sauve-nous!
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Au lieu de « Il est digne en vérité... », ton 8
О Teбѣ́
páдуeтся, Благода́тная, вся́кая твápь, Áнгельскій coбópъ и
человѣ́ческiй póдъ, ocвяще́нный xpáме и paю́ слове́сный, дѣ́вственнaя
пoxвaлó, изъ Heя́же Бо́гъ воплоти́cя, и Mладе́нецъ бы́́сть, пpéжде вѣ́къ
сы́й Бо́гъ нáшъ; Ложесна́ бо
Tвоя́ пpecто́лъ coтвopи́, и чpéво Tвое́ простра́ннѣe небécъ coдѣ́лa. О
Teбѣ́ páдуeтся Благода́тная, вся́кая твápь, cлáва Teбѣ́.
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En Toi
se réjouissent ô Pleine de Grâce, toute la création, le chœur des anges et le
genre humain. Ô Temple sanctifié, ô paradis spirituel, ô Gloire virginale,
c’est en Toi que Dieu s’est incarné, en Toi qu’est devenu petit enfant Celui
qui est notre Dieu avant tous les siècles. De Ton sein, Il a fait un trône plus
vaste que les cieux. Ô Pleine de Grâce, toute la création se réjouit en Toi.
Gloire à Toi.
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Commentaire
de saint Jean Chrysostome sur l’Épître du jour
Car, dit
l’apôtre, si le sang du taureau peut purifier la chair, bien plus le sang de
Jésus-Christ purifiera-t-il les souillures de l'âme. Et quand vous entendez
dire : « Sanctifie», n'allez pas croire à un effet merveilleux. L'apôtre
prévient votre erreur, en remarquant et démontrant quelle différence existe
entre les deux sanctifications, et comment l'une est sublime, l’autre
grossière; et il est bien juste, selon lui, qu'il en soit ainsi, puisque, d'un
côté est le sang du taureau, et de l'autre le sang de Jésus-Christ. Et il ne se
contente pas d'une différence de nom ; il établit aussi la manière d'offrir : «
Lui», dit-il, « s'est offert à Dieu, par le Saint-Esprit, comme un sacrifice
sans tache ». Sacrifice sans tache signifie pur de tout péché. Et
l'expression « par le Saint-Esprit », veut dire : Non par le feu, ni par tout
autre intermédiaire. Ce sang, dit-il, « purifiera notre conscience des œuvres mortes ».
— « Œuvres
mortes », est une locution très-juste; car, chez les juifs, si
quelqu'un touchait un mort, il devenait impur; et chez nous toucher une œuvre morte,
c'est souiller sa conscience. « Pour nous faire rendre un vrai culte au Dieu
vivant et véritable », ajoute-t-il. Il montre ici qu'il est impossible que
celui qui a des œuvres mortes, serve un Dieu vivant et véritable.
Réflexion très vraie, et qui nous montre le caractère des offrandes que
nous devons faire à Dieu : oui, celles que nous présentons, sont vivantes et
véritables; celles qui viennent des Juifs, sont mortes et fausses: tout cela
est conséquent. Que nul donc n'entre au saint lieu avec des œuvres mortes. Si
l'entrée en était interdite à celui qui touchait un cadavre, bien plus
l'est-elle à celui qui a des œuvres mortes; car c'est la souillure la plus
honteuse. Or, j'appelle œuvres mortes, toutes celles qui n'ont point la vie,
qui déjà exhalent une odeur infecte. De même en effet qu'un cadavre,
loin de flatter nos sens, incommode quiconque s'en approche; ainsi le péché
frappe et atteint notre intelligence même, enlève à notre âme tout son repos, y
jette le trouble et le bouleversement.
Elle fut écrite par St. Sophrone, évêque de
Jérusalem, dont nous publions une version abrégée.