"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 28 décembre 2024

Métropolite Athanase de Limassol: « Rentabiliser » spirituellement notre temps libre…

 

Métropolite Athanase de Limassol

Que l’homme le veuille ou non, plus le temps passe, plus il prend lui-même de l’âge, plus il voit que le temps file et que les années s’ajoutent, c’est-à-dire que le passé augmente tandis que le futur s’amenuise. Et la seule conscience de ce fait peut nous aider à comprendre beaucoup de choses et à avoir un juste jugement, à mettre spirituellement en valeur le temps dont nous disposons. L’un des éléments en fonction desquels nous serons jugés est la question du temps. Cela, on le vit auprès des saintes personnes. Celles-ci ont une énorme sensibilité à l’égard de la question du temps et veillent absolument à ne pas perdre de temps. Les grands saints sont ceux qui pouvaient mettre en valeur jusqu’à la dernière seconde de leur temps

Très souvent, les gens disent « Que Dieu me donne des années afin que mes enfants grandissent, que je me marie, que j’arrange mes affaires, que je fasse de bonnes œuvres, j’ai des choses à faire à n’en plus finir »… Mais on peut se demander si cette demande est justifiée, car il semble quemême sinous vivions mille ans, nous aurions toujours à faire, sans fin. Nous commençons continuellement quelque chose et nous ne le finissons pas, nous vivons dans l’angoisse et nous ne trouvons pas le repos.

Que comprenons-nous au demeurant par « repos » ? Quand l’homme se repose-t-il réellement ? Le repos réel pour l’homme consiste à se consacrer, ne serait-ce qu’un peu de temps, à la prière. Après une journée tendue, si un peu de temps est consacré à la prière, et si l’homme communique avec Dieu, avec l’Esprit Saint qui est présent richement, abondamment, dans l’Église, il ressent alors beaucoup de repos, car celui-ci ne consiste pas seulement à dormir pendant des heures et à faire de nombreux voyages. Tout cela, bien sûr, est une sorte de repos corporel, mais le repos de l’âme, le repos spirituel est bien plus significatif et important. 

En effet, l’homme se repose réellement lorsqu’il apprend à avoir une relation vivante avec Dieu. On sait à quel point l’esprit de l’homme trouve le repos dans les offices sacrés de notre Église, tels que le canon de supplication à notre Toute-sainte Mère de Dieu pendant les deux première semaines du mois d’août1. On sait à quel point ces saints tropaires contribuent à ce que l’esprit de l’homme s’élève vers Dieu et communie avec l’Esprit Saint, Lequel est donné par Dieu à ceux qui le veulent et qui le demandent. Ces tropaires ont été écrits par des saints. Ceux-ci ont fait l’expérience du Saint-Esprit, de la présence de Dieu dans leur cœur et ont exprimé exactement cette expérience dans les mélodies et dans les hymnes de l’Église.

C’est ainsi que nous avons la perception correcte du repos, la perception correcte des divertissements, car je crois que l’homme se repose par une prière, par un office, par une mystagogie, et ce à un point tel qu’il ne parvient pas à se reposer dans les meilleurs hôtels ou centres de divertissements, où les gens viennent et sortent bien des fois plus fatigués et plus angoissés qu’il n’y sont entrés.

C’est un fait paradoxal qu’aujourd’hui, alors que l’on passe jours et nuits dans les centres de distractions, les hôtels et les cafés, au lieu d’être pleins de calme, de joie et souriants, on est en fin de compte à bout de nerfs. Dès le matin, on se réveille en criant, jurant, prêt au combat… Cela ne se produit pas dans l’Église. Saint Jean Chrysostome a dit les paroles suivantes à ce sujet : « Veux-tu voir ce qu’est l’Église et quel est le miracle que produit l’Église ? C’est très simple. Entre dans l’église et tu verras que c’est un lieu où tu entres loup et tu sors agneau, tu entres brigand et tu sors saint, tu entres coléreux et tu sors doux, tu entres homme et tu sors dieu selon la grâce ».

C’est cela, l’Église. C’est quelque chose dont on ne peut douter, à savoir que l’homme, dans l’espace ecclésial, dans l’atmosphère des hymnes, acquiert beaucoup de sérénité et, pour cette raison, l’Église orthodoxe possède de nombreux offices, c’est une Église liturgique par excellence et toute l’influence thérapeutique qu’elle exerce sur l’homme et son âme est une influence liturgique.

C’est donc une bénédiction pour l’homme de mettre correctement en valeur son temps, de trouver un peu de temps pour se reposer réellement, mais principalement de consacrer du temps à Dieu et d’apprendre à prier. Dans notre vie quotidienne, nous rencontrons beaucoup de difficultés et de déceptions, beaucoup de jeunes se trouvent dans l’impasse, beaucoup de signes d’interrogation et de problèmes existent dans les âmes des hommes et beaucoup d’angoisse. Et encore, cette obscurité qui entre dans l’âme fait que l’homme ignore qui il est, ce qu’il fait et où il va, il ne sait pas ce qu’il veut. Toutes ces choses se soignent lorsque l’homme commence à mettre correctement en valeur son temps, à prier, car la prière lui donne la force et la lumière, parce que Dieu Lui-même est Lumière et la Lumière Divine commence peu à peu à dissiper les ténèbres spirituelles.

Texte traduit par Bernard Le Caro
pour

vendredi 27 décembre 2024

Bernard Le Caro: L’information orthodoxe sur internet : être responsable

Bernard Le Caro

Grâce aux immenses progrès technologiques de la fin du XXe siècle, l’information est désormais disponible à chacun, dans le monde entier, sur presque tous les sujets. C’est là une bonne nouvelle pour l’Église orthodoxe actuellement : ce fut souvent difficile, en Europe occidentale, voire pratiquement impossible à certains moments, de publier un livre orthodoxe si son contenu, pour une raison ou une autre, était considéré « politiquement incorrect ». 

Même de courtes informations sur le monde orthodoxe étaient difficiles à publier. Or, nous avons maintenant la possibilité, et ce à titre gratuit, d’atteindre les lecteurs non seulement dans un pays spécifique, mais aussi dans tous les pays du monde. Mais il y a un « revers à la médaille » : on peut trouver toute chose sur la toile, du meilleur jusqu’au pire. 

C’est pourquoi publier des informations sur internet constitue une énorme responsabilité, si l’on tient compte en outre du fait que les gens ont tendance à croire tout se qui s’y trouve. Aussi, notre responsabilité ne se limite pas seulement au monde orthodoxe, mais aussi au monde entier, où nombreux sont ceux qui attendent de nous « une parole nouvelle », pour utiliser l’expression de Dostoïevski, à savoir une parole orthodoxe. Il suffit de mentionner à ce sujet que le programme orthodoxe de la Télévision française est suivi par 130'000 personnes… Aussi, notre responsabilité est immense.

Alors, quels doivent être les critères des contenus d’un site internet orthodoxe ? Quel type d’informations est nécessaire en tenant compte de notre expérience dans le monde occidental ? Qu’est-ce qui doit être exclu à tout prix ?

Premièrement, quels devraient être les critères d’un site internet orthodoxe ? Commençons par une petite histoire. Cela se passait à Paris après la seconde guerre mondiale. Pour différentes raisons, l’Église orthodoxe russe était divisée en trois parties, chacune d’entre elles luttant contre les deux autres. Aussi, il n’était pas rare qu’une paroisse quitte son évêque pour en rejoindre un autre, il y avait des actions en justice entre juridictions orthodoxes, etc… À cette époque, la paroisse relevant de saint Jean de Changhaï avait rejoint une autre juridiction, et un paroissien dit à celui-ci : « Il faut lutter ! », ce à quoi le saint archevêque répondit : « Non, il ne faut pas lutter, il faut construire ! » Il me semble que ces paroles de saint Jean devraient être présentes à notre esprit lorsque nous mettons un article en ligne : celui-ci doit être positif, constructif

C’est un devoir que de faire connaître les événements positifs du monde orthodoxe : en particulier les vies des saints et des startsy de notre époque, avec leurs enseignements, les monastères, les nouveaux livres publiés, les organisations caritatives, etc… Naturellement, notre but n’est pas de sombrer dans une sorte de pharisaïsme, mais de donner de l’espérance au monde et des idées pour faire le bien. En d’autres termes : « Que votre lumière brille devant tous les hommes, pour qu'ils voient le bien que vous faites et qu'ils en attribuent la gloire à votre Père céleste » (Mt 5, 16). Au demeurant, comme le disait si bien le patriarche Paul de Serbie, de bienheureuse mémoire : ce que nous faisons pour l’Église représente seulement 1%, les 99% restants étant accomplis par l’Esprit Saint. C’est donc là notre premier critère.

Un second critèrepeut être trouvé dans les enseignements de saint Païssios de la Sainte Montagne. Celui-ci me dit un jour : « Si tu trouves des excréments sur ton chemin, prends une pelle, et jette-les dans les buissons, afin que les gens qui passent ne les étalent pas partout ». Saint Païssios voulait dire que nous ne devons pas publier des informations scandaleuses. 

Se référant à des périodiques qui publiaient ce genre d’information à l’époque, saint Païssios disait que les ennemis de l’Église n’avaient qu’à ouvrir ces journaux pour y trouver des arguments contre l’Église. Rappelons-nous des paroles de l’office des Saints Pères des Conciles œcuméniques : « Cette boisson de vérité n’est pas celle de la contestation, mais de la confession » [ύδωρ ου προχέων αντιλογίας, άλλ' ομολογίας].C’est donc le second critère. Nous ne sommes pas intéressés par les « règlements de comptes » entre ecclésiastiques, par les commérages, etc… Mais naturellement, c’est une toute autre chose de publier des documents sur l’intégrité de la foi orthodoxe, lorsque celle-ci est en danger. Cela devient alors un devoir, étant toutefois entendu que les faits doivent être vérifiés.

Le troisième critèrepeut être illustré par une autre histoire de saint Païssios : comme vous le savez tous, des événements terribles se sont produits en 1974 : l’armée turque s’empara alors d’un tiers du territoire de Chypre, en chassant ses habitants grecs. Maintenant, selon saint Païssios, quelle était la cause lointaine de tous ces événements ? Quelques mois avant cet événement tragique, trois métropolites avaient décidé de déposer l’archevêque Makarios III en raison de son statut anti-canonique : en effet, il était à la fois primat de l’Église et président de l’État cypriote. 

Le gouvernement militaire en place alors à Athènes vit là une bonne occasion de se débarrasser de l’archevêque Makarios et d’obtenir ainsi « l’enosis », c’est-à-dire l’union politique de Chypre avec la Grèce, ce à quoi l’archevêque était opposé. C’est ainsi que, dans un premier temps, l’archevêque Makarios fut chassé. Mais le gouvernement turc, voyant se profiler « l’enosis », saisit à son tour l’occasion pour envahir l’île. Le résultat fut que la Turquie s’empara d’un tiers de Chypre, en expulsa tous les Chypriotes grecs. 200.000 d’entre eux durent quitter ainsi leurs foyers ancestraux et se réfugier dans une autre partie de l’île. 

Peu après ces événements, je rencontrai saint Païssios qui, désappointé, me dit : « Plus personne ne demande maintenant qui est canonique ! » Plus que sûrement, les métropolites qui défendaient l’ordre canonique n’avaient pas recherché un tel résultat. Saint Païssios ajouta : « Pour tout ce que tu fais, regarde au delà du bout de ton nez ! » Cela veut dire que nous devrions réfléchir sérieusement avant de publier une information, en pensant à ses tenants et ses aboutissants. La question devrait être : « Sera-ce une bonne chose pour l’Église ou non ? » Et il faut avoir en vue qu’avec internet, l’information peut atteindre absolument n’importe qui sur notre planète, et être utilisée de façon abusive. Je dirais donc que le troisième message aux personnes engagées dans l’information électronique orthodoxe aujourd’hui est : « Soyez responsables ! » et il convient de se rappeler de ces paroles de saint Isaac le Syrien : « Le discernement est la plus grande des vertus ».

Pour résumer ce qui précède, l’information devrait être positive, éviter les scandales et être responsable. En d’autres termes, nous devrions éviter que ces paroles de saint Paul nous soient appliquées: « A cause de vous, le nom de Dieu est blasphémé parmi les païens ! » (Rom 2, 24).

Nous avons vu quelle sorte d’information devrait ou non être mise en ligne, mais il y a une autre raison de s’inquiéter : lorsque l’on entre le mot « Orthodoxie » sur internet, on trouve n’importe quoi, et c’est encore un euphémisme ! Il y a des sites qui ne sont absolument pas sérieux, certains sites appartiennent à des groupes non canoniques, mais aussi à des fantaisistes qui se réclament de l’Orthodoxie sans appartenir à celle-ci de quelle façon que ce soit. Une solution serait, me semble-t-il, qu’un label soit apposé à chaque site internet réellement orthodoxe. Maintenant, quel label et qui pourrait se charger de l’accorder ? Pourrait-on imaginer un groupe de travail avec un représentant officiel de chaque Église orthodoxe ? C’est là une matière à réflexion.

Pour finir, et ce n’est pas la moindre chose, les gérants de sites orthodoxes devraient soigneusement vérifier les informations. En conclusion, notre objectif devrait être que les gens qui consultent un site orthodoxe, se posent eux-mêmes les bonnes questions, ressentant ce que saint Païssios appelait « la bonne anxiété », celle qui rappelle aux hommes le but ultime de leur existence : le salut.

Conférence prononcée dans le cadre du 1er « Congrès international des médias numériques et de la pastorale orthodoxe » à Athènes, le 9 mai 2015. 





jeudi 26 décembre 2024

Saint Jean Chrysostome: La liberté de l’évêque

Saint Jean Chrysostome


Celui qui désire l’épiscopat, désire une bonne œuvre 

(I Tim 3, 1.) 


Ce que je condamne, ce n’est pas l’œuvre elle-même, c’est le désir de la domination et de la puissance. 

Il faut étouffer jusqu’à la dernière étincelle de ce désir, pour soustraire la dignité épiscopale à son empire, et pour assurer ce libre exercice de ses fonctions. 

Quand on n’a pas désiré de monter à l’épiscopat, on ne craint pas d’en descendre ; exempt de cette crainte, on agira en tout avec la liberté qui convient à des chrétiens. La peur d’être précipité de ce haut rang courbe l’âme sous le joug de la plus humiliante servitude, servitude remplie de maux, et qui force de manquer à la fois à ce qu’on doit à Dieu, à ce qu’on doit aux hommes. 

Rien de si funeste qu’une pareille disposition. Les braves soldats sont ceux qui combattent avec ardeur et meurent avec courage. 

el est l’esprit qui doit animer un évêque : il faut qu’il soit prêt à quitter comme à exercer sa charge, ainsi qu’il convient à un chrétien, assuré que d’en sortir ainsi ce n’est pas ce qui procure la moins belle des couronnes. 

Quand on s’est exposé à tomber de la sorte pour n’avoir point consenti à rien qui fût contraire à l’honneur de l’épiscopat, on se prépare à soi-même une récompense plus glorieuse, et un plus rigoureux châtiment aux auteurs d’une disgrâce non méritée.

Saint Jean Chrysostome,
Traité du sacerdoce, 3, 11, 

Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie,1864

cité 

par Apostolia

 

mercredi 25 décembre 2024

Saint Jean de Changhaï: L’archipasteur

 

Saint Jean de Changhaï

La tâche de chaque pasteur est d’attirer les hommes à cette unité, les régénérer et les sanctifier. Qu’est-ce qui peut être plus grand que de recréer la création Divine ? Qu’est-ce qui peut être plus utile pour son prochain que de le préparer à la vie éternelle ? Il n’est guère facile d’accomplir cette tâche – il arrive que nous ayons à lutter avec la nature humaine abîmée par le péché. Nous rencontrons souvent l’incompréhension, parfois l’opposition consciente, la haine de ceux que nous aimons et dont nous nous occupons. Grand doit être pour le pasteur le sacrifice de lui-même et l’amour pour son troupeau. Il doit être prêt à tout supporter pour le bien de ses ouailles et chaque brebis doit trouver sa place dans son cœur. Il doit en outre appliquer à chacun le remède qui lui convient, conformément à son caractère et à sa situation.

Si les obligations d’un simple pasteur sont à ce point difficiles et complexes, et si la responsabilité est si grande pour le salut de ses ouailles, que peut-on dire de l’archipasteur ? En vérité, c’est à lui que s’adressent les paroles du Seigneur adressées jadis au prophète Ezéchiel : « Fils d’homme, je t’ai fait guetteur pour la maison d’Israël » (Ez 3, 17).

L’archipasteur est responsable non seulement de toutes les brebis que Dieu lui a confiées, mais aussi des pasteurs. Il devra rendre compte pour chaque pécheur qu’il n’aura pas mis en temps opportun sur le droit chemin, pour chaque homme qui cheminait sur la voie droite et s’en est détourné. Son devoir est de partager les souffrances de ses ouailles et ainsi les guérir, à l’exemple du Pasteur Suprême, le Christ « par les blessures de qui nous fûmes guéris » (Is 58, 5). Il n’a pas de vie privée, il doit se vouer entièrement à l’œuvre du salut des âmes humaines et les diriger vers le Royaume des Cieux. Il doit être prêt à supporter toutes les méchancetés, les persécutions et jusque la mort pour la vérité, à boire le calice du Christ et à être baptisé de Son baptême (Mt 20, 33 ; Mc 10, 39). Il doit s’occuper non seulement de ceux qui viennent à lui, mais aussi chercher lui-même et faire revenir au troupeau les brebis égarées, les portant sur ses épaules. Son devoir est d’annoncer l’enseignement du Christ à ceux qui l’ignorent, se souvenant du commandement du Seigneur : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16, 15). Étant pénétré de l’universalité de l’Église, il ne doit pas limiter ses préoccupations à ceux qui lui sont confiés directement, mais il doit d’un œil spirituel promener son regard sur toute l’Église universelle du Christ, souhaitant l’illumination de tous les peuples et leur progression dans la foi véritable, car dans l’Église, « il n’y a ni hellène, ni juif, ni barbare, ni scythe », mais tous sont de manière égale les enfants aimés du Père céleste.

Extrait du discours prononcé par Saint Jean de Changhaï lors de son intronisation,
in Bernard le Caro, 
« Saint Jean de Changhaï », 
L’Âge d’Homme, Lausanne 2006,
 pp 34-35


mardi 24 décembre 2024

Saint Nicolas (Velimirovitch): La confession

 



Dans la confession, l'Église veut que l'on révèle son ombre cachée [la chose cachée qui lui fait de l'ombre].



Dans la confession, l'Église veut que l'on montre les blessures de l'âme que l'on cache sous l'apparence de la santé.


Dans la confession, l'Église veut que l'on révèle la faiblesse que l'on cache derrière le masque de la force.


Dans la confession, l'Église veut que l'on révèle la plaie suppurante de son âme, la plaie dont on occulte habilement la surface avec des onguents parfumés.


Dans la confession, l'Église veut que celui qui joue le rôle du splendide chevalier se montre tel qu'il est, la personne sinistrée qu'il est en réalité lorsqu'il est seul.


Personne ne va voir un médecin pour se vanter de sa santé. Il s'agit de lui révéler l'endroit de sa santé qui est vicié. De la même manière, on va voir un Père spirituel pour lui révéler une dangereuse fissure dans sa vertu.


Lorsque l'on franchit le seuil du cabinet d'un médecin, on laisse derrière soi tout son orgueil, afin de pouvoir le reprendre lorsqu'on sortira à nouveau parmi les gens. Lorsqu'une personne se confesse, elle doit laisser tout son orgueil en dehors du seuil de l'église. Et il est bon qu'elle le laisse là lorsqu'elle sortira à nouveau parmi les gens. Dieu veuille qu'à la sortie, elle trouve une autre béquille : au lieu de reprendre son orgueil, qu'elle prenne l'humilité pour la soutenir dans la vie.

Saint Nicolas Velimirovitch


***

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Orthochristian


lundi 23 décembre 2024

Conseils spirituels du staretz Dionisie Ignat du Mont Athos

 

Staretz Dionisie



Dieu se soucie plus de notre salut que nous-mêmes.


Dieu nous a donné une grande grâce divine : la liberté de choix. Dieu ne nous force pas à être sauvés ; Il ne nous enlève pas notre liberté. Et à cause de cela, nous utilisons notre liberté de choix pour nos passions et par cela, nous chassons la Grâce de Dieu - en particulier par l'égoïsme et l'orgueil.


Comme je le vois, l'humanité a beaucoup changé aujourd'hui. Avant, la vie était difficile ; les gens devaient travailler dur et vivre dans la pauvreté et la peine, mais il y avait beaucoup de joie spirituelle et de sainte simplicité. Il existe de nombreuses commodités aujourd'hui, mais parce que nous ne savons pas comment les utiliser pour Dieu, elles nous éloignent de Lui. Il y a beaucoup de trouble dans nos âmes ; il n'y a plus de cette simple joie. C'est ainsi que je vois les choses : l'humanité est devenue faible.


La sagesse de ce monde est folie devant Dieu. C'est-à-dire que si vous ne croyez pas que Dieu nous a donné les découvertes et les installations du monde moderne, vous vous éloignez de Lui. Vous croyez que tout vient de l'humanité, avec nos pouvoirs.


Dieu est amour. Qui a de l'amour est en Dieu. Dieu est la paix. Nous avons besoin d'amour pour notre prochain, non seulement pour nos amis, mais aussi pour nos ennemis.


Sans amour, aucun ascétisme n'a de valeur - l'amour, la paix et la protection de l'obéissance.


J'ai prié la Mère de Dieu de me faire un cadeau - pour m'empêcher de regimber car je devenais aveugle - et elle a eu pitié de moi. Elle m'a fait comprendre que c'est bon pour moi d'être comme ça. Et maintenant je suis en paix. Ça a été bien, et c'est bon pour moi d'être comme ça.


Peu importe combien de temps vous voudrez vivre, vous vivrez autant que Dieu l'a ordonné - pas une minute de plus.


Le salut est très facile si nous sommes sincères - mais nous sommes très rusés... malheur à nous.


Si nous ne transgressons pas devant Dieu, Dieu nous bénit, et nous sommes toujours joyeux parce que notre âme n'est pas irritée ou accablée.


Ne dites jamais : « J'ai le droit de le faire », car c'est l'auto-justification et l'exaltation de votre esprit ; de cette façon, vous croirez plus aux opinions de votre esprit qu'aux conseils des autres.


Tout - l'âme, le nouvel homme - doit être construit sur une base solide, sur un roc, dès le tout début. C'est ainsi que nous pouvons supprimer nos propres points de vue, nos passions cachées et l'exaltation de nos esprits, qui peuvent tous briser toute la demeure de nos âmes lorsque nous nous approchons de la fin, près de la mort.


Tombe du staretz


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

dimanche 22 décembre 2024

26e DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE


Les mots église et maison sont utilisés de manière similaire. Tous deux peuvent signifier un bâtiment, mais ils peuvent aussi signifier un groupe de personnes. 

Une maison peut faire référence à une famille ou à une dynastie,tandis que l'église peut être la communauté d'adoration organisée. En pensant à la construction d'une église, nous savons que certains termes, tels que Temple de Dieu et Maison de Dieu sont souvent utilisés

Une maison physique est composée de composants majeurs, briques, tuiles, lames de parquet, ainsi que de ciment, plâtre, clous et vis. Ces éléments ne sont que des piles de matériaux de construction jusqu'à ce qu'ils soient combinés en un seul bâtiment. La Foi a des dogmes majeurs, par exemple, la Sainte Trinité, l'Incarnation et le Salut des Âmes, mais ces choses n'existent pas, isolées. Elles sont essentielles, mais il doit y avoir des connexions visibles entre elles pour former le cadre et l'éthique du christianisme. C'est pourquoi ces notes hebdomadaires sont préparées. 

Icône des 12 Fêtes et scènes des Evangiles


Pour comprendre l'éthique de la Foi et de la vie de l'Église, nous devons comprendre le culte de l'Église, le symbolisme des coutumes de l'Église, les disciplines et les prières, les fêtes et les commémorations quotidiennes des saints. Tous ces éléments sont utiles et nécessaires parce qu'ensembles ils maintiennent la Foi, démontrant ainsi le caractère unique de l'Eglise.

Dans ce pays, nos églises sont souvent des bâtiments qui ont été construits dans un but différent,mais une église construite à cet effet devrait être en trois sections. 

Premièrement, l'église devrait faire face à l'Est pour une raison symbolique. Nous utilisons le mot illuminés pour tous ceux qui sont venus à la foi en Christ. Quand un jour se lève, la lumière vient de l'Est. Si l'église faisait face à l'Ouest, nous regarderions vers le coucher du soleil qui est suivi de l'obscurité. Ce ne serait pas un symbolisme approprié. Ainsi, lorsque nous prions, nous faisons face à l'Est

En gardant à l'esprit que le bâtiment de l'église est le Temple de Dieu, nous nous rendons compte que ce n'est pas seulement un espace qui se trouve être assez grand pour les services publics, mais la forme a de l'importance. 



La zone du sanctuaire à l'extrémité est l'autel, le Saint des Saints, où la Liturgie est célébrée. Seuls le clergé et les servants de l'église entrent dans cette zone qui est entourée par l'iconostase (écran d'icônes) et ils portent les vêtements appropriés à leur statut tout en y servant. 



La nef (partie centrale principale de l'édifice) est pour le peuple, les membres de l'église. Dans l'Église primitive, les catéchumènes (personnes instruites dans la Foi avant d'être baptisées) auraient occupé le narthex (chambre à l'extrémité ouest du bâtiment). Dans la Liturgie, après la lecture de l'Évangile et le sermon, il y a une litanie dans laquelle nous entendons l'ordre de départ des catéchumènesQu'aucun des catéchumènes ne reste.... C'est une survivance historique des premiers temps un grand nombre de personnes embrassaient le christianisme. À cette époque, ceux qui n'étaient pas baptisés n'étaient pas autorisés à rester dans l'église lorsque les Saints Dons était consacrés et que les fidèles recevaient la communion. Autour des murs de l'église se trouvent des icônes des saints et des anges. Cela nous rappelle que nous, avec ces saints et justes, sommes en présence de Dieu.Nous, qui sommes baptisés, avons revêtu spirituellement le Christ et sommes pleinement unis à Lui par la Sainte Communion.



Dans la Liturgie, nous sommes dans le domaine spirituel, avec toute la compagnie du Ciel. Ce n'est pas un endroit ordinaire, mais c'est l'Église, la porte du Ciel. C'est un lieu sacré et ils doit être sauvegardé et traité comme tel. C'est pourquoi nous montrons du respect, lorsque nous entrons dans le bâtiment, en faisant le signe de la Croix trois fois. Ensuite, nous vénérons les icônes qui sont sur les lutrins à l'avant de l'église. Un lutrin est conçu pour contenir une icône à un angle et à un niveau appropriés pour faciliter la vénération, remplissant ainsi les commandements du 7ème Concile œcuménique selon lesquels les icônes devraient être à la fois exposées et vénérées dans toutes les églises chrétiennes.

GUERISON DES DIX LEPREUX


L'Évangile de ce dimanche est Luc 17: 12-19 et il raconte le miracle de la guérison des dix lépreux. La lèpre était très contagieuse et, pour protéger la population en général, les malades devaient vivre isolés en dehors des villes. Il en était ainsi avec ces dix personnes. Au fur et à mesure que l'histoire se déroule, le bienheureux Théophylacte, dans son commentaire,nous dit qu'ils représentent l'humanité. Maintenant, à cause de la politique d'isolement, ils n'ont pas approché le Seigneur mais ont élevé la voix. Même en criant de loin, ils manifestaient du respect en s'adressant au Christ en tant que Maître et en demandant miséricorde, ce qui impliquait qu'ils savaient qu'ils s'adressaient à plus qu'un simple homme.

Le Seigneur est proche de tous ceux qui L'invoquent en vérité (Psaume 144: 19). Le Seigneur n'a pas mentionné la maladie ou la foi évidente des hommes. 

Au lieu de cela, Il a simplement émis un ordre, auquel les lépreux ont obéi. On ne nous dit pas qu'ils ont hésité ou remis cela en question. Pour revenir à une société normale, les hommes avaient besoin de l'autorisation des autorités pour prouver qu'ils n'étaient pas contagieux. Ainsi, au fur et à mesure qu'ils cheminaient, ils étaient puritfiés. 

Le Christ Bon Samaritain


Maintenant, nous trouvons une distinction entre eux. Un seul d'entre eux a rejeté l'ingratitude et c'était un samaritain. Il n'était pas un paria simplement parce qu'il avait contracté la maladie, mais était déjà un étranger, un membre de la minorité méprisée. Nous lisons que le Samaritain glorifia Dieu et tomba face contre terre à Ses pieds, Lui rendant grâces. Cet homme, quelle que soit son origine ethnique, parvint à une compréhension de la Vérité. La réponse du Christ fut: Lève - toi, va ton chemin: ta foi t'a guéri.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
in Mettingham. 
ENGLAND