Commémoration à Zagreb du hiéromartyr Dosithée,
premier métropolite orthodoxe de cette ville et confesseur
De
retour à Niš
À Niš,
il déploya une grande activité. Les portes de son cabinet de travail, depuis
tôt le matin jusque tard dans la soirée, étaient ouvertes à tous ceux qui
souhaitaient le voir. Le riche et le pauvre, les personnalités et les simples
gens, chacun était bien reçu par le hiérarque, et recevait de lui compassion et
aide. Nombre de fois, il donnait à ceux qui lui demandaient, et ce jusqu’à son
dernier dinar, empruntant ensuite
à son assistant pour acheter le journal…
L’ami
de l’émigration russe
Ayant fait ses études à l’Académie
ecclésiastique de Kiev, Mgr Dosithée entretint toujours des liens amicaux avec
les émigrés russes de Serbie. Avec son aide, les moniales du couvent de Lesna,
évacuées en Roumanie, vinrent à Belgrade en automne 1920 et furent installées
au monastère de Hopovo. Selon la chronique du couvent, les moniales
« furent accueillies à Belgrade, avec grand amour, par l’évêque
Dosithée ».
En règle générale, l’évêque Dosithée a
toujours manifesté une sollicitude particulière envers les émigrés russes, ce
dont témoigna le futur évêque Jean de Niš: “Lorsque j’étais secrétaire du
Saint-Synode, il y avait toujours beaucoup de Russes, hommes et femmes, qui
venaient lui demander des conseils, ou quelque autre assistance. Mgr Dosithée
de bienheureuse mémoire était “la mère des Russes en Yougoslavie”… En
1934-1935, il s’efforça de réconcilier le métropolite Euloge et l’Église russe
hors-frontières.
Aussi, ce n’était pas un hasard si Mgr
Dosithée, devenu métropolite de Zagreb, fut membre d’honneur du Comité de
construction de l’église-mémorial de Bruxelles, dédiée au Tsar-martyr
Nicolas II et à toute la famille impériale. Le 2 février 1936 eut lieu à
Bruxelles la pose de la première pierre de l’édifice. Le métropolite Dosithée,
en tant que représentant du patriarche serbe Barnabé, participa à l’office avec
le métropolite Anastase, primat de l’Église orthodoxe russe hors-frontières et
d’autres hiérarques. Il prononça l’homélie suivante : « Frères et
sœurs russes, mes chers, je suis heureux que Sa Sainteté le patriarche Barnabé
m’ait chargé d’être son représentant à vos grandes solennités russes. Vous
faites une grande œuvre, frères russes, aujourd’hui ont été posés les
fondements d’une grande œuvre. Par vous est immortalisée, à l’étranger de la
Russie, la mémoire du grand tsar-martyr russe, la mémoire du grand souverain,
défenseur des opprimés, qui mourut comme victime de son dévouement à son
devoir, du sacrifice du plus grand amour qu’il prit sur lui. Gloire et honneur
aux Russes, qui vénèrent la mémoire du grand souverain. Mais, frères et sœurs,
Russes, je vous dis que vous n’êtes pas les seuls à vénérer la mémoire de
l’Empereur Nicolas Alexandrovitch. Nous, les Serbes, vénérons sa mémoire non
moins que vous, car il est notre protecteur, la Serbie lui doit son
salut ; je dirais plus : la Serbie vénère l’Empereur Nicolas II comme
un saint ; le Concile des évêques de l’Église serbe, il n’y a pas si
longtemps, a soulevé la question de sa glorification parmi les saints de
l’Église serbe. Dans deux églises construites récemment en Serbie, le Tsar-martyr
Nicolas Alexandrovitch est représenté comme un saint sur une icône, je l’ai vu
de mes yeux. Et si le Tsar-martyr n’est pas encore compté au nombre des saints
par l’Église serbe, ce n’est pas parce que ce projet a été abandonné, cette
question devra être résolue positivement dans un proche avenir (…) « En
des temps difficiles, vous, mes chers, vous êtes attelés à la construction de
l’église-mémorial, il vous est difficile de prélever quelque chose sur vos
maigres revenus, même pour cette grande œuvre, qui est réalisée par les
patriotes russes au moyen de la pose de la première pierre. Mais ne lésinez pas
sur les moyens, offrez pour cette grande œuvre, achevez celle-ci le plus vite
possible ; c’est en effet une œuvre Divine, et Dieu ne restera pas débiteur.
Vous donnez 5-10 Francs, et Dieu vous les retournera au centuple, tant en vous
accordant la santé, que la prospérité, et encore par d’autres voies connues de
Lui seul, le Miséricordieux. La vie difficile des réfugiés russes, les
nombreuses souffrances ont été votre lot, vous supportez beaucoup de choses,
mais, frères et sœurs, par vos souffrances vous partagez celles de l’Empereur,
vous devenez les participants de l’exploit et de l’amour sacrificiels du
Tsar-martyr. Que le Seigneur vous aide dans la réalisation de la sainte œuvre
que vous avez entreprise, je vous souhaite de tout mon cœur du succès et je
crois en celui-ci, et à moi-même, je souhaite, frères et sœurs, recevoir à
nouveau de Sa Sainteté le patriarche Barnabé, dans un avenir proche, la mission
de venir à Bruxelles, mais cette fois pour la dédicace de l’église-mémorial,
dont nous avons cette fois posé la première pierre ». Malheureusement, Mgr
Dosithée mourut avant la dédicace.
Il
convient d’ajouter que sa sollicitude ne s’étendait pas seulement aux émigrés. En
1922, l’évêque Dosithée prit part à la conférence internationale pour l’aide
aux victimes de la famine en Russie soviétique.
Version française Bernard Le Caro
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