Métropolite
à Zagreb
En 1931, l’Église orthodoxe serbe décida de
créer un diocèse à Zagreb. L’évêque Dosithée fut élu unanimement métropolite du
nouveau diocèse. Le 9 avril 1933, il fut intronisé, et se trouva à la tête de
la vie de l’Église orthodoxe en Croatie et en Slovénie. Alors que le patriarche
Barnabé (Rosić) était malade, il dirigea
l’Église serbe en tant que membre le plus ancien du Saint-Synode.
À Zagreb, où les Serbes orthodoxes étaient
minoritaires, l’évêque dut rapidement faire face aux manifestations
d’intolérance nationale et religieuse. Voici ce qu’écrivit Alexis Gerovsky, que
nous avons déjà mentionné : « La nomination de l’évêque Dosithée à
Zagreb a provoqué chez les catholiques-romains un grand mécontentement. Le nom
de l’évêque Dosithée se trouvait déjà sur la liste noire chez eux pour
« avoir, par sa propagande, amené les carpatho-russes à l’Orthodoxie »
comme on peut le lire dans l’Encyclopédie éditée par le cardinal Spellman[1]
à New York. Lorsque, quelques années avant la seconde guerre mondiale, l’évêque
Dosithée m’a dit qu’il était nommé métropolite de Zagreb, je le suppliai de ne
pas accepter la nomination, du fait qu’il n’y avait jamais vécu et qu’il ne
connaissait pas le fanatisme religieux des Croates de Zagreb. Entre autres,
j’attirai son attention sur Stepinac[2],
qui s’était déjà fait connaître par son intolérance religieuse et je le prévins
qu’il ferait face là-bas à de nombreux désagréments. « Stepinac, qui a été
éduqué pendant sept ans au séminaire jésuite de Rome » ai-je dit à
l’évêque, « se sentira offensé, que dans sa capitale siège un métropolite
orthodoxe ». Je lui conseillai de convaincre les membres du Synode
d’envoyer à Zagreb un évêque parmi ceux qui sont nés avant la Première guerre
mondiale en Austro-Hongrie et qui y ait été éduqué. Une telle personne serait
familière d’individus du genre de Stepinac. Mais l’évêque me dit que son devoir
était d’obéir à la volonté du patriarche, et il partit à Zagreb. Quelques mois
plus tard, alors que je le rencontrai à Belgrade, il me dit que j’avais raison.
On l’insultait souvent dans la rue. Parfois, la nuit, on cassait les vitres de
ses fenêtres. Des pierres étaient même tombées dans sa chambre à coucher. J’ai
demandé à l’évêque s’il s’était adressé à la police. Il répondit que comme
évêque, il ne convenait pas qu’il appelât la police. Et lorsque je lui dit, que
dans ce cas ses ennemis penseraient qu’il avait peur d’eux, et que cela leur
donnerait encore plus d’ardeur, l’évêque répondit : « Non, ils savent
que je n’ai pas peur d’eux. Lorsqu’ils se moquent de moi et crachent sur moi,
j’élève simplement mes mains et je les bénis avec le signe de Croix ».
À Zagreb aussi, l’évêque déploya une grande
activité. En outre, il y fonda le couvent féminin Sainte-Parascève en 1938.
[1] Francis Joseph Spellman (1889 - 1967) est un prélat américain,
archevêque de New York et cardinal de l'Église catholique romaine.
[2] Alojzije Stepinac (1898 -1960) archevêque de Zagreb de 1937 à
1960 et cardinal à partir de 1952. Il joua un grand rôle dans les persécutions
des Serbes orthodoxes et leur conversion forcée au catholicisme-romain. Il fut
déclaré martyr et béatifié par le pape Jean-Paul II en 1998. Voir à son sujet
« Le génocide occulté » par Marco Rivelli, Lausanne 1998.
Version française Bernard Le Caro
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