"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 26 janvier 2018

Hiéromoine Ignace: VIE DU SAINT CONFESSEUR DOSITHÉE (VASIĆ), MÉTROPOLITE DE ZAGREB (1878-1945) (5)



Métropolite à Zagreb
En 1931, l’Église orthodoxe serbe décida de créer un diocèse à Zagreb. L’évêque Dosithée fut élu unanimement métropolite du nouveau diocèse. Le 9 avril 1933, il fut intronisé, et se trouva à la tête de la vie de l’Église orthodoxe en Croatie et en Slovénie. Alors que le patriarche Barnabé (Rosić) était malade, il dirigea l’Église serbe en tant que membre le plus ancien du Saint-Synode.

À Zagreb, où les Serbes orthodoxes étaient minoritaires, l’évêque dut rapidement faire face aux manifestations d’intolérance nationale et religieuse. Voici ce qu’écrivit Alexis Gerovsky, que nous avons déjà mentionné : « La nomination de l’évêque Dosithée à Zagreb a provoqué chez les catholiques-romains un grand mécontentement. Le nom de l’évêque Dosithée se trouvait déjà sur la liste noire chez eux pour « avoir, par sa propagande, amené les carpatho-russes à l’Orthodoxie » comme on peut le lire dans l’Encyclopédie éditée par le cardinal Spellman[1] à New York. Lorsque, quelques années avant la seconde guerre mondiale, l’évêque Dosithée m’a dit qu’il était nommé métropolite de Zagreb, je le suppliai de ne pas accepter la nomination, du fait qu’il n’y avait jamais vécu et qu’il ne connaissait pas le fanatisme religieux des Croates de Zagreb. Entre autres, j’attirai son attention sur Stepinac[2], qui s’était déjà fait connaître par son intolérance religieuse et je le prévins qu’il ferait face là-bas à de nombreux désagréments. « Stepinac, qui a été éduqué pendant sept ans au séminaire jésuite de Rome » ai-je dit à l’évêque, « se sentira offensé, que dans sa capitale siège un métropolite orthodoxe ». Je lui conseillai de convaincre les membres du Synode d’envoyer à Zagreb un évêque parmi ceux qui sont nés avant la Première guerre mondiale en Austro-Hongrie et qui y ait été éduqué. Une telle personne serait familière d’individus du genre de Stepinac. Mais l’évêque me dit que son devoir était d’obéir à la volonté du patriarche, et il partit à Zagreb. Quelques mois plus tard, alors que je le rencontrai à Belgrade, il me dit que j’avais raison. On l’insultait souvent dans la rue. Parfois, la nuit, on cassait les vitres de ses fenêtres. Des pierres étaient même tombées dans sa chambre à coucher. J’ai demandé à l’évêque s’il s’était adressé à la police. Il répondit que comme évêque, il ne convenait pas qu’il appelât la police. Et lorsque je lui dit, que dans ce cas ses ennemis penseraient qu’il avait peur d’eux, et que cela leur donnerait encore plus d’ardeur, l’évêque répondit : « Non, ils savent que je n’ai pas peur d’eux. Lorsqu’ils se moquent de moi et crachent sur moi, j’élève simplement mes mains et je les bénis avec le signe de Croix ».

À Zagreb aussi, l’évêque déploya une grande activité. En outre, il y fonda le couvent féminin Sainte-Parascève en 1938.
-->



[1] Francis Joseph Spellman (1889 - 1967) est un prélat américain, archevêque de New York et cardinal de l'Église catholique romaine.
[2] Alojzije Stepinac (1898 -1960) archevêque de Zagreb de 1937 à 1960 et cardinal à partir de 1952. Il joua un grand rôle dans les persécutions des Serbes orthodoxes et leur conversion forcée au catholicisme-romain. Il fut déclaré martyr et béatifié par le pape Jean-Paul II en 1998. Voir à son sujet « Le génocide occulté » par Marco Rivelli, Lausanne 1998.

Version française Bernard Le Caro

Aucun commentaire: