Père Basile
Le Père
Basile Pasquier, français, est russe et tchouvache depuis déjà 22 ans.
Combien de
tasses de café dois-je apporter, demanda la moniale.
Dix !
répondit Père Basile
"Il y
a six personnes présentes, plus leurs anges gardiens..." Il mélange
toujours un peu d'humour avec des vérités supérieures, donc on ne sait jamais,
quand il plaisante, et quand il est visionnaire. Le père Basile Pasquier, higoumène
du monastère masculin de la Sainte Trinité dans la ville de Tcheboksary, est un
Français russe et chouvache qui vit
en Russie depuis vingt-deux ans.
*
Marcher pieds nus vers Dieu
Comment se
fait-il que vous ayez fini en Russie en premier lieu? Après tout, les Européens
ont tendance à considérer la Russie comme un lieu vieillot, arriéré et sous
développé...
Père Basile
Pasquier: Quoi, la Russie est-elle un pays sauvage maintenant? Allons! La
Russie est un grand pays. C’est plutôt, l'Occident qui est sauvage, ils ne
l'appellent pas "l'Occident sauvage" pour rien, surtout maintenant,
quand les gens commencent à oublier leurs racines chrétiennes. Cet oubli
produira une désintégration. Quant à la Russie... Ils pensaient que sa fin
était venue dans les années nonante, mais comme on dit, l'herbe qui a été arrachée
a développé de profondes racines...
Cela signifie-t-il que vous n'avez pas eu de
mal à choisir?
C'est juste
que le Seigneur m'a soudainement poussé en Russie. La foi orthodoxe m'a amené
ici.
Et quand avez-vous réalisé que vous iriez vers
l'Orthodoxie?
J'ai grandi
dans une famille catholique. Quand j'avais quinze ans, j'ai traversé une crise
- cela ne pouvait pas être évité - j'étais intéressé à jouer au football, pas à
l'Eglise. Maintenant, imaginez un village français en Vendée et, en son centre,
une église avec de très beaux et très hauts clochers. Toutes les quinze
minutes, les cloches sonnent. Il y avait une sonnerie de cloche spéciale pour
le service au début, une autre sonnerie de cloche pour le service ultérieur, il
y avait différentes sonneries de cloche pour les mariages et les baptêmes.
Devant l'église, il y a un endroit où les hommes se rassemblent avant le
service, car, à l'époque, tout le monde assistait aux offices... Après le
service, tout le monde allait au bistrot pour parler, y compris le prêtre. En
passant, parler aux gens après l’office n'est pas du tout une mauvaise façon de
servir pour un prêtre. Il y avait, évidemment, ceux qui se dirigeaient
directement vers le bistrot - les joueurs de football, les parieurs qui
jouaient aux courses. Et je me souviens d'être debout dans cet endroit à quinze
ans me demandant, où devrais-je aller? Et à un moment donné, j'ai tourné
"à gauche", je pensais que j'avais choisi le football. Pourtant, ce
jour-là, je suis encore allé à l'église. Et, savez-vous quoi, cela s'est avéré
être un TEL jour! Pâques des vitraux brillaient au soleil, des lumières vives,
des hymnes pascales... Après cela, c'était tout, je suis resté à l'église. J'ai
commencé à assister à des offices même lorsque personne d'autre n'y participait.
En semaine après l'école. Ces services, bien sûr, étaient différents de nos
services orthodoxes, ils étaient très «secs», une demi-heure et c'était fini. Cela
devenait un peu ennuyeux, il n’y avait que moi et une vieille dame. Ensuite,
j'ai commencé à lire vos livres russes sur la théologie. Et à marcher sur pieds
nus. Même en hiver.
Le monastère masculin de la Sainte Trinité dans
la ville de Tcheboksary
Essayiez-vous d'être un ascète?
Eh bien, je
ne sais pas, un jeune homme estime qu'il est important de se démarquer de la
foule. C'est ainsi que je me suis distingué. Je suis allé dans une école
catholique, bien sûr, dirigé par des religieuses, l'éducation morale a été
prise en charge. Mais il y avait encore une soif de théologie. Après
l'obtention du diplôme, j'ai travaillé un peu, acheté un sac à dos et une tente
avec mes premiers gains, j'ai dit au revoir à la famille et suis allé au sud.
J'y ai fini dans mon futur monastère qui, à l'époque, était encore une
communauté chrétienne. Nous vivions ensemble comme une famille, en partageant
nos gains.
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après
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