Avant-propos aux entretiens
Environ une semaine avant la tragédie à l’église de l’apôtre Thomas, le père Daniel et moi sommes allés en Serbie. C’était le premier voyage du père Daniel dans ce pays orthodoxe qui le ravit et l’impressionna beaucoup. Je me souviens de sa joie quand, dès notre arrivée, nous avons visité le monastère de Krušedol où reposent les reliques de sainte Angelina, la protectrice céleste de la fille cadette de père Daniel. Je me souviens de l’insistance avec laquelle il voulait visiter Sremski Karlovci, la magnifique ville européenne qui semble n’avoir pas changé depuis un siècle. Je me souviens que nous avons flâné autour de la forteresse de Belgrade dans le parc de Kalemegdan, et que sous une pluie fine nous sommes descendus vers une église, laissant derrière nous des murailles et des tours lumineuses sur un fond de ciel noir.
Pendant ce voyage, nous avons participé ensemble à deux manifestations publiques. Pour la première nous avons été invités par Madame Iana Todorovitch qui a organisé une interview pour la radiodiffusion « Eglise » sur « Radio Beograd II » le 11 novembre 2009. Les questions ont été posées par la présentatrice Douchanka Zekovitch. Après l’enregistrement elle a donné une copie de l’interview sur une disquette au père Daniel. Il me la remit, disant « Prenez, si vous le voulez. Les premières années je les ai gardés, mais plus tard je les ai jetées. »
J’ai pris la disquette et lorsque nous sommes rentrés à Moscou, je l’ai mise avec d’autres cadeaux de Serbie. Une semaine plus tard, les coups de feu ont retenti à l’église de l’apôtre Thomas, et le père Daniel n’était plus avec nous, il reçut la mort en martyr pour le Christ, il partit pour la Patrie Céleste à laquelle il avait aspiré toute sa vie.
Après l’enterrement de mon cher ami spirituel, une amitié de plus de dix ans, j’ai retrouvé cette disquette et j’ai écrit le texte de l’interview qui nous avions donnée ensemble. Cette interview est l’une des dernières déclarations publiques du père Daniel, donnée précisément huit jours avant sa mort. Et qui plus est, je suis étonné de voir à quel point cette interview était prophétique. Dans l’interview, les deux sujets principaux traités furent la mission orthodoxe, et la mort du chrétien. Il est bouleversant de voir la joie et la certitude avec lesquelles le père Daniel y parlait. Il semblait un témoin qui parlait déjà depuis l’au-delà.
Le soir du même jour, nous avons donné la deuxième interview au représentant du site internet « svetosavlje.org » Stanoj Stankovitch. Nous l’avons reçu dans notre chambre à la maison d’accueil de l’église Saint-Sava, où nous avons été cordialement logés avec la bénédiction de l’évêque Athanase de Hvostan.
Ce que père Daniel a dit dans cette interview pourrait avoir valeur de plan d’action et de bilan – il développe la méthode de la mission et le catéchisme. Partant de son expérience pratique très vaste, il y introduit le lecteur serbe à son point de vue sur l’état de la mission orthodoxe contemporaine, un point de vue qui s’appuie sur des discussions avec d’autres missionnaires de notre Eglise. On y trouve des conseils spirituels pour des missionnaires, une analyse des erreurs et problèmes, et aussi le fondement biblique de la mission, et une réponse aux opposants à la mission. En plus, bien sûr, il y a aussi une analyse des autres défis auxquels l’Eglise Orthodoxe doit faire face.
Et bien sûr, comme dans la première interview du même jour, comme par une intuition, il parla de la mort, qui « n’est jamais très loin », et pour laquelle il faut être toujours prêt.
Il y était entièrement prêt.
Prêtre Daniel Syssoev et Youri Maximov
« Et sur les ailes des anges nous serons portés aux cieux …»
Douchanka Zekovitch : Nos invités aujourd’hui sont le prêtre Daniel Syssoev, écrivain, missionnaire, recteur de l’église de l’Apôtre Thomas à Moscou, et Youri Maximov, professeur à l’Académie Ecclésiastique de Moscou qui se trouve à La Laure de Saint Serge de Radonège. Ma première question est pour Monsieur Maxevimov : quelle est la situation actuelle du dialogue interreligieux dans la grande Russie, précisément dans les relations entre les chrétiens orthodoxes et les musulmans ?
Youri Maximov : Les musulmans représentent 9% de la population. Ils appartiennent aux ethnies les plus diverses. Historiquement et à notre époque, les relations entre les musulmans et les orthodoxes sont tantôt bonnes et tantôt mauvaises. Comme vous le savez, deux guerres importantes ont eu lieu dans le Caucase : la première et la deuxième guerre de Tchétchénie. Au début, la situation ressemblait à celle de Kossovo, et il n’est pas nécessaire de vous raconter ce que cela représente, et quelles souffrances cela entraîne. Et même si nous avons gagné la deuxième guerre en Tchétchénie et si la Tchétchénie est restée une partie de la Fédération Russe, parfois les tensions refont surface entre les musulmans et les orthodoxes. Evidemment, les musulmans ne sont pas tous semblables et, à mon avis, il y une sorte de tendance à noter : si un musulman n’est pas très instruit de sa religion, il est souvent aimable. Mais assez souvent les extrémistes se retrouvent parmi les musulmans qui tiennent sérieusement aux fondements de leur religion, étudient ses commandements et essaient de les incarner dans la vie. C’est en même temps une question et un défi – comment vivre en paix avec des gens pareils ? Le Seigneur a arrangé les choses de telle façon que ces gens vivent sur la même terre que nous, et nous devons vivre avec eux. Il n’est pas possible (et il ne le faut pas) les expulser du pays ou les chasser par un autre moyen. Et le Seigneur nous ouvre un autre chemin – prêcher l’Evangile du Christ et convertir les musulmans à l’Orthodoxie. Par exemple, une fois le père Daniel, qui est ici présent, a converti à l’Orthodoxie une musulmane qui avait l’intention de devenir « chahîd »[martyr en arabe], c’est-à-dire, qu’elle allait commettre un attentat suicide, et en se tuant, elle aurait tué d’autres personnes. Mais elle a été baptisée, et elle est devenue une bonne chrétienne qui ne déteste personne et ne cherche pas à recourir au terrorisme. Voilà le miracle que fait Dieu : il ouvre le chemin par lequel nos ennemis deviennent nos frères. Nous essayons de convertir les musulmans, beaucoup d’entre eux entendent notre appel, et deviennent des chrétiens orthodoxes.
La question suivante est pour le père Daniel. Chez nous, quand on parle de la Russie, on compare la Russie d’avant la perestroïka et d’après la perestroïka. S’il vous plait, parlez-nous de la vie spirituelle en Russie après les changements initiés par la perestroïka.
Le père Daniel : Je pense que maintenant en Russie la société est divisée entre ceux qui choisissent l’Orthodoxie et ceux qui rejettent la foi, rejettent le Christ. Voilà le genre de division qu’il y a aujourd’hui, qui n’existait pas avant, à l’époque de la perestroïka. Un des changements les plus positifs, c’est que l’Eglise a commencé à mener vivement un travail missionnaire.
- Qu’est-ce que vous entendez par un travail missionnaire ? Ici en Serbie les gens d’autres confessions disent que l’Eglise Orthodoxe est passive, qu’elle ne fait pas assez de travail missionnaire, et qu’elle ne contribue pas assez à résoudre les problèmes sociaux.
Le père Daniel : Quand on parle du devoir missionnaire de l’Eglise, on rappelle aux gens que notre Seigneur, le Sauveur Jésus Christ, lui-même ordonna à tous les chrétiens d’apporter l’Evangile à tous les peuples de la terre sans exception. C’est pour cela que l’Eglise est obligée d’apporter la Parole de Dieu pour le salut de tous les êtres humains. Elle doit être active et non passive. Et ce qui se passe maintenant dans l’Eglise russe, montre qu’elle revient à ses racines apostoliques. Des centaines de prêtres et fidèles de notre Eglise prêchent dans la rue, vont aux réunions des sectes, dans les mosquées, et ensuite beaucoup de gens viennent au Christ. Je pense que toutes les Eglises orthodoxes devraient aller proclamer l’Evangile à tous les hommes. Nous ne devons pas être satisfaits de ce que nous avons déjà. Le Christ a beaucoup de brebis que nous n’avons pas encore rassemblées. Actuellement dans ma paroisse, il y a une famille musulmane du Caucase qui se prépare au baptême. Ils m’ont demandé, pourquoi vous, les prêtres orthodoxes, n’êtes-vous pas venus chez nos ancêtres ? Pourquoi n’ont-ils pas connu cette vérité ? Pourquoi au Daghestan n’avons nous jamais entendu parler du Christ ?
Souvent on a l’impression qu’on ne peut rien faire, mais ce n’est pas vrai. L’Eglise orthodoxe peut faire quelque chose, et elle fait d’ailleurs beaucoup pour convertir les gens. Il y a ceux qui disent que le Seigneur lui-même amène les gens à l’Eglise orthodoxe. Oui, le Seigneur lui-même amène les gens, mais à travers nous les hommes. Et si nous pouvons amener quelqu’un au baptême, nous effaçons beaucoup de péchés, comme a dit l’apôtre Jacques. Si nous conduisons des gens à la pénitence, nous recevons une très grande récompense au Royaume des Cieux. Et de plus, quand l’Eglise proclame l’Evangile à ceux qui vivent en dehors de l’Eglise, quand elle l’annonce aux autres peuples, elle rajeunit, elle reprend des forces et elle s’épanouit, parce que l’Esprit Saint lui donne la force pour mener la mission auprès de son peuple.
Certains disent qu’il faut d’abord convertir son propre peuple et ensuite aller vers les autres, mais le Seigneur n’a pas dit ça. Si notre voisin est musulman, catholique, protestant, il faut qu’on se pose la question, pourquoi n’est-il pas encore devenu orthodoxe ? Or, on sait qu’hors de l’Eglise on ne peut pas être sauvé ; si ces gens n’entrent pas dans l’Eglise orthodoxe, ils périront pour toujours, ils iront au feu éternel. Chez nous, il y avait un problème en Tchétchénie et certains demandaient, « comment peut-on tenter de convertir les tchétchènes ? » Mais moi, je dis qu’un tchétchène qui reçoit le Christ deviendra un meilleur chrétien qu’une personne ordinaire appartenant à une famille traditionnellement chrétienne. J’avais un ami tchétchène, un wahhabite, il est venu vers moi pour me convertir à l’Islam, et nous avons décidé de déterminer où était la vérité. Pendant deux mois je lui ai parlé de la foi chrétienne, et ensuite il m’a demandé, « Pourquoi ne m’as-tu pas encore proposé le baptême ? » Je lui ai répondu, « Si tu crois, tu peux être baptisé » et il a reçu le baptême. Maintenant il s’appelle Alexandre.
Quelle réponse pourrait donner l’Eglise aux problèmes sociaux qui existent en Russie et qui, nous semble-t-il, sont ceux-là mêmes qu’on trouve en Serbie ? Nous savons qu’il y a beaucoup de gens qui se sont enrichis injustement et à côté d’eux vivent beaucoup de pauvres. Une personne n’a pas seulement une âme mais aussi un corps. Comment peut-on aider les pauvres ? Est-ce que par le travail missionnaire on pourrait convertir une personne riche et la convaincre d’aider les pauvres ?
Le père Daniel : Bien sûr, chaque prêtre rencontre des gens très riches et des gens très pauvres. Et effectivement, l’aide sociale fait aussi partie de la mission de l’Eglise. A Moscou, il y a un hôpital qui est soutenu financièrement par l’Eglise, avec l’aide des riches. L’Eglise offre son assistance aux hôpitaux, à Moscou tous les hôpitaux sont sous la protection de l’Eglise. Et largement grâce au prêtre Arcadi Chatov de Moscou, beaucoup de riches offrent de l’aide aux pauvres. Il existe des programmes complets pour ce genre d’assistance. En outre, toutes les maisons de retraite sont aidées par l’Eglise. Beaucoup de nos bénévoles visitent régulièrement les pauvres. Et évidement l’Eglise s’oppose à toute forme d’injustice sociale. Le patriarche Alexis et le patriarche Cyrille ont plusieurs fois appelé les riches à soutenir les pauvres. Et Leur appel n’a pas été ignoré. Par conséquent, grâce à l’Eglise beaucoup de gens reçoivent l’aide dont leur corps a aussi besoin.
Devant moi j’ai un livre écrit par le prêtre Daniel Syssoev qui s’appelle « Instructions pour les immortels, ou que faire si vous êtes quand même morts ?». Dites nous, père Daniel, quelles sont ces instructions ?
Le père Daniel : L’Eglise orthodoxe sait que l’âme est immortelle, elle sait aussi comment arrive la mort, comment il faut s’y préparer, et ce qui se passe après la mort. Je pense qu’il faut commencer avec la préparation à la mort. Nous savons tous qu’un jour nous allons mourir, cela peut même arriver demain. Il est important pour nous d’avoir un lieu où nous pourrons aller après la mort, d’avoir une maison dans l’au-delà. Nous construisons cette maison avec nos bonnes œuvres. Par la charité nous y apportons un trésor. Quand nous avons des amis à qui nous demandons de prier pour nous, et surtout quand nous les convertissons à l’orthodoxie, alors nous avons des protecteurs sur le chemin de la mort. Bien sûr, tous nos actes doivent être faits au nom du Christ, sinon ils n’auront aucune valeur. Mais en même temps nous devons agir pour gagner l’aide de nos proches. Il est particulièrement important que nos proches invitent un prêtre chez eux avant la mort. Il arrive souvent que les gens meurent sans que leur famille invite un prêtre pour les confesser et communier, et alors ces gens entrent dans l’éternité sans préparation. C’est pour cela que je conseille à tout le monde d’ajouter le point suivant dans leur testament : « Si mes héritiers n’ont pas invité un prêtre chez moi avant ma mort, ils ne recevront aucun héritage. »
Quand une personne meurt, elle rencontre des anges. Les anges de Dieu l’aident et les démons la terrorisent. Il y a deux semaines j’accompagnais quelqu’un sur le chemin de la mort, et j’ai vu comment des démons l’assaillaient. Ce n’est pas une plaisanterie, c’est la vérité. Seule la foi orthodoxe, la force de la sainte Croix et surtout la Sainte Communion peuvent protéger un mourant. Alors, si les démons vous agressent après la mort, faites le signe de la croix et dites, « Seigneur Jésus, aide moi ! », et surtout invoquez la très pure Mère de Dieu. Elle nous protège tout de suite contre les démons. Ensuite, montez aux cieux, ne vous faites pas de soucis pour la terre, mais accourez plus vite vers Dieu, ainsi les démons ne pourront pas vous atteindre. Pendant les épreuves, les démons retiennent ceux qui sont attachés à la terre, ceux qui pensent trop aux choses terrestres. Si quelqu’un a recherché Dieu pendant toute sa vie, il ne remarque même pas ces attaques des démons. Mais il ne faut pas oublier que les démons vont essayer de vous tromper par le péché de vanité. Quand Macaire le Grand montait aux cieux, les démons lui ont dit, « Tu nous as vaincus ! Tu nous as vaincus ! » Mais Macaire le Grand leur répondit, « Pas encore », et c’est seulement après avoir passé les portes du paradis qu’il leur dit, « Maintenant je vous ai vaincus, avec la force de Jésus Christ. » De même Il faut que nous nous préparions à la mort en avance et que nous apprenions à ne pas nous vanter de nos défis, pour ne pas être attrapés par les démons pendant les épreuves. Quand vous arriverez au paradis, et je veux que tous vos auditeurs y arrivent, allez vers vos saints préférés. Devenez amis avec eux pendant que vous vivez encore sur la terre, avec saint Sava, avec sainte Parascève, avec saint Nicolas. Comme ça, peut-être même vous accueilleront-ils après la mort. Ensuite, après que vous aurez adoré Dieu, le Seigneur vous enverra en enfer pour vous le montrer. Parce que beaucoup d’entre nous pensent que le péché est doux et agréable, mais le Seigneur nous dit : regarde comme cela finit. C’est pour cela que l’Eglise prie ardemment pour les défunts pendant quarante jours après leur décès, parce que l’âme traverse sa dernière épreuve. Pour nous aider pendant ce temps nos proches peuvent pratiquer la charité et lire les psaumes. Je pense que tous vos auditeurs savent déjà cela, mais cela ne doit pas nous empêcher de le répéter. Certains de nos proches font l’erreur de dépenser beaucoup d’argent pour les repas funéraires, alors qu’ils auraient pu donner cet argent aux pauvres qui auraient prié pour leur repos. En premier lieu, bien sûr, les gens qui vous avez amenés à l’Orthodoxie prieront pour votre âme. Par exemple, tous les musulmans, catholiques et protestants qui sont devenus orthodoxes grâce à vous prieront pour votre repos. Et sur les ailes des anges nous serons élevés aux cieux. Mais rappelez-vous que la vie est une école et le paradis une université. La vie véritable ne commence qu’après le Jugement Dernier. C’est pourquoi j’espère que nous serons bien préparés pour pouvoir vivre dans la joie éternelle.
Mais comment peut-on gagner accès au paradis ?
Le père Daniel : C’est le Christ Jésus qui l’a gagné pour nous. Sans Sa mort sur la croix nous irions tous en enfer. Et maintenant tous les gens qui ne sont pas baptisés vont en enfer, parce qu’ils n’obtiennent pas l’aide de la Croix du Christ. On obtient le salut gratuitement par le baptême, mais c’est par nos bonnes œuvres qu’on se l’approprie, c’est-à-dire qu’il devient vraiment nôtre. La force d’accomplir des bonnes œuvres vient de la Sainte Communion, que nous devons prendre le plus souvent possible, pas plus qu’une fois par jour et pas moins qu’une fois par mois.
Merci pour ces instructions sur l’immortalité. Maintenant j’aimerais poser une question à monsieur Maximov qui concerne le sens et la nécessité de la mission dans le monde contemporain.
Youri Maximov : Je voudrais commencer par une courte histoire qui vient de la vie de l’apôtre Thomas. En la lisant on apprend qu’au moment où les apôtres tiraient à la courte paille pour déterminer qui irait dans quel pays, l’apôtre Thomas tira « l’Inde ». Il était très déçu et disait, « Seigneur, n’importe où, mais surtout pas en Inde ». Il ne voulait absolument pas aller prêcher l’Evangile dans un pays si lointain et si étrange. Et le Seigneur apparut au capitaine d’un vaisseau qui devait partir pour l’Inde et lui dit, « Je vais te vendre mon serviteur, il s’appelle Thomas. » Le capitaine rencontra Thomas et lui demanda, « Es-tu le serviteur de Jésus Christ ? », Thomas répondit, « Oui ». Ensuite le capitaine lui dit, « Ton maitre t’a vendu à moi, alors tu t’embarques avec moi ». Et l’apôtre Thomas fut obligé de partir en Inde en tant que serviteur du capitaine. Par conséquent, l’apôtre Thomas alla en Inde contre sa volonté, prêcha l’Evangile là-bas, aima le peuple indien et convertit beaucoup de gens au Christ. Ce récit nous rapproche de l’histoire contemporaine de l’Eglise Orthodoxe Russe. Dans son premier millénaire l’Eglise avait beaucoup de missions, mais dans les derniers siècles les chrétiens orthodoxes annonçaient très peu l’Evangile, presque pas du tout. Au 19ème siècle, il y avait même des théologiens qui disaient que des chrétiens orthodoxes ne devaient annoncer l’Evangile à personne. Et regardez ce que le Seigneur a fait au 20ème siècle : Il a créé des conditions par lesquelles nous, les chrétiens, d’absolument toutes les églises orthodoxes, avons été forcés d’aller dans d’autres pays. Suite à différents malheurs et cataclysmes des Russes, des Serbes, des Roumains, des Bulgares, des Grecs et des Géorgiens ont tous été obligés de s’établir dans d’autres pays à travers le monde. De cette façon, le Seigneur a fait pour nous ce qu’Il avait fait pour Thomas.
Vous savez sûrement qu’actuellement en Afrique du Sud des prêtres serbes annoncent l’Evangile à la population indigène. Là-bas les blancs vivaient séparément des noirs et même des orthodoxes blancs avaient peur d’aller dans les quartiers noirs. Mais les prêtres serbes n’ont pas eu peur, ils sont allés dans une école où étudiaient des enfants noirs, leur ont parlé de l’Orthodoxie et au bout de six mois toute l’école a été convertie à l’Orthodoxie. La décision de le faire a été prise officiellement par le directeur de l’école avec le soutien des élèves et de leurs parents. C’est une grande œuvre qui montre que la mission est possible.
On sait qu’aujourd’hui beaucoup de gens souffrent de dépression et d’angoisse, ils se sentent déçus par la vie, comme si la vie n’avait plus de sens. Ces sentiments viennent du fait que nous ne suivons pas les commandements de Dieu. A cause de cela la force et la joie divines ne remplissent pas notre cœur. Mais quand nous commençons à suivre les commandements de Dieu, dont l’un est d’annoncer l’Evangile, la joie et l’exaltation viennent à nous. Tout le monde peut en faire l’expérience par lui-même. Si nous annonçons l’Evangile au nom du Seigneur, et non pour nous-mêmes et pour notre vanité, alors l’apostolat nous amène une joie incroyable.
Sur cet appel touchant, nous allons terminer notre entretien avec nos chers invités, le premier est l’écrivain, prêtre missionnaire Daniel Syssoev, et le deuxième monsieur Youri Maximov, professeur à l’Académie Ecclésiastique de Moscou.
Version française
Aviv SALIOU-DIALLO et Charles HABEL
Aviv SALIOU-DIALLO et Charles HABEL
que nous remercions
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