"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 14 mai 2023

DIMANCHE DE LA SAMARITAINE


En ce cinquième dimanche de Pâques, nous lisons le récit évangélique de la rencontre du Seigneur avec la Samaritaine au puits de Jacob, c'est pourquoi ce jour est désigné comme le dimanche de la Samaritaine. En outre, le calendrier des saints nous donne aujourd'hui une foule de noms, dont ceux de saint Asaph et sainte Tamara.

Saint Asaph

La ville de saint Asaph, au Pays de Galles, est nommée en l'honneur de ce saint. Malheureusement, il n'existe pas de vie écrite complète de ce saint, mais nous le rencontrons dans la vie de saint Kentigern Mungo, fondateur du diocèse de Glasgow, écrite par Jocelyn de Furness. Au milieu du VIe siècle, saint Kentigern fut temporairement exilé. Il se rendit alors au Pays de Galles où il fonda un monastère celtique à Llanelwy (l'église sur la rivière Elwy), aujourd'hui connu sous le nom de Saint Asaph. La tradition veut que ce monastère ait attiré plus de 900 moines, dont Asaph. saint Kentigern priait souvent debout dans les eaux glacées de la rivière, ce qui était une coutume celtique courante. Un jour, Kentigern souffrit tellement du froid qu'il envoya le jeune Asaph chercher du bois pour faire du feu. Asaph lui apporta des charbons ardents qu'il portait dans son tablier. Ce miracle convainquit Kentigern de la sainteté de son disciple. Lorsque Kentigern retourna à Strathclyde, Asaph fut consacré évêque pour lui succéder, devenant ainsi le premier évêque gallois du diocèse. Saint Asaph est mort à la toute fin du VIe siècle, probablement vers l'an 596.

Sainte Tamara

Née en 1160, Tamara est la fille du roi Georges III de Géorgie et de son épouse Burdukhan, fille du roi d'Alania. En 1178, Tamara fut proclamée co-souveraine par son père et devient reine régnante à la mort de celui-ci en 1184. L'année suivante, un mariage fut arrangé avec le prince Yuri de Vladimir-Suzdal, qui était un commandant militaire compétent. Cependant, sa moralité était loin d'être admirable. Il divorça et fut exilé de Géorgie en 1187. En 1191, Tamara épousa un prince albanais, David Soslan, dont elle eut deux enfants, George et sa sœur Rusudan. La Géorgie était en butte à l'hostilité de ses voisins musulmans, en particulier Abu Bakr de l'Azerbaïdjan perse, qui fut vaincu par le prince David à la bataille de Shamkor en 1195. La Géorgie devint une force puissante dans la région et remporta plusieurs succès militaires contre les agressions musulmanes, notamment la défaite du sultan Rukn al-Din à Basiani en 1203. Tamara attribuait toujours ses victoires à la miséricorde de Dieu et exhortait son peuple à persévérer dans la foi, la prière et le jeûne. Lorsque la tristement célèbre quatrième croisade attaqua et s'empara de Constantinople en 1204, l'empire se fragmenta en trois parties : l'Empire de Nicée, le Despotat d'Épire et l'Empire de Trébizonde. Ce dernier est créé par Alexis Comnene et son frère David, avec le soutien militaire de la Géorgie. Les deux princes byzantins étaient apparentés à Tamara et avaient été élevés à la cour géorgienne. Les succès militaires renforcèrent la foi de Tamara. Le jour, elle se consacrait aux affaires de l'État et la nuit, elle passait des heures à prier le Seigneur pour qu'il renforce la foi du peuple et son amour de l'Église géorgienne. Elle fonda des églises et des monastères, non seulement en Géorgie, mais aussi en Palestine et dans de nombreux autres endroits. En outre, elle abolit la peine de mort et toutes les formes de torture. Le régime personnel strict de Tamara eut des répercussions sur sa santé et elle en souffrit beaucoup . Elle garda longtemps le secret jusqu'à ce qu'elle doive enfin demander l'aide de médecins, mais en vain. La sainte et pieuse reine reposa auprès du Seigneur en 1213.

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Dans la lecture d'aujourd'hui des Actes des Apôtres (Actes 11, 19-26, 29-30), saint Luc poursuit son récit de la formation initiale de l'Église. Au départ, l'Église avait tendance à se replier sur elle-même, mais deux événements provoquèrent un changement. Le chapitre 10 relate l'histoire de la conversion de Corneille le centurion, un païen, ce qui suscita une certaine controverse à l'époque. Selon la tradition, il devint évêque et a termina sa vie en martyr. Le deuxième facteur est la persécution des disciples du Christ, qui, comme l'observe saint Jean Chrysostome, "s'est avérée très bénéfique" pour la prédication de l'Évangile. Les apôtres et leurs disciples étaient dispersés dans toute la Méditerranée orientale grecque, ce qui les mettait en contact quotidien avec les païens de Chypre, d'Antioche et de nombreux autres endroits. Ces contacts aboutirent à la conversion de nombreux païens à la foi en Christ. En effet, la grande ville d'Antioche devint un centre important de la foi. À tel point que, comme le dit saint Luc au verset 26, c'est d'abord à Antioche que les disciples furent appelés chrétiens. Ensuite, lorsque les fidèles de Judée étaient dans le besoin, les chrétiens d'Antioche leur envoyaient de l'aide matérielle.

Le Christ et la Samaritaine

La lecture de l'Évangile d'aujourd'hui (Jean 4, 5-42) est le récit long et complexe de la rencontre du Christ avec la Samaritaine, au puits de Jacob. La tradition grecque se souvient d'elle sous le nom de Photina. Le nom actuel de l'endroit où se trouve le puits de Jacob est Naplouse (bien qu'à l'époque il soit connu sous le nom de Sychar) et il peut encore être visité par des pèlerins.

La femme fut surprise par sa rencontre avec le Christ car, comme elle l'a dit, les Juifs n'avaient pas de relations avec les Samaritains. Ce facteur est essentiel pour comprendre le sens de l'histoire. La région où vivaient les Samaritains était à l'origine une colonie juive. Cependant, Dieu permit que ce peuple soit attaqué par les Assyriens et emmené en captivité. Les souverains assyriens réinstallèrent dans la région d'autres personnes, avec  des sujets de leur empire qui étaient païens et non juifs. À l'époque, on croyait à tort qu'il existait des dieux locaux exclusivement attachés à divers lieux. Les choses n'allaient pas bien pour les colons et ils demandèrent au roi assyrien de leur envoyer un prêtre juif pour les instruire dans la religion, telle qu'ils la concevaient, du dieu local. Ils n'acceptèrent que le contenu des cinq livres de Moïse, à savoir la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Telle était la base de la religion samaritaine. Du point de vue du Temple de Jérusalem, c'était insuffisant et inacceptable. Les Juifs refusèrent donc  d'accepter les Samaritains pour des raisons doctrinales et ethniques.

Cependant, le lieu de cette histoire est le puits de Jacob. Les Samaritains se considéraient comme les descendants d'Abraham et de Jacob parce qu'ils partageaient les mêmes origines géographiques. Rappelons qu'Abraham était originaire de la ville chaldéenne d'Ur.

Lors de la conversation entre le Christ et la femme, celle-ci a clairement indiqué qu'elle connaissait les prophéties concernant la venue du Messie. Le Christ oriente doucement la conversation de manière à pouvoir révéler Sa véritable identité. Il ne l'a pas alarmée en le lui disant trop vite. Pour commencer, il lui demande simplement de l'eau à boire. Ensuite, il a utilisé une métaphore pour le Saint-Esprit en parlant d'eau vive. Au début, elle comprit mal la référence et pensa que le Christ parlait d'une sorte d'eau magique qui lui épargnerait le travail quotidien de puiser de l'eau dans ce puits très profond. Malgré cela, elle fut impressionnée et demanda si le Christ était plus grand que le très vénéré Jacob qui leur avait donné le puits. Lorsque le Christ regarda dans son cœur et dans son âme, lui disant qu'il connaissait l'histoire de sa vie, la femme réalisa qu'elle était en présence de quelqu'un d'extrêmement exceptionnel.

La Samaritaine apprit et comprit vite . Ainsi, le Christ ne parle plus par métaphores, mais avec précision. Les Samaritains étaient obsédés par leur "montagne sacrée", qu'ils considéraient comme le seul véritable lieu d'adoration de Dieu. Or, les Juifs n'étaient pas meilleurs puisqu'ils pensaient de la même manière au Temple, à Jérusalem. Ainsi, le Christ explique que la vraie foi ne dépend ni de l'identité ethnique ni d'un lieu particulier et que, par conséquent, les Juifs et les Samaritains se trompent à cet égard. La vraie foi est dans nos cœurs, de sorte que Dieu est véritablement honoré et adoré en esprit et en vérité. Enfin, le Christ permit à la femme d'aller dans la ville, en tant que missionnaire, pour répandre la bonne nouvelle. Ce faisant, elle amena de nombreuses âmes au Christ.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND

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