Vénérable martyr Makary (Telegine), hiéromartyrs Alexander (Zaozersky), Christopher (Nadejdine) et Vasily (Sokolov), et le martyr Sergei (Tikhomirov)
L'une des étapes de la persécution de l'Église orthodoxe dans la première moitié du XXe siècle a été la campagne pour s'emparer des objets de valeur de l'Église, organisée sous prétexte de collecter des fonds pour aider les affamés. Et la Laure de la Sainte Trinité-Saint Serge fut également prise dans ce triste destin. Le 3 avril 1922, une commission arriva à l'église Saint Serge de la dépendance de la Laure de la Sainte Trinité à Moscou, se comportant délibérément grossièrement et d'une manière blasphématoire. L'un des moines de la dépendance, le hiéromoine Makary (Telegine), les qualifia de voleurs et d'agresseurs directement en face. Son arrestation et son emprisonnement suivirent immédiatement. Plus tard, lors de l'interrogatoire, il témoigna que les membres de la commission avaient même mis les pieds sur l'autel tout en enlevant les précieuses parures de la Place du Haut derrière la table de l'autel, qu'il dut relever.
Vénérable Martyr Makary (Telegine)
Hieromoine Makary (Makary Nikolaevich Telegine dans le monde) naquit dans une famille paysanne en 1876 dans le village de Peremenikha, comté de Buzuluk, gouvernorat de Samara. Il eut une expérience miraculeuse dans la petite enfance, après quoi il décida de se consacrer à Dieu dans le monachisme. Adolescent, il se retirait souvent dans une grotte isolée pour prier. Lors de sa visite à la grotte de Kiev à l'âge de dix-sept ans, il confirma de manière décisive sa décision de prendre la tonsure monastique, mais il dut retarder la réalisation de cette intention, car le 1er janvier 1898, il fut appelé dans l'armée, servant jusqu'au 29 novembre 1902.
En 1905, Makary entra au monastère de Tchoudov à Moscou et y accomplit diverses obédiences pendant cinq ans. Il fut officiellement inscrit en tant que novice le 8 octobre 1910. Le 22 janvier 1911, il fut tonsuré moine, le 1er février de la même année, il fut ordonné hiérodiacre et le 6 septembre 1913, hiéromoine. Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Père Makary fut rappelé au service actif de l'armée pour servir comme prêtre pour le 400e hôpital mobile. Il retourna au monastère de Tchoudov le 12 octobre 1915, et en 1919, après la fermeture du monastère, il commença à servir à l'église de saint Serge à la dépendance de la Laude de la Sainte Trinité. Lors de son interrogatoire, Père Makary déclara clairement qu'il était « un monarchiste par conviction », et déclara également : « Je suis un serviteur de l'autel, et c'est très difficile pour moi quand des objets sacrés sont saisis. » Son compagnon de cellule prêtre dit que Père Makary était joyeux et disait : « J'ai hâte de rencontrer mon Seigneur le Christ. »
Le hiéromoine Makary était l'une des cinquante-quatre personnes qui furent arrêtées dans "l'affaire de la saisie d'objets de valeur de l'Église", ou au soi-disant "procès de Moscou de 1922". Les archiprêtres Alexander Zaozersky, Christopher Nadezhdine et Vasily Sokolov, ainsi que le laïc Sergei Tikhomirov ont vécu ce procès avec lui.
Archiprêt Alexander Zaozersky
L'archiprêtre Alexander (Zaozersky) naquit à Moscou le 20 juillet 1879, dans la famille du prêtre Nikolai Zaozersky, qui servit dans l'église des saints Pierre et Paul de l'hôpital Mariinsky. Père Alexandre était le recteur de l'église de sainte Parascève à Okhotny Ryad à Moscou. Au cours de son interrogatoire, il n'avoua aucune culpabilité, mais dit seulement qu'il avait lu l'épître de Sa Sainteté le patriarche Tikhon à l'église. Mais il refusa de révéler où il avait obtenu le texte de l'épître et le texte de la manifestation au Comité exécutif central panrusse, qui avait été signé par des centaines de croyants. Il fut extrêmement courageux lors de son procès. Lorsque les juges essayèrent de le tenter de témoigner contre d'autres personnes en échange d'une peine moindre, il refusa de donner des noms. Les juges furieux le traitèrent d'idéologue du clergé qui avait fait preuve de la plus grande intransigeance. Quand ils emmenèrent Batiouchka sur la place Lyubanka à Moscou après le procès, il traça une énorme croix sur la foule de gens qui le saluaient.
L'archiprêtre Christopher Nadejdinj naquit dans une famille sacerdotale le 21 février 1869, dans le village de Nizhny-Beloomutsk, comté de Zaraisk, gouvernorat de Ryazan. Il fut diplômé de l'école théologique de Zaraisk, du séminaire de Ryazan et, en 1897, de l'Académie théologique de Moscou. Il commença à servir à Moscou en 1901 en tant que recteur de l'église de Saint Jean le Guerrier sur la rue Yakimanka. Il fut arrêté dans "l'affaire de la saisie d'objets de valeur de l'Église », mais n'admit aucune culpabilité, et refusa également de révéler où il avait obtenu l'épître de Sa Sainteté le patriarche Tikhon.
Hiéromartyr Vasily Sokolov
Père Vasily Alexandrovich (Sokolov) naquit en 1868, dans le village de Staraya Sloboda, comté d'Alexandrov, gouvernorat de Vladimir. Il fut diplômé du séminaire de Béthanie et, en 1888, il commença à servir dans le village de Pustoe, dans le gouvernorat de Vladimir. Après la mort de son épouse, il commença à étudier à l'Académie théologique de Moscou, où il obtint son diplôme en 1910. Le 26 décembre 1910, il commença à servir à l'église de Saint Nicholas sur la rue Arbat. Au cours de son interrogatoire, il n'admit également aucune culpabilité dans l'accusation d'agitation contre la saisie des objets de valeur de l'Église.
Sergei Fedorovich Tikhomirov naquit en 1866 ou 1867 dans la famille d'un marchand moscovite de la Deuxième Guilde, qui faisait du commerce à Okhotny Ryad depuis 1867. À partir de 1895, Sergei fut enregistré comme propriétaire indépendant d'une boucherie sur la rue Arbat. Il ouvrit un deuxième magasin en 1902 à Dorogomilov, où il déménagea en 1910. Son magasin était situé juste en face d'une église. Il fut l'un des premiers à connaître le pillage de l'église et il se précipita pour protéger les objets sacrés. Il fit également preuve d'un grand courage lors de son procès, ne demandant aucune pitié et refusant l'occasion de dire une dernière parole. Le 8 mai 1922, Sergei et dix clercs avec lui furent jugés dans le « cas de la saisie des objets de valeur de l'Église » et furent condamnés à mort.
Comme indiqué dans le protocole d'enquête, les détenus furent accusés de
transférer le blâme à la hiérarchie, en se référant à la discipline qui existait entre eux, cachant en partie leurs objectifs politiques, comme les "Scribes et les pharisiens", justifiant leur résistance "avec des mensonges sur Dieu et les lois prétendument établies par Lui qui interdisent de donner des objets de l'Église non seulement pour des œuvres de charité, mais pas même pour sauver les vies de ceux qui mouraient de faim, malgré le fait que l'expertise juridique invitée au tribunal par un groupe de chrétiens fidèles ait catégoriquement reconnu une telle mesure comme tout à fait conforme à l'enseignement chrétien...".
Après que la suspension de la peine de mort ait été connue, les prisonniers ont déposé une pétition, avec la permission du directeur de prison, pour l'atténuation des conditions de leur détention, mais elle fut refusée. Le même jour, Staline envoya une note aux membres du Politburo :
« Le tribunal de Moscou a condamné onze personnes à mort, pour la plupart des prêtres... Kamenev suggère de se limiter à tirer sur seulement deux prêtres. Je vous demande de voter pour ou contre cette proposition... de Kamenev. Je vote personnellement contre l'annulation de la décision du tribunal. »
Un vote a eu lieu : Lénine, Trotsky, Staline et Zinoviev votèrent pour la condamnation à mort. Ainsi, le 18 mai 1922, le Politburo prit la décision finale d'exécution, bien que seulement pour cinq des onze condamnés. Ils rasèrent toutes les têtes et la barbe afin de ne pas pouvoir être reconnus comme des personnes de rang spirituel. Le 26 mai 1922, le hiérommoine Makary (Telegine), les archiprêtres Alexander Zaozersky, Christopher Nadezdhine et Vasily Sokolov, et le laïc Sergei Tikhomirov trouvèrent une fin martyre dans la salle d'archives d'une ancienne compagnie d'assurance, où ils furent abattus au sous-sol, Les corps des Nouveaux Martyrs furent transportés au cimetière de Kalitnikovskoe et enterrés dans une tombe non marquée. En août 2000, ces guerriers spirituels furent canonisés pour la vénération à l'échelle de l'Église parmi les nouveaux martyrs et confesseurs russes lors du Conseil épiscopal du jubilé de l'Église orthodoxe russe.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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