"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 13 janvier 2023

REGLE DE PRIERE DE LA MERE DE DIEU


Qu’est-ce que la règle de prière de la Mère de Dieu? Comment et quand l'utiliser ? Dois-je demander la bénédiction d'un prêtre pour lire ces prières ? Pourquoi sont-elles répétées 150 fois ? J'entends souvent ces questions de la part des paroissiens.

Cet article répond aux plus courantes d'entre elles et explique comment ce rite a été formé, comment le Nom du Christ est invisiblement présent dans une prière à la Vierge Sainte, et comment suivre ce schéma apparemment complexe de demandes de prière.

Une prière basée sur l'Évangile

Parmi les prières du matin, que nous lisons quotidiennement à la maison, il y a un chant sincère à la Très Sainte Génitrice de Dieu : «Vierge Marie, Mère de Dieu réjouis-toi pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes, et béni est le Fruit de ton sein, car tu as mis au monde le Sauveur de nos âmes. Sans aucun doute, tous les chrétiens orthodoxes, connaissent et aiment cette prière.

Elle résonne dans les maisons et dans les églises (par exemple, le samedi soir, lorsque la chorale la chante trois fois pendant la bénédiction des pains [de la Litie] lors de la vigile nocturne).

La pratique de répéter cette prière non pas une ou trois fois, mais cent cinquante fois est appelée Règle de prière de la Mère de Dieu. Il est clair que réaliser un tel nombre de répétitions, sans pauses ni interruptions, serait difficile. C'est pourquoi la Règle est divisée en quinze dizaines, entrecoupées d'autres prières. Il est pratique d'utiliser un chapelet de prière pour compter les prières.

La base de cette oraison de prière à la Mère de Dieu est formée par trois citations de l'Évangile de Luc.

La première partie est la salutation de l'archange Gabriel au moment de l'Annonciation : « L'ange entra chez elle, et dit: réjouis-toi, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi.. » (Luc 01:28)

La deuxième partie est la glorification de la Vierge Marie par la juste Élisabeth : « ... et Élisabeth fut remplie du Saint-Esprit : Et elle s'exclama d'une voix forte et dit : Bénie es-tu entre  les femmes, et béni est le fruit de ton sein. » (Luc 1:41-42)

La troisième partie est la réponse de la Mère de Dieu elle-même : « Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit exulte en Dieu, mon Sauveur ! » (Luc 1:46-47)

Selon les historiens de l'Eglise, ce fut probablement saint Cyrille d'Alexandrie, l'un des Pères de l'Église du cinquième siècle, qui combina les fragments de l'Évangile en un seul appel de prière. Dans le rite latin, une invocation presque identique est connue depuis le XIe siècle sous le nom d’Ave Maria.

Étoile de Lumière, un manuscrit sur les miracles

En Russie, la pratique de répéter "«Vierge Marie, Mère de Dieu réjouis-toi pleine de grâce," lors de prières monastiques ou privées commença à se répandre vers la fin du XVIIe siècle. Un tel effort spirituel fut fait par ceux qui souhaitaient prier la Mère de Dieu d'une manière spéciale, recevoir son réconfort et sa protection, ou remercier la Vierge Sainte pour son intercession.

La règle de prière de la Mère de Dieu fut formée sous l'influence de la compilation manuscrite alors populaire intitulée L’étoile lumineuse, avec des descriptions des miracles associés à la prière ""«Vierge Marie, Mère de Dieu réjouis-toi ", recueillie en quinze articles.

Entre autres, elle comprenait l'histoire d'un certain moine qui se moqua de cette prière et qui fut privé de sa santé mentale. Après avoir trouvé la force de se tourner vers la Mère de Dieu, il fut guéri. 

Une autre anecdote raconte l'histoire d'un évêque, qui n'avait pas accepté cette prière, après quoi, dans un rêve il se vit noyer. Après qu'il se soit repenti, le rêve se répéta, mais cette fois, la Mère de Dieu y apparut et sauva l'évêque de la noyade. De telles histoires étaient faciles à mémoriser et servaient à l'éducation spirituelle du peuple.

Prière bénie par les saints

En 1825, le vénérable Séraphim de Sarov a décrit avoir eu une vision de la Mère de Dieu, lui ordonnant d'établir une communauté monastique féminine (l'actuel couvent de Diveyevo). Le chemin, le long duquel la Mère de Dieu avait fait le tour du futur monastère, s'appelait le canal (Kanavka) de la Mère de Dieu. Suite à la volonté de saint Séraphim de Sarov, les moniales de la communauté de Diveyevo commencèrent à marcher tous les jours le long de ce canal , lisant la prière "«Vierge Marie, Mère de Dieu réjouis-toi " 150 fois.

D'autres startsy parlèrent également des avantages de la récitation de la Règle de prière de la Mère de Dieu. Le vénérable Parthène de Kiev (début du XIXe siècle) prononçait cette prière 300 fois par jour. Le moine mégaloschème Héliodore de l’ermitage de Glinsk (fin du XIXe siècle) donna également la bénédiction à ses enfants spirituels pour lire cette prière.

Le XXe siècle vit la formation de la règle de prière de la Mère de Dieu sous sa forme moderne grâce au hiéromartyr Séraphim (Zvezdinsky). Pendant son exil, l'évêque Séraphim observa cette règle de prière tous les jours. Il recommandait de la développer en commémorant divers événements de la vie de la Vierge Sainte en y ajoutant des demandes privées, en priant pour soi et pour le monde entier.

 Hiéromartyr Séraphim de (Zvezdinsky)

« Protégez-vous plus souvent et avec plus de diligence, mes chers enfants, avec ce mur invincible. Avec cette prière, nous ne périrons jamais. Nous ne brûlerons ni dans le feu, ni ne coulerons dans la mer », écrivit Vladyka Séraphim à ses enfants spirituels depuis l'exil. « Et si Satan, notre adversaire, nous fait trébucher sur notre chemin et nous abat, nous chanterons la salutation angélique, et nos âmes malades, polluées par le péché, seront guéries et purifiées. »

Lire la règle de prière de la Mère de Dieu

La règle de prière de la Mère de Dieu n'est pas incluse dans le Typikon, et les façons de la lire peuvent varier. Considérons celle introduite par le hiéromartyr Séraphim (Zvezdinsky).

Au début de la Règle, nous disons le  « Notre Père » et la prière «Ouvre-nous les portes de la miséricorde, Ô Mère de Dieu bénie, car espérant en toi, nous ne périrons pas ; par toi que nous soyons délivrés de l'adversité, car tu es le salut du peuple chrétien. »

Puis, soigneusement et lentement, nous répétons dix fois : « Ô Mère de Dieu et Vierge, réjouis-toi, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes, et béni est le fruit de ton sein, car tu as mis au monde le Sauveur de nos âmes. »

Après cette première dizaine,, nous nous souvenons de la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu. Nous prions pour les mères, les pères et les enfants.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, sauve et garde Tes serviteurs (noms de parents et de proches) et donne à ceux qui sont décédés, le repos avec les saints dans ta gloire éternelle. »

Deuxième dizaine. Nous nous souvenons de la Présentation de la Très Sainte Mère de Dieu. Nous prions pour ceux qui se sont égarés et se sont éloignés de l'Église.

« Ô Sainte Souveraine Mère de Dieu, sauve et protège Tes serviteurs (noms) perdus et qui sont tombés et unis-les à la Sainte Église orthodoxe. »

Troisième dizaine. Nous nous souvenons de l'Annonciation de la Très Sainte Mère de Dieu et prions pour l’apaisement des épreuves et la consolation de ceux qui pleurent.

« Ô Très Sainte souveraine, Mère de Dieu, apaise nos peines et accorde la consolation à Tes serviteurs malades et en deuil (noms). »

Quatrième dizaine. Nous nous souvenons de la visite de la Très Sainte Mère de Dieu à la juste Élisabeth. Nous prions pour la réunion des êtres séparés et pour ceux dont les parents ou les enfants sont portés disparus.

« Ô Très Sainte Mère de Dieu, réunis tes serviteurs séparés (noms) ».

Cinquième dizaine. Nous nous souvenons de la Nativité du Christ et prions pour la renaissance de nos âmes et une nouvelle vie en Christ.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, accorde-moi, qui a été baptisé en Christ, de revêtir  le Christ. »

Sixième dizaine. Nous nous souvenons de la Rencontre du Seigneur et de la prophétie de saint Siméon, « ... et une épée transpercera ton âme. » (Voir Luc 2:35) Nous prions pour que la Mère de Dieu accueille nos âmes à l'heure de notre mort, en les comptant dignes de recevoir la Sainte Communion et en les guidant à travers les péages aériens.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, accorde-moi à l'heure de mon dernier souffle de prendre part aux Saints Mystères et conduis mon âme à travers les terribles épreuves. »

Septième dizaine. Nous nous souvenons de la fuite en Égypte et prions pour que la Reine du Ciel nous aide à éviter les tentations dans cette vie et à nous délivrer des tourments.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, ne me soumets pas à la tentation dans cette vie et délivre-moi de tous tourments. »

Huitième dizaine. Nous nous souvenons de la disparition de l'enfant Jésus, âgé de douze ans, à Jérusalem et de la tristesse de la Mère de Dieu pour la disparition de son enfant. Nous prions en demandant à la Mère de Dieu une prière incessante auprès de son Fils.

« Ô Très Sainte Sainte Souveraine Mère de Dieu, Très Pure Vierge Marie, accorde-moi la prière incessante de Jésus. »

Neuvième dizaine. Nous nous souvenons du miracle à Cana de Galilée, lorsque le Seigneur transforma l'eau en vin, en entendant les paroles de Sa Mère, disant : « Ils n'ont pas de vin ». Nous demandons à la Mère de Dieu de l'aide dans nos affaires et la délivrance du manque..

Ô Très Sainte Mère de Dieu, aide-moi en toutes choses, et délivre-moi de tous soucis et de toute détresse.

Dixième dizaine. Nous nous souvenons de la Mère de Dieu debout à la Croix du Seigneur, lorsque la douleur perça son âme comme une épée. Nous demandons à la Mère de Dieu d'accroître notre force spirituelle et d'éloigner notre découragement.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, Sainte Vierge Marie, affermis-moi spirituellement et chasse de moi le découragement. »

Onzième dizaine. Nous nous souvenons de la résurrection du Christ et demandons à la Mère de Dieu dans la prière de ressusciter nos âmes et de nous donner de la vigueur pour accomplir de nouveaux actes de foi.

« Ô Très Sainte Mère de Dieu, ressuscite mon âme et accorde-moi une préparation constante pour de nouveaux actes de foi. »

Douzième dizaine. Nous nous souvenons de l'Ascension du Christ, à laquelle la Mère de Dieu était présente. Nous prions et demandons à la Reine des Cieux d'élever nos âmes loin de la vanité terrestre et de les diriger vers la poursuite de choses plus élevées.des vils amusements terrestres et de les diriger vers l'aspiration au Royaume des Cieux.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, délivre-moi des pensées vaines et accorde-moi un esprit et un cœur qui aspirent au salut de l'âme. »

Treizième dizaine. Nous nous souvenons de la chambre haute de Sion et de la descente du Saint-Esprit sur les apôtres et la Mère de Dieu. Nous prions : « Crée en moi un cœur pur, ô Dieu, et renouvelle en moi un esprit de rectitude. Ne me prive pas de Ta présence, et ne retire pas de moi  ton Saint-Esprit. »

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, fais descendre et fortifie la grâce du Saint-Esprit dans mon cœur. »

Quatorzième dizaine. Nous nous souvenons de la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu et lui demandons une fin paisible et sereine.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, accorde-moi une mort paisible. »

Quinzième dizaine. Nous nous souvenons de la gloire de la Mère de Dieu, avec laquelle elle est couronnée par le Seigneur après son départ de la terre vers le Ciel, et nous la prions de ne pas abandonner les fidèles sur terre, les protégeant de tout mal.

« Ô Très Sainte Souveraine Mère de Dieu, sauve-moi de tout mal et protège-moi sous ton voile. »

À la fin, nous lisons « Ouvre-nous la porte de la miséricorde... » une fois de plus.

Louange du Fils et de la Mère

Le schéma ci-dessus est difficile à retenir par cœur ; pour l'observer, il faut constamment regarder le texte des prières. Cependant, il se peut qu'il ne soit pas toujours à portée de main. Pour cette raison, il existe une autre version de la règle de prière de la Mère de Dieu. Après avoir répété le « Vierge Marie, Mère de Dieu réjouis-toi pleine de grâce» dix fois, nous lisons le « Notre Père » puis nous commençons à lire la dizaine de prières suivantes.

D'autres options sont également possibles. Il est conseillé de consulter votre Père spirituel afin de choisir la façon la plus appropriée de lire cette prière.

Beaucoup de justes attachaient une grande importance à la règle de prière de la Très Sainte Mère de Dieu. À première vue, elle ne contient pas de demandes directes à la Mère de Dieu, ni ne mentionne Jésus-Christ. En même temps, lorsque nous lisons « «Vierge Marie, Mère de Dieu réjouis-toi pleine de grâce, le Seigneur est avec toi», nous devenons comme des anges qui glorifient la Mère de Dieu, et quand nous disons « Seigneur », « fruit de ton sein », ou « le Sauveur », nous entendons Jésus-Christ. À cette fin, en observant la règle de prière de la Mère de Dieu, nous louons le Fils de Dieu et Sa Très Pure Mère, entrant dans la communion de prière avec eux et nous plaçons sous leur protection céleste.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


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