"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 18 août 2019

Moniale Mikhaïla (Ossipova) : COMMENT CHEMINER DANS LA VIE SUR LA "VOIE ROYALE"


Sur la vie et les enseignements du staretz Mikhaïl (Balaev) 
Dans cet article, la supérieure du monastère de la Dormition-Gremyachevo, la moniale Mikhaïla (Ossipova) parle de leur guide spirituel, le staretz Mikhaïl (Balaev) de la Laure de la Trinité-Saint-Serge: 
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Si dans l'Ancien Patericon un des startsy disait : "Que le soleil ne se couche pas sur ta colère", alors le soleil se levait et se couchait, et le staretz Mikhaïl était euphorique. 

Cet homme vit au paradis ! 

Notre bien-aimé staretz et mentor, l’archimandrite mégaloschème Mikhaïl (Balaev), moine de la Laure de la Trinité-Saint-Serge, était un homme spirituel. Même du vivant de Batiouchka, on disait de lui qu'il était le staretz le plus énigmatique, et un père spirituel qui lui rendait visite depuis le Mont Athos disait de lui : "Cet homme vit au paradis !" 

Le staretz lui-même nous a conseillé ceci: "Tout ce qui est spirituel doit être caché pour que personne ne sache." 

Et notre Batiouchka cachait ses dons spirituels, mais le Seigneur lui-même les a révélés aux frères et à ses enfants spirituels. 

J'aimerais partager l'histoire de notre staretz et de ses enseignements avec tous ceux qui désirent se remplir de sa sagesse et de son discours spirituel, acquis au cours de longues années de prière et de travaux monastiques. 

Enfance 

D'abord, je parlerai un peu de l'enfance de notre Batiouchka. Il naquit le 7 juillet 1924 dans le village de Bogorodskoe, dans la région de Moscou, à vingt-quatre kms de Sergiev Posad, dans la famille des paysans Théodore et Agrafena Balaev. Il fut baptisé bébé sous le nom de Victor. 

Le village de Bogorodskoe est connu depuis longtemps, depuis le XVIe siècle, pour ses jouets sculptés, avec lesquels les enfants roturiers et nobles jouaient. Le père et la mère de Viktor faisaient aussi de la sculpture sur bois, et tous leurs enfants obtinrent leur diplôme de l'école professionnelle avec cette spécialisation, et devinrent des artisans qualifiés. 

Une épreuve de feu 

Victor n'avait que dix-sept ans quand la guerre commença. Un an plus tard, le jeune homme fut enrôlé dans le corps de chars d'assaut et fut même nommé commandant. Notre Batiouchka n'aimait pas se rappeler ces moments : Il avait enduré trop de douleur et de mort humaine. Mais il passa par une épreuve si ardente qu'il fut endurci dans l'esprit et demeura un guerrier courageux et un commandant toute sa vie - plus tard un guerrier spirituel dans les rangs monastiques. Ce n'est pas un hasard s'ils lui donnèrent le nom de Michel [Mikhaïl] à sa tonsure monastique, en l'honneur du grand Commandeur des Armées Célestes, l'Archange Michel. 

Batiouchka nous disait qu'il n'avait plus jamais ressenti une telle prière, une telle proximité avec Dieu comme il l'avait fait pendant la guerre. Il nous dit combien c'était terrible : le ciel noir des avions, le rugissement tout autour, la fumée, les obus qui explosaient. Ses soldats, de très jeunes Chouvaches [1], s'accrochaient à lui et criaient de peur : "Maman !" Et il priait pour eux, le visage contre terre, les couvrant de l'explosion des obus, et il criait vers le Seigneur ; ainsi aucun des soldats de Batiouchka ne mourait. 

Même à la guerre, Batiouchka observait les jeûnes. Il se rappelait comment ils marchaient à genoux dans l'eau froide et dormaient sur le sol humide, et pendant que beaucoup tombaient malades, il restait en bonne santé, même s'il observait les jeûnes. 


Archimandrite mégaloschème Mikhaïl (Balaev) 

Providence divine 

Quand Batiouchka revint de la guerre, avec le grade de sergent d'état-major, il travailla pendant plusieurs années comme artiste dans l'école professionnelle de son village natal et devint membre de l'Union provinciale des artistes. Il imprimait aussi des tracts pour la défense de la foi et de l'Église et les distribuait aux gens, alors que dans ces années-là, il aurait pu être jeté en prison pour cela. Mais dans sa paroisse natale, il trouvait surtout des femmes âgées - il n'y avait pratiquement pas de jeunes gens dans l'Église, et Batiouchka se souvint plus tard de cette époque avec un sourire : "D’accord, peut-être que je n'avais pas de camarades du même avis à l'époque, mais nous aurions pris la défense de l'Eglise si bien que nous aurions été mis derrière les barreaux." 

Mais tout cela était providentiel, parce que la Laure de la Trinité-Saint Serge attendait déjà Batiouchka. Après être allé une fois à la Laure comme pèlerin, il fut étonné de voir les séminaristes - des jeunes hommes en soutane (l'un d'eux devint plus tard Patriarche de Géorgie). Alors Batiouchka sentit de tout son cœur qu'il devait lui aussi devenir moine. 


Laure de la Trinité-Saint-Serge 

Au monastère de Saint Serge 

En 1957, à l'âge de trente-trois ans, Victor quitta le monde et entra à la Laure de la Trinité-Saint-Serge. Le nouvel ouvrier ne fut pas été immédiatement enrôlé dans la confrérie : Les autorités empêchaient les jeunes d'adopter le monachisme, en particulier les soldats de première ligne. En 1959, Victor fut finalement inscrit comme novice parmi les moines. Il trouva un père spirituel dans le monastère, le staretz Kirill (Pavlov). 

Dans sa jeunesse, Batiouchka était très vif, intelligent et agile, et s'adonnait avec joie à toute obédience : Il servit à l'autel de la cathédrale de la Sainte Trinité, prit son service au poste de contrôle et travailla à la cuisine. On le mettait souvent au travail à éplucher des pommes de terre, comme il avait appris à le faire très vite dans l'armée. 

Il aimait particulièrement allumer les lampades de la cathédrale de la Sainte Trinité, près du sanctuaire avec les reliques de saint Serge. Il y avait une trentaine de lampades, et il devait courir à l'église avant tout le monde pour réussir à toutes les allumer avant le moleben des frères. 

Batiouchka nous a plus tard bénis pour allumer les lampades et il a dit : "La lampade brûle, la prière brûle, la lampade s'éteint, la prière s’éteint." 

Lorsqu'à la veille de la fête de la Transfiguration, ils racontèrent au novice zélé sa tonsure à venir, ce fut l'un des plus beaux jours de sa vie. Ils le tonsurèrent le 19 août 1960 sous le nom de Joasaph, en l'honneur du saint hiérarque Joasaph de Belgorod. Un an plus tard, le moine Joasaph fut ordonné hiérodiacre. 


Les reliques de Saint Serge 

Avec Sa Sainteté 

Sa Sainteté le Patriarche Alexis (Simansky) visita la Laure. Il regarda attentivement le Père Joasaph, notant sa diligence, son attention et son zèle, et le prit comme son assistant de cellule à la dépendance patriarcale de Peredelkino. 

La personnalité du Patriarche et son expérience spirituelle eurent une forte influence sur le jeune hiérodiacre. Sa Sainteté était un homme extraordinaire. Le Métropolite Antoine de Souroge s'en souvenait ainsi : 

Un staretz, mince, même fragile, de petite taille, mais qui ne pouvait passer inaperçu nulle part. Il était très discret dans la conversation, d'apparence très simple - un moine pur, se tenant dans l'ombre ; il se distinguait de son entourage, attirant le regard des autres et comme s'il demandait de l'attention avec sa grandeur calme, rayonnant de confiance : "Tout vient de Dieu, tout est dans la main de Dieu, donc tout, sans exception, peut être et doit être une raison, envoyée par le Seigneur, pour l'action chrétienne, pour les œuvres de Dieu..." 

Le directeur de la chorale patriarcale de la cathédrale du Christ Sauveur, Nikolaï Sergueïevitch Georgievski, a témoigné ainsi sur Sa Sainteté : "Vous ne pouviez pas vous empêcher de penser qu'il possédait une formidable pratique de la prière. Et cette pratique de la prière - même avec l'infirmité caractéristique de son âge vénérable - donnait toujours une certaine quintessence d'une sorte de "rang prophétique", si l’on peut dire... Je me souviens bien que l'église entière se figeait en silence lorsque Sa Sainteté le Patriarche disait quelque chose." 

Avec un tel homme de prière, le jeune hiérodiacre, notre futur staretz, grandit rapidement spirituellement. Il aimait vraiment et vénérait Sa Sainteté et il nous a dit plus tard que le Patriarche Alexis était un homme de vie sainte. Batiouchka se rappelait comment Sa Sainteté était parfois tellement plongé dans la contemplation orante qu'il ne faisait que répéter tranquillement : "Le Paradis. Le paradis. Le paradis." 

Sa Sainteté apprécia toujours beaucoup son fidèle assistant de cellule et lui confia toujours des tâches difficiles. 

Batiouchka était avec Sa Sainteté pendant la période difficile où ils demandèrent au Patriarche d'accepter la fermeture massive des églises, des monastères et des institutions théologiques éducatives. Sa Sainteté déclara même qu'il était prêt à prendre sa retraite, ne serait-ce que pour ne pas faire ce qu'on lui demandait. Le premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique et président du Conseil des ministres de l'URSS, Nikita Khrouchtchev, était impatient de montrer au pays "le dernier prêtre" et était déterminé à détruire complètement l'Eglise orthodoxe russe. 

Au cours de ces années, le nombre d'églises dans le pays fut réduit de près de moitié. Le nombre d'établissements d'enseignement théologique passa de dix à cinq. Des églises furent fermées dans tout le pays, sous divers prétextes ; plus de la moitié dans le diocèse de Moscou furent fermées. C'était très douloureux pour les fidèles. 

Sa Sainteté le Patriarche Alexis (Simansky) 

Les années de dures épreuves 

En 1969, le Père Joasaph fut ordonné hiéromoine. Après le repos béni de Sa Sainteté en 1970, Batiouchka eut une obédience dans la résidence patriarcale de Peredelkino et il fut élevé au rang d'higoumène. Ces années furent des années de procès sévères et même de persécutions contre Batiouchka. 

Il a dit plus tard : "L'ennemi attaque surtout les gens spirituels. Nous vivions à Peredelkino, et derrière le mur, nous avions une maison pour les vieux bolcheviks. L'ennemi ne les touchait pas, tout était calme et paisible pour eux. Mais nous avons eu de tels cas de tentation et de collision - jusqu'à ce que Sa Sainteté vienne !" 

Là, Batiouchka dût faire face à une autre épreuve difficile : il tomba malade d'un cancer. Il accepta humblement sa maladie et fut d'accord pour subir une opération en 1985. Batiouchka traitait généralement les médecins avec beaucoup de respect, disant : "Les médecins et la médecine viennent de Dieu. Ils font leur travail, et vous faites le vôtre, priez !" 

Les médecins eux-mêmes furent stupéfaits par la patience et l'humilité du staretz, disant qu'ils rencontraient rarement de tels malades, patients et obéissants. 

En 1988, à la suite d'une grave maladie, l'higoumène Alexis (Koutéopv) de la Laure de la Trinité-Saint-Serge (aujourd'hui métropolite de Toula et d'Ephremov), fit Batiouchka mégaloschème sous le nom de Mikhaïl. L'Archange Michel devint son patron et intercesseur céleste, signe de la foi ardente et du zèle au service du Seigneur de l’archimandrite mégaloschème Mikhaïl. 

Batiouchka disait qu'il n'avait jamais voulu de promotions ou de grades, n'acceptant le grade d'archimandrite que par obéissance, mais il s'en réjouissait grandement. Après avoir reçu le grand schème, le staretz fut transféré de nouveau à la Laure, et à partir de ce moment jusqu'à sa mort, il ne quitta jamais ses murs. 

Sa cellule devint un hôpital spirituel béni 

Les frères de la Laure et de nombreux enfants spirituels affluèrent vers Batiouchka comme à une source spirituelle, pour des conseils et du réconfort. Sa cellule devint un hôpital spirituel vraiment béni, une maison familiale où on était compris, réconforté, fortifiés par la prière, et où on recevait la force de continuer son chemin vers Dieu. 

Vous pourriez simplement être présent à l'une des conversations de Batiouchka avec quelqu'un d'autre et vous receviez les réponses à toutes vos questions, et vous étiez réconfortés dans vos peines. Le staretz conduisait ses enfants spirituels sur la voie médiane, "royale", en leur apprenant à éviter les extrêmes, afin de ne pas tomber dans l'illusion [spirituelle/prelest]. 

Grâce à ses saintes prières, de nouveaux monastères furent construits et prospérèrent, dirigés par ses enfants spirituels : à Maloyaroslavets, Kalouga, Khabarovsk, Tioumen, Saratov, au Caucase, Kouzbass, et même en Amérique. Des orphelinats orthodoxes furent ouverts. Avec les moniales du monastère, Batiouchka endura toutes les attaques de l'Ennemi contre les jeunes monastères, transférant son expérience spirituelle à leurs higoumènes d'une manière mystérieuse. 

Le staretz disait toujours que Dieu a un monastère géant, dispersé à travers le monde, et tous les monastères sont une grande famille ; et nous avons senti cette unité de tout notre cœur. 

Pour les sœurs de notre monastère Saint-Nicolas-Chernoostrovsky, il n'y avait pas de plus grande récompense et consolation que d'aller voir Batiouchka. Presque tout le monastère allait à la Laure les jours de fête, emmenant les enfants de l'orphelinat avec nous et chantant des hymnes spirituels pour Batiouchka. Oints d'huile sainte par la main aimante du staretz, nous retournions à notre monastère comme sur des ailes, avec des âmes légères et un sac géant de prosphores de la Laure, des livres et des friandises. 

"Eh bien, Serge, va joyeusement !" 

Un jour, un colonel, commandant de sous-marin, à moitié mort d'une énorme dose de radiation, vint voir Batiouchka. Les médecins l'avaient condamné à mort. Batiouchka s'assit et écouta son histoire douloureuse, puis se leva droit, embrassa le colonel et dit : "Eh bien, Serge, va joyeusement ! Le diagnostic est absurde ! Voyons ce que les docteurs célestes prescrivent !" 

Il oignit soigneusement d'huile sainte l'homme en phase terminale, et un mois plus tard, le colonel vint voir Batiouchka, [devenu] un homme complètement différent et en bonne santé ; il s'agenouilla devant lui et pleura. Quel grand pouvoir spirituel avait le staretz ! 

Il est difficile de décrire combien de personnes Batiouchka a aidé dans sa prière, aidé à faire face à leurs passions, combien il a mis de gens sur le chemin de la vérité par son conseil spirituel. 
 
Archimandrite mégaloschème Mikhaïl (Balaev) 

Les instructions du staretz 

° Quand l'âme est avec Dieu, alors tout est prière : La lecture est prière ; le travail manuel est prière ; le chant spirituel est prière. (Batiouchka aimait tailler des croix en bois et les donner à ses enfants spirituels). 


° Personne ne connaît les plus grands hommes de prière. Peut-être qu'une "grand-mère au-delà du marais" plaide pour le monde entier. 


° Batiouchka n'aimait pas beaucoup l’approche formelle de la prière. Il disait : "A quoi bon cueillir des petits pois ?" (C'est-à-dire, prier sans attention, juste pour dire que vous l'avez fait). 


° Notre higoumène interrogea le staretz sur une certaine sœur "malade" possédée, Le staretz répondit que bien que de telles personnes ne devraient pas être mises dans des positions de responsabilité, devant Dieu elles peuvent être plus élevées spirituellement que les personnes saines, et leurs prières, d'un cœur martyrisé, contraint et triste, troublé par l'Ennemi, sont entendues par Dieu beaucoup plus que les nôtres, qui sont complaisantes et froides. 


° Le staretz mettait en garde contre le fait d’entreprendre des ascèses [podvigs/exploits spirituels] au-delà de vos forces. Il ne faut pas en faire trop, mais laisser l'âme se reposer : admirer la nature, aller à une source sainte. 


° Il enseignait de tout faire avec modération. Il conseillait aux jeunes novices, pleins de zèle et non selon la connaissance, de ne rien prendre sur eux et de vivre plus simplement. Il disait : "Vous pouvez manger à la gloire de Dieu. Vous pouvez dormir à la gloire de Dieu. "Dormez chacun selon sa propre mesure, pour dormir suffisamment." 


° Le staretz n'interdisait pas le jeûne strict ; il était seulement contre le jeûne de la morosité, avec stress et irritation. Mais si vous ressentiez de la joie et du soulagement à la suite d'un jeûne mesuré, alors il le permettait. 


° Il n'aimait vraiment pas la "corruption" spirituelle - il enseignait de ne jamais rien faire par force, par pression. Il est très dangereux d'entreprendre une prière sans mesure, car elle est suivie d'échec et de découragement. 


° Mourir dans l'obéissance est une grâce spéciale de Dieu, mais se mutiler d'un zèle excessif et devenir incapable d'autre chose est un grand péché. 


° La chose la plus effrayante est de "saisir" son âme dans un étau. Un moine ou un laïc commence à travailler dans l'ascèse, et ainsi s'humilie, se contraint, se contraint, ce qui l'enserre de plus en plus fort, et l'âme est incapable de respirer - il n'y a ni joie ni prière vivante, de là, il tombe alors dans le désespoir ou l'illusion spirituelle. 


° Nous devons permettre à l'âme de se réjouir et de bondir dans tous les sens, comme le roi David s'est réjoui dans le Seigneur. Comment ne peux-tu pas te réjouir en Lui ?! Ce sera la vraie prière ! 


° C'est très bien quand quelque chose fonctionne, et quand quelque chose ne fonctionne pas. Humilie-toi, travaille et prie. 


° Le meilleur jeûne pour les moines est de ne manger que ce qui leur est donné au repas commun. 


° Quand vous sortez dans le monde, il vaut mieux ne pas exhiber vos vêtements monastiques, mais vous couvrir pour ne pas vous faire remarquer. [2] 


° Il est absolument nécessaire de multiplier le talent que le Seigneur vous a donné : celui à qui a été donné le talent de chanter doit chanter ; les maîtres doivent enseigner ; les peintres doivent peindre. Le Seigneur posera des questions sévères à ce sujet plus tard. 

Un esprit combatif 

L'assistant de cellule de Batiouchka, le Père Andrei, a parlé du grand amour, de la piété et de la dévotion avec lesquels le staretz gravement malade célébrait la Divine Liturgie. Après le service, il se dévêtait soigneusement et lentement de la fatigue, et disait : "Eh bien, tu es sorti de la bataille !" 

Batiouchka ne se plaignait à personne et ne parlait presque jamais des blessures graves qu'il avait subies à la fin de la guerre, perdant la moitié de son fémur. Peu de ses enfants spirituels soupçonnaient à quel point la vie du staretz avait été martyrisée, surtout dans les dernières années de sa vie. Parfois, il tombait par terre après s'être levé du lit avec beaucoup de difficulté. Il tombait, s'allongeait là et priait. Son assistant de cellule arrivait : "Batiouchka ! Qu'est-ce que tu fais là ?!" 

"Eh bien, je volais, mais j'ai atterri incorrectement... Jette-moi, jette-moi vite sur le lit !" 

Batiouchka avait un tel esprit combatif jusqu'à la fin de sa vie. Même quand il ne pouvait plus se tenir debout sur ses pieds, tant de puissance spirituelle rayonnait de lui ! Il nous abordait, nous, ses enfants spirituels, joyeusement ; aux questions sur sa santé, il répondait : "Merveilleux ! Mieux que quiconque ! Gloire à Dieu !" 

Même dans une douleur intense, le staretz continuait à s'asseoir sur sa chaise et à lire le Psautier, et les frères le regardaient et disaient : "Batiouchka est en selle !" 

Bienheureuse dormition 

Dans sa dernière nuit, le 14 juillet 2009, le staretz chantait tranquillement devant l'icône de la Mère de Dieu des Blachernes dans sa cellule : "Réjouis-toi, Épouse inépousée !" 

Quand il tomba très malade, ils envoyèrent chercher le hiéromoine qui communiait le staretz ; et Batiouchka, attendit la communion, communia et partit vers le Seigneur quinze minutes plus tard. 

Tous les moines de la Laure et autant de moniales de divers couvents - les enfants spirituels du staretz - se réunirent pour faire leurs adieux à Batiouchka. Ils célébrèrent ses funérailles dans la cathédrale de Dormition de la Laure de la Trinité-Saint-Serge et l'ensevelirent dans le cimetière monastique de l'église de l'Icône du Sauveur "Non Faite de Main d’Homme" à Deulino, à 1,6 km au nord de Sergiev Posad. 

La tombe du staretz 

"Le soleil se levait et se couchait, et le staretz Mikhaïl était euphorique" 

L'higoumène de la Laure de la Trinité-Saint-Serge, l’archevêque Théognoste de Sergiev Posad, fit une homélie très touchante sur Batiouchka après les funérailles : 

Nous savons que le Père Mikhaïl était gracieux, bon, aimant et compatissant. Si dans l'Ancien Patéricon un des startsy dit : "Que le soleil ne se couche pas sur ta colère", alors le soleil se lèvait et se couchait, et le staretz Mikhaïl était euphorique. Il remerciait  toujours Dieu.

Tous ceux qui lui ont rendu visite ont été confirmés dans cette pensée : "La chair est faible, mais l'esprit est bien disposé." En quoi vivait son esprit ? Son âme était très raffinée, et elle brillait de Grâce, de joie et d'amour, qu'il rayonnait vers tous ceux qui venaient à lui. Encore une autre lampade est sortie de la Terre, mais nous croyons qu'une nouvelle lampade a été allumée dans le Ciel spirituel. Et comme il était un intercesseur et qu'il a plaidé pour nous auprès du Seigneur, il priera et intercédera pour nous - nous le croyons et nous demandons sa prière. 

Version française Claude LOPEZ-GINISTY 

D’après 

ORTHOCHRISTIAN 



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NOTES:

1 Groupe ethnique turc, originaire de la région située entre la Volga et la Sibérie. 

2 C'est peut-être quelque chose qui est propre à la Russie. L'atmosphère actuelle fait qu'il n'est pas approprié pour les moniales de se promener dans les villes en tenue monastique, de sorte que les moniales portent souvent le foulard et de longues robes lorsqu'elles sont en déplacement, surtout si elles sont seules. 
Dans d'autres pays orthodoxes, comme nous le comprenons, les moines quittent rarement leur monastère, et les moines sont plus reconnaissables. Dans les pays occidentaux, au contraire, une femme vêtue de vêtements monastiques est peut-être plus reconnaissable qu'une femme couverte de la tête aux pieds, et le port du foulard semble être réservé aux femmes musulmanes. 


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