Le Patriarcat de Moscou a commenté pour « Nesavisimaia Gazeta » les négociations en cours avec les paroisses de tradition russe en Europe occidentale
Milena Faustova
Les négociations se poursuivent entre Moscou et l’Archevêché des paroisses orthodoxes russes en Europe occidentale, concernant le passage des paroisses de tradition russe sous l’omophore du patriarche de Moscou et de toute la Russie. L’Église orthodoxe russe est prête à faire des concessions. En particulier, à modifier ses statuts. « Nesavisimaia Gazeta » a pu obtenir un commentaire officiel de la part des représentants du patriarcat de Moscou, le premier depuis le début des négociations il y a sept mois.
Si l’Archevêché des paroisses orthodoxes russes en Europe occidentale accepte la proposition faite par le patriarche Cyrille, les statuts de l’Église orthodoxe russe seront modifiés.
C’est ce qu’a déclaré, au cours d’un entretien avec NG, l’un des participants représentant l’Église orthodoxe russe dans la commission de négociation avec les paroisses de tradition russe, l’évêque Savva (Toutounov), vice-chancelier du patriarcat de Moscou. Il a également donné des détails concernant la rencontre qui s’est déroulée le 21 juin dernier à Vienne, et à laquelle participaient l’archevêque Jean de Charioupolis (Renneteau) ainsi que deux autres représentants de l’Archevêché d’Europe occidentale. L’Église orthodoxe russe était représentée par le métropolite Antoine (Sevriouk), Exarque patriarcal en Europe occidentale, par l’archiprêtre Nicolas Balachov, Vice-Président du Département des relations extérieures, ainsi que par l’évêque Savva (Toutounov).
« Notre principe de base, tel qu’énoncé par le patriarche Cyrille, et auquel nous nous tenons, est que le patriarcat de Moscou est prêt à accueillir l’archevêché en préservant l’intégrité de son système d’administration tel qu’il est en place aujourd’hui. Le cas échéant une formation nouvelle, qui n’est pas pour l’instant prévue dans nos statuts, verra son existence au sein de L’Église orthodoxe russe. Nos statuts seraient dans ce cas amendés, afin d’y prévoir l’existence d’un tel archevêché avec son mode d’administration particulier.
De la même façon, avant le 17 mai 2007 les statuts de l’Église orthodoxe russe ne prévoyaient pas l’existence du mode d’administration tel qu’il existe au sein de l’Église hors-frontières. Mais après la signature de l’acte de communion canonique entre le patriarcat de Moscou et l’Église orthodoxe russe hors-frontières (EORHF), à l’été 2008 le concile épiscopal a introduit dans les statuts les amendements nécessaires, correspondant à la nouvelle réalité de l’existence de l’EORHF au sein du Patriarcat de Moscou. Il en serait de même ici. En cas de rétablissement du lien canonique entre le Patriarcat de Moscou et l’Archevêché, et en fonction du cadre qui sera défini pour l’existence de ce dernier, les statuts de l’Eglise orthodoxe russe seront amendés en conséquence », a souligné l’évêque Savva .
Pour rappel, le 27 novembre 2018 le patriarche de Constantinople (œcuménique) Bartholomée a révoqué le tomos donnant à l’Archevêché un statut juridique et territorial particulier d’exarchat, en d’autres termes il a aboli celui-ci. Le 23 février 2019 une assemblée générale du clergé des paroisses de tradition russe s’est tenue à Paris, qui à la majorité des voix (93%) a décidé de ne pas se soumettre à la décision du Phanar et de maintenir l’Archevêché coûte que coûte. Parmi les variantes actuellement à l’étude, il y a celle de revenir sous l’omophore du patriarche de Moscou. Le 12 décembre 2018 le patriarche Cyrille a adressé une lettre au chef de l’ancien exarchat l’archevêque Jean (Renneteau), dans laquelle il promettait de maintenir l’intégrité de l’Archevêché.
L'évêque Savva a également expliqué que la rencontre du 21 juin qui s’est déroulée à Vienne, n’était ni la première ni la seule
Les réseaux ont fait écho d’une information, selon laquelle l’entretien a été très abrupt. « Les entretiens n’ont pas été simples, mais n’étaient pas abrupts, – a affirmé à NG l’un des participants à la négociation à Vienne, l’archiprêtre Jean Gueït, Vice-Président du Conseil de l’Archevêché. – Ils étaient sérieux et responsable. Il nous fallait effectivement nous expliquer et définir notre façon d’agir.» Selon le représentant de l’Archevêché, lorsque la réunion était terminée, l’archevêque Nicolas Balachov a demandé si une aide financière était nécessaire pour ceux qui éprouvaient des difficultés à se rendre à l’assemblée, et – dans ce contexte – a demandé les listes des membres étaient déjà établies. Selon la déclaration publiée en juin de la paroisse orthodoxe russe de Biarritz, toutes les paroisses ne disposent pas des moyens nécessaires, et pour des raisons financières certains membres du clergé n’ont pu assister à l’assemblée pastorale de l’archevêché qui s’est tenue le 11 mai à Paris.
« Nous avons répondu que les listes n’étaient pas encore établies, et nous avons décliné l’offre d’aide financière. Mais il n’y a eu ni attitude grossière ni tentative de subornation. Tout était très courtois et posé. Nous comprenons que le moment est crucial et historique, en tout cas pour nous. Et je pense que l’Eglise russe le comprend aussi. Car la décision dépend du vote de l’assemblée, et non des désirs personnels de l’archevêque Jean (Renneteau – « NG »), non plus que de deux ou trois membres de la commission ; c’est pourquoi nous devons expliciter et éclaircir tous les aspects et recevoir des garanties et des conditions claires, - a déclaré Jean Gueït.
« Durant cette rencontre il a été particulièrement question de la formulation des futurs documents, qui permettraient à l’Archevêché de réétablir la communion canonique avec Moscou. L’Archevêché continuera d’exister avec son ordo et son statut propre – liturgique, administratif, avec ses particularités pastorales », a confirmé Toutounov. Il a ajouté que l’entretien avait eu lieu au su du Conseil de l’Archevêché, qui en son temps avait mis en place la commission de négociation avec Moscou. Outre Renneteau, celle-ci comprend Jean Gueït et l’archiprêtre Theodore van der Voort, membre du Conseil de l’Archevêché.
Une assemblée générale des paroisses de tradition russe est prévue pour le 7 septembre. « Le dialogue avec l’archevêque Jean se poursuit, il est très dense, comme c’est le cas dans pareille situation », - a noté Toutounov. « Après une séparation de 90 ans, le dialogue se doit d’être profond et constructif. Nous espérons qu’en septembre une décision sera prise dans l’Archevêché. Mais cette décision dépend entièrement de l’assemblée, et le Patriarcat de Moscou ne peut en aucun cas influer sur elle », a conclu le représentant de l’Église orthodoxe russe.
Traduction PARLONS D'ORTHODOXIE
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