Il y a une multitude de saints occidentaux peu connus au
sein de l'Église orthodoxe. Avec l'ajout officiel des saints d'Espagne et du
Portugal au calendrier liturgique de l'Église russe, il est important de
réfléchir sur l'importance des martyrs dans ce groupe. Quelles leçons peut-on
tirer de leur vie ?
La vie des saints a tant à offrir en termes de perles de
sagesse pour vivre une vie sainte. Pratiquement tout ce que nous pouvons
apprendre des saints a une application contemporaine. Il est donc crucial de lire
la vie des saints aussi souvent que possible. Les saints de la péninsule
ibérique, d'Espagne et du Portugal d'aujourd'hui, ne sont pas très bien connus
dans l'Église orthodoxe. Malgré cela, ce ne sont pas des exceptions, surtout
ceux qui ont été martyrisés sous l'oppression musulmane.
LE CONTEXTE
A partir de 711 après J.-C., le califat omeyyade envahit
l'Ibérie wisigothique. Une fois au pouvoir, le califat remplaça le
christianisme orthodoxe par l'islam comme religion officielle du pays. Les
chrétiens et les autres minorités furent forcés d'accepter la supériorité
islamique, d'éviter de prêcher aux musulmans et de payer le jizya, une taxe
pour les non musulmans. En vertu de la loi islamique, l'apostasie et le
blasphème étaient passibles de la peine de mort. La vie de chrétien en Espagne
durant cette période était loin d'être idéale. Il y eut des pressions pour
s'assimiler à la culture islamique et même se convertir à l'islam. Ceci conduit
beaucoup à pratiquer leur foi chrétienne en secret.
Voici un bref aperçu des martyrs qui ont vécu sous le
califat de Cordoue, al-Andalus (Ibérie musulmane).
Sainte Nathalie de Cordoue
LES SAINTS
Aurèle, Sabigotho (Natalia), et Georges
Aurèle naquit d'un père musulman et d'une mère chrétienne. Aurèle
était chrétien par la foi, mais en vertu de la loi islamique, il était
considéré comme un musulman donc il pratiquait son christianisme en secret.
Sabigotho (Natalia) naquit de parents musulmans, mais après
la mort de son père, sa mère se remaria avec un chrétien secret[1] L'influence
de son beau-père amena sa mère à adopter le christianisme. Cela conduisait
finalement à la conversion de Sabigotho. Lorsqu'elle épousa Aurèle, tous deux
pratiquèrent secrètement leur foi chrétienne dans la crainte des autorités
musulmanes[1].
Georges était un moine de Palestine. Il fut envoyé par son
higoumène pour demander des dons aux monastères d'Afrique du Nord[2] Après
avoir vu leur oppression, il décida de s'aventurer en Ibérie, mais il fut aussi
choqué par l'oppression des chrétiens qui y vivaient. Une higoumène de Tabanos
lui ordonna de chercher Sabigotho[3].
Finalement, la persécution publique des chrétiens inspira Aurèle
et Sabigotho à proclamer publiquement le Christ. Ils rendirent visite aux
chrétiens persécutés en prison. Sabigotho eut une vision des deux martyrs,
Flora et Maria, au cours de laquelle elles dirent à Sabigotho qu'elle
rencontrerait son martyre quand un moine étranger arriverait[4] Quand Sabigotho
rencontra Georges, elle était convaincue que son heure était proche. Sabigotho
fut d'abord arrêtée pour apostasie et Aurèle fut arrêté peu après. Georges
aurait été libéré parce qu'il ne pouvait pas être accusé d'apostasie, mais
après l'arrestation d'Aurèle, il insulta l'Islam et fut arrêté pour
blasphème[5] Tous trois obtinrent la couronne du martyre le 27 juillet 852.
Félix et Liliosa (Lillian)
Félix était un parent d'Aurélius qui s'était converti à
l'islam, mais était revenu au christianisme en secret, car c'était illégal.
Liliosa était l'épouse de Félix, qui pratiquait sa foi chrétienne en secret.
Inspiré par Aurèle, Félix décida qu'il ne voulait plus être un chrétien secret.
Le couple commença à rendre visite aux chrétiens persécutés en prison avec
Aurélius et Sabigotho. Liliosa fut arrêtée pour apostasie avec Sabigotho. Félix
fut arrêté peu après. Le couple futmartyrisé avec leurs parents et le moine Georges
le 27 juillet 852.
Martyr de saint Euloge de Cordoue
Euloge
Euloge était un prêtre très respecté de cette époque. Il
avait fait ses études au monastère de Saint-Zoilus et il devint finalement chef
de l'école ecclésiastique de Cordoue. Euloge encouragea la communauté
chrétienne à proclamer avec zèle le Christ malgré les dangers. Il fut visité par Aurèle et Sabigotho pendant
l'une de ses incarcérations. Euloge fut décapité pour avoir aidé un converti
chrétien le 11 mars 859.
Isaac
Noble, éduqué en arabe, Isaac accéda à un poste élevé dans
le gouvernement (secrétaire de l'alliance)[1] Il finit par démissionner et
entra au monastère de Tabanos. Après quelques années au monastère, il retourna
à Cordoue et s'approcha immédiatement du palais de l'émir. Il déclara à un juge
du palais que le "prophète" de l'Islam était en enfer[2] Le 3 juin
851, Isaac fut décapité pour blasphème et son corps fut pendu pour que le
public puisse voir son sort[3].
Parce que la culture de l'époque rendait si difficile d'être
chrétien, beaucoup s’éloignèrent de la foi. Euloge encourageait le martyre
tandis que la hiérarchie de l'église locale le décourageait. Même une partie du
clergé désirait s'assimiler à la culture islamique. Les chrétiens nominaux se
convertirent ou cessèrent de pratiquer. Les martyrs ibériques nous enseignent
qu'indépendamment des pressions sociales ou de ce qui semble populaire, nous
devons toujours suivre l'exemple du Seigneur. Ces saints n'hésitèrent pas à
renoncer au prestige social, à la richesse, ni même à leur vie. La foi
chrétienne n'est pas une foi qui peut être compromise avec l'esprit du temps.
Il y a maintenant et il y aura toujours beaucoup de pression
sur l'Église pour qu'elle devienne sécularisée. Suivons l'exemple des martyrs
de Cordoue et soyons zélés dans notre foi en Jésus Christ.
Saints martyrs de Cordoue, priez Dieu pour nous !
*
NOTES
1] Kenneth B. Wolf, Christian Martyrs in Muslim Spain (New
York : Cambridge University Press, 1988), 28.
1] Ibid, 23.
2] Ibid.
3] Ibid, 24.
1] Ibid.
2] Ibid, 29.
3] Ibid.
4] Ibid, 28.
5] Ibid, 29.
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