"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 23 novembre 2016

Dieu est admirable dans Ses saints: Saint Milos et l’œuf de Pâques

Saint Milos
fêté le 10/23 Novembre


Les saints se révèlent de façon miraculeuse, et au printemps dernier, alors à Patras, Grèce, recherchant une interview pour St. Andrew’s Journeys (automne 2004), Le personnel de Road to Emmaüs prit un  café avec Mme Smaragda Pavlou, originaire de Patras, dont la surprenante histoire pascale fut le clou de notre visite. Hésitant d’abord à avoir l'histoire enregistrée, à l'instigation de son père spirituel, Smaragda accepta...
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C’était le Grand Jeudi 1939, ma sœur Photini et moi étions jeunes filles.

Le Grand Jeudi était le jour où nous teignions nos œufs de Pâques, et nous avions gardé pour cela beaucoup d'œufs pendant le Grand Carême. Patras n’était pas très peuplé en ces temps-là; nous avions du terrain derrière notre maison pour les poulets, et cette année nous avions une jeune poule nouvelle parmi nos volailles. 

Le matin du Grand Jeudi, elle pondit son premier œuf et elle mourut immédiatement. Nous fûmes très surprises et nous ressentîmes une grande pitié pour elle; nous avons donc pris l'œuf et l’avons mis avec les autres que nous teignions en rouge pour Pâques. 

Le Samedi Saint, les œufs furent bénis à l'église, à la paroisse de Saint Dionysios sur Astings Street, et après la Liturgie pascale, un œuf fut choisi pour être mis dans le coin d’icônes, comme bénédiction pour l'année. Cette Pâques-là, nous avons choisi l'œuf de la petite poule qui était morte, et nous l’avons mis dans le coin d'icône de la maison.

Quelques mois plus tard, le matin du 10 novembre, sans aucune raison particulière, l'œuf est tombé du coin d'icône de la maison, et s’est cassé avec un grand craquement. Au milieu des fragments de la coquille, nous avons trouvé un petit médaillon de cire ovale, avec une silhouette vêtue d'un homophore et d'un phélonion avec le Saint Evangile dans sa main, et le nom "Aghios Milos" (Saint Milos) gravé autour de la silhouette en  lettres capitales. Sur le côté opposé, sans inscription, il y avait l'image familière de saint Stylianos, tenant un nourrisson. Il nous a semblé que le contenu de l'œuf séché avait façonné une  icône-non-faite–de-main-d’homme. J’ai demandé à tous ceux que je connaissais qui était saint Milos, mais personne n'avait jamais entendu parler de lui, pas même le prêtre.

L'icône de l'œuf!

idem


Tout le monde dans notre famille vit cette merveilleuse icône venant de l'œuf. Nous savions que saint Milos était venu vers nous, et nous l’avons tous prié. Pendant toute une année après cela, les gens vinrent chez nous pour vénérer la petite icône; notre maison devint comme un sanctuaire public.

Ensuite, la Grèce fut envahie. C’était en 1940 et les Italiens bombardèrent Patras. Beaucoup de gens ont fui pour se mettre en sécurité dans notre maison, à cause de la présence de l'icône. Et en effet, notre maison fut une de celles qui restèrent debout après le bombardement. 

Tous les hommes de notre famille étaient allés combattre les envahisseurs italiens et allemands, chacun d’eux prit, comme protection, un peu de coquille d'œuf cassé cousu dans un morceau de tissu. Pendant la guerre, nos voisins perdirent un, deux, trois, parfois tous les hommes de leur famille, mais pas un de nos parents ne fut tué durant la Seconde Guerre mondiale ou durant la guerre civile qui suivit. Les bombes tombèrent autour d'eux, des balles et des explosions frappèrent des soldats à côté d'eux, mais ils furent sains et saufs. Plus d'une fois, ils furent les seuls de leurs compagnies restés indemnes, et nous savions que c’était par les prières du saint.

En Grèce, à cette époque, nos femmes avaient encore des bébés à la maison, et parce que l’on avait besoin des médecins pour l'armée, nous avons souvent eu à aider nous-mêmes [ces femmes]. Quand les voisines avaient des accouchements difficiles, ma sœur et moi prenions la petite icône pour les bénir. Nous priions saint Milos et saint Stylianos, et la naissance était toujours plus facile et la naissance du bébé sans problème. Plusieurs fois, les femmes qui eurent des hémorragies pendant l'accouchement furent aidées après avoir été bénies avec l'icône. L'hémorragie s’arrêtait simplement. Personne n'est jamais décédé après avoir vénéré l'icône.

Mais qui était ce saint Milos? Aucun d'entre nous ne le connaissait. J'ai demandé à beaucoup de personnes instruites, et à beaucoup de prêtres, mais aucun n'avait jamais entendu parler de lui, jusques il y a vingt ans, au moment où un pieux chrétien d'Athènes, qui était venu vénérer l'icône, a raconté l'histoire à un jeune théologien. Le théologien a entendu cette histoire la nuit du 9 Novembre, et il a été empli du désir de savoir qui était ce saint. Le lendemain matin, comme il lisait les noms des saints du jour dans le Ménée du 10 novembre, il a vu "aujourd'hui est célébré Saint Milos (ou Melisios), thaumaturge, hiéromartyr de Perse."

Il découvrit que saint Milos était un évêque du IVe siècle à Babylone, consacré après des années d'ascétisme dans le désert par l’évêque Gennade de Perse (aujourd'hui l'Iran). L'Eglise perse était profondément empêtrée dans le crime, le péché et la paresse, et les tentatives de Milos pour corriger le peuple restèrent lettre morte. Les avertissant qu'ils offensaient l'état aussi bien que Dieu, il les exhorta à se repentir avant que leurs crimes n’apportent la colère des autorités civiles sur eux. Ils le tournèrent en dérision, et voyant que leur situation était désespérée, il leur annonça qu'il allait partir et revenir seulement après qu’ils aient récolté une punition sévère pour leurs méfaits. Saint Milos partit alors pour la Terre Sainte, où il a vécu pendant deux ans avec saint Ammon, disciple de saint Antoine le Grand.

La population rebelle fut bientôt punie: le gouverneur de Babylone en passa des milliers par le fil de l'épée et lâcha sur eux un bataillon de trois cents éléphants qui écrasa tout sur son passage. 

Quand saint Milos revint, il se mit à rétablir la foi de ceux qui avaient survécu. Dans toute la Perse, sa réussite fut saluée par des acclamations, mais aussi par de la jalousie, et en 357, lui et quatre autres membres de son diocèse furent emprisonnés. 

Ceux qui étaient avec lui furent lapidés à mort, tandis que saint Milos fut d'abord torturé, puis utilisé comme cible vivante pour la chasse du dirigeant local et de son frère. Avant de mourir, percé de leurs flèches, il prophétisa que ses deux exécuteurs périraient de la même manière, et peu après, en chassant dans la forêt, un cerf s'élança entre eux. Chaque frère lâcha sa flèche, seulement pour la faire pénétrer dans le cœur de l'autre.

Le théologien fut tellement ému par l'histoire de son audition providentielle à la veille de la propre fête du saint qu'il fonda la Fraternité Saint Milos pour les orthodoxes de Patras, et il [construisit] une église dédiée à saint Milos, à la gloire de Dieu.

L'église de saint Milos, achevée

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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