"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 20 novembre 2016

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


7/20 novembre
22ème dimanche après la Pentecôte

Les 33 martyrs de Mélitène : saints Hiéron, Nicandre, Hésychius, Athanase, Marnas, Barachus, Valère, Xanthe, Théodule, Callimaque, Eugène, Théodoque, Epiphane, Maximien, Claudien, Théophile, Dorothée, Theodote, Anicet, Eutychès, Hilarion et leurs compagnons (IIIème s.) ; saint Lazare, ascète au Mont Galèse, thaumaturge (1054) ; saints Auctus et Taurion et sainte Thessalonicée, martyrs en Macédoine ; saint Zosime, higoumène de Vorbozomsk ; saints néo-martyrs de Russie : Cyrille, métropolite de Kazan, Alexandre (Kourmychsky), Michel (Goussev), Alexandre (Krylov), Nicolas (Romanovsky), Alexis (Moltchanov), Paul (Borissoglebsky), Basile (Krasnov), Paulin (Staropolev), prêtres, Jean (Mochkov) et Benjamin (Vladimirsky), diacres, Nicolas (Philipov), Élisabeth (Sidirov) (1937), Serge, archevêque d’Eletsk, Nicolas (Troïtsky), prêtre et Georges (Yourneve) (1937).
Lectures : Gal. VI, 11–18. Lc. VIII, 41–56 ;  Gal. V, 22 – VI, 2. Мatth. IV, 25 – V, 12.

SAINT HIÉRON[1]

S
aint Hiéron était originaire de Tyane (Cappadoce). Il vivait simplement et paisiblement du travail des champs sous le règne tyrannique de Dioclétien et Maximien (vers 290). Non contents de persécuter les chrétiens, ces deux despotes faisaient enrôler de force dans leur armée tous les hommes valides et vigoureux, pour les faire servir à leur soif de conquête. Hiéron était réputé dans toute la région de Cappadoce pour sa force et sa vaillance, c’est pourquoi le gouverneur Lysias  décida de le ranger dans ses troupes. Il envoya deux soldats l’arrêter, un jour où il travaillait aux champs. En les voyant, Hiéron comprit immédiatement la raison de leur venue, et que l’enrôlement ne signifiait pas seulement affronter les risques de la vie militaire, mais surtout qu’il l’obligerait à renier sa foi au Christ pour sacrifier à l’empereur, considéré comme un dieu par les Romains. Saisissant sa bêche par le manche, il se rua sur les soldats et les mit en fuite en leur causant de sérieuses blessures. Ils revinrent un peu plus tard avec des renforts et trouvèrent le saint réfugié dans une grotte avec dix-huit parents et amis. Pour éviter un combat sanglant, Hiéron accepta, sur les instances de son frère Cyriaque, de se livrer aux soldats et d’être conduit auprès du gouverneur à Mélitène.

Le soir venu, un ange apparut au saint et lui annonça qu’il se dirigeait non vers des combats pour un royaume terrestre, mais vers l’ultime et glorieux combat, lequel lui ouvrirait les portes du Royaume éternel. Le lendemain matin, tout à sa joie, le saint annonça à ses parents, qui avaient été arrêtés avec lui, que Dieu lui avait révélé le mystère préparé par sa Providence et que désormais le chemin de la captivité se confondait pour lui avec celui qui conduit au Ciel. Parvenu à Mélitène, il fut emprisonné avec trente-trois autres chrétiens. Dès lors, il passa son temps à les confirmer dans la foi et à les encourager à offrir leur vie à Dieu comme un sacrifice de louange.

Le saint martyr comparut devant le gouverneur qui l’accusa d’orgueil pour avoir résisté aux ordres de l’empereur et méprisé les idoles. Lorsqu’on lui apprit, en outre, que c’était Hiéron qui avait mis en fuite les soldats à coups de bâton, le tyran, au lieu d’admirer son courage, ordonna qu’on le soumît à la torture et qu’on lui tranchât la main. Après avoir supporté ces supplices avec allégresse, il fut jeté à nouveau en prison, dans l’attente d’un second interrogatoire. Un de ses compagnons de captivité, Victor — qui lui était apparenté — fit venir en cachette le geôlier et, par crainte des tortures et des tourments qui l’attendaient, lui proposa de lui céder son champ en échange de son évasion. Lorsque le soldat du Christ Hiéron apprit la fuite de Victor, il fondit en larmes, se lamentant sur le triste sort de son compagnon qui, pour sauver sa vie éphémère, venait de se priver de la vie éternelle et des délices sans fin réservées aux élus, pour se condamner aux flammes de l’enfer. Pressentant que l’exécution ne tarderait pas, il fit venir ses parents, qui avaient été relâchés, pour leur confier ses dernières volontés. Il demanda à sa sœur Théotimie de se charger de la célébration annuelle de sa mémoire et lui fit promettre de remettre la relique de sa main à sa pauvre mère aveugle, en guise de consolation dans sa détresse.

Le quatrième jour, il comparut à nouveau devant Lysias avec ses compagnons. Le gouverneur les fit frapper au moyen de verges, mais sans rien obtenir d’autre qu’une confession plus ardente de leur foi, aussi donna-t-il l’ordre de les décapiter. En marchant vers le lieu de leur supplice, les martyrs chantaient le long psaume des fidèles serviteurs de Dieu : Bienheureux ceux qui sont irréprochables dans la voie, qui marchent selon la Loi du Seigneur (Ps 118).

Quelque temps après l’exécution, les parents du saint demandèrent à acheter ses reliques. Le gouverneur avide profita de l’occasion pour demander la contrepartie de leur poids en or. Il accepta aussi que l’on bâtît une église en l’honneur de saint Hiéron sur les lieux de son martyre.

Tropaire du dimanche du 5ème ton
Собезнача́льное Сло́во Oтцу́ и Ду́xoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасéнie на́ше, воспои́мъ вѣ́рніи и поклони́мся, я́ко благоволи́ пло́тію взы́ти на крéстъ, и cмéрть претерпѣ́ти, и воскреси́ти умéршыя сла́внымъ воскресéніемъ Cвои́мъ.
Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la Croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !

Tropaire des saints martyrs, ton 4
Му́ченицы Твои́, Го́споди, во страда́ніихъ свои́хъ вѣнцы́ прія́ша нетлѣ́нныя отъ Тебе́, Бо́га на́шего: иму́ще бо крѣ́пость Твою́, мучи́телей низложи́ша, сокруши́ша и де́моновъ немощны́я де́рзости. Тѣ́хъ моли́твами спаси́ ду́ши на́ша.
Tes Martyrs, Seigneur, ont reçu de toi, notre Dieu, la couronne d'immortalité pour le combat qu'ils ont mené; animés de ta force, ils ont terrassé les tyrans et réduit à l'impuissance l'audace des démons; par leurs prières sauve nos âmes, ô Christ notre Dieu.


Tropaire de saint Lazare, ton 8
Бдѣ́нными моли́твами, тече́ньми сле́зными сто́лпъ омочи́лъ еси́, и изъ глубины́ воздыха́ньми во сто́ трудо́въ уплодоноси́лъ еси́, и бы́лъ еси́ па́стырь, всѣ́мъ подая́ проще́ніе, преподо́бне о́тче на́шъ Ла́заре, моли́ся Христу́ Бо́гу спасти́ся душа́мъ на́шимъ.
Dans tes prières de toute la nuit, tu as fait pleuvoir sur ta colonne les flots de tes pleurs et dans tes profonds gémissements, tu as fait produire à tes peines cent fois plus; en pasteur, tu accordes à qui t'approche le pardon; vénérable Père Lazare, prie le Christ notre Dieu de sauver nos âmes.

Kondakion des saints martyrs, ton 8
Ли́къ му́ченическій я́сенъ, по́лкъ свѣтоно́сенъ, соше́дъ къ на́мъ разу́мно, Це́рковь дне́сь просвѣти́лъ е́сть чу́дными заря́ми. Тѣ́мже, пра́зднующе честну́ю па́мять и́хъ, про́симъ отъ Тебе́, Спа́се на́шъ: тѣ́хъ моли́твами отъ бѣ́дъ изба́ви на́съ, да пое́мъ Ти́: аллилу́ія.
Porteur de brillante clarté,  le chœur des Martyrs, se levant en esprit, a projeté sur l'Église en ce jour les rayons de ses merveilles; célébrant leur sainte mémoire, Sauveur, nous Te demandons de nous sauver, par leurs prières, de tout danger, dans Ta divine miséricorde et ton amour pour les hommes.


Kondakion de saint Lazare, ton 4.
Яко свѣти́льника превели́каго Це́рковь Христо́ва сла́витъ тя́ съ весе́ліемъ псало́мски. Тѣ́мже не преста́й моля́ся Христу́ да́ти всѣ́мъ прегрѣше́ній проще́ніе.
Comme un très grand luminaire, l’Église du Christ te glorifie avec allégresse dans les chants. Aussi, ne cesse pas de prier le Christ d’accorder à tous le pardon des péchés.




Kondakion du dimanche du 5ème ton
Ko а́ду Спа́сe мо́й, coшéлъ ecи́, и врата́ сокруши́вый я́ко всеси́ленъ, умéршиxъ я́ко Созда́тель coвоскреcи́лъ ecи́, и cме́рти жáло сокруши́лъ ecи́, и Aда́мъ отъ кля́твы изба́вленъ бы́сть, Человѣколю́бче. Тѣ́мже вси́ зове́мъ : спаси́ на́съ, Го́споди.
Ô mon Sauveur, Tu es descendu aux enfers, brisant ses portes comme Tout-Puissant; et avec Toi, Créateur, Tu ressuscitas les morts, brisant l’aiguillon de la mort et libérant Adam de la malédiction, ô Ami des hommes ! Aussi, tous nous Te clamons : Seigneur, sauve-nous!


HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR

« Mais pour moi, à Dieu ne plaise que je me glorifie en autre chose qu'en la Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Pour lui, se glorifier est chose blâmable, mais lorsqu’il s'agit du monde et d'être glorifié par les infidèles ; s'il s'agit du ciel et des fidèles, ce n'est plus de la vanité, c'est une véritable gloire, et une grande. La pauvreté est chose honteuse, pour nous c'est chose glorieuse; l'obscurité et l'humilité prêtent à rire à la plupart des hommes, nous nous en faisons gloire. C'est ainsi que la Croix même est pour nous un sujet de glorification. Paul n'a pas dit « Je ne me glorifie pas », ou « Je ne veux pas me glorifier », mais : « À Dieu ne plaise que je me glorifie». Il repousse cette idée comme déraisonnable, et invoque le secours de Dieu pour se préserver de ce péché. Et pourquoi a-t-on le droit de se glorifier de la Croix? Parce que Jésus-Christ a pris pour moi la forme d'un esclave, qu'Il a souffert pour moi, qui suis un vil esclave, un ennemi, un ingrat, et qu'Il m'a aimé au point de se livrer pour moi. Où trouver rien de pareil? Si des esclaves sont fiers, pour peu qu'ils soient loués par leurs maîtres, qui sont des hommes comme eux, comment ne devrons-nous pas nous glorifier, lorsque le Maître suprême, le vrai Dieu, n'a pas rougi de monter sur la Croix pour nous ? Ne soyons pas indignes de Son ineffable bonté. Lui-même ne s'est pas indigné d'être mis en Croix pour vous, et vous, vous rougiriez de reconnaître Sa bonté infinie ? C'est comme si un prisonnier, qui n'aurait jamais rougi de son roi, en avait honte après que celui-ci et parce que celui-ci serait venu en personne dans sa prison pour lui ôter ses chaînes. Ce serait le comble de la démence, car c'est précisément alors qu'il faut être fier. « Par qui le monde est mort et crucifié pour moi, comme je suis mort et crucifié pour le monde ». Par le monde, il ne désigne ni le ciel, ni la terre, mais les choses de la vie humaine, les louanges accordées par les hommes, l'éclat de la puissance, la gloire, la richesse, et tout ce que nous regardons comme brillant. Cela est mort pour moi. Voilà le chrétien tel qu'il doit être, voilà le langage qu'il doit toujours tenir.



[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras

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