Écrit par Mère Porphyria, higoumène du monastère de l’Ascension du Sauveur à Taxiarchai-Drama (Grèce) et traduit en français par Sœur Julienne, une moniale française qui vit dans ce monastère depuis près de quarante ans, ce livre présente la Vie du père Georges Karslidis, né en 1901 et décédé en 1959, canonisé en 2008 par le patriarcat de Constantinople et par l’Église orthodoxe russe. Le père Georges est l’un des grands spirituels du xxe siècle, très connu depuis plusieurs décennies en Grèce, où plusieurs livres lui ont été consacrés, et où ses reliques miraculeuses attirent de nombreux pèlerins au monastère de l’Ascension où il a vécu.
Saint Georges eut à affronter, depuis sa toute petite enfance et jusqu’à sa naissance au ciel, des épreuves incessantes de nature variée. Sa patience à les supporter en restant, par sa piété constante, dans la proximité de Dieu, et la grande compassion que lui suscitèrent ses propres souffrances à l’égard de tous les éprouvés, furent des raisons majeures de sa sanctification.
Issu d’une famille originaire du Pont qui avait dû s’exiler au XIXe siècle en Géorgie en raison des persécutions ottomanes, le jeune Athanase Karsidis naquit le 18 janvier 1901 à Tsalka, un village situé à 3000 mètres d’altitude où une forte communauté grecque s’était implantée malgré des conditions climatiques très rudes. Ses parents moururent tous deux le même jour du choléra alors qu’il était âgé de trois ans. Avec son frère et sa sœur, il fut pris en charge par sa grand-mère maternelle, mais deux ans après la mort de ses parents, il subit durant le reste de son enfance des mauvais traitements de la part de son frère. Pris en charge totalement par celui-ci lors de la mort de leur grand-mère, il dut s’enfuir en plein hiver à travers les montagnes, tant sa situation était devenue insupportable. Arrivé miraculeusement à Batoumi, il fut recueilli par un ottoman qui le prit en pitié et lui confia la garde de ses bêtes. Déplacé miraculeusement jusqu’à Tbilisi, il y fut recueilli par une dame pieuse qui le confia à son père spirituel, qui le prit pour l’aider à l’église, puis le conduisit au monastère de Dranda (près de Soukhoumi en Abkhazie), qui abritait, à cette époque, près de 300 moines russes. Il était alors âgé de neuf ans, mais toutes les années qui avaient précédé avaient été émaillées par des visions et des interventions de saints (en particulier de saint Georges et saint Ménas), répondant à son engagement aussi profond que précoce dans la vie spirituelle. Pendant quinze ans il mena dans ce monastère, malgré son jeune âge, la même vie austère que tous les autres moines, et y fut tonsuré le 20 juillet 1919 sous le nom de Syméon. En 1924, lors de la grande persécution qui toucha l’Église, le monastère fut fermé, et le jeune moine, avec ceux de ses frères qui n’avaient pas encore été tués par les communistes, fut enfermé dans un égout sordide de Tbilisi qui servait de prison. Après plusieurs semaines passées dans des conditions de vie atroces, le père Syméon fut conduit avec d’autres détenus au bord d’une fosse pour être fusillé. Les balles le laissèrent en vie, mais touchèrent ses pieds, ce qui l’empêcha jusqu’à la fin de sa vie de marcher normalement. Laissé pour compte par ses bourreaux, il erra alors comme un vagabond, affamé et sans logis. Au cours de cette errance, la Providence lui permit de rencontrer un évêque des environs, qui l’ordonna prêtre clandestinement le 8 septembre 1925, lui donnant le nom de Georges. Il célébra alors en secret la Liturgie et les sacrements dans des familles chrétiennes. Dénoncé, il fut arrêté et torturé, et son corps ensanglanté fut exposé à travers toute la ville. Depuis cette époque, sa santé fut gravement altérée ; il perdit toutes ses dents et ses blessures aux pieds ne cessèrent d’empirer. Il continua à mener une vie d’errant, étant parfois hébergé pour un temps par des familles pieuses. En 1926, alors que se préparait une nouvelle vague de persécutions, le Père Gorges rejoignit une communauté de Grecs à Soukhoumi (Abkhazie), à laquelle il apporta un grand soutien spirituel. La situation devenant de plus en plus insupportable il se joignit à un groupe de familles qui avaient décidé de se réfugier en Grèce. Après six mois passées dans la région de Kilkis, il se rendit près de Drama, au village de Sipsa, où résidait un membre de sa famille. Il continua cependant à vivre de la charité de plusieurs familles qui l’hébergèrent successivement, mais qui avaient des difficultés à assurer l’accueil des nombreuses personnes qui venaient dès lors de toute la grande région pour recevoir ses conseils spirituels. Ce n’est qu’en 1938 qu’il put recevoir un petit lopin de terre que l’État grec concédait aux réfugiés, et qu’avec l’aide des fidèles qu’il servait et qui le soutenaient, il put construire une petite église, avec deux cellules et une petite cuisine, et quelques années plus tard une hôtellerie, l’ensemble constituant un petit monastère, dédié à l’Ascension du Seigneur, dont le Père Georges fut cependant le seul moine jusqu’à son décès en 1959. Tombé dès lors en ruines, le monastère fut restauré et progressivement agrandi après 1970, lorsqu’un petit groupe de filles spirituelles du Père Georges se constitua en communauté monastique. C’est aujourd’hui un grand monastère où l’on vient de tous les pays orthodoxes pour vénérer les reliques de saint Georges, qui fut canonisé en 2008.
Ce livre ne se borne pas à décrire la vie remplie d’épreuves de ce grand ascète du Christ, qui l’on peut considérer comme un martyr car il témoigna de sa foi au sein de souffrances et de persécutions innombrables et fut fusillé à cause d’elle.
Il décrit abondamment ses multiples vertus, évoque les nombreux charismes dont il fut pourvu par l’Esprit Saint, le soutien spirituel puissant qu’il apporta à de nombreux fidèles, et les nombreux miracles qu’il accomplit par la grâce de Dieu de son vivant et après qu’il eût quitté cette terre.
Bien que cela soit anecdotique sur le plan spirituel, on peut noter que saint Georges fut vu plusieurs fois en lévitation, et que c’est l’un des rares saints orthodoxes dont la relique du crâne porte sur le front l’empreinte de la croix.
Reposant sur les témoignages de nombreuses personnes qui ont connu et fréquenté le saint, ce livre est certainement le meilleur de ceux qui lui ont été consacrés jusqu’à présent, et on se réjouit qu’il ait pu paraître en langue française dans une bonne traduction.
Saint Georges, le Confesseur Christ, protecteur des pauvres et des souffrants, Éditions du Saint Monastère de l’Ascension du Sauveur Taxiarchai-Drama, Grèce. Diffusé par la librairie du monastère de Solan.
Jean-Claude Larchet
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