"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 6 novembre 2022

21e DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE



Aujourd'hui, nous commémorons l'Icône de la Mère de Dieu Joie de tous les affligés, Protectrice de notre église ici à Mettingham. C'est aussi la dédicace de la cathédrale de San Francisco où se trouve le sanctuaire de saint Jean le Thaumaturge. 

L'origine de l'ancienne icône de la Joie de tous les affligés est inconnue, du moins elle n'est pas documentée. Le premier miracle enregistré lié à cette icône s'est produit en 1688. À l'époque, l'Église orthodoxe russe était dirigée par le Patriarche Joachim. Sa sœur, dame Euphémie, était malade et souffrait depuis longtemps d'un abcès abdominal, c'est-à-dire d'une plaie ouverte. Il semble que la maladie était si grave que l'on pouvait voir les organes internes d'Euphémie et que l'on craignait vraiment pour sa vie. Sa prière ardente à la Mère de Dieu fut exaucée : elle devait faire chanter un moleben (service d'intercession) devant l'icône de la Joie de tous les affligés, conservée dans l'église de la Transfiguration à Ordynka. Le prêtre fut convoqué. Il apporta l'icône,  servit le moleben avec la grande bénédiction de l'eau et bénit la femme souffrante avec de l'eau bénite. La vie d'Euphémie fut épargnée et elle guérit de son mal. Remerciant la Mère de Dieu, Euphémie rendit publique la nouvelle de sa guérison miraculeuse et c'est ainsi que l'icône devint célèbre. L'Église institua une fête commémorative, le 24 octobre, en l'honneur de ce miracle. (Nous sommes aujourd'hui le 24 octobre au calendrier julien).

Sur l'icône, la Mère de Dieu est représentée dans la gloire, au centre, entourée de gens orants, de malades, de souffrants, de pauvres, de personnes en deuil et de personnes dans le besoin ou dans la peine. De chaque côté de la Mère de Dieu se trouvent des anges qui lui adressent les demandes. Les pétitions sont représentées par de petits rouleaux. En 1688, l'église d'Ordynka était un bâtiment en bois, mais au début du XVIIIe siècle, elle fut reconstruite en briques. Ce bâtiment n'a pas survécu à l'incendie qui eut lieu lors de l'invasion de Napoléon. La seconde reconstruction fut réalisée dans le style classique, qui était encore à la mode au début du XIXe siècle. Cette église, qui subsiste, est circulaire et contient cette ancien icône qui est toujours un objet de dévotion. 

L'icône originale (celle de Moscou) montre la Sainte Vierge tenant l'Enfant Jésus, mais il existe une seconde icône, Joie de tous les affligés, à Saint-Pétersbourg. Celle-ci est connue sous le nom d'icône aux pièces de monnaie. Cette copie de l'icône de la Joie de tous les affligés, qui montre la Mère de Dieu ne tenant pas l'Enfant Jésus, a été retrouvée échouée sur la rive de la Neva et était conservée dans une chapelle du village de Klochka. Elle était sombre et peu lumineuse. En 1888, lors d'un violent orage, l'édifice fut frappé par la foudre, causant des dégâts considérables. Les murs étaient carbonisés et la tirelire à aumônes fut brisée, éparpillant son contenu sur le sol. Lorsque les gens ont vérifié les dégâts, ils ont trouvé l'icône face contre terre. Lorsqu'on la releva, non seulement elle était devenue lumineuse et claire, mais des pièces de monnaie adhéraient à sa surface. Le renouvellement de cette icône fut considéré comme un signe du Ciel et il est commémoré chaque année le 23 juillet.

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L'Évangile dominical d'aujourd'hui est la parabole de Lazare et de l'homme riche (Luc 16, 19-31). Cette parabole traite de l'épineuse question des richesses du monde et de l'usage que nous en faisons. L'homme riche n'est pas nommé, ce qui montre qu'il n'est pas digne que Dieu se souvienne de lui par son nom - je ne me souviendrai pas de leurs noms sur mes lèvres (Psaume 15:3) - mais le Seigneur mentionne le nom du pauvre pour montrer que les noms des justes sont inscrits dans le "Livre de Vie". Le tableau est complété par la description du fait que l'homme riche mangeait fastueusement chaque jour, et non pas modérément ou occasionnellement, et qu'il était vêtu des vêtements les plus coûteux. 

Nous voyons maintenant le contraste avec Lazare qui était sans ressources et visiblement malade, couvert de plaies qui ne guériraient jamais parce qu'il était très mal nourri. C'était déjà assez grave, mais il souffrait aussi  de la proximité de ceux qui avaient plus que le nécessaire et qui ne lui offraient rien, pas même les restes. Dans de telles circonstances, d'autres personnes maudiraient Dieu, ou du moins se plaindraient et deviendraient amers. Il est clair que Lazare n'a pas agi de la sorte et qu'il avait une âme juste. Nous le savons car il nous est dit que lorsqu'il mourut, son âme fut escortée par les anges. En revanche, on nous dit que l'homme riche mourut et fut enterré, probablement avec des cérémonies mondaines, mais sans anges ; voyage vers le bas, plutôt que vers le haut.

L'expression "dans le sein d'Abraham" a une signification. Abraham offrait l'hospitalité aux étrangers. C'est un reproche à l'homme riche pour son manque d'hospitalité. L'homme riche ne s'adresse pas à Lazare, mais seulement à Abraham. Il ne comprend toujours pas le caractère de Lazare mais le juge selon ses propres critères et s'attend à ce qu'il soit impitoyable. Il ne prend donc pas le risque de demander de l'aide à Lazare. Abraham ne s'adresse pas à l'homme grossièrement, mais démontre qu'il est capable d'exprimer de la compassion. Il s'adresse à lui en tant que fils et non en tant que créature sans cœur. Malgré cela, la réponse est sévère et négative.

Nous voyons que le châtiment a eu un impact. Enfin, l'homme riche pense aux autres, plutôt qu'à lui-même. Il demande de l'aide pour sauver ses frères du supplice. Il est clair qu'ils vivent de la même manière extravagante et égoïste. Abraham lui rappelle qu'il existe de nombreux maîtres, dont Moïse et les prophètes. Il dit donc : qu'ils les écoutent. L'homme sait que ses frères n'ont aucun respect pour ces choses et, dans son désespoir, il avance son dernier espoir. Il demande que Lazare revienne d'entre les morts, espérant qu'ils seront convaincus par des signes et des prodiges plutôt que par des paroles. Il est rapidement détrompé de cette idée : ils ne seront pas non plus convaincus si un seul est ressuscité des morts. Le Seigneur prédit son propre avenir. Il ressuscitera d'entre les morts, mais il y aura encore beaucoup de gens qui resteront obstinément non convaincus, même lorsque l'évidence sera devant leurs propres yeux.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND




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