Kiev, le 11 novembre 2025
Le Service de sécurité de l'Ukraine (SBU id est KGB ukrainien) a rendu compte hier de l'ampleur de sa persécution de l'Église orthodoxe ukrainienne canonique (UOC).
La SBU a annoncé qu'elle avait engagé 208 procédures pénales contre des représentants de l'UOC depuis le début de la guerre en 2022. Selon l'agence, 27 des personnes ciblées sont des hiérarques de haut rang - métropolites et archevêques - qui, selon elle, travaillent pour la Russie, bien qu'il soit bien connu que de nombreuses accusations sont entièrement fabriquées dans le but de faire pression sur l'UOC pour qu'elle rejoigne "l'église orthodoxe d'Ukraine" schismatique, gérée par l'État.
Le SBU allègue que le clergé a effectué des missions des services de renseignement russes visant à déstabiliser la situation sociopolitique en Ukraine. Selon les enquêteurs, les hiérarques ont utilisé des communautés religieuses pour recruter des croyants dans le réseau d'agents russes, justifier les crimes de guerre russes et appeler à la saisie de l'Ukraine.
Selon le SBU, 78 représentants de l'UOC ont été accusés de crimes sur la base de son matériel, tandis que 40 membres du clergé ont été condamnés à l'emprisonnement, dont quatre hiérarques servant d'administrateurs diocésains dans diverses régions d'Ukraine. L'agence a également signalé que 19 clercs de l'UOC titulaires de passeports russes ont vu leur citoyenneté ukrainienne révoquée ou des permis de séjour temporaire annulés à son initiative.
Accusations contre Metropolitan Onuphre
Le SBU se vante d'avoir révoqué la citoyenneté ukrainienne d'Orest Berezovsky, mieux connu sous le nom de Sa Béatitude Métropolite Onuphrye de Kiev et de toute l'Ukraine, chef de l'UOC.
L'agence prétend que le Métropolite Onuphre est en contact avec le patriarcat de Moscou et s'est consciemment opposé à l'obtention de l'indépendance canonique de l'Église ukrainienne du Patriarcat de Moscou. Le SBU allègue que malgré la guerre, le Métropolite Onuphre continue de soutenir la politique de l'Église orthodoxe russe et de sa direction, y compris celle du patriarche Kirill.
Ces accusations sont contredites par des faits documentés. Le Métropolite Onuphre a présidé et soutenu le Concile local en mai 2022 au cours duquel l'Eglise orthodoxe ukrainienne (UOC) s'est séparée du patriarcat de Moscou, comme en témoignent ses statuts modifiés. Le Métropolite Onuphre ne commémore plus le patriarche Kirill en tant qu'autorité sur lui, et il ne participe pas non plus aux réunions synodales du patriarcat de Moscou. L'UOC a également repris la fabrication de son propre saint Chrême.
Cas du Métropolite Arsène
Un exemple marquant de la campagne de la SBU est le cas de Son Éminence le Métropolite Arsène de Svyatogorsk, qui a été détenu pendant un an et demi pour des accusations fabriquées.
Il a d'abord été accusé d'avoir prétendument révélé des positions militaires ukrainiennes en mentionnant un point de contrôle dans une homélie, bien que l'homélie n'ait été publiée qu'après la suppression du point de contrôle. Après avoir été brièvement libéré, il a été immédiatement arrêté à nouveau pour de nouvelles accusations, celles de de nier l'agression russe et d'accusation des forces ukrainiennes d'avoir causé des morts et des dommages à son monastère.
Le Métropolite Arsène a souligné qu'il avait eu l'occasion de quitter l'Ukraine lorsque la Laure de Svyatogorsk était sous le feu en 2022, mais il a choisi de rester. Bien qu'il ait souffert d'une crise d'hypertension avec une pression artérielle de 200/110 lors de la procédure judiciaire début novembre, il s'est vu refuser des soins médicaux appropriés et il a été condamné à 60 jours supplémentaires de détention provisoire.
La SBU a également signalé avoir porté des accusations contre le Patriarche Cyrille et 18 autres représentants de la hiérarchie de l'Église orthodoxe russe.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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