Kiev, le 5 septembre 2025
Sept rapporteurs spéciaux des Nations Unies ont envoyé une communication officielle au gouvernement ukrainien, leur exprimant leur inquiétude face aux violations des droits des croyants, des journalistes et des avocats de l'Église orthodoxe ukrainienne.
La communication, datée du 14 mai, a été publiée par des experts de l'ONU sur l'ordre international démocratique, la liberté d'expression, l'assemblée et l'association pacifiques, l'indépendance judiciaire, les questions minoritaires, la liberté de religion et les droits de l'homme dans les contextes de lutte contre le terrorisme.
Les experts de l'ONU ont souligné les préoccupations concernant la loi ukrainienne d'août 2024 "Sur la protection de l'ordre constitutionnel dans la sphère des activités des organisations religieuses", qui interdit les organisations religieuses ayant des liens présumés avec des pays désignés comme "États agresseurs". Alors que la loi cible techniquement les organisations centrées en Russie, les politiciens ukrainiens ont ouvertement déclaré leur intention d'interdire l'Église orthodoxe ukrainienne [canonique] centrée sur Kiev.
La communication détaille des cas spécifiques de membres du clergé arrêtés, y compris le Métropolite Théodose de Cherkassy, qui a été battu lors de la saisie de la Cathédrale de Saint Michel en octobre 2024 ; le Métropolite Pavel, higoumène des grottes le Laure de Kiev, en résidence surveillée ; le Métropolite Arseny de la Laure de Svyatogorsk, détenu depuis avril 2024 ; le Métropolite Longin, connu pour avoir adopté plus de 500 orphelins ; et le père Evgeny Koshelnik, condamné à cinq ans de prison pour avoir utilisé le langage liturgique slavon.
Les rapporteurs ont signalé des saisies forcées de propriétés de l'Eglise, y compris la cathédrale de Saint Michel à Tcherkassy et le monastère d'Eletsky à Tchernigov, souvent avec des autorités qui n'interviennent pas ou ne participent pas activement. Ils ont noté que les représentants de l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique] se sont vu refuser la possibilité de contester ces expropriations par le biais de procédures judiciaires équitables.
Les experts de l'ONU se sont dits préoccupés par le fait que les accusations criminelles contre le clergé apparaissent basées sur un "discours religieux paisible ou sur des liens canoniques" plutôt que sur de véritables menaces pour la sécurité. Ils ont noté l'utilisation de concepts vagues tels que "l'idéologie du monde russe" pour justifier des poursuites fondées uniquement sur des affiliations religieuses historiques ou des positions théologiques.
La communication a également porté sur le ciblage des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme documentant des questions liées à
l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique], y compris le journaliste Dmitro Skvortsov, détenu pendant 23 mois pour trahison, et l'avocate Svetlana Novitska, arrêtée pour avoir défendu le clergé de l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique] et s'exprimant lors de forums internationaux.
Dans leurs questions à l'Ukraine, les rapporteurs de l'ONU ont demandé des explications sur la façon dont les restrictions imposées à l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique] sont conformes aux exigences du droit international en matière de légalité, de nécessité et de proportionnalité. Ils ont souligné que la liberté de religion reste non dérogeable même pendant les conflits armés et que la « sécurité nationale » ne peut être utilisée comme motif pour restreindre la liberté religieuse en vertu du droit international.
L'ONU a déjà soulevé des préoccupations concernant la persécution de l'UOC. Un rapport de l'ONU couvrant septembre à novembre 2024 a spécifiquement abordé le flou de la loi interdisant l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique] et a noté les saisies violentes d'églises qui se produisent dans tout le pays.
Le gouvernement ukrainien dispose de 60 jours pour répondre à la communication, après quoi la lettre et toute réponse seront rendues publiques sur le site Web de l'ONU sur les rapports sur les communications.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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