« Ne jugez pas ! »
Faute de discerner, nous jugeons, nous condamnons et, éventuellement, nous exécutons. Le Christ enseigne à ne pas juger, c’est-à-dire à ne pas condamner autrui. Il n’enseigne pas à nous abstenir du discernement. Comme l’ont dit les saints Pères, Il nous enseigne à distinguer la personne et ses actes ; à juger des actes sans condamner la personne ; à haïr le péché et à aimer le pécheur. Le Père céleste se réserve le jugement ultime et Il envoie son Fils et Verbe pour exercer le jugement ultime. Le jugement appartient ainsi, non à nous les hommes, mais à Dieu. Le repentir lui-même est le charisme par lequel, avec larmes, nous dissocions nos péchés de notre personne ; nous haïssons le péché que nous avons commis ; nous condamnons nos actes devant le Seigneur en croyant de tout notre cœur qu’Il fera miséricorde à notre personne.
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La langue perfide
Cette pathologie universelle du jugement, délire paranoïaque de la persécution, retarde le règne de Dieu, le royaume de Sa juste miséricorde, la civilisation de son amour sacrificiel. Dans plus d’un psaume, le Seigneur dénonce la maladie dont est atteint « la bouche débordant de malice » de celui « qui s’assied pour médire de son frère » (Ps. 49). L’homme malade du jugement d’autrui, de ses frères, des membres de l’Église et de la Société, « se glorifie de sa méchanceté » ; « tout le jour, sa langue rumine l’iniquité et l’injustice, comme un rasoir effilé » ; « langue perfide », il « préfère la méchanceté à la bonté, l’injustice à la droiture, en ses paroles » ; « il aime toutes les paroles qui détruisent, langue perfide ! » (Ps. 51).
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L’ascèse comme désintoxication
Les grandes périodes comme les jours hebdomadaires de jeûne constituent l’opportunité de la guérison. Nous ne sommes pas obligés de nous sentir continuellement entourés d’ennemis et de cultiver l’inimitié à leur égard. L’addiction au jugement se soigne. Nous apprenons à haïr la haine et à aimer l’amour. Nous jeûnons des pensées de jugement et de la jouissance qu’elles nous procurent. Et la grande victoire pascale est précisément l’amour des ennemis quand, cessant de les détester, nous devenons leurs amis, nous leur souhaitons tout le bonheur possible, nous intercédons pour eux, nous rendons grâce à Dieu pour eux car, par eux, nous sommes initiés à l’humilité et la miséricorde de Dieu.

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