La flagellation du Christ/ Mont Athos
Lors de la visite qu'il a effectuée en tant que chef d'une délégation de son diocèse au Phanar, l'évêque du Patriarcat œcuménique d'Australie, Mgr Macaire, a déclaré : "Aujourd'hui, nous vivons une période sombre dans l'histoire de notre Église, où un certain nombre de nos frères croyants contestent notre patriarcat parce que l'existence de manifestations dans l'Église orthodoxe ne leur convient pas". Il a indiqué que tous les problèmes qui se sont posés sont "à cause de cette conception erronée des protos dans l'Église orthodoxe". Ils proposent la tenue d'un synode panorthodoxe pour résoudre les problèmes que le patriarcat œcuménique a connus au cours des siècles."
Il n'est pas caché que ces paroles de Son Éminence traitent de la crise ukrainienne et de ses répercussions, qui ont conduit à une rupture de communion entre l'Église de Moscou et l'Eglise de Constantinople après que cette dernière eut entrepris de changer les frontières de l'Église russe et annulé, d'un trait de plume, trois siècles d'histoire, ignorant l'existence de l'Église légitime et accordant - en un acte sans précédent dans l'histoire de l'Église - une autocéphalie aux schismatiques qui ne possèdent aucune succession apostolique. Il critique également la position de la plupart des Eglises locales qui ont appelé à la tenue d'un Synode panorthodoxe pour trouver une solution à cette question et des Eglises qui ont rejeté la théorie de la primauté " sans égaux " et acceptent la primauté du patriarche de Constantinople comme premier parmi ses pairs.
Par conséquent, la meilleure réponse à Son Éminence est peut-être ce que le Métropolite Kallistos (Ware) a cité dans la section sur le Grand Schisme de son livre L'Église orthodoxe d'un auteur orthodoxe du XIIe siècle, Nicétas, archevêque de Nicomédie, où il a exprimé la position orthodoxe concernant la papauté d'une manière magnifique :
"Mon très cher frère, nous ne refusons pas à l'Église romaine la primauté parmi les cinq Patriarcats frères, et nous reconnaissons son droit au siège le plus honorable dans un Concile œcuménique. Mais elle s'est séparée de nous par ses propres actes, alors que par orgueil elle a assumé une monarchie qui n'appartient pas à son office... Comment accepterons-nous des décrets d'elle qui ont été émis sans nous consulter et même à notre insu ? Si le Souverain Pontife romain, assis sur le haut trône de sa gloire, veut faire résonner sur nous le tonnerre et, pour ainsi dire, nous lancer ses mandats d'en haut, et s'il veut nous juger et nous gouverner, nous et nos Églises, non en prenant conseil avec nous mais de par son propre plaisir arbitraire, quelle sorte de fraternité, ou même quel genre de parentalité cela peut être ? Nous devrions être les esclaves, et non les fils, d'une telle église, et le Siège romain ne serait pas la pieuse mère des fils, mais une maîtresse dure et impérieuse des esclaves."
Son Eminence se rend-il compte que le problème du monde orthodoxe n'est pas avec la primauté du Patriarche de Constantinople, mais avec la compréhension déformée qu'en a Constantinople et avec la fierté, l'arrogance, la cruauté, l'arrogance et l'ignorance des autres - tous les autres - qui sont devenus les caractéristiques de la pratique de Constantinople ? Pense-t-il vraiment que la primauté s'exerce à travers les firmans sultaniques qui sont lancés sur les églises d'en haut et rendus publics par les médias ? Pense-t-il vraiment que la primauté s'exerce en dehors de la conciliarité, par une minorité sur la majorité ?
Le temps n'est-il pas venu pour lui et pour ceux qui, comme lui, de s'abstenir de théoriser l'autoritarisme rigide et l'auto-importance des trônes au nom de l'histoire et des prérogatives spéciales ? Le moment n'est-il pas venu de s'abstenir de diviser les fidèles et d'alimenter les rivalités ethniques entre eux pour soutenir l'une ou l'autre Église ? L'histoire n'aura aucune pitié pour ceux qui, au nom de l'autorité ou sous le prétexte de la supériorité numérique, alimenteront les flammes du schisme et de l'aliénation mutuelle, après être devenus la honte de l'orthodoxie et les nouveaux bourreaux du Christ.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Original en langue arabe
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