Père Victor Potapov
La terre représente aujourd'hui un grand champ, donné à l'homme pour être cultivé. Ce champ est divisé entre plusieurs nations, à chacune sa parcelle. Un terrain est aussi donné, à notre paroisse. Sa bonne culture dépend de nous, agissant avec l'aide de Dieu. L'Église et la paroisse ne sont pas seulement notre affaire personnelle et privée. Par leur intermédiaire, nous participons à la vie globale de l'humanité. Si notre vie paroissiale se déroule paisiblement et bien, si nous possédons l'esprit de vérité, de bonne volonté et d'amour, alors à travers eux nous participons à l'amélioration de la vie sur terre.
Nous avons une église, une paroisse, des paroissiens. Que pouvons-nous faire pour avoir aussi la vie ? Tout autour de nous est un océan de mal. Cependant, chaque personne est un trésor de bien. Souvent cette bonté est cachée, inutilisée, oubliée, couverte de poussière. Nous devons découvrir cette bonté, la recueillir, l'utiliser, et avec elle inonder l’océan du mal.
L'Église, la paroisse, doivent être le centre et l'expression de cette bonté. Chacun de nous doit s'efforcer de découvrir son propre trésor de bonté. Chacun de nous doit s'efforcer de voir et de découvrir le trésor de son frère. Que chacun devienne un chercheur et un bienfaiteur. Que l'Église soit son centre. Alors les concepts : foi, église, paroisse - deviendront vie pour le paroissien. En apparence extérieure, le bâtiment de l'église ressemble à un navire. Pourquoi en est-il ainsi ? Notre vie, surtout aujourd'hui, est une mer agitée. Les vagues de notre vie mondaine nous balottent de tous côtés. Où pouvons-nous nous tourner ? Où est le salut ?
L'aspect extérieur de l'église nous l’a déjà montré : Voici le bateau, voici le salut. En vérité, c'est le salut pour chaque croyant. Vivant dans l'Église, nous nous nourrissons, même sans nous en rendre compte, de la source de l'eau vive. Pourquoi alors arrive-t-il parfois que quelqu'un abandonne la Maison de Dieu, quitte l'Église ?
Il y a plusieurs raisons à cela. Parmi eux, on peut citer les suivantes : "J'ai entendu quelque chose de mal à propos du prêtre, ou il m'a fait du mal, intentionnellement ou non. Je suis offensé, et je n'irai plus à l'église". Ou bien : "Je suis offensé par l'un des paroissiens. Etre en sa présence interfère avec la prière - c'est pourquoi j'ai quitté l'Eglise.
Il y a là une grande erreur. Car nous venons à l'Église de Dieu, pas pour le prêtre, ni le chef de chœur, ni pour les paroissiens. Nous venons prier notre Seigneur Dieu, pour recevoir Son aide bénie. Après tout, c'est la chose la plus importante.
Le prêtre, le chef de chœur, les paroissiens sont tous secondaires. Nous entrons dans le Temple de Dieu pour monter à bord du navire de notre salut. Si nous nous noyons, et que nous cherchons le salut sur un navire, nous ne nous demandons pas qui est le capitaine, qui sont les marins ; nous savons seulement que c'est le navire du salut.
Il est erroné de substituer le secondaire au primaire. Bien sûr, c'est bien d'avoir un bon prêtre, mais si un prêtre nous offense d'une manière ou d'une autre, ou s'il nous est enlevé et remplacé par un autre, nous ne devons pas nous jeter dans la mer agitée. Si un prêtre nous offense d'une manière ou d'une autre, nous ne devrions pas le juger ; nous devrions plutôt prier plus ardemment pour lui.
Saint Théophane le Recluse raconte l'histoire d'une femme qui a remarqué quelque chose de mauvais chez son prêtre. De retour chez elle, et debout devant les icônes, elle a dit au Seigneur qu'elle ne cesserait pas de jeûner et de prier avec ferveur jusqu'à ce que le Seigneur corrige les défauts du prêtre. C'est ainsi qu'il faut se comporter lorsqu'on est offensé par un prêtre ou par toute personne dans l'Église. Pas en quittant l'Église, pas en se jetant dans la mer du monde.
N'oublions pas : Nous entrons dans le Temple de Dieu pour prier et participer à la vie bénie de l'Église. Ce prêtre-ci ou ce prêtre-là, ces manquements ou ces autres manquements ou ces insultes, ne doivent pas nous embrouiller et devenir des conditions de notre présence ou notre absence à l'Église.
Nous aimerions servir notre Seigneur et l'Église. Mais que pouvons-nous faire dans le cadre dans lequel nous vivons, dans cette vanité, dans cette fatigue, dans cet environnement si souvent éloigné de Dieu et même hostile à Lui ?
Tout d'abord, nous ne devons pas nous poser de grands problèmes. Nous devons nous efforcer de faire la plus petite des choses, la plus petite possible. Dans nos attitudes envers notre vie personnelle, nous devons clairement déterminer notre direction : vers le bien ou le mal, vers le péché ou la piété.
En ce qui concerne la vie de l'Église : nous devons nous reconnaître comme membres de la famille de l'Église, non pas comme invités de l'Église ou comme visiteurs quand l'humeur ou le malheur arrive, mais comme membres de la famille de l'Église, pour qui rien dans la famille n'est étranger, qui prennent la responsabilité de la vie familiale, qui l'aident quand cela est possible et qui, quand le malheur les frappe, acceptent simplement et avec calme son secours.
Penser que sur les quelques milliers de Russes et d'autres orthodoxes qui vivent dans notre région, seulement environ 400 sont entrés consciemment et de manière responsable dans notre famille ecclésiale ! Et combien de centaines de personnes sont déjà venues nous voir pour une aide spirituelle et matérielle.
Nous sommes heureux de vous aider, mais comme nous pourrions faire plus de bien si toutes ces personnes n'étaient pas de simples invités occasionnels, mais des membres responsables de notre famille ecclésiale.
[…]
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après
PARISH LIFE
Revue Mensuelle (Octobre 2019)
de la Cathédrale Saint Jean Baptiste
Washington (DC)
USA
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