Epiphane, primate schismatique créé par Istanbul
Photo : spzh.news
Kiev, le 28 juillet 2019
Épiphane "primate" de
l'église orthodoxe ukrainienne schismatique a récemment affirmé, comme l'a
rapporté l'Union des journalistes orthodoxes, que le fait qu'un hiérarque
orthodoxe grec ait servi avec ses évêques, indique de facto une reconnaissance
de l'Église de Grèce. Un examen plus approfondi révèle que cette affirmation
est un exercice massif d'équivoque, si ce n'est une fabrication pure et simple.
Voici ce qui s'est réellement passé, selon l'Union des journalistes orthodoxes
:
Le métropolite Ioannis (Tassias),
hiérarque de l'Eglise de Grèce a visité et servi avec Epiphane et les
schismatiques de l'église orthodoxe ukrainienne dans la Cathédrale Sainte-Sophie
de Kiev. Cependant, son éminence est le métropolite de Langadas, qui fait
partie des "Nouvelles Terres" de l'Eglise de Grèce.
Les Nouvelles Terres (ou Nouveaux
Territoires) sont un groupe d'environ 35 diocèses dans le nord de la Grèce qui
sont sous une position canonique très particulière en raison d'une histoire
complexe avec Constantinople. Ces territoires sont en effet, sous une forme de
"subordination duelle", c'est-à-dire qu'ils sont considérés comme
sous la "gérance" de l'Église de Grèce, mais ils sont finalement
soumis au trône de Constantinople. Six des douze membres du Saint Synode de
l'Eglise de Grèce sont des métropolites des Nouvelles Terres, ce qui signifie
en fait que Constantinople peut (in)directement influencer l'Eglise de Grèce à
travers ces hiérarques qui sont confirmés par et finalement soumis à son trône.
Cette situation a déjà été
discutée dans l'article "A propos du
bon docteur Aïbolit et de l'Église orthodoxe grecque".
Il est donc incorrect et tout à
fait trompeur d'affirmer que parce que le métropolite Ioannis, hiérarque des
Nouvelles Terres, a servi avec l'église orthodoxe ukrainienne schismatique,
l'Église de Grèce la reconnaît effectivement. En tant que hiérarque des
Nouvelles Terres, le métropolite Ioannis est finalement soumis au patriarcat de
Constantinople, et à ce titre, il reconnaît déjà de facto quiconque
Constantinople reconnaît.
Cette reconnaissance de fait ne
s'applique cependant pas à la majorité de l'Église de Grèce, qui n'est
directement responsable que devant le Saint Synode et l'Archevêque d'Athènes.
Même si un hiérarque individuel de l'Église de Grèce a servi avec l'église
orthodoxe ukrainienne schismatique, ce qui ne s'est pas encore produit, cela
n'indiquerait toujours pas une reconnaissance de la Grèce, car seul le Saint
Synode peut prendre cette décision.
De nombreux experts, en
particulier le prêtre et théologien grec Théodore Zisis, ont déjà noté que la
question est en grande partie bloquée à Athènes. Apparemment, certains membres
de l'Église grecque étaient très inquiets que Constantinople puisse essayer de
s'emparer des Nouvelles Terres s'ils ne soutenaient pas l'église orthodoxe ukrainienne
schismatique, alors que d'autres y voyaient une preuve que le Phanar essayait
de les contrôler.
Il convient toutefois de noter
que, malgré des pressions politiques extrêmes, le Saint Synode de l'Eglise de
Grèce n'a toujours pas voté en faveur de la reconnaissance des schismatiques,
ce qui, à lui seul, est un signe puissant.
Beaucoup de hiérarques grecs ont
déjà condamné catégoriquement les schismatiques, tels que les Métropolites
Séraphim du Pirée (et ici) Nectaire de Corfou, de Paxoi et des îles
Diapontiennes, Séraphim de Kythira, et Ambroise de Kalavryta. La métropole du
Pirée a également appelé le Synode à ne pas reconnaître les schismatiques
ukrainiens.
Epiphane, cependant, continue
d'être confiant que d'autres Eglises locales reconnaîtront lentement l'église
orthodoxe ukrainienne schismatique. A cette fin, il a même annoncé la création
d'un Vicariat roumain pour tenter de convaincre l'Eglise orthodoxe roumaine de
reconnaître l'église orthodoxe ukrainienne schismatique, bien que la
reconnaissance d'une Eglise ne doive être que canonique.
Bien que le métropolite Ioannis
servant avec les schismatiques de l'église orthodoxe ukrainienne schismatique
ne constitue pas une reconnaissance de facto, du fait qu'il est finalement
subordonné à Constantinople, avoir une hiérarchie de l'Eglise de Grèce - qui
est finalement sous Constantinople en même temps - sert avec les schismatiques
ne guérit aucune situation, mais simplement brouille davantage les pistes en
cette période déjà confuse.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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