"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 25 mai 2014

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


12/25 mai
6ème dimanche de Pâques, de l’Aveugle-né

St Épiphane, évêque de Chypre (403 ; St Germain, patriarche de Constantinople (740) ; Sts Savin, archevêque de Chypre (V) et Polybius, évêque de Rinokyr (V) ; St Denis de Radonège (1633) ; St martyr Jean le Valaque(1662) ; St hiéromartyr Hermogène, patriarche de Moscou et de toute la Russie, thaumaturge (glorification 1913) ; St hiéromartyr Pierre Popov, prêtre (1937) ; ste martyre Eudocie Martichkina (1938).

Lectures : Actes XVI, 16 – 34 / Jn. IX, 1 – 38

DIMANCHE DE L’AVEUGLE-NÉ
E
n ce dimanche est commémoré le don de la vue accordé par notre Seigneur Jésus-Christ à l’aveugle-né. Le miracle de la guérison de l’aveugle convient tout à fait aux jours de la Pentecôte chrétienne : à l’instar des autres événements commémorés par la Sainte Église en cette période, ce miracle annonce la puissance et la gloire Divines du Seigneur ressuscité (Jn IX, 31-33,38). Selon les explications du synaxaire, le miracle de la guérison de l’aveugle-né est commémoré ce dimanche, parce qu’il fut accompli le jour de la Pentecôte. Dans l’exemple de l’aveugle-né, l’Église présente la figure de chaque pécheur, qui est un aveugle de naissance, « parce que tous ont péchés et sont privés de la gloire de Dieu » (Rom. III, 33), tandis que par le don de la lumière miraculeuse aux yeux spirituels et corporels de l’aveugle, elle nous enseigne que l’Illuminateur véritable est le seul Seigneur. Ce n’est que dans Sa lumière que nous pouvons voir la Lumière véritable et salvatrice. Selon les enseignements de St. Tykhon de Zadonsk (+ 1783), « ce que sont les ténèbres matérielles pour l’œil, c’est le péché pour l’âme de l’homme ; les ténèbres spirituelles assombrissent et aveuglent à ce point les yeux spirituels, que le pécheur chemine comme un aveugle : il ne sait pas où son chemin le mène ; il ne voit pas devant lui la fosse de la perte éternelle, dans laquelle il doit tomber ; il ne fait pas la différence entre le vice et la vertu, entre le mal et le bien, entre la vérité et le mensonge ».
Tropaire de Pâques, ton 5
Хpистócъ вocкpéce изъ ме́ртвыхъ, cме́ртію cме́рть попра́въ и су́щымъ во гробѣ́xъ живо́тъ дарова́въ.

Le Christ est ressuscité des morts, par Sa mort Il a vaincu la mort, et à ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la Vie.
Tropaire du dimanche du 5ème ton
Собезнача́льное Сло́во Oтцу́ и Дýxoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасе́нie на́ше, воспои́мъ вѣ́рній и поклони́мся, я́ко  благоволи́ пло́тію взы́ти на кре́стъ, и cме́рть претерпѣ́ти, и воскреси́ти уме́ршыя сла́внымъ воскресе́ніемъ Cвои́мъ.
Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la Croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !

Kondakion de l’Aveugle-né, ton 4
Душе́вныма очи́ма ослѣпле́нъ, къ Teбѣ́ Хpисте́ прихожду́, я́коже слѣ́пый отъ poжде́нія, покая́ніемъ зову́ Tи : Tы́ cýщихъ во тмѣ́ свѣ́тъ пресвѣ́тлый.

Les yeux de mon âme étant aveugles, je viens à Toi, ô Christ, comme l’aveugle de naissance, et dans le repentir je Te clame : Tu es la Lumière très éclatante pour ceux qui sont dans les ténèbres.
Kondakion de Pâques, ton 8
А́щe и во гpóбъ снизшéлъ ecи́, Безсме́ртнe, но́ а́дову paзpyши́лъ ecи́ cи́лу, и воскре́слъ ecи́, я́ко побѣди́тель, Xpистé Бо́же, жена́мъ мироно́сицамъ вѣща́вый : páдуйтеся, и Tвои́мъ Aпо́столомъ ми́ръ да́руяй, па́дшымъ подая́й вocкpecéнie.

Bien que tu sois descendu, ô Immortel, dans le Tombeau, Tu as cependant détruit la puissance de l’enfer et Tu es ressuscité en vainqueur, ô Christ Dieu. Aux femmes myrophores Tu as annoncé : Réjouissez-vous, et à Tes apôtres Tu as donné la paix, Toi qui accordes à ceux qui sont tombés la Résurrection.
Au lieu de « il est digne en vérité » (ton 1):
А́нгелъ вопiя́ше Благода́тнѣй: Чи́стая Дѣ́во, ра́дуйся, и па́ки реку́: Ра́дуйся! Тво́й Сы́нъ воскре́се тридне́венъ отъ гро́ба и ме́ртвыя воздви́гнувый: лю́дiе веселит́еся. Свѣти́ся, свѣти́ся Но́вый Iерусали́ме, сла́ва бо Госпо́дня на Тебѣ́ возсiя́. Лику́й ны́нѣ и весели́ся, Сiо́не. Ты́ же, Чи́стая, красу́йся, Богоро́дице, о воста́нiи Рождества́ Твоего́.

L’Ange s’écria à la Pleine de Grâce : Vierge pure, réjouis-Toi, et je Te répète « Réjouis-Toi », car Ton Fils est ressuscité le troisième jour du Tombeau, et, ayant redressé les morts, peuples réjouissez-vous. Resplendis, resplendis, nouvelle Jérusalem, car la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Exulte maintenant et réjouis-toi Sion. Et toi, toute pure Mère de Dieu, réjouis-toi en la Résurrection de Ton Fils.

VIE DE SAINT ÉPIPHANE DE CHYPRE[1]
Notre Père saint Épiphane naquit vers l’an 315 dans une modeste famille juive de Palestine. À la mort de son père, il fut adopté par un docteur de la Loi, Tryphon, qui projetait de lui donner sa fille en mariage. Animé depuis son enfance d’un grand zèle pour l’étude, Épiphane étudia à ses côtés l’Écriture Sainte et les institutions juives, et acquit la connaissance de cinq langues : le grec, le latin, l’hébreu, le syriaque et le copte, chose fort rare à l’époque. À la mort de Tryphon, il hérita de toute sa fortune. Un jour, alors qu’il était en train de visiter ses terres et passait à cheval à côté d’un moine chrétien, nommé Lucien, ce dernier, rencontrant un pauvre et n’ayant pas d’argent, se dépouilla de son vêtement pour le lui donner, et aussitôt une robe d’une blancheur resplendissante descendit du ciel pour le couvrir. Ce signe vint confirmer l’admiration qu’Épiphane entretenait pour les chrétiens depuis que, dans son enfance, il avait été sauvé miraculeusement par l’un d’eux de sa monture emballée. Tombant alors aux pieds de Lucien, il le supplia de le baptiser et de l’accepter dans l’ordre angélique. Baptisé par l’évêque de la cité, il distribua tous ses biens et devint disciple de saint Hilarion, dont il suivit avec exactitude, pendant tout le reste de sa vie, la stricte discipline ascétique. Les mystères et les figures de l’Ancien Testament prenant tout leur sens dans la lumière du Christ, il s’adonna avec encore plus d’ardeur à l’étude et, avide de connaître le mode de vie des moines d’Égypte, il entreprit un long voyage dans cette terre d’élection de la vie ascétique. Il s’informa aussi sur les doctrines professées par diverses sectes et hérésies qui y pullulaient, rassemblant ainsi les éléments de son traité monumental contre toutes les hérésies. Il rentra en Palestine, après quatre années, et fonda un monastère près de son village natal, qu’il dirigea en toute sagesse pendant trente ans. On raconte que, par sa prière, il fit jaillir de l’eau de la terre desséchée et que les cellules des moines furent construites par des Bédouins qui avaient été témoins de ses miracles. Par l’invocation du Nom du Christ et grâce à son don de clairvoyance, Épiphane chassait les démons qui tourmentaient les villageois et certains de ses moines. Il répandait largement les aumônes ; mais c’était surtout par son charisme d’enseignement et d’interprétation des Écritures qu’il brillait comme un astre sur toute l’Église. Ayant réalisé le danger que représentait pour l’Église la sagesse hellénique, source des multiples hérésies, il s’employa pendant toute sa vie à lutter pour la défense de la vraie foi. On raconte qu’un philosophe célèbre vint d’Édesse au monastère de saint Épiphane pour discuter des Saintes Écritures. Ils débattirent longtemps sur les mystères de la création, Épiphane tenant en main la sainte Bible et le philosophe les écrits d’Hésiode, et bien que la lumière de la vérité fût éclatante, ce dernier restait obstiné. Mais lorsqu’il vit Épiphane guérir un possédé par l’invocation du Nom du Christ, renonçant à la vaine sagesse, il demanda à être baptisé. Ayant quitté son monastère pour échapper aux honneurs des hommes et parvenu à Chypre, où il eut la grande joie de retrouver saint Hilarion, Épiphane accepta, sur la pression de ce dernier, d’être consacré évêque du siège métropolitain de Constantia (l’ancienne Salamine), vers 367. Il voyait dans cette élévation non pas une occasion de vaine gloire, mais plutôt un moyen d’échapper aux entreprises des hérétiques semi-ariens fort influents en Palestine. Pendant vingt-six ans, il montra un zèle exemplaire dans le gouvernement de son diocèse et la confirmation de la foi orthodoxe, tant à Chypre que dans le reste du monde. Sa générosité et ses interventions en faveur de ceux qui étaient victimes de l’injustice lui attirèrent toutefois la haine d’une partie de son clergé, menée par le diacre Carin, qui l’accusa de dilapider l’argent de l’Église. Malgré toutes les entreprises de ce dernier pour diffamer le saint, Épiphane lui montrait toujours la même bienveillance, et Carin fut finalement châtié par Dieu et périt misérablement. On raconte que, lorsque le saint célébrait la Divine Liturgie, il voyait visiblement le Saint-Esprit descendre sur les dons pour les sanctifier. Un jour, il fut privé de cette vision, à cause de l’indignité de l’un de ses concélébrants. Après l’avoir écarté, saint Épiphane supplia Dieu avec larmes et ne continua la célébration qu’à la suite d’une nouvelle manifestation de la gloire divine. Très attentif à l’intégrité morale de son clergé, le saint prélat voulait que ses clercs fussent par leurs vertus un digne ornement pour l’Épouse du Christ ; aussi avait-il transformé son palais épiscopal en monastère, où il menait la vie commune avec plus de soixante-dix clercs. En 382, laissant le gouvernement de son diocèse à saint Philon de Carpathos, Épiphane se rendit à Rome, en compagnie de saint Jérôme et de Paulin d’Antioche, dans le but de résoudre en faveur de ce dernier le schisme d’Antioche. De retour à Chypre, lors d’une terrible famine, il distribua à la population le blé qu’il avait acheté aux accapareurs, avec de l’or reçu à la suite d’une vision. Dans son zèle pour extirper de la théologie chrétienne toute trace d’hellénisme, saint Épiphane concentra particulièrement ses efforts contre les doctrines d’Origène. En 393, prenant la parole à Jérusalem à l’occasion de la fête de la Dédicace de la basilique de la Résurrection, il proclama qu’Origène était le père de l’arianisme et de toutes les hérésies. Le soir même, le patriarche Jean, auquel Épiphane reprochait sa sympathie à l’égard des origénistes, répliqua et la querelle s’envenima, prenant une large ampleur, surtout lorsque saint Jérôme se rangea aux côtés d’Épiphane contre le patriarche Jean et son ancien ami, Rufin d’Aquilée. S’éloignant de la cité tourmentée, Épiphane se rendit quelque temps dans son monastère d’Éleuthéropolis, puis retourna dans son diocèse, sans pour autant abandonner un combat, au cours duquel son caractère ardent et sa simplicité l’avaient porté à des prises de position extrémistes. Le flambeau de la lutte anti-origéniste passa alors à l’archevêque d’Alexandrie Théophile (401) qui, en vue d’assouvir sa rancune contre quatre frères de noble origine (appelés les « Longs Frères », à cause de leur haute taille). Poursuivis par l’archevêque, ils se réfugièrent à Constantinople, dans l’espoir d’obtenir gain de cause auprès de St Jean Chrysostome. Utilisant cette occasion pour accuser St Chrysostome, qu’il jalousait, d’être le protecteur de l’hérésie origéniste, Théophile s’adressa à Épiphane. Mal informé de la situation et des motifs réels de Théophile, le vieil évêque, pensant partir à la défense de l’orthodoxie, se rendit à Constantinople. Accueilli avec révérence par saint Chrysostome, Épiphane refusa ces marques d’honneur ; il alla demeurer dans une maison privée et procéda à l’ordination d’un diacre dans un monastère. Saint Chrysostome lui fit savoir qu’il était très affligé d’apprendre que son frère dans l’épiscopat avait agi ainsi contre les saints Canons et agitait sans raison le peuple contre son pasteur. Saint Épiphane décida alors de prendre le chemin du retour, afin de ne pas être davantage cause de discorde, et il quitta la capitale. Il remit son âme à Dieu pendant la traversée (12 mai 403), après avoir exhorté ses disciples à préserver la pureté de la foi. Le culte de saint Épiphane se répandit rapidement et son tombeau reste un des lieux de pèlerinage les plus vénérés de l’île, dont il est le saint patron, avec saint Barnabé.
LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Jean XXI, 1-14. Liturgie : Actes XX, 16-18, 28-36 ; Jean. XVII, 1-13




[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petra (version abrégée).

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