"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 19 octobre 2025

19e DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE et du saint apôtre Thomas

 



Aujourd'hui, nous commémorons le saint apôtre Thomas. Malheureusement, le nom de ce grand luminaire est devenu un euphémisme pour désigner un sceptique, un Thomas incrédule, et il est souvent utilisé dans un contexte peu flatteur. 

Nous nous souviendrons de l'origine de cette injustice lorsque nous entendrons la lecture de l'Évangile pour la fête de saint Thomas, qui est le même passage des Saintes Écritures que celui lu le dimanche de Thomas, deuxième dimanche de Pâques. Les paroles du Seigneur, lorsqu'il montre ses blessures à Thomas, « Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru », peuvent être comprises comme s'adressant à nous tous, à travers le monde entier et à chaque génération, pour nous donner force et encouragement lorsque nous sommes tentés de vaciller. 

Tous les apôtres étaient des voyageurs dans leur engagement à répandre la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. Saint Thomas ne faisait pas exception, puisque la destination de ses travaux était l'Inde. Son dévouement à sa mission était total et inlassable. Il n'est donc pas surprenant qu'il ait provoqué la colère des dirigeants mondains qui étaient hostiles au Saint Évangile du Christ. Ainsi, ce saint homme a terminé sa vie terrestre en martyr. Un long texte ancien, connu sous le nom d'Actes de Thomas, rapporte de nombreuses traditions concernant ce grand apôtre. Le fait que ce manuscrit soit considéré comme apocryphe explique pourquoi il n'est pas inclus dans le Nouveau Testament. Il n'est pas nécessaire de rejeter l'ensemble du texte comme étant de la fiction, mais la prudence est clairement de mise. 



Nous nous souvenons que saint Jean le Théologien dit très clairement que son Évangile n'est qu'un récit qu'il a pu écrire, mais il ajoute qu'il y aurait beaucoup plus à écrire. Deuxièmement, en tant que chrétiens orthodoxes, nous comprenons que certaines choses nous sont parvenues grâce à la tradition orale. La Sainte Tradition peut embrasser cela parce que nous ne souscrivons pas au concept protestant de Sola Scriptura, qui s'exprime dans le mantra « La Bible et la Bible seule ». Si ce n'est pas dans la Bible, ce n'est pas vrai. La Bible fait partie de la Sainte Tradition, mais elle ne la constitue pas dans son intégralité. Les décisions des sept conciles œcuméniques, les textes liturgiques, les écrits des Pères, pour ne citer que quelques exemples, font tous partie de la Sainte Tradition. En termes d'autorité, ce qui est dans la Bible y est parce que l'autorité de l'Église l'y a mis. 
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L'apôtre rempli de grâce et véritable serviteur du Christ s'est écrié dans un élan de repentance : « Tu es mon Seigneur et mon Dieu. »

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Aujourd'hui, l'Évangile du dimanche raconte l'histoire du fils de la veuve de Naïn (Luc 7, 11-16) et fait suite à la guérison du serviteur du centurion. Cela s'est fait à distance. Le Seigneur n'était pas présent au chevet du malade et les sceptiques auraient donc pu dire que le serviteur aurait peut-être survécu de toute façon. 



Le Christ a dissipé tous les doutes par ce miracle remarquable. Il a rencontré le triste cortège funèbre et n'a pas guéri par sa seule parole. Il a touché le cercueil, montrant ainsi que son corps même est vie. Comme le dit Théophylacte dans son commentaire : « Parce que Dieu le Verbe, qui donne la vie à toutes choses, s'est lui-même fait chair, Sa chair elle-même est également créatrice de vie et enlève la mort et la corruption. Le jeune homme s'est assis et a commencé à parler. Ce n'était pas une apparition, mais la preuve de sa résurrection. Le commentaire explique : « Vous pouvez également comprendre que la veuve représente l'âme qui a souffert la perte de son mari, la Parole de Dieu qui sème la bonne graine. Et le fils d'une telle veuve est l'esprit qui est mort et qui est emporté hors de la ville, c'est-à-dire hors de la Jérusalem céleste qui est la terre des vivants.

La lecture de l'Évangile pour saint Thomas est Jean 20, 19-31 et raconte l'histoire bien connue de la rencontre de Thomas avec le Seigneur ressuscité. La King James Version utilise l'expression « Thomas, l'un des douze, appelé Didyme ». Cela est rendu littéralement dans certaines traductions par « jumeau ». Thomas avait-il un frère jumeau ? Si tel est le cas, cela n'est mentionné nulle part dans le Nouveau Testament.le. Thomas avait un caractère sceptique et avait tendance à être indécis. Le qualifier de sceptique né serait peut-être trop cynique, mais même s'il aurait voulu accepter quelque chose, son esprit ne pouvait ignorer ses réserves à ce sujet.

Le passage que nous lisons commence le dimanche, premier jour de la semaine. Nous pouvons difficilement imaginer la tension qui régnait ce soir-là après le traumatisme de la crucifixion, puis la nouvelle de la résurrection annoncée plus tôt dans la journée par les femmes myrrhophores. Nous constatons également un autre changement : les Juifs ne sont plus « nous », mais « eux ». À ce stade, le fossé entre ceux qui acceptaient le Christ et ceux qui le rejetaient commençait à se creuser. Les portes étaient fermées, mais le Christ est entré, démontrant ainsi que le corps ressuscité n'était plus soumis aux contraintes physiques, même s'il n'était pas une simple apparition. Pour apaiser les craintes des disciples, il leur a dit : « La paix soit avec vous », ce qui signifie « n'ayez pas peur ». Nous voyons également un autre développement. Les disciples étaient des disciples, mais en tant qu'apôtres, ils étaient dotés de l'autorité qui faisait d'eux les représentants du Seigneur. Le Christ souffla sur eux en disant : « Recevez le Saint-Esprit », mais il s'agissait d'un don partiel qui fut complété à la Pentecôte, lorsqu'ils reçurent la plénitude des dons spirituels et le pouvoir d'accomplir des miracles pour l'avancement du Royaume. 



Thomas, pour une raison quelconque, n'était pas présent à ce moment-là. Lorsqu'il a appris la nouvelle, « nous avons vu le Seigneur », son esprit avait du mal à le comprendre. De nos jours, nous pourrions utiliser l'expression « vous plaisantez ? ». Thomas a choisi la voie de la sécurité et a exigé une preuve. Une semaine plus tard, la scène s'est répétée et cette fois-ci, Thomas était présent. Le Seigneur sait tout, il n'a donc pas attendu que Thomas parle. Il lui a répété ses propres mots. Thomas a été inspiré théologiquement pour exprimer les deux natures du Christ. Il l'appelle Seigneur, un mot utilisé dans le monde humain, puis affirme sa foi avec les mots « ... et mon Dieu ». Les mots Seigneur et Dieu font référence à une seule et même personne. Le Christ a dit : « Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru. » Il ne privait pas Thomas de sa part de bénédiction, mais approuvait la foi des autres qui n'avaient pas exigé de preuve, et envoyait un message à toutes les générations futures. On pourrait s'interroger sur le corps ressuscité du Christ, qui, libéré de la grossièreté terrestre, n'était pas retenu par les murs et les portes. En même temps, il a montré qu'Il n'était pas un fantôme en démontrant qu'il pouvait être touché par des mains humaines. En effet, il montre à nouveau cette qualité plus tard en mangeant alors qu'il n'a pas besoin de nourriture terrestre. Il est clair que s'Il n'était qu'un simple fantôme, Iil serait incapable de manger.



L'évangéliste mentionne de nombreux autres signes. Il ne s'agit pas ici des miracles accomplis avant la crucifixion du Christ. Ceux-ci ont été accomplis sous les yeux du peuple, mais les signes dont il est question ici étaient réservés aux apôtres, qui étaient préparés à leur mission divine. À plusieurs reprises, saint Jean nous dit que beaucoup de choses ne sont pas écrites dans ce livre. 

Dans son commentaire, le bienheureux Théophylacte conclut ce chapitre par ces mots au sujet du Seigneur ressuscité : Il est ressuscité et il est vivant pour nous. Mais quiconque imagine que le Christ est mort et n'est pas ressuscité du tombeau n'a pas la vie en lui. En effet, en pensant cela, il confirme et assure sa propre mort éternelle et sa corruption.

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Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
in Mettingham. 
ENGLAND





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