C'est nous-mêmes qui devons dix mille talents, car nous avons tout reçu de Dieu sans rien lui rendre en retour. Il existe de nombreux échelons dans la société. Le plus grand débiteur de l'histoire était un homme qui avait un certain niveau de responsabilité, mais qui ne servait pas particulièrement bien son maître en utilisant son autorité sur les autres. La référence à la vente est une métaphore de l'aliénation de son seigneur, c'est-à-dire de Dieu. Sa femme et ses enfants représentent les actes de l'homme. Il doit donc être remis à un autre maître, opposé à Dieu. Face à cette réalité, l'homme tombe à genoux et implore la miséricorde, c'est-à-dire plus de temps pour payer. Le roi, c'est-à-dire Dieu, est miséricordieux et accorde même plus que ce que l'homme espérait. Dieu lui pardonne entièrement sa dette. Ce qui semblait au premier abord être de la sévérité n'était en fait qu'un moyen de concentrer l'esprit du serviteur afin qu'il place toute son espérance et sa confiance dans la miséricorde du Seigneur.
Malheureusement, le serviteur n'apprend pas la leçon. Il ne suit pas l'exemple compatissant de son Seigneur, mais traite un autre serviteur avec une inhumanité totale. Ce dernier était probablement d'un niveau social inférieur, car sa dette était beaucoup moins importante. Les autres serviteurs qui ont rapporté cela au roi représentent les anges, qui aiment le bien. Théophylacte nous rappelle qu'ils n'ont pas rapporté ces faits à leur Seigneur parce qu'Il n'en était pas conscient, mais pour que nous comprenions comment les anges veillent sur nos vies et ne se réjouissent pas de voir l'inhumanité avec laquelle nous traitons si souvent nos semblables. Pour citer : « Le Maître, dans son amour pour l'humanité, reproche au serviteur, pour montrer que ce n'est pas le Maître, mais la sauvagerie et l'ingratitude du serviteur qui ont révoqué le don ».
Le passage se termine par un avertissement. Nous sommes invités à pardonner avec notre cœur et pas seulement avec nos lèvres. Lorsque nous demandons pardon, cela ne doit pas être un simple stratagème juridique, mais nous devons être sincères. Sinon, nous serons comme le serviteur méchant de la parabole et nous savons ce qui lui est arrivé parce que son repentir était faux.
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Jeudi, nous célébrons la Dormition de la Sainte Mère de Dieu.
La lecture de l'Évangile pour la Dormition est Luc 10, 38-42, 11, 27-28, et vous remarquerez immédiatement qu'il s'agit du passage qui est toujours lu lors de la liturgie pour commémorer la Sainte Mère de Dieu, à l'exception de l'Annonciation. C'est l'histoire de Marthe et Marie.
Dans son commentaire, Théophylacte écrit : « L'hospitalité dont fait preuve Marthe est une grande vertu qui ne doit pas être méprisée ; mais il est encore plus important d'être attentif aux paroles spirituelles. La première nourrit le corps, la seconde donne vie à l'âme. Voyez la façon de penser du Seigneur : Il n'a rien dit à Marthe tant qu'elle ne Lui a pas donné de raison de la réprimander. Ce n'est que lorsqu'elle a essayé d'empêcher sa sœur d'écouter que le Seigneur a profité de l'occasion pour la réprimander.
En termes simples, c'est une leçon sur les priorités. La nourriture spirituelle est la chose la plus importante. Cela ne signifie pas que nous devrions négliger l'hospitalité humble au profit de la subsistance physique nécessaire, mais qu'un festin culinaire pourrait devenir un moyen de se mettre en valeur si cela devenait notre principale préoccupation. Nous lisons que Marie s'assit aux pieds de Jésus et écouta Ses paroles. Le commentaire reprend ce détail : les pieds sont considérés comme des symboles de vertu active, représentant le mouvement et la progression pas à pas. Et s'asseoir est un symbole de fermeté et de constance. Par conséquent, quiconque s'assoit aux pieds de Jésus, c'est-à-dire quiconque suit et imite Jésus avec fermeté, est établi dans toutes les vertus actives.
Sur la Croix, le Christ avait confié la Sainte Vierge à Jean, qui l'avait emmenée dans sa maison de Sion, à Jérusalem, où elle vécut jusqu'à la fin de ses jours. La tradition rapporte qu'elle se rendit à Chypre et à l'Athos, ainsi qu'à Éphèse, à l'époque de la persécution. Lorsque la Mère de Dieu s'endormit dans le Seigneur, les apôtres se réunirent pour la pleurer et l'enterrer, mais Thomas était absent. Cela s'est avéré fortuit, car lorsqu'il arriva trois jours plus tard, il demanda que le tombeau soit ouvert afin de pouvoir contempler son visage saint une dernière fois. C'est alors que l'on découvrit que le tombeau était vide.
La Mère de Dieu avait certes connu la mort physique, comme son Fils, mais comme le dit le Ménée, « elle dépassa la mort et le jugement, et vit pleinement dans le siècle à venir ». La résurrection du corps, que tous les chrétiens attendent, fut anticipée dans son cas et est déjà un fait accompli. Cela ne signifie toutefois pas qu'elle soit dissociée du reste de l'humanité et placée dans une catégorie totalement différente : car nous espérons tous partager un jour la même gloire de la résurrection du corps dont elle jouit déjà aujourd'hui.




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