"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 1 janvier 2023

DIMANCHE AVANT LA NATIVITÉ DU CHRIST

Saints Boniface et Aglaé


Les saints dont la commémoration a lieu au moment de l'une des grandes fêtes de l'Église ont tendance à être éclipsés, et donc peu connus. Aujourd'hui, le calendrier des saints mentionne saint Boniface, qui a subi le martyre à Tarse en l'an 290. Il était l'esclave d'une riche jeune femme romaine appelée Aglaé (son nom est parfois mentionné comme Agladia). Ce couple entretenait une relation amoureuse. La tradition semble les considérer comme d'origine païenne. Cependant, nous rappelons que Dieu nous a donné à tous deux attributs essentiels, le libre-arbitre et la conscience. Le libre-arbitre signifie réellement que nous sommes libres de faire ce que nous voulons, en bien ou en mal, car Dieu ne nous en empêchera pas. En revanche, comme mécanisme de contrôle de soi, il nous a accordé le don de la conscience, c'est-à-dire la capacité de faire la différence entre le bien et le mal. La manière dont ce couple a découvert le christianisme n'est pas relatée mais, par la grâce de Dieu, ils ont pris conscience qu'ils devaient changer leur mode de vie.

 Aglaé en vint à croire que la vénération des reliques des martyrs était agréable à Dieu et une source de bénédiction propice au salut. Elle s'arrangea pour que Boniface se rende en Orient, où une persécution féroce des chrétiens était en cours, avec l'intention qu'il revienne avec des reliques de martyrs. Boniface éprouvait des sentiments mitigés car il doutait d'être digne de manipuler les reliques de ceux qui avaient tout donné, y compris leur vie, pour le Christ.  À Tarse, il assista à la torture publique d'un groupe de chrétiens dont les visages, malgré les tourments qu'ils subissaient, brillaient de l'éclat de la Grâce du Seigneur. Il les embrassa et tomba à leurs pieds, implorant leurs prières pour que sa foi soit renforcée comme la leur l'avait été. Interpellé par le juge, Boniface se déclara chrétien et refusa de sacrifier aux idoles. Pour cela, il fut arrêté et soumis à d'horribles tortures, mais le Seigneur le préserva du mal. La foule fut si impressionnée qu'elle jeta des pierres sur le juge et se dirigea vers le temple païen pour renverser les idoles. Le jour suivant, Boniface fut soumis à de nouvelles tortures et finalement décapité, étant ainsi baptisé dans son propre sang. La tradition rapporte que plus de 500 âmes furent ainsi converties à la foi au Christ. Les compagnons de voyage du martyr payèrent une rançon pour pouvoir récupérer sa dépouille mortelle et la ramener avec eux à Rome. 

La veille de leur arrivée, Aglaé fit un rêve dans lequel elle vit un ange qui lui dit de se préparer à recevoir les reliques du martyr. Accompagnée de membres du clergé, elle reçut les reliques avec révérence et fit ensuite construire une église comme sanctuaire approprié, où des miracles furent enregistrés. Ensuite, Aglaé se retira du monde pour passer les quinze années restantes de sa vie dans la prière et le repentir. Ainsi, après des débuts peu prometteurs, Boniface et Aglaé ont obtinrent le salut. 

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Dimanche dernier, nous nous sommes souvenus des Justes qui, sous l'ancienne Alliance, attendaient la venue du Messie, le Christ Sauveur. Ce dimanche, nous nous souvenons de tous ceux qui constituent l'arbre généalogique depuis les premières générations jusqu'à, et y compris, saint Joseph le Fiancé. À leur sujet, et en parlant de ce dimanche, le Synaxaire dit :

Ce dimanche est également connu comme le dimanche de la Sainte Généalogie [des ancêtres]. Nous nous souvenons des noms susmentionnés, de ceux qui, dans l'Ancien Testament, étaient liés au Christ par le sang, et de ceux qui ont parlé de sa naissance en tant qu'homme. Dans la Divine Liturgie, nous lirons la lignée de Jésus-Christ dans l'Évangile de Saint Matthieu. De cette façon, l'Église nous montre que le Christ est vraiment devenu homme, en prenant la nature humaine. Il n'était pas un fantôme, une apparition, un mythe, un dieu imaginaire lointain, ou le dieu abstrait des philosophes ; un tel dieu n'a pas d'arbre généalogique. Notre Dieu est le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Il a des ancêtres humains, en chair et en os, dont beaucoup ont beaucoup péché, mais qui, comme David, se sont aussi beaucoup repentis. Pourtant, tous ces justes, à toutes les époques, ont été agréables à Dieu parce qu'ils L'aimaient. En prenant la nature humaine, le Fils de Dieu est devenu comme nous à tous égards, en chair et en os, en esprit et en âme, en cœur et en volonté. Il ne différait de nous que d'une seule manière : il ne pouvait pas pécher. Puisque nous savons que la nature humaine du Christ resta sans péché, Il est aussi pleinement divin, et Il nous montre la manière dont nous pouvons éviter le péché, et ainsi améliorer et transformer notre nature humaine.   

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La lecture de l'Évangile de ce dimanche est Matthieu 1, 1 - 25. Il s'agit de l'ensemble du premier chapitre de l'Évangile de saint Matthieu, qui commence par le sujet de la généalogie. Ces notes sont généralement un résumé du commentaire du bienheureux Théophylacte, qui en retient les points essentiels. Pour ce passage, Théophylacte donne près de neuf pages d'explications complexes dont nous extrairons quelques détails afin de répondre aux questions qui se posent.

Nous nous souvenons de la façon dont ces choses étaient exprimées par les prophètes qui s'adressaient à un public au cœur dur, voire désobéissant. La façon dont leur message était délivré était décrite comme une vision de Dieu, afin d'effrayer le peuple pour qu'il écoute. En outre, les prophètes ne pouvaient qu'imaginer le Seigneur, alors que Matthieu avait vu le Christ et parlé avec Lui. En outre, il s'adressait à un public de croyants. C'est ainsi qu'il commence Le livre de la génération de Jésus-Christ.... Jésus est un nom hébreu qui signifie "Sauveur" et Christ signifie "oint". Il y a eu auparavant des rois et des prêtres qui furent appelés "christs" et ainsi le Seigneur est le Christ confirmant à la fois sa royauté et son sacerdoce. Comme Jésus et Josué sont deux formes du même nom, l'Évangile évite toute confusion en ajoutant Fils de David. Parmi les rois, c'est à David qu'il a été promis que le Christ Seigneur naîtrait de sa descendance et cette promesse devait être bien connue du peuple.  

La lignée commence avec Abraham qui signifie "Père des nations". Ici, le commentaire entre dans le détail des différents ancêtres. La question qui se pose alors est de savoir pourquoi Matthieu rapporte l'arbre généalogique de Joseph et non celui de Marie, la Génitrice de Dieu ? Joseph n'était pas le père biologique du Christ. C'est l'explication de Théophile :

Joseph n'a vraiment eu aucune part dans la naissance du Christ ; c'est pourquoi il aurait fallu donner la généalogie de la Génitrice de Dieu. Mais comme il n'était pas licite de compter l'ascendance par la mère, il n'a pas donné la généalogie de la Vierge. Et pourtant, en donnant la généalogie de Joseph, Matthieu a également donné la généalogie de la Vierge. En effet, selon la loi, une femme ne devait pas être prise pour épouse par un homme d'une autre tribu et qui n'était pas de la lignée de son père. Ceci étant la loi, il est évident que la généalogie de Joseph inclut celle de la Génitrice de Dieu, car elle était de la même tribu et du même lignage. Si elle ne l'était pas, elle n'aurait pas pu être fiancée à lui. L'évangéliste respecte donc la loi qui interdit de compter l'ascendance par la mère et fournit en même temps la généalogie de la Mère de Dieu en donnant la généalogie de Joseph. Il appelle Joseph "l'époux de Marie", selon l'usage commun. En effet, nous avons l'habitude d'appeler l'homme fiancé "époux" de la fiancée, avant même que le mariage ait eu lieu.

Nous voyons maintenant qu'il y a une différence entre l'apparence et le fait. Joseph était fiancé et était donc le protecteur de Marie. Le Malin, le père du mensonge, ne pouvait pas semer les graines du scandale. Joseph apparaît extérieurement comme l'époux, mais il ne l'est pas dans les faits. Il devait protéger la Sainte Vierge contre l'accusation d'adultère et le châtiment qui en résulterait. Joseph connaissait la vérité, à savoir que Marie avait conçu par le Saint-Esprit. Il a donc cherché à la cacher secrètement car il n'osait plus prendre pour épouse celle qui avait été jugée digne par Dieu d'une telle grâce. La situation a été clarifiée et confirmée par l'ange qui est apparu en rêve à Joseph.

Le commentaire traite de la question soulevée par la prophétie selon laquelle une vierge sera enceinte. Théophylacte dit que dans l'Écriture, "vierge" et "jeune femme" sont synonymes. Marie est vierge et c'est le signe miraculeux promis par le prophète Isaïe. De plus, le prophète dit qu'ils l'appelleront Emmanuel et non "vous l'appellerez..." Ainsi, liturgiquement, nous nous dirigeons rapidement vers la grande fête de la Nativité du Christ.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND



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