"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 30 août 2022

Prêtre Ioan Istrati_C'est ainsi que Dieu est ressenti sur l' Athos.


 



Aujourd'hui, lors de la commémoration du saint starete la  Dionisios du skite de Colciu de la Sainte Montagne, de nombreux amis m'ont demandé d'écrire quelque chose de plus sur la Montagne et les saints. La Montagne de la Sainte Mère de Dieu est un royaume de la grâce de Dieu, gardé par des anges, une terre pleine d'hommes pieux, d'ermites, de théologiens. Où que vous marchiez, la terre est sanctifiée par deux millénaires de prière, de jeûne, d'efforts ascétiques et de vision de Dieu.

L'air à Athos est différent. Il est plus lourd et éclairé par la lumière, il est comme un voile des noces de l'homme avec Dieu. Le vent souffle différemment, de haut en bas, il est plus dur et il déchire plus le cœur, comme un avertissement de Dieu pour vos péchés. La lumière elle-même est beaucoup plus remplie de cristaux de grâce, elle murmure depuis le Ciel comme une symphonie de l'Amour divin.

Là, ce n'est pas comme dans le monde. Ici, sur la terre souillée par les péchés, vous pouvez prétendre que Dieu n'existe pas ou qu'Il ne vous voit pas et qu'Il ne vous entend pas, surtout si vous êtes très insensible. Dieu se retire du monde et Il n'est ressenti que par ceux qui pleurent en priant.

À l'Athos, Dieu est une preuve écrasante, une sensation d'une sainte surabondance, un murmure de joie, une source de larmes qui se déversent du Ciel, une présence sublime, d'une finesse infinie qui vous fait respirer l'air avec crainte et tendresse.

Là, tout est devenu prière, sentiment du Ciel, goût du Ciel descendant dans l'âme et débordant dans l'histoire.

Je vais vous donner un exemple.

Quand je suis allé à l'Athos pour la première fois, j'étais étudiant et j'avais quitté le monastère de Philothéou du cœur de la montagne en direction du monastère roumain de Prodromou sur un chemin de plusieurs kilomètres à pied.

J'avais une massue à la main, deux grosses prunes dans mon sac à dos et une pierre peinte avec la Sainte Mère de Dieu que j'ai portée tout le long sur la Montagne comme s'il s'agissait d'une meule de moulin

J'ai mangé les prunes. Le soleil brûlait de plus en plus chaudement, il y faisait plus de 40 degrés à l'ombre et il n'y avait pas du tout d'ombre sur la voie stérile où il n'y avait que de mauvais arbustes épineux. Il n'y avait pas de source, rien du tout, seulement de la poussière lourde sur le chemin et la chaleur insupportable. Lentement, mes forces se sont estompées. Je transpirais beaucoup et le maillot de corps qui me couvrait la tête brûlait.

Tout à coup, j'ai eu la sensation de m'évanouir. Je me suis assis dans la poussière jaune du bord de la route. Je me sentais étourdi. Il n'y avait pas de grand ou d'arbre imposant sur une distance de centaines de mètres

J'ai soupiré : Sainte Mère de Dieu. C'est tout ce que je pouvais dire. Je fermai les yeux un instant. J'ai vu une ombre devant moi. C'était un jeune moine avec une soutane noire poussiéreuse. Il m'a donné une bouteille de 0,5 litre d'eau glacée. Je l'ai bue en une seconde. Je me suis rétabli. Je l'ai remercié. Quand j'ai levé les yeux, il n'y avait personne autour. Le moine avait disparu.

Devant et derrière, sur une distance d'un kilomètre, il n'y avait personne. Je gardais cette bouteille en plastique bleu dans ma main et je pleurais. Je garde toujours la bouteille du moine invisible.

C'est ainsi que Dieu se ressent sur l' Athos.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

THE ATHONITE TESTIMONY

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