Parfois, dit-il, lorsque nous avons puisé de l'eau dans un puits, nous avons aussi ramené une grenouille avec elle, sans nous en rendre compte. De la même manière, pendant que nous cultivons les vertus, nous servons également les méchancetés qui leur sont étroitement liées, bien qu'elles ne soient pas apparentes. C'est précisément cette « arrogance de la vertu » que l'on trouve chez tant de personnes à l'esprit religieux. Mais lorsque l'acquisition des vertus est entreprise avec conscience et conformément à la volonté de Dieu, distincte de l'hypocrisie et de tout effort pour plaire aux autres, elle nous conduit à une promotion de l'humilité et à l'absence de passion (Saint Jean Damascène).
Si nous décidons d'apprendre la vérité sur nous-mêmes et sur les autres, si nous décidons d'arrêter de construire un « ego » imaginaire pour nous projeter sur notre environnement social, alors nous devons nous rendre compte que nous devons être francs et sincères. La sincérité a horreur de la prétention. La posture détruit l'unité de la personnalité car elle nous fait paraître extérieurement différents de ce que nous sommes réellement. Elle déforme l'essence de la vie spirituelle parce qu'elle promeut l'amour de soi, l'ambition et l'amour du plaisir.
Plus les gens s'aiment, plus ils deviennent dépendants des opinions de ceux qui les entourent. Mais le Christ nous enseigne à répudier le mensonge, l'égoïsme et toutes ces formes extérieures de bon comportement auto-justifiant. Et bien que les omissions et la faiblesse puissent être pardonnées, l'hypocrisie ne peut pas l'être. Donc, si vous décidez de vivre honorablement et franchement, alors vous devez examiner vos incohérences et y faire face sincèrement et sans excuses. Le remède à l'hypocrisie vient de la connaissance de soi, qui conduit à la repentance, qui est l'équivalent d'un changement existentiel.
Vous êtes appelés à vous lancer dans un cours de connaissance de soi, c'est-à-dire à comprendre dans votre cœur la vraie nature de votre maladie spirituelle, parce que ceux qui n'ont pas vu leurs ténèbres intérieures ne cherchent pas la lumière.
Nous sommes appelés à nous départir de nos supposées réalisations afin que, sur notre voie de repentance, nous puissions intérioriser l'effort de culture de la personne intérieure. Assurez-vous que la gentillesse et la politesse sont des états internes dans votre monde spirituel, et non des masques artificiels à porter afin de faire bonne impression sur les autres.
Nous sommes appelés à arracher le masque de la vertu et à revêtir notre véritable moi, parce que « Dieu surveille notre cœur et en vérifie le contenu », comme nous l'enseigne saint Païssios l'Athonite. Pour y parvenir, vous devez d'abord vous rendre compte que la valeur de votre vie ne dépend pas des diverses opinions que les autres ont de vous, mais du témoignage interne de votre conscience. Libérez-vous de tous les liens et illusions de courte durée du monde actuel, afin que vous puissiez comprendre que vous n'avez pas besoin de les accommoder, que vous n'avez pas besoin d'obtenir l'acceptation et les louanges publiques.
Adoptez la splendeur d'une simplicité totale. Soyez sincère et direct dans tous les aspects de votre vie. Cela suppose de l'effort, de la lutte et de l'exercice spirituel parce que, même si, occasionnellement, quelque chose d'authentique sort de l'intérieur de nous, notre vrai moi ne remonte à la surface que par les douleurs de la pratique ascétique spirituelle et corporelle. C'est précisément la lutte impitoyable et continue qui se livre dans notre âme intérieure : la lutte entre une personnalité sincère et une attitude fausse et hypocrite.
Vous devez donc viser à cultiver votre moi intérieur, plutôt que de prétendre que vous aimez ceux qui prétendent vous aimer. Parce que les gens spirituels ne sont pas « guindés », mais sont comme Dieu veut qu'ils soient. Libérés de l'égoïsme et des compulsions obsessionnelles de la conventionnalité, nous sommes appelés à cultiver les vertus ; non pas à devenir bien aimés de ceux qui nous entourent, mais à ne servir que l'amour de Dieu et l'amour des autres.
Alors évitons le glissement vers l'hypocrisie et le comportement affecté. Permettons à Dieu de submerger, de saturer, notre être. Guérissons-nous de notre égocentrisme par des pratiques ascétiques et l'observance des commandements, afin que nous puissions progresser vers l'amour pour nos frères et sœurs et de là vers l'amour pour Dieu, afin que nous devenions agréables non pas aux autres, mais à Dieu.
Si nous devenons agréables à Dieu, il est certain que nous deviendrons aussi agréables aux autres, parce que les vertueux sont comparés à une ville bâtie sur une colline, comme notre Seigneur Lui-même le confirme : « Une ville construite sur une colline ne peut être cachée » (Matthieu. 5, 14).
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
citant
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