À l’issue de la liturgie célébrée en l’église de la Nativité de la Mère de Dieu à Cetinje, le métropolite du Monténégro et du Littoral Amphiloque a déclaré que le patriarche de Constantinople ne peut être appelé le primat de l’Église orthodoxe, qu’il ne peut à lui-seul décider des problèmes auxquels est confrontée l’Église orthodoxe et que ceux-ci ne peuvent être résolus que par un concile panorthodoxe qui est l’organe suprême de l’Église.
« Hier [le 25 octobre], nous avons eu une réunion au sujet des événements en Ukraine avec une commission du Patriarcat de Constantinople, dirigée par le métropolite de Pergame Jean. Malheureusement, le patriarche de Constantinople continue sa version des choses et n’y renoncera pas facilement » a déclaré le métropolite Amphiloque. Celui-ci a expliqué que cette commission construit sa position, au sujet de la question ukrainienne, sur le rôle du Patriarcat de Constantinople à travers l’histoire. « Mais leur problème et celui de nombreux autres est qu’ils ne réalisent pas que les temps ont changé. Et nous, notre Assemblée épiscopale, avons écrit au patriarche de Constantinople que l’ère constantinienne était passée, elle qui a commencé avec le saint empereur Constantin et s’est terminée en 1453 avec la chute de Constantinople sous l’occupation turque et en 1918 avec la mort de la famille impériale martyre des Romanov ».
Le métropolite a rappelé que Constantinople avait joué un grand rôle à l’époque où l’empereur Constantin avait transféré la capitale de l’ancienne à la Nouvelle Rome. « Et le fait que le siège de l’empire y ait été transféré, un empire qui a dirigé le destin de la Méditerranée pour ne pas dire du monde presque durant mille ans, a vraiment donné à Constantinople une grande mission, particulièrement pour nous, les peuples slaves. Ceux-ci ont reçu par Constantinople la foi orthodoxe, et après cela, l’indépendance de leurs Églises locales. Tout ceci est l’œuvre du grand Patriarcat de Constantinople. Mais notre temps est différent et il est indispensable que l’Église, en respectant tout ce qui a été à travers l’histoire, fonde néanmoins son avenir sur ces premiers siècles de son histoire, lorsqu’elle n’était pas tant liée au pouvoir [civil, ndt] », a souligné Mgr Amphiloque. Celui-ci a rappelé que l’Église était liée au pouvoir lorsque celui-ci est devenu chrétien par l’empereur Constantin puis, par la suite, jusqu’au tsar Nicolas. « Il y avait un pouvoir chrétien, des souverains chrétiens, des peuples chrétiens, des États chrétiens…
Aujourd’hui, nous n’avons ni des souverains chrétiens, ni des pouvoirs chrétiens. Quant aux peuples qui étaient chrétiens, à quel point le sont-ils aujourd’hui ? C’est ainsi que ce lien entre le pouvoir et l’Église qui avait un grand sens à travers l’histoire, n’existe plus aujourd’hui, malheureusement. L’Église est donc appelée à sa vie originelle et à ce que tout se passe en elle, d’autant plus les grandes décisions, selon l’esprit des saints Pères, c’est-à-dire selon l’esprit de ce premier concile de Jérusalem, dans les années 50 après la Nativité du Christ, où il est dit qu’il ‘a semblé bon au Saint-Esprit et à nous’. C’est le message qu’envoie aujourd’hui notre Église, et elle prie nos frères de Constantinople de comprendre qu’ils ne peuvent plus décider à eux-seuls. Que l’on soit de Constantinople ou de Belgrade », a souligné le métropolite Amphiloque, qui a précisé que le concile panorthodoxe est l’organisme suprême dans l’Église orthodoxe : « Le concile panorthodoxe est l’organisme suprême de l’Église orthodoxe depuis les temps apostoliques, et cela est valable à nouveau aujourd’hui.
Et tous ces problèmes qui se dressent aujourd’hui devant l’Église orthodoxe ne peuvent être résolus que par un concile, un concile œcuménique, un concile panorthodoxe », a souligné le métropolite Amphiloque. Celui-ci a également ajouté qu’il nous faut prier Dieu pour que cet esprit conciliaire se renouvelle dans l’Église du Christ, tout en respectant ce qui s’est produit à travers l’histoire ainsi que le Patriarcat de Constantinople, qui est l’Église du premier Trône. « Le patriarche de Constantinople ne peut s’appeler chef de l’Église orthodoxe, comme cela a été écrit dans ce tomos de l’Église ukrainienne, à savoir qu’il était le primat de l’Église orthodoxe, citant à ce sujet l’empereur Justinien. C’était au temps de l’Empire byzantin unique et lorsque d’autres royaumes et États ont été modelés selon celui-ci. Alors, les souverains, à l’instar de ce qu’était ici notre roi Nicolas Petrović, se sont indubitablement impliqués dans la vie de l’Église et ont donné une direction à sa vie. D’autant plus ici, au Monténégro, où l’orthodoxie était religion d’État, et le roi Nicolas a pratiquement hérité de cet esprit dont les fondements ont été posés par saint Pierre de Cetinje et Pierre II [Njegoš] cette relation entre l’Église et l’État.
Il peut en être ainsi lorsque le souverain est chrétien. Aujourd’hui, les états sont sécularisés, les peuples cheminent dans ces voies sécularisées, les chefs d’État sont souvent des athées, et on ne peut plus se conduire ainsi avec l’État, tout en étant respectueux de son autorité», a ajouté le métropolite, soulignant qu’il n’y a qu’un seul chef dans l’Église du Christ : « C’est le Christ, il n’y a pas d’autres chefs, il n’y a pas d’autres primats. Tous les autres sont des apôtres qui témoignent de ce chef, le Christ, comme chef de l’Église, laquelle est une, sainte, catholique et apostolique et à laquelle nous appartenons et que nous servons » a conclu le métropolite Amphiloque.
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