Jeudi
27 mai / 9 juin
ASCENSION DE NOTRE
SEIGNEUR
Saint Théraponte, évêque de Sardes, martyr
(IIIème s.) ; sainte martyre Théodora, vierge et saint martyr Didyme,
d’Alexandrie (304) ; saint Basile, petit-fils du roi Bagrat (Géorgie,
XIème s.) ; saint Théraponte du Lac Blanc (1426) ; saint Théraponte de Monza
(1597) ; saint Jean le Russe, confesseur en Cappadoce (1730).
Lectures :
Actes I, 1-12 / Lc. XXIV, 36-53
L’ASCENSION DE NOTRE SEIGNEUR[1]
L
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a fête de l’Ascension ne marque pas la fin du
temps pascal. Le temps pascal, c‘est la sainte cinquantaine de jours qui suit
la fête de Pâques et qui s’achève avec le dimanche de la Pentecôte, ou plutôt
avec les huit jours de l’après-fête de la Pentecôte, qui ne forment avec le
dimanche qu’un seul jour. Le Seigneur a voulu qu’après Sa Résurrection, Sa
montée au ciel et le don de l’Esprit-Saint aux hommes, fruit de Sa session à la
droite du Père, se répartissent sur une période de temps : quarante jours
pour l’Ascension, cinquante jours pour l’envoi du Saint-Esprit. Et la liturgie
suit ces étapes du mystère de notre salut. Le Seigneur ressuscité n’a pas voulu
que nous prenions tout de suite conscience du fait que, ressuscité, Il est
assis à la droite du Père. Selon une expression chère à St Irénée de Lyon, Il a
voulu nous habituer progressivement à Sa condition nouvelle de Ressuscité. Que
veut dire cette expression : « Assis à la droite du
Père ? » Elle signifie qu’en Sa nature humaine elle-même, le Christ
est revêtu de toute la Puissance divine, de toute Sa puissance de Seigneur du
ciel et de la terre, qui Lui est communiquée par Son Père. La nature humaine du
Christ est glorifiée, elle est remplie de ce rayonnement de la nature divine,
de cette gloire de Dieu, de cette gloire que le Fils unique possédait de toute
éternité avant la création du monde, et qui se répand maintenant dans Sa nature
humaine elle-même. Et l’Apôtre Paul nous enseigne que par le baptême, non
seulement nous sommes ressuscités avec le Christ, morts au péché et ressuscités
avec le Christ, mais que Dieu nous a fait asseoir avec Lui dans les
cieux : « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour
dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous
a fait revivre avec le Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés ! –
avec Lui Il nous a ressuscités et faits asseoir dans les cieux, dans le Christ
Jésus (Éphés. II, 4-6).
Tropaire de la
fête, ton 4
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Возне́слся ecи́ во cла́вѣ Христе́ Бо́же на́шъ, ра́дость сотвори́вый уче-нико́мъ обѣтова́ніемъ Свята́го Дýxa, извѣще́ннымъ и́мъ бы́вшимъ благослове́ніемъ, я́ко Ты́ ecи́ Сы́нъ Бо́жій, изба́витель мі́ра.
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Tu t’es élevé dans la gloire, ô Christ notre
Dieu, réjouissant Tes disciples par la promesse de l’Esprit Saint, et les
affermissant par Ta bénédiction, car Tu es le Fils de Dieu, le Rédempteur du
monde.
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Kondakion de la fête, ton 6
Е́же о на́съ испо́лнивъ смотре́ніе, и я́же на земли́ coeдини́въ небе́снымъ, возне́слся ecи́ во cла́вѣ Христе́ Бо́же на́шъ, ника́коже отлуча́яся, но пребыва́я неотсту́пный, и вопія́ лю́бящимъ Тя́ : а́зъ е́смь съ ва́ми, и никто́же на вы́.
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Ayant accompli Ton
dessein de Salut pour nous, et uni ce qui est sur terre à ce qui est aux
cieux, Tu T’es élevé dans la gloire, ô Christ notre Dieu, sans nullement
T’éloigner, mais en demeurant inséparable et clamant à ceux qui
T’aiment : Je suis avec vous et personne ne prévaudra contre vous.
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Au lieu
de « il est digne en vérité », ton 5
Велича́й душе́ моя́, возне́cшагося отъ земли́ на не́бо, Xpиста́ жизнода́вца. Tя́ па́че ума́ и cловecé Ма́тepь Бо́жію, въ лѣ́то безлѣ́тнаго неизpeче́нно ро́ждшую вѣ́pніи единoму́дpeнно велича́емъ.
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Ô Toi qui es au-delà de l’entendement et de l’expression, Mère de
Dieu, Toi qui, d’une manière inénarrable, as enfanté dans le temps le Dieu
intemporel, nous, fidèles, d’une seule voix, nous Te louons.
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VIE DE SAINT JEAN LE RUSSE[2]
Notre saint Père Jean naquit dans
un village de Petite Russie (Ukraine), en 1690, et grandit dans la piété et
l’amour des saintes vertus. Parvenu à l’âge adulte au temps de la guerre
russo-turque (1710), il fut enrôlé dans l’armée du tsar. Ayant participé à la
désastreuse campagne de Put, il fut capturé par les Tatares et vendu comme esclave à un Turc,
officier de cavalerie, qui l’emmena dans sa patrie, Prokopion, en Cappadoce.
Contrairement à beaucoup de ses compagnons de captivité, qui abjuraient le christianisme,
saint Jean résistait aux propositions et aux coups de son maître, en disant
qu’aucun tourment ne pourrait le séparer de l’amour du Christ. Il ajoutait : «
Tu es maître de mon corps, mais pas de mon âme. Si tu me laisses libre
d’accomplir mes devoirs religieux, c’est avec promptitude que j’obéirai à tes
ordres. C’est avec plaisir que je reposerai dans ce coin de ton écurie, en
pensant au Christ qui a considéré la crèche de Bethléem comme un lit royal. Je
supporterai sans murmure tes coups de bâton, comme le Seigneur endura les coups
des soldats. Je suis prêt à endurer les plus grands et plus effroyables
tourments, si tu veux m’y soumettre, mais je ne renierai jamais le Christ. »
Ces paroles pleines de ferveur chrétienne, ainsi que sa conduite chaste et
humble, changèrent le cœur et les sentiments de l’officier turc à son égard. Il
cessa de le tyranniser et ne l’obligea pas à renier sa foi. Commis au soin des
chevaux, Jean habitait un coin sombre de l’écurie, et lorsque son maître
sortait dans la bourgade, à cheval, il devait le suivre à pied, comme un
esclave. Le bienheureux acceptait cependant avec reconnaissance cette condition
avilissante et glorifiait Dieu de l’avoir ainsi délivré de l’apostasie. Sans
chaussures, été comme hiver, vêtu de guenilles, et prenant un peu de repos sur
la paille ou le fumier, comme le Juste Job, Jean n’en continuait pas moins ses
exercices de piété, et il passait des nuits entières, en prière, à genoux sur
le parvis de l’église voisine dédiée à saint Georges. Il acceptait sans murmure
les insultes et les moqueries des autres esclaves, et se mettait volontiers à
leur service.
Ces sacrifices et combats
vertueux ne restèrent pas sans effets bénéfiques pour son maître, qui devint le
plus riche et le plus respecté des habitants de la ville. Ayant décidé
d’entreprendre le pèlerinage à La Mecque, prescrit à tout pieux musulman, ce
dernier parvint à la ville sacrée après un long et pénible voyage. Quelques
semaines après son départ, sa femme invita parents et amis à un grand dîner,
afin que les convives expriment leurs vœux pour l’heureux retour de son époux.
Comme Jean entrait dans la salle pour y servir un plantureux riz pilaf, la
maîtresse de maison s’exclama : « Comme son maître se serait réjoui, s’il avait
été ici pour manger avec nous ce met dont il est si friand ! » Jean, s’étant
recueilli quelques instants en une prière silencieuse, demanda à sa maîtresse
de lui donner un plat garni de ce pilaf, pour l’envoyer à son maître à La
Mecque. Comme tous les convives se gaussaient, la maîtresse de maison lui donna
un plat de riz en souriant. Jean se retira alors dans l’écurie et éleva la
prière suivante vers Dieu : « Que Celui qui, autrefois, envoya le prophète
Habacuc à Babylone pour apporter de la nourriture au prophète Daniel, dans la
fosse aux lions (Dn XIV, 33sv.], exauce aussi ma prière
et fasse parvenir ce plat à mon maître ! » Puis il retourna dans la salle du
banquet et annonça que le plat était arrivé à destination. Tout le monde éclata
alors de rire, en l’accusant de s’en être gavé en secret. Cependant, quand le
maître rentra de voyage, rapportant avec lui ce plat vide orné de ses
initiales, et raconta qu’il l’avait trouvé, garni d’un délicieux pilaf, un soir
en rentrant dans sa tente, tous les habitants de la maison furent saisis de
stupéfaction, et, invoquant Allah, ils commencèrent à témoigner honneur et
grand respect à l’esclave chrétien. On lui proposa de lui rendre la liberté et
de lui donner une chambre plus digne, mais saint Jean refusa, disant qu’il
préférait rester dans le coin sombre de l’écurie, où il pourrait mieux
glorifier Dieu. C’est ainsi qu’il vécut pieusement, pendant plusieurs années.
Lorsqu’il tomba malade, il demanda qu’un prêtre lui apportât la sainte
Communion. Mais le prêtre, craignant de transporter ouvertement la sainte
Communion dans la maison d’un musulman, la cacha dans une pomme qu’il offrit au
saint. C’est ainsi que saint Jean reçut le viatique de la vie éternelle, et il
s’endormit en paix, pour obtenir la glorieuse liberté des enfants de Dieu, le
27 mai 1730.
Trois ans plus tard, un vieux
prêtre et d’autres chrétiens virent plusieurs fois dans la nuit une colonne de
feu qui descendait du ciel sur le tombeau du saint. Ils ouvrirent la tombe, et
trouvèrent son corps intact, exhalant une odeur suave. Ils le transportèrent
alors avec grande allégresse dans l’église de Saint-Georges, et le déposèrent
dans une châsse, sous l’autel. Dès lors les précieuses reliques accomplirent
d’innombrables miracles pour les chrétiens de Cappadoce, et même pour des
musulmans. Lors du pillage du village par les troupes d’Osman Pacha, en 1832,
les reliques furent jetées au feu par les soldats turcs. Mais elles restèrent
inaltérables, et le saint apparut au milieu des flammes, menaçant les soldats
impies. Les Turcs effrayés abandonnèrent tout leur butin et s’enfuirent du
village. Une autre fois, le saint apparut pour retenir de ses deux mains le
toit de l’école grecque qui s’écroulait, et il sauva ainsi les vingt enfants
qui se trouvaient à l’intérieur.
Lors de l’expulsion des Grecs d’Asie Mineure
(1922), les chrétiens de Prokopion transportèrent avec eux en Grèce, au village
de Nouveau-Prokopion, dans l’île d’Eubée, ces saintes reliques, comme leur plus
grand trésor. Saint Jean y est depuis vénéré comme une source inépuisable de
guérisons et de bénédictions, pour tous ceux qui l’approche avec foi.
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