200 moines et moniales du diocèse de Moldavie de l’Église orthodoxe
roumaine ont adressé une lettre ouverte au métropolite de Moldavie et de
Bucovine Théophane, faisant part de leur préoccupation au sujet du Concile
panorthodoxe
Dans une lettre ouverte au métropolite de Moldavie et de
Bucovine Théophane, 200 moines et moniales du diocèse de Moldavie de l’Église
orthodoxe roumaine, on fait part de leur préoccupation au sujet du Concile
panorthodoxe :
« À S.E. le Métropolite de Moldavie et de Bucovine Théophane,
Le Christ est ressuscité !
En ces jours de grande joie pour nous tous chrétiens
orthodoxes, alors que « le Christ s’est levé du tombeau » et « a terrassé la
mort par la mort », nous partageons avec humilité et amour ces sentiments
élevés avec Votre Éminence.
Parallèlement à cette joie pascale, nos âmes, comme celles
de nombreux membres vivants de l’Église du Christ (clercs, moines et laïcs)
nourrissent des sentiments de profonde préoccupation au sujet du futur Concile
panorthodoxe du mois de juin sur l’île de Crète.
Nous savons que notre grande mission de moines est de prier
pour le monde entier, ayant pour œuvre principale la vigilance envers
nous-mêmes et la sanctification des âmes. Toutefois, notre conscience ne nous
permet pas d’être indifférents envers les problèmes contemporains qui
concernent l’éternité. C’est ainsi que le grand confesseur et maître des
moines, saint Théodore le Studite nous dit que « lorsque la foi est en danger,
le commandement de Dieu est de ne pas se taire. S’il est question de la foi,
personne n’a le droit de dire : ‘Qui suis-je ?’ Suis-je un prêtre ? Cela ne me
regarde pas ».
Nos craintes ne viennent pas de positions égoïstes, ni du
souhait de schismes ou de rébellions, mais d’une grande sincérité et du désir
du salut.
Cette inquiétude qui est nôtre concerne les projets de
documents de ce « grand Concile » et en premier lieu celui qui est intitulé «
Les relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien ». Bien que
le premier point de ce document reconnaisse la conscience qu’à d’elle-même
l’Église orthodoxe, les points 4,5,6,7, en revanche, en reconnaissant les
différentes hérésies comme Églises, altèrent le dogme sur l’Église une, sainte,
catholique et apostolique tel qu’il a été défini par le deuxième concile
œcuménique,
St Photius le Grand dit: « Il n’existe qu’une seule Église
du Christ, apostolique et catholique, mais non plusieurs, ni même deux, et
toutes les autres ne sont en fait que des “assemblées de ceux qui font le mal”
et des réunions de rebelles ».
Les projets de documents non seulement ne reconnaissent pas
les autres « Églises » comme hérétiques et hétérodoxes, mais promeuvent l’unité
avec celles-ci, comme il ressort du point 5. Des expressions telles que «
l’unité invisible » ou « l’unité perdue des chrétiens », comme mentionné aux
points 4,5,6,12 ne sont pas dans l’esprit théologique des saints Pères de
l’Église orthodoxe et, en fait, constituent le message fondamental du projet de
document. L’Église orthodoxe n’a jamais recherché l’unité avec les hérétiques
(ariens, monophysites, monothélites et iconoclastes). Au contraire, ses membres
vivants se trouvent en unité constante et pleine les uns avec les autres et
avec le Chef de l’Église, le Christ ressuscité.
L’Église orthodoxe a toujours considéré que l’unité ne peut
se réaliser que par le repentir des hérétiques, la renonciation à leurs
hérésies et à leurs chefs, tandis que le projet de document ne donne pas
l’impression qu’ils reviendront à l’orthodoxie. En outre, saint Cyprien de
Carthage dit que « les hérétiques ne reviendront jamais à l’Église si nous
renforçons leur conviction qu’ils ont aussi une Église et des sacrements saints
».
Un autre passage qui provoque notre tristesse est le point
22 du projet de document, dans lequel le grand Concile s’attribue le droit
d’être le juge final et compétent en matière de foi, oubliant le fait
historique que le plérôme ecclésial, qui est la conscience dogmatique vigilante
de l’Église, est toujours le facteur final et décisif.
Notre inquiétude est également provoquée par le texte sur
les mariages mixtes entre orthodoxes et hétérodoxes, qui sont absolument
inacceptables pour l’Église orthodoxe. Le 72ème canon du Concile quinisexte
affirme clairement dans ce sens qu’il « ne faut pas mélanger ce qui ne doit pas
l'être ». Étant donné que le texte destiné à être voté, « Relations de l’Église
orthodoxe avec le reste du monde chrétien » revêt un caractère dogmatique et
qu’il est de toute évidence rédigé dans une tonalité œcuménique qui altère et
démembre l’Église, nous ne pouvons, avec tout notre respect, être en accord
avec lui, et restons les disciples des Saints Pères.
Une attitude semblable à la nôtre envers le texte de projet
de document a été exprimée par le Synode de l’Église de Géorgie, le Synode de l’Église
de Bulgarie, le Synode de l’Église russe hors-frontières, les hiérarques grecs
(Leurs Éminences les métropolites Séraphim du Pirée, Hiérothée de Nafpaktoss,
Séraphim de Kitros, Jérémie de Gortyna, Paul de Glyphas), des hiérarques de
Chypre, de Moldavie, d’Ukraine, ainsi que des professeurs de théologie (Dimitri
Tseleggidis, Théodore Zisis) et de la Sainte Montagne de l’Athos.
Aussi, la position de Votre Éminence, fondée sur la sainte
tradition de l’Église orthodoxe, sera une lumière spirituelle qui guidera vers
le Royaume de Dieu le troupeau qui Vous est confié, sur les pas de nos grands
saints Pères et Confesseurs orthodoxes.
Avec une profonde humilité, nous demandons vos prières
paternelles et votre bénédiction épiscopale. Que le Seigneur vous renforce par
une juste confession et par toute œuvre bonne et salvatrice.
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