Saint
Nicolas a expliqué la formation des sectes très diverses du
bouddhisme japonais par le fait que le bouddhisme n'est pas tout à fait adapté
à l'esprit japonais, et donc les japonais se sont efforcés de créer des
versions qui permettraient de mieux l'adapter.
Décrivant
l'interdépendance des différentes écoles du bouddhisme japonais, saint Nicolas
écrit que "chacune de ces sectes repose sur un fondement qui est
inébranlable pour les bouddhistes: chacune a ses propres livres symboliques
du canon de la littérature bouddhiste sacrée. Cette littérature est si
vaste et multiforme qu'elle contient des livres directement en contradiction
avec les autres livres. Ceci, plus que n'importe quoi d'autre révèle que
l'origine de la littérature bouddhique vient de différents auteurs, souvent
adversaires les uns des autres; toutefois, chaque auteur s'est efforcé de
donner du poids à son propre travail, et il a donc pris soin de l'attribuer à
Bouddha... Ainsi, sur la base d'un seul et même enseignement de Bouddha, les
sectes les plus contradictoires apparaissent , et personne n'ose critiquer une
secte pour cela, parce que chacune peut pointer vers son propre argument
irréfutable dans le livre sacré. "[20]
Outre
l'appel aux textes, les fondateurs et les adeptes des différentes écoles, comme
le saint hiérarque le déclare, citent activement les différentes visions et
miracles, pour lesquels il note: "Il est impossible de faire le compte de
tous les miracles, rêves, chansons et dieux artificiels. Toutes les sectes
rivalisent les unes avec les autres pour montrer leurs miracles, chacun plus
étrange que l'autre, chacun plus fantastique que l'autre. Leur impudence
atteint de tels extrêmes qu’ils mentionnent des miracles, où n'importe qui peut
voir de ses propres yeux qu'il n'y a pas de miracle…
Les
bonzes sont devenus tellement habitués à des fantasmes et des déceptions qu'ils
les diffusent autour d’eux même quand cela n'est pas nécessaire. J'ai lu une
"vie" du Bouddha dans laquelle l'auteur affirme pieusement que la dot
de la mère de Bouddha contenait, sept charrettes pleines de "rares objets
néerlandais", et quand elle a conçu le Bouddha, une autre épouse du roi désira
par jalousie tuer l'enfant en elle, et donc elle se tourna vers l'un des
chrétiens, qui, comme chacun le sait, sont tous des sorciers, pour l'aider à
lancer un sort contre sa rivale. [21]
Ici se termine la brève revue
du bouddhisme japonais dans l'article, "le Japon du point de vue de la
mission chrétienne." Dans un autre article, "le Japon et la
Russie," saint Nicolas écrit que "le bouddhisme est la plus profonde de
toutes les religions païennes," et les Japonais "doivent remercier le
bouddhisme, pour son enseignement de l'égalité et de la fraternité envers tous
les peuples, pour son rejet de l'esclavage et pour l'absence de celui-ci dans
leur pays». [22]
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
NOTES
[20] Saint Hiérarque Nicolas (Kasatkine), “Le Japon du point point de vue de la Mission Chrétienne”, œuvres choisies de saint Nicolas, Archevêque du Japon (Moscou, 2006), p.53 (en russe)
[21] Ibid., 55.
[22] St. Nicolas du Japon, “Le Japon et la Russie”, œuvres choisies de St. Nicolas, Archevêque du Japon pp. 154-171.
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