Mère
Rachel était toujours occupée avec les gens: quand elle prenait congé des
laïcs, il venait des moniales qu'elle consolait et, prévoyant l'approche de la
fermeture du monastère, elle préparait les sœurs à porter patiemment la croix
de confesseur du Christ. Elle prédit que le monastère serait fermé après sa
mort et que les sœurs se disperseraient, tandis que des impies viendraient s'y
installer. Elle prédit aussi la grande guerre patriotique [la seconde guerre
mondiale], la réouverture du monastère et sa propre canonisation.
Mère
Rachel dirigeait ses enfants spirituels avec sagesse et humilité. Tous ses
mandements étalent empreints d'amour maternel et d'une sagesse emplie de grâce.
"Dieu
est tellement miséricordieux, disait-elle, que si quelqu’un a foi en Lui, même
peu, il ne périra pas. Aucune Mère ne peut aimer autant ses enfants que Dieu
nous aime. Comme nos péchés sont insignifiants devant la miséricorde divine! Ce
n'est qu'une poignée de sable jetée dans un océan. De même qu'avec cette
poignée on ne peut assécher l'océan, ainsi ne peut s'assécher la miséricorde de
Dieu envers le genre humain, si pécheur qu'il soit. Et combien Dieu est proche
de chacun d'entre nous, mes très chers! Il nous suffit de reprendre conscience,
de soupirer du fond de l’âme, de tourner notre cœur vers Le Seigneur, et voilà
que nous posons le prisme pour recevoir le soleil. Et aussitôt, Il sera avec
nous, Il se reflétera en nous, car Il se tient à la porte de notre cœur et Il
frappe. Ouvrons nos cœurs au Seigneur!"
Extérieurement,
Mère Rachel, "la vieille" comme elle se nommait, était très petite,
maigre et avait un œil qui louchait. Elle avait coutume de cacher sa
personnalité spirituelle et selon les souvenirs des sœurs, Matouchka était
comme une folle-en-Christ, une bienheureuse, tout d'un coup elle se mettait à
gronder tout le monde ou à faire quelque chose d'inutile. Et à ses visiteurs
elle répétait souvent qu'elle était "vieille et bête, et qu'elle ne savait
rien du tout".
Mère
Rachel, comme une grande sainte, était souvent attaquée par l'ennemi du genre
humain. Les démons se lançaient à sa poursuite, lançant des bombes de feu, ou
bien ils lui barraient l'accès de l'église, en barricadant le chemin d'une
multitude d'obstacles (planches, filets, cordes, tas de pierres]; ils entraient
dans sa cellule la nuit et ils la battaient cruellement. Mais Mère Rachel
surmontait toutes ces tentations par la force du signe de la croix et en
appelant à l'aide la Mère de Dieu.
En
I925, pendant le Grand carême, Mère Rachel tomba gravement malade et se
préparait déjà à passer dans l'éternité. Mais pendant qu'on lisait la prière
des mourants, elle vit une grande cloche descendre vers son lit, elle entendit
le son puissant de l’Angélus et les voix des anges qui lui annonçaient:
"Tu ne mourras pas aujourd'hui! Tu dois encore annoncer la miséricorde de
Dieu aux hommes!" Et effectivement, Mère Rachel se releva de son lit de
mort et continua comme par le passé à recevoir les affligés et ceux qui
portaient leur fardeau. Alors saint Théodose lui apparut encore une fois et en
la fortifiant, lui dit: "Il y a beaucoup d'affligés dans le monde,
console-les mais ne les invite pas de ta propre initiative".
Ces
années-là, les visiteurs furent particulièrement nombreux. Son humilité et son
amour sincère lui valurent de la part du Seigneur de grands dons de la grâce,
comme on le voit à partir des multiples témoignages des contemporains sur son
don de voyance et sur ses miracles. Ainsi elle prédit au diacre Jean
Pétropavlovsky, du village de Véchki, canton de Mojaïsk, gouvernement de
Moscou, qu'il deviendrait prêtre, ce qui arriva effectivement. L'archiprêtre
Alexandre Voskresensky, de la ville de Rouza, gouvernement de Moscou, fut guéri
d'un ulcère du duodénum par mère Rachel qui avait tracé de loin le signe de la
croix sur l'organe malade, et le paysan du village de Riabouchkino, Vakou
Efimou fut guéri par elle d'une malformation du cœur et d'une maladie des
jambes. Anna Efimovna, une paysanne du même village qui souffrait d'accès de démonisme,
s'entendit dire par mère Rachel: "Ton mode de vie impur t'a mené au bord
du gouffre de perdition. Il faut chasser de toi le démon. Voici de l’eau bénite
et une prosphore, manges-en pendant quarante jours et ta pelisse tombera."
Anna fut bientôt guérie. Le fils d'un cheminot, H.N. Bodrou, de la gare de
Borodino, souffrait de la danse de Saint-Guy. Par les prières de mère Rachel,
la maladie le quitta.
Dans la ville de Gjatsk vivait un cocher qui par moments s'enivrait tant qu'il avait ruiné sa famille. Sa femme demanda à des connaissances qui allaient consulter mère Rachel, de lui parler de son malheur. Mère Rachel dit que le mari boive pendant trois jours du sirop de baies et de l'eau fruitée, et qu'il ne touche pas à la vodka. Après cela, il redevint définitivement sobre.
Version française
Françoise Lhoest
que nous remercions
chaleureusement
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire