Lorsque le père Silouane était encore jeune, il tomba gravement malade et, attendant sa mort, il demanda à l'higoumène Missaïl une bénédiction pour prendre le grand schème (un rang monastique plus élevé).
L'higumène Missaïl, cet homme merveilleux, lui dit : « Dieu te bénira pour prendre le grand schème, mais tu ne mourras pas bientôt », et il lui dit ce qui lui arriverait, bien que je ne me souvienne pas des détails exacts maintenant.
Mais lorsque l'année 1938 commença, Silouane dit : « Selon les paroles de l'higoumène, ma mort devrait advenir cette année. »
Peu de temps avant cela, j'avais demandé une bénédiction à l'higoumène, le même homme saint et merveilleux, Missaïl, de me permettre d'utiliser une kalyve (une petite demeure monastique). En fait, c'était une maison bien construite pour les personnes âgées qui voulaient terminer leur vie sur le Mont Athos. Elle était située à environ quinze minutes à pied au sud du monastère, en direction de Daphné, le port de la Sainte Montagne. Et j'y allais quand j'étais libre des services religieux. (Nous étions deux diacres dans le monastère. Lorsqu'il était nécessaire d'assister à tous les services, il y avait peu de temps libre, mais quand j'étais libre de mon tour, j'y passais plus de temps.)
Ma vie à cette kalyve était difficile. J'étais plus jeune que la plupart des pères. Vivre dans une tel kalyve était considéré par beaucoup comme un grand privilège. Mais, comme vous le savez dans mon livre, Dieu m'a accordé la contrition pour mes péchés, le mépris de moi-même et de longues et abondantes larmes.
Il y eut beaucoup de conversations là-bas que j'aimerais partager avec vous.
Un jour, [St.] Silouane m'a demandé :
« Est-il confortable pour toi de prier dans cette kalyve ? »
J'ai répondu :
« Oui, c'est bienn. Parfois, il me semble que j'oublie le monde. Mais je me souviens de mon corps. »
J'ai été surpris par la réaction de mon père Silouane :
« Et le corps - qu'est-ce que le corps ? N'est-ce pas le monde ? »
Je me tins devant ce merveilleux phénomène, et cette comparaison m'est venue : je suis au pied d'une grande montagne, dont le sommet est caché dans les nuages.
Ces paroless, « Et qu'est-ce que le corps, sinon le monde ? » suscita une pensée en moi. Mais je ne l'ai pas fatigué avec des questions ; j'ai reçu ses paroles dans l'espoir que le moment viendrait où Dieu m'accorderait la compréhension de leur vrai sens.
Dans sa conscience, par la prière pour tout Adam, Père [St.] Silouane en est venu à comprendre que notre corps nous unit - toute l'humanité - en un seul Adam.
Nos conversations, que le Seigneur m'a accordées, ont toujours été remplies de mon étonnement pour mon staretz : comment il était devenu vraiment une personne vivante, un chrétien vraiment authentique !
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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