La vie de jeûne, entendue au sens propre comme une autolimitation et une abstinence générales, à la pratique annuelle de laquelle l'Église nous appelle toujours avec le Grand Carême, est vraiment ce port de la croix et cette auto-crucifixion qui sont exigés de nous par notre vocation de chrétiens.
Et celui qui s'y oppose obstinément, en voulant vivre une vie insouciante, heureuse et libre, en se préoccupant des plaisirs sensuels et en évitant la peine et la souffrance, celui-là n'est pas un chrétien.
Porter sa croix est la voie naturelle de tout vrai chrétien, sans laquelle il n'y a pas de christianisme.
La prière sincère unit l'homme et Dieu. Mais nulle part la prière ne peut être aussi fervente et efficace que dans le temple de Dieu, car c'est là que le Grand sacrifice non sanglant est constamment offert "pour tous les hommes et toutes les choses", c'est là que la prière incessante est faite au nom de tous les fidèles, c'est là que "l'air même est saint", selon les paroles d'un de nos pieux et sages évêques.
Ce n'est pas en vain que nos Pères théophores, dès les temps anciens, ont appelé le temple "l'école de vertu".
L'argent ! L'argent ! Le pouvoir ! L'honneur ! ? telles sont les tentations auxquelles, malheureusement, beaucoup de personnes sont incapables de résister. C'est la source de toutes les disputes, les désaccords et les divisions entre chrétiens.
C'est la racine de l'oubli de "l'unique chose nécessaire" que nous propose la vraie foi chrétienne et qui consiste en la prière, les actes de repentance, la charité sincère et sans hypocrisie envers notre prochain. La Sainte Église nous y invite toujours, mais tout particulièrement maintenant, pendant le Grand Carême !
Ce que l'on attend de nous, chrétiens, ce n'est pas une sorte de "politique exaltée", ce ne sont pas des phrases nobles et une philosophie floue, mais la très humble prière du publicain : mais la plus humble prière du publicain : "Dieu, sois miséricordieux envers moi, qui suis un pécheur", des actes de repentance, et la pratique du bien envers notre prochain , qui procède d'un cœur pur.
Et c'est pour la pratique de tout cela que l'Église a établi le Grand Carême !
Avec quelle force, quelle couleur, quel graphisme, quelle conviction, quelle inspiration ardente tout cela est évoqué dans les services divins du Grand Carême !
Personne, nulle part, ne dispose d'une telle richesse d'édification à cet égard que nous, orthodoxes, dans nos incomparables offices de Carême, que ne connaissent pas du tout, à leur grande honte, la majorité des orthodoxes de notre époque.
En vérité, jamais la croix de chaque personne qui veut être un vrai chrétien n'a été aussi lourde qu'en cette époque de triomphe du mensonge que nous vivons.
Jamais auparavant, sur cette terre, il n'y eut un nombre aussi important de personnes qui, librement et facilement, sans aucune honte, sans aucun remords de conscience, "appellent le mal bien, et le bien mal ; qui mettent les ténèbres pour la lumière, et la lumière pour les ténèbres ; qui mettent l'amertume pour la douceur, et la douceur pour l'amertume !" (Isaïe 5:20).
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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