14.
Quand nous sommes
revenus du cimetière en autobus, tout était déjà prêt pour le repas funéraire.
Non seulement dans toutes les pièces de la maison qui abritait l’église, mais
dans toute la cour, des tables étaient dressées. On a aussitôt fait asseoir les
gens ; les paroissiens de l’église, et tous ceux qui venaient d’arriver ont
pris place dans la cour. Comment on a pu préparer autant de nourriture, réunir
autant de vaisselle, et préparer des montagnes de crêpes ! Ces repas
funéraires se prolongèrent encore trois jours, vendredi samedi et dimanche, les
22, 23 et 24 avril. Après les offices à l’église, on dressait de nouveau des
tables, mais naturellement, il y avait moins de monde. Les gens qui étaient
venus spécialement étaient déjà repartis. On faisait asseoir à table tous les pauvres.
Le neuvième jour, il y eut de nouveau un groupe de grands repas funéraires. Et
jusqu’au neuvième jour inclus, tous les jours, les prêtres et tous les proches
du prêtre allaient au cimetière célébrer l’office des défunts. Au neuvième
jour, je suis repartie chez moi à Moscou. J’aurais bien voulu rester jusqu’au
40e jour, mais je n’avais pas de vêtements adéquats, je n’avais pris
que des vêtements d’hiver et il commençait à faire chaud et même très chaud.
Je suis descendue
du train à Moscou, en provenance de la gare de Kazan, sur la place des
Komsomols. C’était le 1er mai, il n’y avait pas de taxis, je suis
rentrée en métro. Tout était familier, habituel, connu depuis l’enfance, mais
tellement loin. Comment m’habituer ? Comment vivre si loin de Mikhaïlovka,
si proche à mon cœur ?
Mon cœur se
serrait de douleur et de repentir. Je me souvenais que le père avait dit :
– Cela fait de
nouveau cinq ans que tu n’es pas venue !
– Que dites-vous
là, père, comment cela, cinq ans ?
Il était
mécontent que, une fois que j’avais déménagé à Moscou, je ne venais pas le voir
chaque année.
Oh, si on pouvait
me rendre ces années !
Père bien-aimé,
pardonne-moi. Aide-moi pour que mes intérêts dans la vie et les obligations ne
m’entraînent pas de nouveau vers la terre. Qu’elles ne détournent pas mon âme
et mes pensées, qu’elles ne me séparent pas d’avec toi. Aide-moi, cher père.
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