Le Saint-Synode du Patriarcat
œcuménique a approuvé le 4 octobre [2011] la glorification de la sainte ascète
Sophie, du monastère de la Toute Sainte à Kleisoura, qui est consacré à la
Nativité de la Génitrice de Dieu. […]
En l'honneur de cette
merveilleuse nouvelle, le Monastère de la Nativité de la Mère de Dieu de Kleisoura le dimanche 27 novembre 2011
a célébré cette fête en menant en procession les saintes reliques et l'icône
sacrée de sainte Sophie pendant le service de Matines et avant la Divine Liturgie
où étaient présents des milliers de personnes venues vénérer la sainte
nouvellement glorifié.
Son jour de fête sera le 6 mai
chaque année, jour de son natalice
en 1974.
La vie
Sophie Saoulidi, «ascète de la
Toute Sainte», est née d'Amanatiou et de Maria Saoulidi dans un village de
Trebizonde dans la région du Pont (Asie Mineure) en 1883. Elle y a également
été mariée, plus tard en 1907, à Jordan Hortokoridou, mais après sept
ans son mari disparut (probablement pas de par sa propre volonté) en 1914, et
elle est restée avec un fils nouveau-né qui est bientôt mort. Ces tragédies ont
contribué à façonner sa piété et son esprit repentant, en la faisant dépendre
uniquement de Dieu. Son ascèse commença au Pont sur une montagne loin de ses
parents. C'est là qu'un jour Saint-Georges lui apparut et l'avertit d'informer
les villageois d'une persécution à venir et de fuir, et ainsi elle sauva le
village.
Son âme respirait le Christ et la
Toute Sainte avec son amour simple et humble. «Un est le Seigneur et autre est la Dame», disait-elle du
Christ et de la Toute Sainte, «le reste d'entre nous sont tous frères et
sœurs».
Elle enseignait ceux qui étaient simples,
surtout les femmes, et chaque parole qui venait de ses lèvres était dite avec
humilité et amour. Comme pour beaucoup de «fols-en-Christ» du passé, les
orgueilleux et les éduqués ne reconnaissaient pas sa valeur autant que ceux qui
possédaient des cœurs simples et humbles.
Elle vint en Grèce en 1919 comme
exilée. Le nom du navire qui l’amenait était le Saint-Nicolas, et lorsqu'ils
arrivèrent en Grèce, la Toute Sainte lui apparut et dit: «Viens chez moi. »
Sophie demanda: «Où es-tu et où
est ta maison? » La Toute Sainte répondit: « Je suis à Kleisoura. »
Elle est allée s'installer au monastère de la Nativité de la
Génitrice de Dieu de Kleisoura de Kastoria quand elle avait 44 ans. Là, l'higoumène
du monastère était Grégoire [Magdalis], un moine athonite de grande vertu.
Sophie apprit beaucoup de lui et elle prononçait toujours son nom avec le plus
grand respect.
Sur ordre de la Toute Sainte, Sophie vivait près de la cheminée de la cuisine du monastère qui
servait également à cuire la nourriture. Elle y dormait deux heures par nuit et
le reste de la nuit, elle priait à genoux.
En hiver, il y faisait
particulièrement froid, alors que l'eau de pluie coulait sur elle. Parfois,
elle allumait un petit feu, mais cela n'aidait pas beaucoup. A la fenêtre, elle
avait toujours un cierge allumé devant la fresque de la Toute Sainte. C'est là
qu'elle mangeait et passait son temps, et quand les visiteurs venaient la voir,
elle disait leurs noms, avant même qu'ils se présentent à elle.
Les gens venaient de
Thessalonique et des environs, même depuis Athènes, juste pour la voir. Elle disait
aux gens leurs noms et leurs problèmes familiaux sans qu'on les lui dise
auparavant. Parmi ceux qui sont venus était Père Léonidas [Paraskevopoulos], qui
devint plus tard métropolite, et qui dirait parlant d’elle: «Vous avez un grand trésor là-haut».
Elle s'habillait mal et avait une
couverture avec des trous. Ses sandales avaient des trous aussi. Les visiteurs
voyaient comment elle souffrait dans le froid et l'humidité et lui donnaient
des vêtements, mais elle les prenait d'une main et les donnait aux pauvres de
l'autre main. Elle portait toujours une écharpe noire, et depuis ses jours au
Pont, elle ne se baignait jamais. Son jeûne était constant et elle ne se
permettait de l’huile que le week-end. Elle se souciait peu de ce qu'elle
mangeait, ne mangeait que pour survivre, et s'inquiétait moins de la propreté,
de sorte qu'elle pouvait même manger de la nourriture sans la laver. Et malgré
les germes et les vers, elle est toujours restée en bonne santé.
Les visiteurs lui donnaient
souvent de l'argent, qu'elle cachait partout où elle pouvait. Et quand
quelqu'un en avait besoin, elle allait le chercher et donnait l'argent
immédiatement.
Elle vit beaucoup de choses
scandaleuses faites par des prêtres et des laïcs, mais ne critiqua jamais
personne. «Couvrez les choses, pour que Dieu vous couvre», disait-elle.
Sa popularité s'est rapidement
manifestée, de sorte que les gens sont venus non seulement de toute la Grèce,
mais même de lieux comme la France et Israël pour la voir. Certains villageois
se sont moqués d'elle cependant, l'appelant " Sophie la folle." Pour
beaucoup, elle ressemblait à sainte Marie d'Égypte, mince comme un os et toute
desséchée. Cependant elle possédait la même beauté que sainte Marie d’Egypte.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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