"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 16 octobre 2016

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

3/16 octobre
17ème dimanche après la Pentecôte

Saints hiéromartyrs Denys l’Aréopagite, évêque d’Athènes, Rustique, prêtre, et Éleuthère, diacre (96), saint Cyprien, évêque de Toulon (VI), saint Jean le Chozébite, évêque de Césarée (VI), saint Hésychius du Mont Horeb (VI), saint Denis, reclus de la Laure des Grottes de Kiev (XV), saints néo-martyrs de Russie : Agathange, métropolite de Yaroslavl (1928)

Lectures : II Cor. VI, 16 – VII, 1. Lc. VI, 31–36. Saints hiéromartyrs: Actes XVII, 16–34. Мatth. XIII, 44–54.
SAINT DENYS L’ARÉOPAGITE[1]

S
aint Denys vivait à Athènes à l’époque des apôtres. Issu d’une riche et noble famille, il avait acquis une telle sagesse et une vertu si éminente par les moyens que lui procurait la science païenne, qu’il avait été choisi comme l’un des neuf conseillers de l’Aréopage, tribunal suprême de la cité. Lorsque, guidé par le Saint-Esprit, le grand Apôtre Paul vint proclamer la bonne nouvelle du salut à Athènes, c’est Denys qui l’invita lui-même à prendre la parole sur l’Aréopage. Du haut de ce rocher qui surplombe la ville, le pauvre monteur de tentes dénoua les sophismes des philosophes, et révéla clairement aux Athéniens que le « Dieu inconnu » — dont leur raison naturelle leur avait donné une vague intuition — est le Seigneur du ciel et de la terre, qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, et qui n’habite pas dans des temples faits de main d’homme. Il n’est pas non plus servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous vie, souffle et toutes sortes de biens (Act XVII, 23-25). Il leur enseigna aussi que l’homme est fait à l’image de Dieu, et qu’il est appelé à participer à la vie de Dieu en Jésus-Christ, son Fils, qui s’est incarné, est ressuscité des morts et reviendra pour juger le monde.

En entendant parler de résurrection des morts, la plupart des auditeurs, l’intelligence enténébrée par les préjugés de la sagesse humaine, se moquèrent de saint Paul. Néanmoins quelques hommes eurent alors le cœur touché par ces paroles de vie éternelle et ils embrassèrent la foi. Parmi eux se trouvaient saint Hiérothée et saint Denys. En entendant parler de la Passion du Sauveur et des prodiges qui accompagnèrent sa mort, le sage Denys se souvint qu’en effet, plusieurs années auparavant, alors qu’il se trouvait à Héliopolis en Égypte avec d’autres sages, il avait assisté un jour à une éclipse du soleil, qui défiait toutes les lois de l’astronomie. Il s’était alors écrié : « Ou Dieu souffre ou c’est la fin du monde ! » Ainsi préparés à reconnaître Celui en qui, selon son bon vouloir, les lois de la nature sont vaincues, Denys et son maître Hiérothée écoutèrent avec avidité l’enseignement du saint Apôtre et lui demandèrent le baptême.

Après quelque temps, Paul partit pour de nouvelles tribulations en laissant saint Hiérothée comme évêque d’Athènes. Tel l’aigle qui peut regarder en face l’éclat du soleil, Hiérothée pénétrait les mystères divins, mais il livra peu de chose par écrit, préférant initier oralement et dans le secret son disciple Denys aux ineffables contemplations que Dieu lui accordait. À la mort de Hiérothée, Denys devint à son tour évêque d’Athènes et reçut de Dieu la grâce de pouvoir révéler, par écrit, les sublimes enseignements de ses maîtres sur l’infinité inexprimable de la nature divine — à laquelle conviennent seulement des expressions négatives et antinomiques (théologie apophatique ou négative) — et sur la richesse inépuisable de sa révélation par ses Noms et ses énergies (théologie affirmative ou cataphatique). Il décrivit comment le monde sensible et le monde intelligible sont unis à Dieu en une grandiose disposition hiérarchique. Il expliqua comment la hiérarchie de l’Église — de d’évêque au moine — reproduit sur la terre les neuf ordres angéliques et distribue à chacun la divine lumière selon le degré de sa purification. Certains l’ont accusé d’être un philosophe néo-platonicien déguisé, mais l’Église Orthodoxe, illuminée par les rayons lumineux de son enseignement, croit, quant à elle, que le « divin Denys », a certes emprunté le langage philosophique de son époque, mais en renversant totalement les thèses fondamentales de la philosophie païenne. Usant de ce stratagème pour montrer que la folie de la Croix a rendu folle la sagesse de ce monde (I Cor 1), tout au long de ses écrits, il affirme que Celui qui est au-delà de tout nom et de toute essence, et qui demeure impassiblement dans la ténèbre plus que lumineuse du Silence, est apparu dans la chair pour nous faire participer à sa lumière.

Denys parvint à un si haut degré dans la contemplation, qu’il fut jugé digne d’être compté parmi les apôtres et, avec eux, il fut mystérieusement transporté à Jérusalem pour la célébration des funérailles de la Mère de Dieu. De retour à Athènes pour quelque temps, il s’employa à convertir les païens et à guider avec sagesse son troupeau spirituel.

Vers la fin du règne de Néron (vers 68), il se rendit, dit-on, à Rome pour rendre compte de ses missions à son maître saint Paul. Il assista à son martyre puis repartit pour la Grèce. De retour à Rome sous le pontificat de saint Clément, sur l’ordre de ce dernier, il partit avec ses disciples, le prêtre Rustique et le diacre Éleuthère, pour évangéliser la Gaule[2]. Après avoir proclamé la Parole de vérité en de nombreux endroits, Denys s’installa à Paris, qui n’était encore qu’une petite ville plongée dans les ténèbres de l’ignorance et du paganisme. Il y bâtit une église, dans laquelle il célébrait les saints Mystères et proclamait les grandeurs de Dieu. Il accomplit aussi de nombreux miracles, si bien qu’en quelque temps ses disciples se multiplièrent et partirent répandre le saint Évangile en Grande-Bretagne et même jusqu’en Espagne.

La notoriété de saint Denys attira la jalousie du démon, lequel insinua dans la pensée de l’empereur Domitien (vers 96) que cet évêque grec, qui proclamait un nouveau Dieu, voulait fomenter des troubles et susciter la révolte contre son autorité. C’est en vain que l’on tenta de persuader Denys et ses compagnons de renier le Dieu pour lequel ils vivaient et désiraient mourir. Aussi, ce fut pour eux une joie d’apprendre qu’ils avaient été condamnés à avoir la tête tranchée. Dieu ne se contenta pas de donner au saint évêque la grâce de la connaissance et de l’enseignement, il voulut aussi montrer par son martyre que, par la foi, les chrétiens ont vaincu la mort. Après avoir été décapité, saint Denys se releva, à la stupeur de tous les assistants, prit sa tête entre ses mains et marcha ainsi sur une distance de deux milles, jusqu’à ce qu’il rencontre une femme vertueuse, nommée Catoula, à qui il remit cette précieuse relique. La plus grande partie du crâne de saint Denys est aujourd’hui vénérée au monastère de Dochiariou au Mont Athos, auquel l’empereur Alexis Comnène (XIème s.) en fit don.

Tropaire du dimanche du 8ème ton
Съ высоты́ снизше́лъ еси́, Благоyтбне, погребе́нiе прiя́лъ ecи́ тридне́вное, да на́съ свободи́ши страсте́й, животе́ и воскресе́нiе на́ше, Го́споди, сла́ва Teбѣ́ !
Des hauteurs, Tu es descendu, ô Miséricordieux ! Tu as accepté d’être enseveli trois jours afin de nous libérer des passions : ô notre Vie et notre Résurrection, Seigneur, gloire à Toi !

Tropaire du St hiéromartyr, ton 4
Бла́гости научи́вся и трезвя́ся во всѣ́хъ, благо́ю со́вѣстію священнолѣ́пно обо́лкся, поче́рплъ еси́ отъ сосу́да избра́ннаго неизрече́нная, и вѣ́ру соблю́дъ, ра́вное тече́ніе соверши́лъ еси́, священному́чениче Діони́сіе, моли́ Христа́ Бо́га спасти́ся душа́мъ на́шимъ.
Maître en douceur, sobre en tout et de noble conscience, comme prêtre, revêtu, au Vase d'élection tu as puisé les ineffables vérités; tu as gardé la foi et, comme lui, mené ta course à bonne fin; hiéromartyr Denys, prie le Christ notre Dieu de sauver nos âmes.




Kondakion du St hiéromartyr, ton 8
Небе́сная врата́ проше́дъ ду́хомъ, я́ко учени́къ, до тре́тіяго небесе́ дости́гшаго апо́стола, Діони́сіе, неизрече́нныхъ обогати́лся еси́ вся́кимъ ра́зумомъ и озари́лъ еси́ во тмѣ́ невѣ́дѣнія сѣдя́щія. Тѣ́мже зове́мъ: ра́дуйся, о́тче всемíрный.
Toi qui as franchi les portes célestes en esprit comme disciple de l'Apôtre qui fut ravi jusqu'au troisième ciel, tu as acquis la science parfaite des mystères ineffables, saint Denys, et tu as illuminé ceux qui dormaient dans les ténèbres de l'ignorance; c'est pourquoi nous te chantons: réjouis-toi, Père célébré par tout l'univers.
Kondakion du dimanche, ton 8
Воскpécъ изъ гро́ба, уме́ршыя воздви́глъ ecи́ и Aда́ма воскреси́лъ ecи́, и Éва лику́етъ вo Tвое́мъ воскре-се́нiи, и мipcтíи концы́ торжеству́ютъ е́же изъ ме́ртвыхъ воста́нieмъ Tвои́мъ Mногоми́лостивe.
Ressuscité du tombeau, Tu as relevé les morts et ressuscité Adam ; Ève aussi exulte en Ta Résurrection, et les confins du monde célèbrent Ton réveil d’entre les morts, ô Très-miséricordieux !

HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR
Nous sommes les temples de Dieu, nous sommes Ses fils et Ses filles ; Il est notre hôte,  Il se promène au dedans de nous; nous sommes Son peuple, Il est notre Dieu et notre père. — « Purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit ». N'ayons point de contact avec ce qui est impur : autrement nous souillons notre corps; n'ayons point de contact avec ce qui souille l'âme : autrement notre âme devient impure. Il va plus loin et Il ajoute : « Achevons de nous sanctifier dans la crainte de Dieu». Il ne suffit pas en effet de n'avoir aucun contact avec l'impureté, pour être pur. Si nous voulons être saints, il faut des efforts, de l’attention, de la prudence. Il a raison d'ajouter: « Dans la crainte de Dieu ». La pureté en effet peut être un effet non de la crainte de Dieu, mais de la vaine gloire. Mais ces paroles offrent encore un autre sens, et font voir la manière dont se perfectionne la sainteté: Les passions peuvent bien vous tyranniser : mais si vous vous armez de la crainte de Dieu, vous briserez vite leur fureur. Par sainteté, l'apôtre n'entend pas seulement la pureté, mais, aussi l'état d'une âme libre de tout péché. Celui-là est saint, qui n'a rien à se reprocher. Vous serez donc saint, si, non content de ne pas vous livrer à la débauche, vous repoussez l'avarice; l'envie, l'arrogance et la vaine gloire; surtout la vaine gloire qu'il faut fuir en toute circonstance, et principalement quand vous faites l'aumône.

Sur le site Orthodoxie.com paraît quotidiennement, sous la rubrique « VIVRE AVEC L’ÉGLISE », la vie du saint commémoré avec son tropaire et son kondakion, ainsi que la lecture de l’Évangile du jour et un commentaire de saint Théophane le Reclus.



[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras
[2]. Ce récit du martyre de S. Denys l’Aréopagite est en fait celui de S. Denis de Paris [9 oct.]. Les deux personnages ont été confondus probablement à l’occasion de l’arrivée en France d’un manuscrit des œuvres attribuées à S. Denys l’Aréopagite, offert par une ambassade byzantine à la cour de Louis le Pieux (827).

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