Tropaire Ton 8
ô Père Gall, tu as voyagé à travers tout le pays des Francs. /
Et ta vie d’ascèse contrastait avec celle
des prélats mondains que tu rencontrais./
Ouvre pour nous aussi, nous t’en prions,/
Les trésors du sacrifice et du combat de l’ascèse,/
Afin que nous aussi nous puissions atteindre la joie du salut éternel.
Saint Gall, disciple le plus célèbre de saint Colomban, naquit vers le milieu du VIème siècle ( 551), en Irlande. Ses parents le confièrent dès sa jeunesse au monastère de Bangor, où il fut éduqué par saint Comgall et saint Colomban.
Ce monastère était fort renommé pour son école dont l'excellence allait de pair avec la grande piété de ses moines. Le jeune Cellach qui devait devenir Gall, s'y rendit très expert en poésie et en Écriture sainte. Le jugeant digne de ce redoutable office, saint Colomban éleva Gall au sacerdoce, et après une longue période d'ascétisme, décida avec la bénédiction de saint Comgall - de l'emmener avec lui, et avec onze autres moines, pour prêcher la parole de Dieu.
Père Colomban et ses douze disciples allèrent d'abord en Angleterre, puis ils passèrent en France vers l'an de Grâce du Seigneur 585. Grâce à la bienveillance d'un roi franc, ils s'installèrent à Annegray, dans les Vosges, où ils fondèrent une communauté monastique.
Grâce au rayonnement de l'higoumène Colomban, les disciples affluèrent. Vers 590, saint Colomban fonda avec saint Gall une nouvelle communauté à Luxeuil, ville thermale qui avait été totalement dévastée par les Huns. Dans une vieille maison en ruine, une chapelle, puis un monastère furent construits où encore une fois les disciples nouveaux se présentèrent, attirés par la sainteté évidente de l'higoumène. Le monastère s'agrandit, les moines abondèrent, et la renommée du lieu fut telle - dit la chronique -, que le roi Thierry, fils de Childebert, venait souvent visiter le saint père Colomban et ses disciples.
L'higoumène, cependant, n'avait pas de molles complaisances pour les grands de ce monde. Il reprenait sans discontinuer le roi Thierry, de ce que, méprisant son épouse légitime, il s'abandonnait à l'amour coupable de ses concubines. Thierry avait beaucoup de déférence pour le saint moine, et cela alarma au plus haut point sa mère. Celle-ci, Brunehaut, voyant que Thierry estimait saint Colomban, craignit qu'il ne se range à ses doctes conseils, répudiant ses concubines pour n'aimer plus que son épouse légitime, et de ce fait, diminuant le pouvoir qu'elle avait comme reine-mère, à cause de l'éloignement de sa bru. Elle décida d'éloigner saint Colomban. Elle fit donner ordre au saint de quitter le royaume, ce qu'il fit avec saint Gall - compagnon de toutes ses peines et de toutes ses joies -, et avec quelques moines.
Ils partirent vers 610 dans les états de Théodebert, alors roi d'Austrasie, dont la résidence était à Metz. Ils parcoururent ensemble toute l'Allemagne, avec mille peines et mille persécutions. "Dès qu'ils s'établissaient en un lieu, dit la chronique, le Malin, qui savait ce qu'il devait craindre, suscitait des gens pour les rechasser dans un autre lieu."
Enfin, le pieux Villemar, prêtre d'Arbonne, près du lac de Constance, leur assura un lieu de retraite à Bregentz. Ils s'y construisirent des cellules et entreprirent immédiatement de convertir les païens de la région. Ils réussirent même à les persuader de briser leurs idoles pour les jeter dans le lac.
Deux moines moururent, martyrisés par ceux de ces païens qui restèrent dans les ténèbres de l'ignorance. Les corps de ces deux martyrs furent placés sous l'autel de l'abbaye d'Angia-Major ou Brigantina, plus tard appelée Mererau en Souabe. Thierry étant devenu roi d'Austrasie après avoir tué Théodebert dans un combat, saint Colomban décida d'aller en Italie, demandant à saint Gall de le suivre. Ce dernier, fortement malade, demanda à rester à Bregentz.
Cette maladie faisait que pour la première fois, il ne pouvait obéir à son père spirituel et le suivre. La chronique nous dit que saint Colomban, qui avait résolu ce voyage, lui permit de ne pas le suivre, lui donna sa paix, mais lui enjoignit très fermement de ne plus jamais célébrer la Divine Liturgie tant que lui, Colomban, serait en vie.
Saint Colomban partit donc pour l'Italie vers l'année 612. Sa santé rétablie, saint Gall remonta le lac avec quelques compagnons et ils construisirent quelques cellules. Ce sont ces quelques cellules qui sont à l'origine du monastère de Saint-Gall tel qu'il exista ensuite…Il apprit la langue du pays et convertit une telle quantité d'idolâtres, qu'il reçut le titre d'apôtre de Constance.
Il accomplit aussi beaucoup de miracles et de guérisons. La fille du duc Gouzon (ou Gunzon), était possédée. Notre bon saint la délivra du malin et le duc voulut donner un évêché à saint Gall. Mais ce dernier refusa toujours. La chronique mentionne aussi que le duc voulut lui donner beaucoup d'or, et que le saint ne put refuser. Il s'en débarrassa promptement en le donnant aux pauvres. Et comme un diacre lui montrait un vase qu'il voulait garder pour s'en servir à l'autel, saint Gall lui répondit : « Non, ne le garde point, il faut pouvoir dire avec saint Pierre : je n'ai ni or, ni argent. » (Actes 3 :6).
Le jour d'une grande fête, après les matines, saint Gall eut la révélation que son saint père Colomban venait de mourir. Il en avertit sa communauté et ils célébrèrent un office de funérailles. Puis il envoya un de ses moines s'assurer de ce qui était arrivé. Le moine revint avec la nouvelle de la mort de saint Colomban confirmée, et une lettre des moines de ce saint higoumène. Cette missive expliquait qu'avant de mourir, celui-ci avait recommandé que l'on donne son bâton abbatial à son disciple Gall en signe d'absolution pour son manquement à le suivre en Italie.
Saint Gall versa d'abondantes larmes, car jamais il n'avait cessé d'aimer son père Colomban, et il lui avait obéi jusque là, ne célébrant point la divine Liturgie, et refusant pour cela les évêchés qu'on voulait le forcer d'accepter. Son saint père Colomban l'avait en cela préservé dans cette rude vie monastique qui était si chère au coeur des moines irlandais. Saint Gall ne quittait sa cellule que pour aller prêcher la Bonne Nouvelle : il s'attachait à l'évangélisation et à l'instruction des plus humbles, des plus misérables des hommes, puis il repartait dans son ermitage.
Comme notre père parmi les saints, Séraphim de Sarov, il avait pour ami un ours qui lui rendait visite fréquemment et lui apportait quelquefois son bois ! Cet ours figure d'ailleurs toujours dans les armes de la ville de saint Gall, jusqu'à ce jour, et ce, en mémoire du saint ermite. Comme notre père Séraphim de Sarov, il passait des jours et des nuits en prières ardentes et dans la méditation constante de la parole de Dieu.
La chronique dit que le pieux roi Sigebert, fondateur de nombreux monastères - il est compté parmi les saints et fêté le premier février – avait une grande vénération pour saint Gall et que sa fille refusa un mariage qu'on lui proposait pour devenir moniale auprès de son monastère. En 625, saint Eutase, higoumène de Luxeuil, mourut, et ses moines choisirent saint Gall pour lui succéder. Cependant, le monastère de Luxeuil était devenu trop riche et notre père craignait la richesse comme la peste. L'importance numérique des moines fut aussi certainement ce qui incita saint Gall à refuser et à rester en son propre ermitage.
Saint Gall dirigeait ses moines selon la règle de saint Colomban. Celle-ci comprenait une règle monastique très stricte fondée sur l'obéissance absolue, le silence, le jeûne et l'abstinence. Elle était complétée par un code pénitentiel qui prévoyait des peines extrêmement dures pour tout manquement à la règle monastique.
Le seul écrit de saint Gall que nous possédions est un sermon qu'il prononça pour le sacre de son disciple Jean, lorsque celui-ci devint évêque. On avait d'abord proposé cette charge à saint Colomban qui l'avait refusée et avait recommandé Jean, son diacre, lequel fut élu à l'unanimité à la fonction épiscopale. On trouve le texte de ce sermon dans les Lectiones Antiquæ de Canisius.
Saint Gall mourut le 16/29 Octobre de l'an de notre Seigneur 646, après une courte maladie. La chronique mentionne qu'il avait atteint l'âge vénérable de 95 ans. Cette chronique qui, étayée par d'autres documents anciens, est à l'origine de ma relation de la vie de saint Gall, fut écrite par Vualfrid ou Walafride Strabon qui fut moine du monastère de Saint Gall, puis higoumène d'un monastère du diocèse de Constance. Il mourut en 849, soit deux siècles environ après la mort de saint Gall, et c'est au monastère de ce dernier qu'il recueillit les pieux souvenirs de sa vie.
Saint Gall prie Dieu pour nous !
Claude Lopez-Ginisty
*
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire