20. L'enterrement
L’église
du Saint Esprit à la Trinité-Saint-Serge
Nous l'avons emmenée à la Laure. Ce fut un
miracle en soi, simplement que d’avoir l'enterrement d’une moniale dans la Laure.
Il y avait de très nombreuses moniales à Serguiev Possad,
mais les funérailles pour elles, étaient rarement célébrées dans la Laure.
Lorsque Matouchka est morte, quelqu'un qui avait travaillé dans la Laure m'a
dit: "Demande à l'higoumène, ils feront peut-être l'enterrement dans
l'église du Saint-Esprit." Il s'avère que pour faire un enterrement dans
la Laure on a besoin de la bénédiction du Patriarche lui-même. J'ai appelé l'higoumène,
je lui ai parlé et expliqué : une moniale de Diviyévo est morte, donne-t-il
la bénédiction pour faire ses funérailles dans l'église du Saint-Esprit. Il me
répondit facilement, comme sans même y réfléchir: "Bien sûr! Amenez-la ici
pour les funérailles. Qu’ils vous
donnent les clés de l'église de Saint-Esprit et une voiture de sorte que vous puissiez
transporter le cercueil..." Cela est arrivé en un instant et personne
n'était même surpris.
Chaque fois qu'un défunt se trouve dans l'église du
Saint-Esprit, c’est soit un moine de la Laure ou une personne rare et spéciale.
Nous avons amené Matouchka à l'église du Saint-Esprit. L’archimandrite Benjamin
était encore en vie alors. Il la connaissait comme beaucoup, et nous a donné
toutes les courses dont nous avions besoin pour avoir un repas de
commémoration.
Nous avons amené tous ceux qui venaient à elle quand
elle était vivante, et qui l'aimaient. Les gens sont venus de partout. Nous
n'avons pas envoyé de télégrammes, seulement à ceux qui étaient très proches,
mais le Seigneur lui-même a réuni tous ces gens à l'église du Saint-Esprit.
Je suis restée là. Alors j’ai vu une, deux, trois
personnes entrer. Comment savaient-elles? "Nous ne le savions pas. Nous marchions
juste vers l’église, nous avons regardé et vu que l'église du Saint-Esprit
était ouverte." "Nous venions de (vénérer les reliques de) saint Serge,
et puis nous avons vu notre Matouchka gisant ici." Même certaines jeunes filles
qui avaient vécu avec elle réussirent à venir en avion de Perm à temps pour les
funérailles. Certaines sont simplement venues au cimetière.
Matouchka rassembla tous ses gens. Comme elle avait
toujours prié pour les défunts, ce samedi de commémoration des défunts, elle fut
amenée à l'église du Saint-Esprit, où ils faisaient une pannikhide. Cet office
des défunts avait à peine commencé quand nous l’avons amenée là, et dans l'église
de la Trapeza un service de commémoration commençait. Ainsi, c’est au son de
toute cette hymnodie qu’ils la transportèrent à l’intérieur.
Nous
l'avons enterrée dimanche. C'était une belle journée, et tout s'est si
facilement passé, ce fut juste extraordinairement facile. Je suis allée vers
Père Gleb, qui dirigeait la classe des maîtres de chapelle à l'époque, et je lui
ai demandé de nous donner quelques jeunes filles pour chanter, parce que
c'était un enterrement monastique. Il a amené une grande partie du chœur, et toutes
avaient l’esprit monastique, de sorte que l’on pourrait dire que c'était
vraiment comme dans un métochion de Diviyévo. Père Gleb vint lui-même ainsi que
plusieurs autres prêtres de la Laure, y compris le Père Côme [Cosmas], qui allait
régulièrement la voir, et il a officié.
Ce fut un chœur exceptionnellement bon, et un office
exceptionnellement merveilleux dans l'église du Saint-Esprit. Il y avait une
joie tellement remarquable à cet enterrement ! Et ce qui est intéressant,
il y avait de très nombreux enfants présents.
D’où venaient tous ces enfants? Ils ont entouré
le cercueil et se sont tenus debout avec des cierges. Elle avait élevé des
enfants, mais ceux-ci étaient d'autres enfants, qui peut-être même ne l’avaient
jamais connue. Je voyais beaucoup
d'entre eux pour la première fois. L'église était pleine de gens. Un prêtre
marchait juste devant l'enterrement, Père Athénogène (qui est maintenant dans
un ermitage sur le Mont Athos). Je lui avais demandé de venir. "Peut-être
peux-tu servir une courte Litie pour Mère Nikodima?" Il a dit: "Et
qui est Mère Nikodima?" J'ai dit: "Tu sais, il y avait ce staretz, le
père Séraphim Batioukov." Eh bien, il s'avère que ce prêtre avait cherché
la maison où le Père Séraphim avait vécu, et il vénérait grandement le staretz.
"Quoi? Où est cette maison?" dit-il, "je dois y aller. Ça fait
des années et je n'ai pas été capable de la trouver. J'ai marché partout dans
toute cette ville, mais personne ne pouvait me dire où elle est." J'ai
dit: "Alors, tu devras aller à l'enterrement, et du cimetière nous irons
dans cette maison, et tu verras où le Père Séraphim a vécu."
Lorsque nous avons transporté Matouchka au
cimetière, il est intéressant et étrange que nous ayons été accueillis à la
porte par des enfants. D’où venaient-ils tous? A qui ces enfants étaient-ils? C’est
inexplicable. Ils étaient sept ou huit. Ils marchèrent tous avec nous jusqu’à
la tombe, à la fois ceux qui étaient avec nous dans l'église ainsi que ceux qui
se tenaient à la porte, ils firent tout le chemin jusqu’à la tombe. Là, nous
l'avons enterrée.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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