Quand Basile eut 30 ans, son instructeur spirituel, le staretz
Géronte, lui révéla la volonté de Dieu pour lui. Il dit que Basile devait
assumer le startchestvo [office de parternité spirituelle du staretz] et "servir
l'humanité souffrante par amour". Puis le vieil homme donna deux morceaux
de prosphore à son disciple, en disant "nourris les affamés avec cela, car
c'est la volonté de Dieu pour les nourrir avec la parole et le pain."
"Nourrir avec la parole" voulait dire donner aux gens l'instruction
spirituelle, tandis que "nourrir avec du pain" voulait dire aider les
gens à résoudre leurs problèmes de ce monde.
Basile cependant, se sentait plus enclin à la vie d'ermite. Il
ne savait que trop bien combien lourde était la charge de staretz, qu’il devait
entreprendre. Alors il implora son staretz avec des larmes de ne pas placer ce
fardeau sur lui. Mais le staretz ne pouvait pas annuler la volonté de Dieu. Il
bénit Basile pour revenir à l'ermitage pendant un temps. Le lendemain, le jeune
moine trouva son staretz atteint de paralysie. L'aîné perdit la parole, et en
deux jours il mourut paisiblement...
Basile avait encore l’espoir que son autre père spirituel, le
staretz Daniel pourrait le délivrer du lourd fardeau du startchestvo. Mais le
père Daniel l’assura encore une fois qu'il devait prendre sur lui-même "la
croix d'édifier le peuple." Il souligna également la date à laquelle
Basile devait faire respecter cette volonté, à savoir, après sa mort, à lui
Daniel. Cela s'est passé exactement comme il avait prédit.
En 1885, le staretz Daniel lui rappela encore la tâche du startchestvo.
Lorsque Basile, à nouveau, le supplia en larmes de lui ôter cette charge, le
staretz se mit à saigner de la gorge. C'était ainsi qu’il est mort dans les
bras de son disciple spirituel.
Après cela, Basile se résigna finalement à son sort.
Un an plus tard Basile prononça les vœux de moine du second
degré, sous le nom de Barnabé, nom hébreu qui signifie "fils de
consolation". Depuis lors, son œuvre de staretz commença. L'Eternel lui
accorda le don de clairvoyance et de guérison spirituelle et corporelle.
Ceux qui souffraient et les opprimés commencèrent à affluer de
partout vers l'Ancien Barnabé. C'est ce que son contemporain, le professeur
Vvedensky de l'Académie théologique de Moscou, a écrit à ce sujet:
"Sa cellule
était misérable, mais elle semblait accueillir tellement de gens pauvres et
misérables, que pas une maison de charité n’aurait jamais pu le faire.
Depuis tôt le matin jusques à tard dans la nuit, les gens de
tous les horizons de la vie - des fonctionnaires, des universitaires, des
religieux et des pèlerins ordinaires - s'assemblaient pour avoir une
conversation avec le staretz.
Cet homme pieux avec un regard pénétrant, légèrement courbé et
vêtu d'une soutane râpée, les accueillaient tous avec un sourire affectueux.
Tout le monde venait au staretz Barnabé comme à une source de paix et de
chaleur."
Il appelait ses visiteurs "petits fils" et "petites
filles", quelle que soit leur position dans la société. Parmi ses "petits
fils" se trouva également le dernier tzar de Russie, Nicolas II, qui vint vers
le staretz en 1905 faire repentance.
La croix du startchestvo nécessite une complète abnégation. Et le
staretz était remarquablement doué pour l’oubli de soi-même. Il recevait les
visiteurs des journées entières. Quand l'afflux de personnes était trop grand,
il ne mangeait pas pendant plusieurs jours d'affilée. Il ne dormait que trois
heures par jour, car il devait mettre de côté un peu de temps pour la prière
privée. Il devait également répondre aux nombreuses lettres qu'il recevait de
ses enfants spirituels.
Les gens
devenaient les enfants spirituels du staretz pour diverses raisons. Voici un
exemple tiré des souvenirs de l'une des ses filles spirituelles, une dame
française, du nom de Marie-Madeleine Gamel:
"J'ai d'abord rencontré le
staretz Barnabé chez mes amis à qui je rendais visite. Pendant longtemps, j'ai
entendu des histoires très affectueuses sur le Père, et j'étais un peu curieuse
de voir la personne qui était traitée avec une telle révérence.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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