Dans mon imagination catholique, il ressemblait à notre célèbre
prêtre catholique: élégant et éloquent, faisant des gestes inspirés avec ses
mains parfumées. À ma grande surprise, j'ai vu un petit moine, aux cheveux
gris, un moine d'une simplicité déconcertante. Rien de tel que l'homme que j'imaginais.
Son visage, cependant, brillait avec tant d'amour et de bonté que mon cœur fut
soudainement rempli d'affection. Mais j'essayai tout de suite de me débarrasser
de la première impression. Je fis tous les efforts pour dissiper ce sentiment
de respect, me disant, "Mon Dieu, on ne peut pas s'attendre à ce que je baise la main de ce vieux moine
comme ils le font ici. Non, vous ne me verrez jamais faire cela. Et je me
précipitai dehors. Mais une force semblait m’attirer vers Père Barnabé.
Peu de temps après cette rencontre, j'ai été alitée avec deux
infections graves. Le danger était si grand que les deux médecins qui me
traitaient décidèrent qu'un télégramme devait être envoyé à ma sœur en Afrique,
afin qu'elle puisse venir me voir avant l'opération, car ils ne pouvaient pas
se porter garant de son succès. J‘avais une très haute température, et ma
souffrance était si grande que je crier sans discontinuer pendant des heures.
Pendant cinq jours, je ne pouvais pas même fermer un œil, même si j'étais très
fatiguée.
Les médecins parlaient encore dans le salon quand un parent de
mes amis est arrivé. Il venait du monastère de la Sainte Trinité-Saint Serge,
et sa première question fut: "Eh bien, comment va votre dame française ?"
"Mal", fut la réponse.
"Elle doit être très gravement
malade, pour que le père Barnabé m'ait dit de venir tout de suite et de lui
apporter cette Icône de la Mère de Dieu d’Iviron. L'icône me fut apportée. Avec
adoration j'ai embrassé l'icône de la Mère de notre Seigneur. Puis je l'ai mise
sous mon oreiller, et pour la première fois au cours de ma maladie, je me suis
endormie profondément. Quand les médecins sont venus me voir à nouveau un jour
plus tard, ils ont trouvé que mon état s'était tellement amélioré tant que
l'opération ne semblait plus inévitable.
Le lendemain, j'étais presque hors
de danger. Les médecins furent surpris de me voir prendre si peu de temps pour
récupérer d'une telle dangereuse maladie.
Il n’était pas étonnant que je sois alors si impatiente de revoir
le staretz Barnabé après ma guérison que j’attribuais pleinement à ses prières...
"
Voilà comment une femme française et catholique par nom de
Marie-Madeleine Gamel en est venue à connaître le staretz Barnabé et finalement
à embrasser l'Orthodoxie.
Saint Tikhon de Moscou disait que les Russes savaient mourir.
Mais le plus souvent ils ne savent pas comment vivre et agir. Eh bien, Barnabé
de Gethsémani était le seul à enseigner à ses enfants spirituels à vivre. A ne
pas choir. Mais si une chute arrivait, de se repentir et de se relever. Quand
il avait à encourager une personne découragée, surtout un moine, il disait:
"Ne rends pas ta vie pire, elle est tolérable comme elle est à présent."
La
perspicacité de Barnabé était tout simplement incroyable. Il prédit que l'Église
orthodoxe russe serait sous la persécution, ce qui effectivement s’ensuivit 11
ans après sa mort, après la révolution bolchevique. Il prépara également ses
enfants spirituels à la persécution.
Par
exemple, il dit en détail à sa fille spirituelle Maria Makovkina, une future
moniale, comment se comporter dans les années 1920, les années 1930 et ainsi de
suite. Grâce à son instruction, elle survécut à la persécution et vécu pour
voir l’année 1971.
Le staretz
Barnabé prédit également la renaissance de l'Eglise orthodoxe russe.
Son
ministère fut couronné par une mort heureuse au sanctuaire saint. En fait, il
prédit, bien que discrètement, le jour de sa mort et même de sa glorification [canonisation]
qui arriva en fait en 1995.
Le jour de sa mort, le 17 Février 1906, tôt le
matin, Barnabé reçut les gens et entendit les confessions à l'église cathédrale
de l’Ermitage de Gethsémani. Après avoir parlé à près d'un millier de
personnes, il est venu à l'orphelinat près du monastère de confesser sa
maîtresse d’école et son assistante. Après les confessions, il donna sa
bénédiction aux femmes, et des conseils sur la façon de gérer l'orphelinat.
Tenant la croix, il est entré dans le sanctuaire de la chapelle de
l'orphelinat, s’est mis à genoux devant le saint autel et il est mort.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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