Il y a des moines orthodoxes qui peuvent atteindre la pureté du
cœur, c'est à dire l’apathie [absence de passions], par des années de prière
incessante et par un ascétisme sévère. Pour ce faire, le Seigneur leur accorde
le don de raison spirituelle et de discernement. Comme le dit l'adage,
"C'est grâce à leurs lèvres que les paroles descendent du ciel…"
Pour ces moines toute âme humaine est un livre ouvert. Elle leur
en dit plus sur les faiblesses spirituelles des gens que ce dont ils sont
eux-mêmes conscients. C'est pourquoi ils se révèlent être de si bons médecins
spirituels, offrant aux gens les meilleurs moyens de guérison. Ils donnent aux
gens non seulement l'instruction spirituelle, mais aussi de bons conseils
profanes. Ces moines sont appelés startsy [pluriel de staretz=Ancien NdT].
Nous allons vous parler d’un staretz orthodoxe Barnabé [Varnava]
de Gethsémani. Barnabé, le futur staretz, est né spirituellement à Gethsémani,
près de Moscou. Cet endroit a été nommé d'après Gethsémani, dans la banlieue de
Jérusalem, où la Mère de Dieu a passé ses dernières années.
A Gethsémani il y avait un ermitage qui appartenait au monastère
de la Sainte Trinité-Saint Serge. Le staretz Barnabé passa près d'un
demi-siècle dans ses murs. Mais prenons les choses dans l’ordre.
Le staretz Barnabé, (son nom séculier était Basile ([Vassily]
Merkoulov), est né en 1831 dans une famille pieuse d'un serf paysan, dans un
village près de Toula, une ville à 200 kilomètres au sud de Moscou. Sous
l'influence de ses parents, surtout de sa mère, qui allait devenir moniale, Basile
était attaché à l’Eglise et à la prière privée depuis qu'il était petit garçon.
Quand Vassili eut neuf ans, les Merkulov déménagèrent et se
rapprochèrent de Moscou. Ce fut l'endroit où le garçon trouva un staretz pour
lui-même. C'était le staretz Géronte [Gheronty], un moine ermite, qui vivait
près du monastère local. Avec la bénédiction de son père spirituel, Basile Merkoulov,
entra à l'âge de 20 ans, au monastère de la Sainte Trinité-Saint Serge comme novice.
Bientôt le staretz Géronte se joignit à la communauté monastique.
Mais à peine un mois fut-il passé que Basile exprima le souhait
de se déplacer vers un endroit plus isolé et, providentiellement, il fut
accueilli à l'ermitage de Gethsémani. Son père spirituel le mit sous l'obédience
de Frère Daniel (Daniil) qui vivait une vie de reclus dans une forêt voisine.
Là, après huit ans comme novice, Basile prononça les vœux monastiques du
premier degré.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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