"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 13 mars 2012

Métropolite Jonas ( OCA): Ne sois pas rancunier, ne réagis pas, garde ton calme intérieur (7)





Résoudre le problème des ressentiments
Le ressentiment et la réaction sont profondément interdépendants. Le ressentiment est une réaction passionnée, basée sur un jugement d'une personne (ou de soi-même), où nos passions sont allumées. Le ressentiment est une réaction que nous détenons en nous-mêmes, et que nous nous permettons de nourrir. Il vient et il se nourrit de nos passions, de notre jugement des autres. Le ressentiment est le jugement et l'objectivation d'une personne en fonction de ses actions qui nous ont offensés.
La véritable clé pour résoudre le problème du ressentiment est de réaliser que ce n'est pas l'autre personne qui en est la cause, mais qu'il est notre propre réaction. Les actions de l'autre personne, ses paroles ou ses actes, son péché, peuvent avoir précipité la réaction, mais la réaction à ces péchés, paroles ou  actes est purement nôtre.
Nous ne pouvons contrôler que ce qui nous appartient, nous ne pouvons pas contrôler une autre personne. Il est de notre décision de nous permettre d'être possédés par nos passions et nos réactions, ou de prendre le contrôle de nos propres vies. Il est de notre décision de prendre la responsabilité de nos propres réactions, ou de nous permettre d'être pris dans le cercle vicieux de blâmer l'autre personne, dans le ressentiment et de nous rendre justice nous-mêmes. Le blâme et le ressentiment ne conduisent nulle part, sauf à l'amertume et à la tristesse. Cela fait de nous des victimes impuissantes, ce qui, à son tour, nous prive du pouvoir de prendre la responsabilité de nous-mêmes.
Le ressentiment vient quand nous refusons de pardonner à quelqu'un, à nous justifier par notre indignation justifiée lorsque nous sommes blessés. Certaines de ces blessures peuvent être très profondes: l'insulte, l'abandon, la trahison, le rejet. Parfois, elles peuvent être très mesquines. Nous continuons à tourner le mal à plusieurs reprises dans nos esprits, et à refuser de le laisser aller en justifiant notre colère. Puis nous nous sentons justifiés à haïr ou à mépriser la personne qui nous a blessés. Ce faisant, nous continuons à nous battre avec le péché de quelqu'un d'autre, et nous aggravons le péché de l'autre personne par notre propre rancune.
Nous nous rendre aveugles à notre propre péché, nous concentrant uniquement sur le péché de l'autre, et, ce faisant, nous perdons toute capacité de relativiser. Nous devons mettre les choses en perspective, et réaliser que les actions de l'autre personne ne sont qu'une partie de l'équation, et que notre propre réaction est entièrement notre propre péché. Pour ce faire, nous devons aller vers le pardon. Pardonner ne signifie pas justifier le péché de l'autre personne. Cela ne veut pas dire que nous absolvons l'autre personne et que nous la tenons  pas pour responsable de son péché. Au contraire, nous reconnaissons qu'elle a péché et qu'elle nous a fait mal. Mais que faisons-nous avec ce qui fait mal? Si nous avons du ressentiment, nous le retourner contre nous-mêmes. Mais si nous pardonnons, nous acceptons la personne pour ce qu'elle est, non pas selon ses actions; nous laissons tomber notre jugement de la personne. Nous nous rendons compte qu'elle est pécheresse comme moi. Si je suis conscient de mes propres péchés, je ne peux jamais juger quelqu'un. Nous pouvons commencer à l'aimer comme nous nous aimons, et excuser son manquement comme nous nous pardonnons à nous-mêmes. Cela aide lorsque la personne qui nous a blessés demande pardon, mais ce n'est pas nécessaire. Nous devons toujours pardonner: non seulement parce que Dieu nous a pardonnés, mais aussi parce que nous nous blessons en refusant de pardonner.
Nos ressentiments peuvent aussi être extrêmement mesquins. Parfois, nous avons du ressentiment, car nous ne pouvons pas contrôler ou manipuler quelqu'un pour qu'il se comporte selon nos attentes. Nous avons du ressentiment de notre propre frustration, là où l'autre n'avait vraiment rien à voir avec cela. Toutes nos attentes d'autres personnes sont des projections de notre propre égocentrisme. Si nous pouvons laisser d'autres personnes tout simplement être ce qu'elles sont, et nous réjouir de cela, alors nous aurons la paix extraordinaire!
Nous devons être vigilants avec nous-mêmes, afin de ne pas nous permettre de projeter nos attentes sur les autres, ou de permettre au ressentiment de grandir en nous. Ce genre de prise de conscience, la vigilance, est nourri par la pratique qui consiste à  couper nos pensées et à pratiquer le silence intérieur. Comme cela, nous nous entrainons à couper nos réactions, qui commencent toutes par des pensées. Nous pouvons arriver à voir ce qui est notre propre réaction, et ce qui appartient à l'autre.
Finalement, nous voyons que notre jugement de l'autre est vraiment posé sur nous-mêmes, sur nos propres actions, sur des mots, des attitudes et des tentations, que nous voyons reflétées dans l'autre personne. Faire face à ceci signifie faire face à notre propre hypocrisie, et changer. Si nous jugeons et  condamnons quelqu'un pour les mêmes péchés, les mêmes pensées, les mêmes paroles et les mêmes actes que nous avons nous-mêmes, alors nous sommes des hypocrites. Nous devons nous repentir de notre hypocrisie. Voici un vrai repentir: reconnaître et de admettre notre propre péché, et s'en détourner en allant vers Dieu et vers notre prochain.
Nous devons voir comment nos péchés nous détournent d'aimer notre prochain, et d'aimer Dieu. Notre amour de notre frère est le critère de notre amour de Dieu. Saint Jean nous dit: "Comment pouvons-nous aimer Dieu que nous n'avons pas vu, si nous ne pouvons pas aimer notre prochain que nous pouvons voir? Si tu dis que tu aimes Dieu et que tu hais ton frère, tu es un menteur ". Si nous aimons Dieu, alors nous pardonnons notre prochain, comme Dieu nous a aussi pardonné. La prise de conscience de nos propres réactions et de nos propres  jugements, de notre attachement à nos passions de colère et de notre propre volonté, est le premier niveau de conscience spirituelle et de vigilance. Nous devons aller au-delà de l'égocentrisme (le fait d'oublier les autres), devenir conscient de ce que nous sommes, avoir conscience de nos propres processus internes en observant nos pensées et nos réactions.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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