"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 7 mars 2025

Père Seraphim [Rose]: La règle du Jeûne dans l'Eglise orthodoxe


[Père Séraphim [Rose] de bienheureuse mémoire parle ici du Calendrier de St. Herman of Alaska publié par la St. Herman of Alaska Brotherhood]

En réponse aux nombreuses demandes des lecteurs, la règle du jeûne est donnée pour chaque jour de l'année. Lorsqu'aucune indication de jeûne n'est donnée, et pendant les "semaines sans jeûne", tous les aliments peuvent être consommés (sauf pendant la semaine des Laitages [Tyrophagie], lorsque la viande seule est interdite tous les jours). Là où le "jour de jeûne" est indiqué seul, le jeûne est strict, sans manger viande, œufs, produits laitiers, poisson, vin ou huile. Là où, sous "jour de jeûne", il est indiqué "vin et huile autorisés", le jeûne est détendu pour un jour de fête ou une vigile, pour permettre la consommation de ces aliments. Lorsque "poisson, vin et huile autorisés" sont indiqués, ces trois aliments peuvent être consommés.

La règle du jeûne, qui dépend du cycle de fêtes et de jeûnes de l'Église, est contenue dans le Typicon de l'Église, principalement dans les chapitres 32 et 33, et est répétée aux endroits appropriés des livres de service divin, le Ménée et le Triode. En général, les jours de jeûne pour les chrétiens orthodoxes sont tous les mercredis et vendredis tout au long de l'année (à l'exception des périodes sans jeûne), les quatre périodes de jeûne canoniques du Grand Carême, du Jeûne de la Nativité, du Jeûne des Apôtres et du Jeûne de la Dormition, et quelques jours spéciaux : l'Exaltation de la Croix (14 septembre) et la Décapitation du Précurseur (29 août) - qui, bien qu'il s'agisse de jours de fête, sont également des jours de jeûne (avec du vin et de l'huile autorisés) en raison des événements commémorés.

Il existe des variations locales dans les allocations de vin et d'huile, et parfois de poisson, et donc les indications du calendrier actuel ne peuvent pas être appliquées uniformément partout. En particulier, lors des célébrations de la fête patronale d'une paroisse ou d'un monastère, le poisson est généralement autorisé, et lorsqu'un saint est honoré d'un service avec rang de Doxologie Chantée ou de Polyeleos, le vin et l'huile sont autorisés. 

Dans l'Église russe, les jours de fête des saints russes les plus renommés, tels que St. Serge de Radonège et St. Séraphim de Sarov, et des icônes miraculeuses de la Mère de Dieu telles que les icônes de Kazan et de Vladimir, bien sûr, le vin et l'huile sont autorisés (sauf pendant le Grand Carême), bien que cela ne soit pas mentionné dans le présent calendrier parce que le Typicon laisse cela à la pratique locale, n'indiquant que les jeûnes et les dérogations qui sont d'application générale. 

La signification du Typicon dans ses concessions est simple : plus on œuvre pour la glorification d'un saint ou d'un jour de fête, plus on est autorisé à se consoler par la nourriture. Pour celui qui s'est habitué au jeûne orthodoxe, l'apport d'huile sur la nourriture, ou les aliments frits, ainsi qu'un peu de vin, est en effet une consolation, ainsi qu'une source de force physique. Là où le Typicon lui-même indique deux pratiques variantes (comme pour quelques jours de semaine de Grand Carême), le présent Calendrier suit la pratique préférée du Typicon.

Alors que la plupart des chrétiens orthodoxes sont peut-être au courant de la règle générale du jeûne pour le Grand Carême et le Jeûne de la Dormition (le vin et l'huile ne sont autorisés que les samedis et dimanches, à l'exception de quelques jours de fête et de vigiles), beaucoup ne sont probablement pas familiers avec la règle précise régissant le jeûne moins sévère de la Nativité et du jeûne des Apôtres. Par conséquent, nous citerons cette règle, tirée du chapitre 33 du Typicon :

"Il convient de noter que dans le jeûne des Saints Apôtres et de la Nativité du Christ, le mardi et le jeudi, nous ne mangeons pas de poisson, mais seulement de l'huile et du vin. Le lundi, le mercredi et le vendredi, nous ne mangeons ni huile ni vin... Samedi et dimanche, nous mangeons du poisson. S'il y a mardi ou jeudi un saint qui a une Doxologie, nous mangeons du poisson ; si c'est le lundi, même chose ; mais si c'est le mercredi ou le vendredi, nous n'autorisons que l'huile et le vin. S'il s'agit d'un saint qui a une vigile le mercredi ou le vendredi, ou le saint dont il s'agit est le saint titulaire du temple, nous autorisons l'huile, le vin et le poisson... Mais du 20 au 25 décembre, même si c'est samedi ou dimanche, nous n'autorisons pas le poisson."

Dans ces deux jeûnes, le jeûne pour les laïcs est le même que celui de nombreux monastères orthodoxes, où le lundi tout au long de l'année est gardé comme un jour de jeûne en l'honneur des incorporels, les anges.

Cette règle du jeûne, bien sûr, n'est pas destinée à être une "camisole de force" pour les croyants orthodoxes, ni une source d'orgueil pharisien pour quiconque garde la lettre de la loi de l'Église. C'est plutôt la règle, la norme, avec laquelle chacun doit mesurer sa propre pratique, et vers laquelle on doit toujours s'efforcer, en fonction de sa force et de ses circonstances. 

Chaque fois que, pour la maladie ou toute autre raison, on ne respecte pas la règle, on s'applique à soi-même la médecine spirituelle de l'auto-reproche et on s'efforce d'entrer plus pleinement dans l'esprit et la discipline du jeûne, ce qui est en effet d'un grand avantage spirituel pour ceux qui s'efforcent sincèrement de le suivre.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHODOX CHRISTIAN INFORMATION CENTER



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