Maria (la future higounène Makrina) naquit en 1921 et grandit à Volos. Quand elle n'avait que dix ans, ses deux parents sont morts, et elle commença à travailler pour subvenir à ses besoins et à ceux de son frère cadet. Ces deux orphelins réussirent à survivre ainsi jusqu'à ce qu'elle ait vingt ans. Mais lorsque l'occupation allemande commença et que la famine frappa la Grèce en 1941, ils faillirent mourir de faim, et son frère quitta Volos. Elle continua à travailler à Volos partout où elle le pouvait pour son pain quotidien. Malgré sa propre pauvreté, elle partageait la nourriture qu'elle avait avec les autres. Non seulement elle était travailleuse et généreuse, mais elle était surtout une personne de prière et elle percevait fréquemment l'aide de Dieu de manière tangible.
À cette époque, elle fit la connaissance de la mère de Geronda Ephraim, Victoria Moraitis. Ces deux saintes femmes priaient ensemble toute la nuit à genoux avec beaucoup de larmes et de prosternations. En raison des vertus de Maria, d'autres jeunes femmes pieuses se rassemblèrent autour d'elle pendant les années de l'occupation allemande.
Elles vivaient comme une sororité informelle et aspiraient à devenir moniales. Elles étaient sous la direction spirituelle du père Éphraïm de Volos, qui avait auparavant fait partie de la fraternité de saint Joseph l'Hésychaste. Même s'il faisait un excellent travail avec son grand troupeau, il fut calomnié en 1952 et forcé de quitter Volos. Ainsi, ses enfants spirituels y sont devinrent « orphelins ».
Plusieurs pères spirituels ont proposèrent d'assumer la responsabilité spirituelle de cette sororité vertueuse, mais ces femmes, ayant déjà acquis l'état d'esprit spirituel de saint Joseph, ne pouvaient être satisfaites spirituellement par aucun d'entre eux. Elles envisagèrent de lui demander de devenir leur père spirituel, mais elles hésitèrent parce qu'elles avaient compris à quel point il était strict.
Finalement, elles lui ont écrit, car elles ont refusé de se contenter de moins. Le saint pria à leur demande, puis leur répondit : « Si vous m'obéissez, j'assumerai la responsabilité de vous. Si vous ne le faites pas, je vous quitterai. » Elles répondirent : « Géronda, nous serons obéissantes pour tout ce que vous nous direz de faire. » Lorsqu'il reçut leur réponse, il pria à nouveau à leur sujet. Après cela, il répondit et leur dit qu'elles devaient traiter Maria comme leur higoumène, même s'il ne l'avait jamais vue.
Il leur expliqua : « Pendant que je priais, j'ai vu Maria dans une vision. Elle était au milieu, et autour d'elle se trouvaient de nombreux petits moutons. J'ai réalisé que c'était la façon de Dieu de m'informer qu'elle devrait être votre higoumène. Alors soyez lui obéissantes, et aucune d'entre vous ne devrait s'opposer à ce qu'elle dit. » Ces femmes ont dit : « Que ce soit béni », et le saint fut très heureux de leur obéissance.
Il les aimait beaucoup parce qu'avec les yeux de son âme, il pouvait voir l'amour qu'elles avaient pour le Christ, leur Epoux. C'est pourquoi il leur écrivit de nombreuses lettres. Il les raffermit par des conseils simples mais puissants. Par exemple, dans une lettre à elles, il écrivit : « Ne cherchez rien d'autre que l'unité et l'amour. Soyez obéissantes afin d'acquérir l'humilité, car notre Seigneur Jésus-Christ est devenu un exemple pour nous tous et Il a enseigné l'humilité en étant obéissant jusqu'à la mort. Alors soumettez-vous à Maria, qui essaie de vous faire du bien, et nous tous ici prions pour que le Seigneur vous aide et vous rende dignes de la vie éternelle. Je prie pour vous de toute mon âme, humble petit Géronda Joseph. »
Ces femmes envoyaient leurs confessions au saint, et elles gardaient ses nombreuses réponses comme un trésor inestimable. Il leur avait écrit sur la théoria et sur ses nombreux états spirituels.
Malheureusement, toutes ces lettres furent perdues en raison de l'incident suivant : Il y avait un moine qui n'était pas mentalement bien et qui voulait devenir le père spirituel de ces femmes. Elles ne le voulaient pas parce qu'elles ne lui faisaient pas confiance. En outre, elles avaient déjà trouvé de grands avantages en étant sous la direction de saint Joseph. Comme ce moine était très jaloux, il menaçait de les calomnier dans les journaux s'il trouvait les lettres de saint Joseph. Maria avait très peur de ce qui pourrait arriver s'il avait mis la main sur ces lettres parce qu'en elles saint Joseph parlait toutes leurs confessions. Elle décida donc de brûler toutes ses lettres.
Ainsi, toutes furent détruites à l'exception de huit lettres que l'une des sœurs avait gardées cachées séparément. C'est ainsi que toutes ces lettres inestimables de saint Joseph furent perdues. Quel dommage ! Elles auraient bénéficié à tant de gens si elles avaient été préservées et publiées avec ses autres lettres.
Ces femmes sont finalement devenues moniales et ont créé un monastère à Portaria, juste à l'extérieur de Volos.
Une de ces moniales a raconté l'histoire suivante de leur vie sous la direction de saint Joseph :
Il nous a tout prédit. Il a écrit sur tout ce qui se passait dans notre monastère sans qu'on lui ait dit. Un jour, quand j'étais novice, ma sœur (qui était aussi novice) est tombée très malade. J'étais très contrariée et j'ai dit dans mes prières : « Panagia, pourquoi ? Nous sommes venus ici pour te servir. Pourquoi devrait-elle tomber malade et ne pas être en mesure d'offrir son aide au monastère ? » Alorss je suis descendue dans la cour et j'ai pleuré sous un olivier toute la nuit. Quelques jours plus tard, une lettre est venue pour moi de Géronda Joseph. Il écrivait : « Mon petit enfant, j'entends ta voix et je ne peux pas la supporter. La douleur me brise le cœur et interrompt ma prière. Ne pleure pas. Ta sœur va se rétablir. »
Il a écrit ceci sans que personne ne le lui dise !
Les autres sœurs m'ont dit : « Qu'as-tu fait ? » « Je suis juste allée pleurer sous un olivier. Mais comment le savait-il, puisqu'il était si loin sur la Sainte Montagne ? »
Quelque chose de similaire s'est produit lorsque Gérontissa Makrina est tombée gravement malade et toussait du sang. Nous n'avions pas de téléphone pour l'en informer. Mais dans notre lettre suivante à lui, nous lui avons caché sa maladie parce que nous ne voulions pas le contrarier et interrompre sa prière. Mais ensuite, il nous a envoyé une lettre et nous a dit : « Mes petits enfants, pourquoi ne m'avez-vous pas écrit que Gérontissa est malade et souffre, afin que nous puissions prier pour elle ? Vous avez fait une grosse erreur en pensant que cela interromprait ma prière. Lorsque le père Arsenios et moi avons prié hier soir, nous avons vu noetiquement qu'elle était gravement malade, et nous avons prié dur pour elle. Mes enfants, je veux que vous m'informiez de tout ce qui se passe au monastère et en particulier avec Gérontissa. Écrivez-moi à ce sujet. »
L'higoumène Makrina vit également saint Joseph et le père Arsenios à côté de son oreiller la nuit faire le signe de la Croix et prier avec leurs chapelet : « Seigneur, guéris ta servante ».
L'higoumène Makrina a dit plus tard : « De nombreuses fois où Geronda priait, il voyait ce que nous faisions et où nous étions. Nous nous sommes demandé comment il pouvait nous écrire par lui-même et nous dire ce que nous pensions. Après cela, nos âmes furentremplies de crainte et de peur ! »
Après la dormition de saint Joseph, saint Éphraïm de Katounakia, dans sa vigile, voyait fréquemment avec les yeux de son âme deux piliers de feu à Volos s'élevant de la terre au ciel. C'étaient les prières de l'higoumène Makrina et de l'une de ses moniales pleines de grâce.
Saint Éphraïm dit plein de joie : « Seigneur, aie pitié ! Mon Dieu, mon Dieu! Jetez-y un coup d'œil ! Nous sommes ici sur les falaises en train de travailler si dur juste pour trouver quelques miettes de grâce, alors qu'elles sont dans le monde avec tant de grâce ! Que font-elles là-bas ? »
Géronda Ephraim avec ses monialeses, années 1990
Dans ses dernières années, leur monastère devint connu pour sa spiritualité, et des milliers de pèlerins de toute la Grèce trouveront refuge et de grands bienfaitss de l'inoubliable higoumène Makrina.
Son visage rayonnait de gentillesse, d'amour, de sincérité et de foi. Sa tranquillité et ses paroles douces étaient un soutien et une source de force pour tous ceux qui eurent la bénédiction de la connaître avant sa sainte dormition en 1995.
De sa sonorité bénie, des moniales furent envoyées pour peupler les monastères du Saint Précurseur à Serres et de l'archange saint Michel à Thasos. À leur tour, ces monastères envoyèrent des religieuses en Amérique du Nord qui y établirent de nouveaux monastères avec les idéaux du monachisme orthodoxe traditionnel.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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