"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 28 février 2023

Archiprêtre Victor Potapov: L'ESSENCE DU GRAND CARÊME


Photo: media.elitsy.ru
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    L'essence du Grand Carême, qui dure six semaines et qui nous mène à la Semaine de la Passion et à la Fête des Fêtes, Pâques, peut être qualifiée de « radieuse tristesse ». Pendant cette période de temps, à la fois douloureuse et exaltée, l'image du péché de l'homme, son éloignement de Dieu, apparaît particulièrement clairement devant lui, et retentit un appel à la repentance, un appel à ce qui surmonte cette barrière que l'homme avait érigé entre lui et Dieu.

Le terme russe pokayanie est une traduction du concept grec de metanoia , qui signifie littéralement « changement d'avis ». Le Grand Carême ne nous appelle pas à une auto-condamnation vaine , susceptible de conduire à la perte de confiance en soi ou au pessimisme et au découragement . Elle appelle plutôt l'homme à reprendre le chemin nécessaire, le chemin qui le ramène à sa patrie paternelle, à sa  patrie véritable.

La révélation biblique nous dit assez clairement que l'homme a une double nature. Selon le poète russe Derjavine, l'homme « est à la fois roi et esclave », et ces deux États sont en conflit sans fin l'un avec l'autre. Dostoïevski exprime une idée similaire : que Satan livre bataille à Dieu, et que le champ de bataille est l'âme humaine.

Selon la Sainte Ecriture, l'homme est un temple, mais c'est un temple déchu, qui a besoin d'être purifié et restauré. Il porte l'image de Dieu, mais cette image s'est assombrie et a besoin d'être renouvelée par le jeûne et la prière.

En appelant à la repentance et au renouvellement du cœur, l'Église du Christ rejette aussi résolument le découragement, quelque chose qu'elle assimile à la mort spirituelle et à une calomnie contre l'homme.

Le Grand Carême ne se contente pas de prêcher un appel à la repentance. En même temps, son message contient cette Bonne Nouvelle sans laquelle l'acte même de repentir n'aurait aucun sens. Il proclame la Bonne Nouvelle que l'homme est un enfant de Dieu, nouvelle par laquelle Dieu s'est uni pour toujours à Sa création.

Le Carême témoigne de la nature originelle de l'homme, de sa proximité éternelle avec Dieu, une proximité qui avait été troublée et affaiblie par le péché, mais qui ne pouvait être détruite.

À la base, le Grand Carême est la Bonne Nouvelle de la Pâque qui approche. Ainsi, sa tristesse n'est que le chemin vers la joie de la Résurrection.

Dans les premiers jours du Grand Carême, le Grand Canon est lu. Le Canon a été composé au VIIIe siècle par André, évêque de l'île de Crète. Cet excellent poème liturgique compare l'état de l'âme humaine avec des images de l'Ancien Testament et tente d'éveiller chez l'homme la responsabilité de sa vie, de l'aider à se voir et à s'évaluer à la lumière de l'éternité. Cette réalisation de soi amène le croyant non pas au désespoir, mais à un nouveau départ, au renouvellement de l'esprit et du cœur. C'est là que réside la puissance et la beauté du Grand Carême.

Que les jours saints du Grand Carême soient pour nous tous comme des jours passés dans un lieu de guérison spirituelle dont nous pourrions sortir meilleurs que nous ne l'avions été. Que le Seigneur, Souverain de tous, nous aide à réussir.


Vie paroissiale, février 2023
[Parish Life]
Cathédrale Saint-Jean-Baptiste, 
Washington, DC

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